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Madame Veil à l’académie française ! L’avortement, l’idéologie du mal au XXIe siècle

Madame Veil à l’académie française ! L’avortement, l’idéologie du mal au XXIe siècle

publié dans regards sur le monde le 19 mars 2010


Madame Veil à l’académie française !

L’avortement, l’idéologie du mal au XXIème siècle

 

Sous la Coupole de la Mazarine, hier, le 18 mars 2010, si on leur avait posé la question, « Ils » auraient tous condamné le Troisième Reich, le régime hitlérien, le nazisme ; ils auraient tous d’une seule voix, déploré les massacres du peuple juif à Auschwitz, dans les camps de concentration, tous pleurés sur leurs morts…le numéro de déportation de Mme Veil au camp de concentration, est même inscrit sur son épée d’académicienne, je vous prie…Mais que font-ils, qu’ont-ils faits , les Giscard d’Estain, les Chirac, les Veil, en légiférant sur l’avortement, sinon de permettre le plus grand des crimes, au XXIème siècle, permettre la mort de millions d’enfants. Ce sont des hypocrites et des fourbes !

 

Ce régime hitlérien, il est vrai, cette « idéologie du mal » comme la nomme Jean-Paul II, dans son dernier livre « Identité et Mémoire » est horrible et condamnable. Condamnée, elle le fut, en son temps par l’Eglise, par le pape Pie XII. Mais Hitler n’a pas tué autant d’enfants que « la loi Veil » aujourd’hui… Et elle est reçue avec tous les honneurs à l’Académie française. C’est une honte.

 

Jean-Paul II ne craignait pas de parler de ce mal, de ce drame. Il parlait même de la nouvelle « idéologie du mal » « du XXI siècle : « Parvenus à ce point, on ne peut omettre d’aborder une question plus que jamais actuelle et douloureuse. Après la chute des régimes édifiés sur « les idéologies du mal », dans les pays concernés, les formes d’extermination évoquées ci-dessus ont en fait cessé. Demeure toutefois l’extermination légale des êtres humains conçus et non encore nés. Il s’agit encore une fois d’une extermination décidée par des parlements élus démocratiquement, dans lesquels on en appelle au progrès civil des sociétés et de l’humanité entière. D’autres formes de violation de la loi de Dieu ne manquent pas non plus. Je pense, par exemple, aux fortes pressions du Parlement européen pour que soient reconnues les unions homosexuelles comme une forme alternative de famille, à laquelle reviendrait aussi le droit d’adopter ; on peut et même on doit se poser la question de savoir s’il ne s’agit pas, ici encore, d’une nouvelle « idéologie du mal », peut-être plus insidieuse et plus occulte, qui tente d’exploiter, contre l’homme, contre la famille même, les droits de l’homme » (pp. 24-25).

 

Mais comment ce fait-il que les démocraties modernes engendrent de telles monstruosités ? Comment se fait-il qu’il y ait de telle « violation de la loi de Dieu ? Voilà la question qu’il faut se poser.

 

La réception de Mme Veil nous en donne l’occasion. Ne la manquons pas !

«La cause, dira-t-il, de ces « idéologies du mal », nous dit le pape, c’est l’idéalisme cartésien – qui fait de l’homme le maître de tous – Voilà la raison des tous ces malheurs contemporains : « Pour … illustrer, dit-il, un tel phénomène, il faut remonter à la période antérieure aux Lumières, en particulier à la révolution de la pensée philosophique opérée par Descartes » (p. 20).

 

Oui ! N’est-ce pas ce monstrueux orgueil de Descartes que le monde moderne a pris pour maître quand l’homme n’y veut dépendre que de lui-même.

 

Jacques Maritain, dans son livre « Les trois réformateurs », affirme aussi l’influence de Descartes sur le monde moderne. Avec Descartes, dit-il « la pensée rompt avec le réel » (p. 112), elle est libre « à l’égard de l’objet » et il en conclut : « Liberté à l’égard de l’objet, c’est la mère nourrice de toutes les libertés modernes, c’est la plus belle conquête du Progrès, qui nous rend, pour n’être mesuré par rien, également soumis à n’importe quoi… » (p. 115).

