Le Vatican et l’ONU
publié dans regards sur le monde le 26 décembre 2020
Le Vatican lance ces jours-ci un partenariat éducatif avec les Nations unies pour promouvoir la « durabilité » et l’ »égalité de genre ». Une nouvelle curieusement peu médiatisée (car gênante) dont le vaticaniste Edward Pentin se fait l’écho, repris ici dans une traduction italienne sur le blog d’AM Valli.
L’insoutenable alliance entre le Vatican et les Nations unies pour la « durabilité » (*)
Le Vatican lance un partenariat éducatif avec les Nations unies pour promouvoir la « durabilité » et l’ »égalité de genre ».
(*) En anglais, ce que nous Français avons traduit par « durable » se dit sustainable (soutenable). Les italiens ont gardé le même mot sostenibile. Le titre insostenibile alleanza) joue donc sur la double interprétation « insoutenable/non-durable ».
L’ex-secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, l’économiste Jeffrey Sachs et le directeur général de l’UNESCO figurent parmi les orateurs du lancement, peu médiatisé, d’une collaboration entre le Vatican et les Nations unies visant à éduquer le monde à des modes de vie durables, à l’égalité de genre et à une culture de paix et de non-violence.
Le symposium vatican des jeunes, des 16 et 17 décembre, organisé par l’Académie pontificale des sciences, sert de lancement à une collaboration entre l’initiative du pape François Global Compact on Education, qui appelle à un nouvel humanisme basé sur un changement de pensée mondial, et Mission 4.7, un groupe consultatif de leaders civils et politiques soutenu par les Nations unies qui vise à atteindre l’objectif éducatif (numéro 4.7) des Objectifs de développement durable ( Sustainable Development Goals , SDG) des Nations unies.
Le Vatican a dit que le symposium se concentre en particulier sur la nécessité de promouvoir un nouveau type d’éducation, « qui surmonte l’actuelle mondialisation de l’indifférence et la culture du gaspillage ».
Les SDG sont dix-sept objectifs interconnectés, développés par l’Assemblée générale des Nations Unies, qui appellent à une action urgente pour atteindre « un avenir meilleur et plus durable pour tous ». Les SDG ont été créés en 2015, la même année où le pape Francis a publié l’encyclique environnementale Laudato si‘, et leur principal architecte est l’économiste de l’université de Columbia, Jeffrey Sachs, partisan du contrôle de la population et allié du sénateur socialiste Bernie Sanders.
Le SG n°4 vise à « une éducation de qualité » et, dans ce cadre, l’objectif 4.7 vise à
« faire en sorte que tous les apprenants (sic!) acquièrent les connaissances et les compétences nécessaires pour promouvoir le développement durable, notamment par l’éducation au développement durable et aux modes de vie durables, aux droits de l’homme, à l’égalité de genre, à la promotion d’une culture de paix et de non-violence, à la citoyenneté mondiale et à l’appréciation de la diversité culturelle et de la contribution de la culture au développement durable ».
Le Symposium vatican des jeunes, qui en est à sa cinquième année, a toujours servi à promouvoir les SDG, même si les objectifs 3.7 et 5.6 incluent les « services de santé sexuelle et reproductive » – noms de code des Nations unies pour l’avortement et la contraception.
Chaque symposium, y compris l’actuel, a été organisé conjointement par le Vatican et la branche jeunesse du Sustainable Development Solutions Network (SDSN), une organisation également dirigée par Sachs et partiellement financée par la théorie pro-contraception, pro-genre de la Fondation Bill et Melinda Gates (qui a donné à l’organisation un million de dollars en 2016).
Ban Ki-moon, qui a été secrétaire général de l’ONU de 2007 à 2016, parraine le groupe consultatif de la Mission 4.7, aux côtés d’Audrey Azoulay [ex-ministre de la culture de Hollande, si mes souvenirs sont exacts, ndt], directrice générale de l’UNESCO, connue pour sa promotion de l’ »égalité de genre » et des droits des Lgbt. Azoulay a également participé à la relance du Pacte mondial de François sur l’éducation en octobre.
Parmi les quatre coprésidents de Mission 4.7, on trouve Sachs et le chancelier de l’Académie pontificale des sciences, Mgr Marcelo Sánchez Sorondo. Parmi les membres de son « groupe consultatif de haut niveau » figurent Jack Ma, fondateur du groupe Alibaba, la multinationale chinoise multimilliardaire, aussi connue comme l’équivalent chinois du géant de la vente au détail en ligne, Amazon, et Jennifer Gross, fondatrice de la fondation Blue Chip, qui vise à éradiquer la pauvreté en aidant les gens à atteindre l’autosuffisance. Parmi les autres membres, on trouve les responsables de Scholas Occurrentes, un programme éducatif visant à créer une culture de la rencontre soutenu par le pape François.
Dans son message vidéo au symposium du 16 décembre, François a remercié les participants de s’être réunis, surtout pendant une « année de souffrance » due au covid, dans un acte d’espoir qui contrecarre les « élans de haine, de division et d’ignorance » par une « nouvelle vague d’opportunités éducatives basées sur la justice sociale et l’amour mutuel ».
Le pape a ajouté qu’à un moment où « le pacte éducatif mondial s’est rompu », il était « heureux de voir que les gouvernements se sont à nouveau engagés à mettre ces idées en pratique en adoptant l’Agenda 2030 et les objectifs de développement durable des Nations unies, en synergie avec le Pacte mondial pour l’éducation ».
Il a également loué le rôle et la contribution des Nations Unies à offrir une « occasion unique » de créer « un nouveau type d’éducation », et a cité le message d’appréciation de l’ONU de 1965 de saint Paul VI, dans lequel celui-ci louait les efforts de l’institution pour « enseigner la paix aux hommes ».
Concernant cette nouvelle collaboration, le pape a exprimé l’espoir que l’Eglise catholique et Mission 4.7 travailleront ensemble « pour la civilisation de l’amour, de la beauté et de l’unité », et a demandé que les personnes âgées « porteuses des valeurs humaines les plus décisives » ne soient pas oubliées.
Dans un message aux participants, Ban Ki-moon a déclaré qu’il était « fier de lancer » la mission 4.7, la qualifiant d’ »initiative vitale pour soutenir que tous les apprenants acquièrent les valeurs, les connaissances et les compétences nécessaires pour promouvoir la citoyenneté mondiale et le développement durable ».
La jeune participante Kimi Waite a déclaré qu’elle était « enthousiaste à l’idée de participer » au symposium du Vatican et de connaître la mission 4.7 de l’UNESCO et de la SDSN. La mission, a-t-elle tweeté, « nous rappelle que l’éducation n’est pas un objectif global à atteindre pour lui-même, mais un moyen d’atteindre tous les autres SDG ! La clé du changement global et de la durabilité ».
Kim Waite s’est fait l’écho des commentaires, également tweetés par Audrey Azoulay, selon lesquels l’UNESCO « donne la priorité à l’objectif 4.7 pour rappeler que l’éducation n’est pas seulement un objectif en soi. C’est aussi un moyen d’atteindre tous les autres #SDG, un catalyseur de changement ».
L’évêque Sánchez, qui dans le passé a justifié sa collaboration avec des personnalités pro-avortement telles que Sachs en disant qu’elles n’exprimaient pas ces opinions dans le contexte de rencontres de ce type, a déclaré qu’il était « très heureux de collaborer » avec Mission 4.7, « surtout après ce discours très important du Pape, qui reconnaît la nécessité de rétablir l’éducation mondiale et universelle ».