Fraternité Sacerdotale Saint Pie X: une solution se dessine avec Rome….Une solution purement pratique…
publié dans nouvelles de chrétienté le 14 avril 2015
Reconnaissance administrative de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X (FSSPX) en Argentine avec l’appui de l’Église catholique
De cette première décision, je m’en réjouis profondément. Ce fut le sujet de mon livre « plaidoyer pour l’unité « , paru aux éditions « Godefroy de Bouillon ». Je précise bien: une telle reconnaissance n’implique aucun compromis avec » l’Eglise moderniste ». PA
La nouvelle se diffuse et commence à être commentée : la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X (FSSPX) s’est vue reconnaître, en Argentine la personnalité juridique, avec l’aval de l’Église catholique. Cela permet à la FSSPX d’exercer, dans la vie civile, certains actes. Cependant, une telle attribution ne peut se faire que moyennant inscription au Registre des Instituts de Vie consacrée. Cette inscription supposait l’avis de l’autorité ecclésiastique, qui logiquement est exercée par l’archevêque de Buenos Aires, le cardinal Poli. C’est ce qui a été fait par ce dernier, dans une lettre demandant « que la ‘Fraternité des apôtres de Jésus et Marie’ (Fraternité Saint-Pie X) soit considérée, jusqu’à ce qu’un cadre juridique définitif lui soit accordé dans l’Eglise universelle, comme si elle était une association de droit diocésain ». La FSSPX est donc assimilée, en Argentine, par l’Église catholique, à une association de droit diocésain.
Or, cette reconnaissance est bien une nouveauté dans l’Église catholique depuis 40 ans: jusque là, dans le meilleur des cas, on s’était borné à affirmer que la FSSPX était dans une situation de « communion imparfaite », sans disposer de statut dans l’Église catholique. En effet, la FSSPX a été dissoute en 1975 et aucun diocèse, même bien disposé à son égard, n’est allé jusqu’à prévoir une reconnaissance canonique, y compris a minima.
En ce sens, il y a bien une nouvelle étape dans les rapports pratiques avec la FSSPX. Certes, cette reconnaissance repose surtout des raisons juridiques: faciliter l’activité de la FSSPX en Argentine. Mais en même temps, cela permet de reconnaître que la FSSPX est bien dotée d’un statut dans l’Église, même si cela repose, dans le cas d’espèce, sur des raisons fonctionnelles. Néanmoins, le discours ecclésial officiel change sur la FSSPX: non seulement le schisme n’est pas déclaré par les autorités romaines, mais on évite aussi de dire que la FSSPX n’a pas de statut canonique. Enfin, il est difficile d’imaginer que l’archevêque de Buenos Aires procède indépendamment de Rome: le cardinal Bergoglio, futur pape François, avait déjà aidé la FSSPX dans la vie courante (obtention de visas, etc.). Un ballon d’essai ? Une volonté romaine de trouver une solution définitive par des actes pratiques ?
La dépêche de l’agence DICI:
Le quotidien argentin Clarin, daté du 12 avril 2015, a annoncé la décision du Secrétaire du culte, Guillermo R. Oliveri, parue au Bulletin Officiel de la République Argentine le 9 avril 2015, – décision selon laquelle la Fraternité Saint-Pie X était reconnue en Argentine comme personne juridique et qu’elle était inscrite au Registre des Instituts de Vie consacrée où figurent les ordres et les congrégations religieuses catholiques, présents en Argentine.
Cette décision a été rendue possible, entre autres formalités à remplir, par une lettre de l’archevêque de Buenos Aires, le cardinal Mario Aurelio Poli, adressée au Secrétariat du culte et accompagnant la démarche entreprise par les autorités de la Fraternité auprès de ce Secrétariat, depuis 2011. Cette lettre où l’archevêque de Buenos Aires « demande que la ‘Fraternité des apôtres de Jésus et Marie’ (Fraternité Saint-Pie X) soit considérée, jusqu’à ce qu’un cadre juridique définitif lui soit accordé dans l’Eglise universelle, comme si elle était une association de droit diocésain », est une condition nécessaire à remplir par toutes les congrégations religieuses catholiques en Argentine.
Le document du cardinal Poli n’a pas de portée canonique, car il ne saurait se substituer à l’autorité romaine qui seule peut régler le statut canonique de la Fraternité. Il ne s’agit que d’une démarche permettant une décision administrative de l’Etat argentin, en attendant « qu’un cadre juridique définitif soit accordé (à la Fraternité) dans l’Eglise universelle ».