 

C’est la pensée même du Pape Jean-Paul II.

 

« Au cours des années, dit-il, − surtout lors de son pontificat pétrinien – s’est forgée en moi la conviction que les idéologies du mal sont profondément enracinées dans l’histoire de la pensée philosophique européenne. Je dois ici me référer à certains faits liés à l’histoire de l’Europe et, de manière particulière, à l’histoire de sa culture dominante » (p. 19).

 

Or, quelle est « cette culture dominante » de l’Europe sinon la philosophie des « Lumières ». I

 

Mais il précise davantage sa pensée. La philosophie des « Lumières » plonge ses racines dans la Réforme et l’idéalisme cartésien.

 

« Pour mieux illustrer un tel phénomène, il faut remonter à la période antérieure aux Lumières, en particulier à la révolution de la pensée philosophique opérée par Descartes ».

 

Il la définit : « Le « cogito, ergo sum » apporta un bouleversement dans la manière de faire de la philosophie. Dans la période pré-cartésienne, la philosophie, et donc le cogito (je pense), ou plutôt le cognosco (je connais) étaient subordonnés à l’esse (être), qui était considéré comme quelque chose de primordial (NDLR : je ne suis pas sûr que ce soit la meilleure traduction. Au lieu de « primordial », je verrais mieux ici « premier »). Pour Descartes, à l’inverse, l’esse apparaissait secondaire, tandis qu’il considérait le cogito comme primordial. Ainsi, non seulement on opérait un changement de direction dans la façon de faire de la philosophie, mais on abandonnait de manière décisive ce que la philosophie avait été jusque-là, en particulier la philosophie de saint Thomas d’Aquin : la philosophie de l’esse. Auparavant, tout était interprété dans la perspective de l’esse et l’on cherchait une explication de tout selon cette perspective. Dieu, comme Etre pleinement auto-suffisant (ens subsistens) était considéré comme le soutien indispensable pour tout ens non subsitens, pour tout ens participativum, c’est-à-dire pour tout être créé, et donc aussi pour l’homme. Le cogito, ergo sum portait en lui la rupture avec cette ligne de pensée. L’ens cogitans (être pensant) devenait désormais primordial. Après Descartes, la philosophie devient une science de la pure pensée : tout ce qui est esse − tout autant le monde créé que le Créateur − se situe dans le champ du cogito, en tant que contenu de la conscience humaine. La philosophie s’occupe des êtres en tant que contenus de la conscience, et non en tant qu’existants en dehors d’elle » (p. 21).

 

C’est bien vu.

 

Jacques Maritain s’exprime de la même manière : « L’entendement cartésien revendique indépendance à l’égard de son objet, non seulement à l’égard des choses comme objet du sens, mais à l’égard des choses comme objet de science… Dès lors, l’intelligence humaine devient législatrice en matière spéculative, elle façonne son objet… c’est l’arbitraire qui s’introduit… Ainsi pratiquement, l’évidence cartésienne devait substituer à la vérité, mesurée sur l’être, la facilité rationnelle et la maniabilité des idées… Mon acte d’appréhension pris comme tel ne saisit que ma pensée, ou une représentation, une effigie peinte en elle. L’idée devient ainsi le seul terme immédiatement atteint par la pensée, la chose, portrait ou tableau, comme d’abord elle-même avant de faire connaître autre chose… C’est une véritable « réification » des idées… la faute originelle de la philosophie moderne.

(NDLR : Je pense que Maritain veut dire ici « chosification » en ce sens que l’idée devient le propre objet, la « chose » du « cogito »).

