La Lettre à nos frères prêtres n° 62-Juin 2014: l’âme de tout apostolat
publié dans nouvelles de chrétienté le 2 juillet 2014
L’âme de tout apostolat
Si un prêtre veut toujours davantage servir l’Église, il faut qu’il se maintienne dans l’esprit de foi, de sainteté qui était le sien au début de sa vie sacerdotale. Or, pour persévérer dans ce désir, il faut que ses bonnes dispositions durent, demeurent, malgré les épreuves, malgré le poids du jour, malgré les difficultés de l’apostolat. Il faut qu’il ne se laisse donc pas prendre par un activisme qui lui ferait perdre la piété, le sens de la prière.
Il lui faut ainsi conserver le désir de se sanctifier, ne pas se laisser entraîner par une agitation extérieure qui diminuerait la valeur de sa vie intérieure, de sa vie spirituelle. Le prêtre ne doit pas se perdre pour sauver les autres, il doit se sauver en sauvant les autres.
Le succès apparent ou caché de son apostolat importe peu. Le grand nombre ou le petit nombre des âmes ne doit pas le préoccuper. « Une seule âme est un grand diocèse », disait saint François de Sales. Son apostolat sera strictement surnaturel dans tous ses motifs s’il est voulu pour la gloire et le règne de Notre-Seigneur, exclusivement. C’est la condition sine qua non de l’efficacité réelle de cet apostolat. Ce sera le secret de son zèle jamais fatigué, jamais découragé par l’épreuve ou l’insuccès, par les obstacles ou les oppositions.
Se sauver en sauvant les âmes
L’apostolat comme fruit de la Messe
Une fois que le prêtre a offert le saint sacrifice de la messe, toutes les grâces de son apostolat en découlent. Et même s’il n’a pas d’apostolat à réaliser pour une raison ou pour une autre, s’il est souffrant, ou dans un lieu où malheureusement l’apostolat n’est pas fructueux, il a néanmoins la consolation d’avoir offert le saint sacrifice de la messe et d’avoir par là répandu des grâces selon la mesure voulue par Dieu.
Le prêtre, homme de la messe
L’apostolat, application des mérites de la messe
La messe est le coeur de l’apostolat du prêtre
C’est pourquoi, quand il a célébré la messe, un prêtre peut dire qu’il a fait quatre-vingts pour cent du ministère sacerdotal de la journée, qu’il a réalisé pratiquement presque toute sa journée. En effet, c’est Notre-Seigneur qui opère avant tout la Rédemption et non le prêtre lui-même, qui n’est qu’un instrument. Sa journée n’est plus qu’une application du sacrifice de la messe.
Lui-même doit d’ailleurs vivre sa messe tous les jours, à tous les instants de sa vie, et en faire vivre tous ceux qui l’entourent. Il doit continuer sa messe au cours de la journée, c’est-à-dire continuer l’enseignement qu’il donne par l’épître, l’Évangile, continuer la vie de sacrifice et d’amour qu’il réalise sur l’autel par la présence de Notre-Seigneur. Vivre la messe doit être ainsi pour le prêtre son soutien, sa joie, son bonheur. Et, par conséquent, toute sa vie sacerdotale est une messe continuelle. Voilà l’idéal du prêtre, idéal qui le maintient dans la joie et dans la paix spirituelles.
Le prêtre au confessionnal
Étant donné la faiblesse des âmes blessées par le péché originel, mais aussi les multiples occasions de péché dans la société, et dont le nombre ne s’est pas amenuisé à notre époque, bien au contraire, les chutes sont malheureusement fréquentes. Notre-Seigneur a institué, dans son infinie miséricorde, une deuxième planche de salut, le sacrement de pénitence, de réconciliation de l’âme avec Dieu, qui occupe normalement une partie du temps que le prêtre consacre à l’apostolat.
