le Synode pour l’Amazonie: belle analyse, oh combien douloureuse, du Bulletin d’André Noël
publié dans nouvelles de chrétienté le 28 octobre 2019
Le synode de l’Amazonie célèbre « la Mère Terre »
Le synode pour l’Amazonie que nous avons déjà eu l’occasion d’évoquer, à propos de l’ordination d’hommes ma-riés (nous y reviendrons lors des conclusions) a été inauguré par une messe, à Rome, réunissant des pères synodaux ; la célébration a été présidée par le cardinal Hummes, rapporteur général du synode.
La cérémonie a eu lieu dans les cata-combes de Domitille, parmi les plus anciennes de Rome, qui rappellent l’une des toutes premières persécutions romaines contre l’Eglise. Les prélats y ont renouvelé le « Pacte des catacombes » que souscrivirent les pères conciliaires il y a 50 ans, lequel pacte appelait « l’option préférentielle pour les pauvres. »
Mais, au-delà de la célébration de ce 50è anniversaire, le cardinal a voulu relier les martyrs d’hier à ceux d’aujourd-’hui. Lesquels ? « Nous nous souvenons avec vénération de tous les martyrs membres des communautés ecclésiales de ba-se, des organismes pastoraux et des mouvements populaires, des leaders indigènes, des missionnaires hommes et femmes, des laïques et des laïcs, des prêtres et des évêques, qui ont versé leur sang en raison de cette option pour les pauvres. »
Il est évidemment abusif d’assimiler « les membres des communautés de base », ayant prétendument « versé leur sang » pour les pauvres, aux premiers martyrs, dévorés, eux, par les lions, transformés en torches vivantes, crucifiés, sous les hurlements enthousiastes de la populace enchantée de ce « spectacle. » Car, dans les années 1970-90, à l’époque des théologiens de la libération (condamnés par Jean-Paul II et Benoît XVI, réhabilités par François) et des prêtres gué-rilleros, nombre d’entre eux, clercs et laïcs, sont morts le fusil à la main. Ils sont morts au nom d’une révolution marxiste barbouillée d’un pseudo-christianisme. Les premiers chrétiens, eux, n’ont pas pris les armes contre les tyrans romains pourtant bien plus sanguinaires que les dirigeants sud-américains de l’époque. La confusion, entre de vrais martyrs et des révolutionnaires se réclamant abu-sivement de l’Evangile, est un acte d’impiété à l’égard des premiers.
Rappelons que le thème officiel du synode est « Amazonie: nouveaux chemins pour l’Église et pour une écologie inté-grale. »
Dans cette perspective le document préparatoire assure qu’ « annoncer le Christ suppose une écoute respectueuse » des indigènes dans « leur relation vivante avec la nature et la Mère Terre », les majuscules sont des pères synodaux.
La « Mère Terre » que les écologistes appellent « Gaïa », des indigènes en Amazonie lui vouent un culte, à travers l’animisme.
Dans le Pacte des catacombes, la formule est reprise en tentant de lui donner un appui biblique, il nous faut « Reconnaître que nous ne sommes pas les propriétaires de notre Mère la terre, mais ses fils et ses filles, formés par la poussière de la terre (Gn 2, 7-8). »
Nous persistons, quant à nous, à continuer à professer ce que nous avons appris au caté-chisme et à vénérer « notre Mère, la Sainte Eglise » ; à part la Vierge, dont elle est la figure, nous n’en connaissons pas d’autre. S’il est vrai que nous sommes faits de la poussière de la terre, nous ne sommes homme et femme que par l’âme in-sufflée par Dieu, notre Père qui n’a pas fait de la terre notre mère.
Il est discuté, à Rome et en Amazonie, de l’ajout du « péché écologique » parmi les péchés capitaux. On suppose que le pénitent devra s’accuser d’avoir pris un bain au lieu d’une douche, d’avoir utilisé sa voiture au lieu d’un vélo, d’avoir né-gligé le tri écologique dans ses poubelles, etc.
Dans le Pacte, nous sommes aussi exhortés à « Renouveler dans nos Eglises l’option préférentielle pour les pau-vres, en particulier pour les peuples originaires(…) Les aider à préserver leurs terres, leurs cultures, leurs langues, leurs histoires, leurs identités et leur spiritualité» et à « Dénoncer toute forme de violence et d’agression contre l’auto-nomie et les droits des peuples originaires, leur identité, leurs territoires et leurs modes de vie. »
ais n’est-ce pas, presque mot pour mot, ce que Viktor Orban, premier ministre hongrois, revendique pour son peuple, tout comme ses ho-mologues Polonais, Tchèque, Slovaque ? Ils veulent, eux aussi, préserver leur culture, leur histoire, leur terre, leur mode de vie, leur identité et leur spiritualité, laquelle est chrétienne. C’est pour cette raison qu’ils refusent en toute logique les migrants musulmans. Les dirigeants de ces Etats de l’est dénoncent également ceux qui veulent bafouer « les droits de leurs peuples » « leur autonomie », « leur identité » et « leurs modes de vie », opposants qui se situent à Bruxelles comme à Rome, au Vatican.
Oui mais voilà : ce qui est un humanisme progressiste exigé par le pape pour l’Amérique du Sud devient, en Eu-rope, nationalisme, populisme, si ce n’est fascisme, dénoncé vigoureusement par François. A quand un égal respect pour les tribus hongroises, polonaise, tchèque, slovaque, mais aussi italienne et française, que pour les indigènes d’Amazonie ? P.R.