 

« Elle commande toute la doctrine cartésienne de la connaissance… sans elle, Descartes philosophe devient inintelligible » (pp. 110-111). Dès lors, continue très heureusement Maritain, déduisant une conséquence fondamentale de cette philosophie : « cette philosophie (qui est dénaturation de la raison − Maritain parle d’angélisme ») devait nous conduire à revendiquer pour notre intelligence l’autonomie parfaite et la parfaite immanence, l’indépendance absolue, « l’aséité » de l’intelligence incréée » (p. 113) i.e. de Dieu.

 

L’intelligence humaine se fait « Dieu ». C’est à proprement parler la tentation démoniaque : « Vous serez comme des dieux, connaissant le bien et le mal » (Gen 3, 5). C’est le péché originel.

 

Oui ! dit Maritain, « malgré tous les démentis et toutes les misères d’une expérience déjà suffisamment humiliante, cette revendication, dont Kant a été le « formulateur » scolastique, mais dont les origines sont bien plus profondes, reste le principe secret de la dissolution de notre culture, et du mal dont l’Occident apostat veut mourir » (p. 114).

 

Voilà l’idéologie de nombreux de nos politiques qui vont légiférer à l’encontre des lois divines. Mme Veil, la première. Voyez l’orgueil vraiment de cette femme ! Elle osa dire, un jour, le 3 mars 1975, au journal le Times : « En modifiant la loi, vous pouvez modifier fondamentalement le modèle du comportement humain. Cela me fascine ». C’est démonique !

 

Et dans cette logique, on comprend l’analyse du Pape, poursuivant son exposé sur la philosophie de Descartes : « Dans la logique du Cogito, ergo sum, Dieu était réduit à un contenu de la conscience humaine ; il ne pouvait plus être considéré comme Celui qui explique jusqu’au plus profond le sum humain. Il ne pouvait donc demeurer comme l’ens subsistens, l’être auto-suffisant, comme le Créateur, Celui qui donne l’existence, ni même Celui qui se donne lui-même dans le mystère de l’Incarnation, de la Rédemption et de la Grâce. Le Dieu de la révélation avait cessé d’exister comme « Dieu des philosophes ». Seule demeurait l’idée de Dieu, comme thème d’une libre élaboration de la pensée humaine » (pp. 22-23).

 

Le Pape conclut très heureusement : « L’homme (reste) seul : seul comme créateur de sa propre histoire et de sa propre civilisation ; seul comme celui qui décide de ce qui est bon et de ce qui est mauvais, comme celui qui existerait et agirait − etsi Deus non daretur − même si Dieu n’existait pas » (p. 23).

 

Modifier la loi à ma fantaisie, selon mon caprice… « Cela me fascine », dit-elle !

 

Et voilà, alors l’explication, pour le Pape, du monde moderne et du déploiement formidable des « idéologies du mal » dans ce monde du XXe et du XXIè siècle, de l’avortement :

 

« Si donc l’homme peut décider par lui-même, sans Dieu, de ce qui est bon et de ce qui est mauvais, il peut aussi disposer qu’un groupe d’hommes soit anéanti », que des enfants soient tués

 

Et nous voilà – mais cette fois avec les effets après en avoir trouvé la cause − avec les drames commis par le « Troisième Reich », avec la volonté d’extermination des Juifs.

 

Et nous voilà avec ce drame de l’avortement, «cette idéologie du mal du XXI siècle.

 

Combien est tristement vraie cette démonstration : L’idéalisme, raison des drames modernes.

 

Combien sont vraies aussi ces phrases de Maritain : « Liberté à l’égard de l’objet, c’est la mère et nourrice de toutes les libertés modernes, c’est la plus belle conquête du Progrès, qui nous rend, pour n’être mesurés par rien, également soumis à n’importe quoi » (« Trois Réformateurs », p. 115).

 

« Soumis à n’importe quoi », soumis à tous les totalitarismes modernes, fruits de l’idéalisme cartésien.