Misère corporelle et misère spirituelle
Un moyen privilégié pour toucher les âmes
Un ministère exigeant
Un oeuvre de miséricorde
Le médecin des âmes
Un conseil précieux pour cet apostolat, c’est de se comporter dans la société, dans les relations sociales, de telle sorte que les personnes n’aient pas d’appréhension à demander le sacrement de pénitence, c’est-à-dire de toujours garder un comportement vraiment sacerdotal.
Un ministère sanctifiant pour le prêtre
Le prêtre à l’autel
Le sacrifice, prière par excellence
Le sacrifice, acte principal de la vertu de religion
Le sacrifice du Christ renouvelé sur l’autel
La grande prière de l’Église
Quelle est donc cette prière que Jésus a transmise à son Église ? Il est évident que c’est le saint sacrifice de la messe, comme la grande prière de Notre Seigneur Jésus-Christ fut son Calvaire. C’est sur la croix qu’il a été le plus grand priant, et c’est le sacrifice de la messe qui est la grande prière de l’Église, prière à laquelle l’Église demande que tous les fidèles s’associent intimement, profondément, adorant Dieu, adorant Notre Seigneur Jésus-Christ, adorant notre Créateur, adorant notre Rédempteur.
Quelle magnifique prière que celle que Jésus a transmise à son Église ! Et, dans cette prière, il a voulu que nous participions à son corps, à son sang, à son âme, à sa divinité, afin de devenir nous aussi des priants comme lui ; que toute notre vie soit une prière, une offrande, un chant, un cantique d’action de grâces.
Le but du sacerdoce
Voilà, en définitive, le coeur, l’essence, le but même de l’ordination : le saint sacrifice de la messe. C’est bien ce que dit le concile de Trente : le but du sacerdoce est de consacrer, offrir, administrer. « Consacrer » signifie réaliser l’Eucharistie, faire venir Jésus, qui est Dieu, sur l’autel, l’offrir de nouveau à Dieu son Père pour le salut des âmes, et le donner aux âmes.
Lorsqu’il prononce les paroles de la consécration, le prêtre fait descendre sur l’autel Notre Seigneur Jésus-Christ, le Fils de Dieu. Pauvre créature, petite créature insignifiante, il a le pouvoir par ses paroles de faire descendre celui qui est le Créateur de toutes choses, le Rédempteur de l’univers. Comme la très sainte Vierge par son Fiat a pu faire descendre dans son sein le Fils de Dieu, ainsi le prêtre, chaque fois qu’il prononce les paroles de la consécration, fait descendre sur nos autels Notre Seigneur Jésus-Christ lui-même. C’est là le pouvoir du prêtre, pouvoir incroyable, inimaginable. Que Notre-Seigneur ait donné ce pouvoir à des créatures est un acte de sa toutepuissance et de sa grande charité, afin que s’applique sa Rédemption.
La clé de l’apostolat
Le saint sacrifice de la messe manifeste les étapes que tout chrétien doit franchir pour parvenir à la sainteté. Une âme qui monte vers Dieu commence par la vie purgative, poursuit par la vie illuminative, pour en arriver à la vie unitive. Ce sont les étapes que les auteurs spirituels donnent pour arriver à l’union à Dieu. La messe exprime parfaitement ces trois étapes.
La première partie de la messe consiste en lectures de l’Écriture et en chants spirituels. C’est la messe de ceux qui se purifient pour se détacher des choses de ce monde afin que Dieu puisse agréer leur prière. Elle représente la vie purgative. Puis on arrive au sommet du sacrifice, au moment de la consécration. Cette partie correspond à la vie illuminative. Nous contemplons Dieu dans la sainte Eucharistie. Jésus est là, présent dans sa gloire, entouré de tous les saints du Ciel. Enfin, on passe à l’union à Jésus dans la sainte communion. Cette dernière partie de la messe correspond à la vie unitive. Elle aboutit à une vie d’amour, d’union, d’attachement, de dévouement total à Notre-Seigneur. Le chrétien alors n’a plus qu’un désir, ne plus s’appartenir, être tout à Notre-Seigneur, être son apôtre afin de donner Jésus aux âmes. Voilà ce qu’exprime la messe et ce qu’elle réalise.
La source de la civilisation chrétienne