La difficile ‘immigration en Europe
publié dans regards sur le monde le 19 juin 2017
« Migrants » : Bruxelles veut sanctionner les pays de l’Est
Jusqu’ici, il ne s’agissait que de menaces verbales, de manœuvres d’intimidation que nous avions évoquées en leur temps dans votre Bulletin. Depuis le 13 juin, la Commission européenne est passée aux actes en déclenchant une procédure pour infraction à l’encontre de la Pologne, de la Hongrie et de la République tchèque parce que lesdits Etats n’ont pas rempli « les obligations juridiques qui leur incombent » en refusant le programme de répartition des « réfugiés » entre les pays de l’Union.
Rappelons que L’UE avait décidé de répartir en deux ans 160.000 demandeurs d’asile depuis l’Italie et la Grèce – où plus d’un million de migrants ont débarqué lors de la seule année 2015 – vers le reste de l’Union, en fonction de quotas contraignants fixés pour chaque pays.
En prenant pour cibles Varsovie, Budapest et Prague, la Commission s’est concentrée sur les pays qui ont manifesté leur refus le plus fortement : les deux premiers n’ont accueilli aucun « réfugié » en deux ans tandis que la République tchèque, qui en a accueilli douze, n’a pris aucun nouvel engagement d’accueil depuis mai 2016.
On notera que seuls 21.000 « réfugiés » sur les 160.000 ont été acceptés dans les pays de l’Union ; cela signifie que même ceux qui sont d’accord, théoriquement, n’ont pas fait grand-chose et certains… rien du tout. On doit reconnaître au moins pour les Etats contestataires qu’ils annoncent franchement et clairement leur refus. Et cela au nom de leur souveraineté nationale, du droit régalien d’accueillir qui l’on veut dans ses murs, sans avoir à fournir d’explications, ni à Bruxelles, ni aux « réfugiés ».
Autre raison exposée par le ministre de l’Intérieur polonais, Mariusz Blaszczak : « Nous croyons que la relocalisation attire davantage de migrants, elle est inefficace. » Ce qui relève du bon sens et est corroboré par le flux incessant de faux réfugiés politiques et vrais réfugiés économiques qui se pressent aux frontières de l’Union et qui ne viennent pas de pays en guerre. Le Haut-Commissariat aux réfugiés de l’ONU estime que, venant d’Afrique, il y a entre 300.000 et un million de candidats en attente de traversée vers l’Italie ! Tous ne réussiront pas mais la plupart finiront par débarquer en Europe.
Ils savent que Bruxelles prépare, non pas leur rapatriement, manu militari, mais leur répartition dans les pays de l’UE. La Slovaquie, elle, accepte des réfugiés mais pas n’importe lesquels, comme c’est son droit. Elle réserve l’accueil aux chrétiens : « Ils ont de grandes capacités potentielles de s’intégrer de façon transparente à notre société », selon le porte-parole du ministère de l’Intérieur, Michaela Paulenova. Les réfugiés musulmans, eux, ne sont pas souhaités sur le territoire, le porte-parole pré- cisant qu’il y a très peu de musulmans et pas de mosquées en Slovaquie : « Nous n’avons rien contre la religion et ce n’est pas de la discrimination. C’est juste un effort de la part de la Slovaquie pour réussir leur intégration », explique Mme Paulenova. Cet Etat est également condamné par l’UE et l’ONU pour cette « discrimination » ! Alors que, là encore, il s’agit de bon sens : pour intégrer des étrangers, mieux vaut qu’ils aient les mœurs et la religion de leur pays d’accueil ! Bruxelles ne veut rien savoir qui entend sanctionner les récalcitrants et pas mollement.
La Commission Européenne a indiqué qu’elle envisage des sanctions financières de l’ordre de 250.000 € par migrant refusé ! Si Bruxelles voulait se montrer encore plus impopulaire à l’est de l’Europe, elle ne s’y prendrait pas autrement. Depuis que ces pays se sont libérés du joug soviétique, ils sont plus jaloux de leur indépendance et de leur identité que les Etats de l’Ouest. L’URSS pillait leurs richesses pour son propre développement et pour pallier ses insuffisances dans le domaine industriel. La Pologne, la Hongrie et la République Tchèque ne veulent pas plus être rançonnés aujourd’hui par Bruxelles qu’hier par Moscou. La « souveraineté limitée », ils ont déjà donné ! Viktor Orban, premier ministre hongrois, s’est fait leur porte-parole en dé- clarant qu’il refusait « le chantage de Bruxelles. » P.R
(Source Le Bulletin d’André Noël n° 2522)