 

« Ainsi la réforme cartésienne est à l’origine du torrent d’illusions et de fables » du monde moderne. Terribles illusions, terribles fables que ces « idéologies du mal », fruits de l’idéalisme !

 

Le pape Jean-Paul II ne cesse de répéter dans son livre : « Pourquoi tout cela arrive-t-il ? Quelle est la racine de ces idéologies de l’après-Lumières ? En définitive, la réponse est simple : cela arrive parce que Dieu en tant que Créateur a été rejeté et, du même coup, la source de détermination de ce qui est bien et de ce qui est mal. On a aussi rejeté la notion de ce qui, de manière plus profonde, nous constitue comme êtres humains, à savoir la notion de « nature humaine » comme « donné réel », et à sa place, on a mis un « produit de la pensée » librement formée et librement modifiable en fonction des circonstances » (p. 25).

 

L’homme se fait « dieu ». Voilà qui est clairement dit et heureusement dit.

 

C’est bien encore faire claire allusion à la « philosophie idéaliste », à « la pensée cartésienne ».

 

Et c’est là que l’on peut comprendre que, pour le Pape, ces « idéologies du mal », tant du XXe siècle que du XXIe siècle, sont, finalement, des manifestations dans le temps, du péché originel dont nous parle la Genèse au chapitre 3. C’est, finalement là, la véritable et la plus fondamentale raison des « idéologies du mal », œuvres de mort, et de leur développement dans le temps et dans l’histoire du monde : le péché originel. Ainsi, sera toujours vraie la sentence de saint Paul : « Stipendia peccati, mors » (le salaire du péché, c’est la mort). Le péché n’est rien d’autre, finalement, selon la belle définition de saint Augustin que l’« amor sui usque ad contemptum Dei » (l’amour de soi jusqu’au mépris de Dieu). Et le Pape de commenter : « C’est précisément l’amor sui qui a poussé nos premiers parents dans la rébellion initiale et aussi déterminé la diffusion ultérieure du péché dans toute l’histoire de l’homme. C’est à cela que se réfèrent les paroles du livre de la Genèse : « Vous serez comme des dieux, connaissant le bien et le mal (Genèse 3 5), c’est-à-dire c’est vous-mêmes qui déciderez de ce qui est bien et de ce qui est mal » (p. 18). Et cela, dans un total subjectivisme.

 

C’est précisément cela le « monde moderne ».

 

Mais alors, comment revenir au bien, à l’ordre ? Comment fuir ces « idéologies du mal », de la mort ? Comment les éviter ? Comment les « vaincre » ?

 

Je dirais volontiers que l’analyse que fait le Pape du « mal contemporain », contient la réponse à cette angoissante question.

 

Si l’idéalisme est la raison du mal contemporain, il faut s’éloigner de cette « rupture cartésienne ». Il faut d’abord revenir à la « philosophie pérenne ». Le pape écrit : « Si nous voulons parler de manière sensée du bien et du mal, nous devons revenir à saint Thomas d’Aquin, c’est-à-dire à la philosophie de l’être » (p. 25)

 

Et il ne suffit pas, dit-il, d’en rester aux études phénoménologiques… Non. Il faut en revenir à la philosophie de l’être. « On ne peut cependant oublier que toutes ces analyses présupposent implicitement la réalité de l’être-homme, à savoir qu’il existe un être créé, et aussi un être absolu. Si l’on ne part pas de tels présupposés « réalistes », on finit par se mouvoir dans le vide » (p. 25).

 

Il existe donc un être « absolu » – Dieu – qui est la raison de toutes choses. Et toutes choses n’ont leur être, leur raison d’être qu’en Lui. Il est donc l’être premier autour duquel tout doit s’ordonner. Voilà ce qu’on appelle s’ordonner selon la justice. Le retour à Dieu est donc, ultimement, la voie royale du salut du genre humain, pour qu’il ne reste pas enfermé dans son « ego », oublieux de Dieu, qui est l’ens subsistens, oublieux de sa loi.

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