Il faut savoir qu’en Argentine, l’apostolat des congrégations religieuses catholiques ne peut s’exercer que dans un cadre administratif et juridique conditionné par l’inscription au Registre des Instituts de vie consacrée, après avis de l’autorité ecclésiastique.
Le fait que le cardinal Poli ait succédé au cardinal Bergoglio sur le siège archiépiscopal de Buenos Aires peut faire légitimement penser que cette décision n’a pas été prise sans concertation avec le pape François. Il n’en reste pas moins qu’il s’agit d’une démarche strictement administrative dans le contexte propre à la République Argentine.
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Les commentaire de la Croix:
[Nicolas Senèze – La Croix] En Argentine, les lefebvristes reçoivent une reconnaissance de l’Église catholique
SOURCE – Nicolas Senèze – La Croix – 13 avril 2015
L’archevêque de Buenos Aires demande aux autorités argentines que la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X soit considérée comme une association diocésaine de fidèles.À la demande du cardinal Mario Poli, archevêque de Buenos Aires, le ministère argentin des cultes a, le 17 mars dernier, inscrit la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X (FSSPX) sur le registre des instituts de vie consacrée catholiques. En Argentine, le catholicisme bénéficie en effet d’un statut protégé par la Constitution et toute entité se disant catholique doit obtenir une reconnaissance de l’Église, les congrégations religieuses devant se faire inscrire sur un registre spécial pour pouvoir agir. C’est ce qu’a permis le cardinal Poli, selon le Bulletin officiel de la République argentine du jeudi 9 avril, en demandant de considérer la FSSPX comme une association de fidèles de droit diocésain, alors que, pour l’Église, elle est officiellement dissoute depuis 1975…«C’EST UN GESTE UNIQUE QUI DÉPASSE TOUTES LES AVANCÉES FAITES PAR BENOÎT XVI»
« C’est un geste unique qui dépasse toutes les avancées faites par Benoît XVI », commente un juriste argentin sur le blog traditionaliste Adelante la Fe qui estime qu’un tel geste n’a pu être posé sans l’aval de Rome. D’autant plus que le cardinal Poli est le propre successeur du pape à la tête du diocèse de Buenos Aires, le cardinal Bergoglio ayant déjà, dans le passé, aidé la FSSPX à obtenir des visas pour son séminaire.À Rome, Mgr Guido Pozzo, secrétaire de la commission pontificaleEcclesia Dei, chargée du dialogue avec les lefebvristes, s’est dit hier« heureux que cette solution en Argentine a pu être trouvée », tout en précisant qu’elle « n’implique pas le Saint-Siège ». « Il ne s’agit pas d’une reconnaissance juridique de la FSSPX comme société cléricale, a-t-il ajouté sur le site Vatican Insider. La question de la légitimité de l’exercice du ministère sacerdotal de leurs prêtres reste ouverte. L’archevêque de Buenos Aires a reconnu que ses membres sont catholiques, même si pas encore en pleine communion avec Rome. »«ON NE NÉGOCIE PAS LA FOI»
« Le pape désire la réconciliation, mais il appartient à ceux qui sont séparés de l’Église de retrouver la pleine communion avec le successeur de Pierre », confiait récemment à La Croix le cardinal Gerhard Ludwig Müller, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi et président de la commission Ecclesia Dei. « Nous faisons tout ce qui est possible,ajoutait-il. Mais les conditions pour une pleine communion avec Rome sont les mêmes pour tous les baptisés : la foi, les sacrements, la reconnaissance de l’autorité du pape. » En clair : le Préambule doctrinal proposé en 2011 à la FSSPX est toujours sur la table, mais n’est pas négociable. « On ne négocie pas la foi », met en garde le cardinal Müller.De son côté, la FSSPX soulignait hier que la décision argentine n’avait rien de « canonique », voyant dans le soutien apporté par le cardinal Poli aux démarches qu’elle a entreprises en 2011 pour sa reconnaissance un acte« local » qui ne préjuge pas d’un éventuel statut que seul Rome pourra lui accorder. Récemment, elle rappelait d’ailleurs que, si les discussions ne sont pas rompues avec Rome, les récentes rencontres informelles entre ses membres et des évêques mandatés par la commission Ecclesia Dei, – dont Mgr Athanasius Schneider, évêque auxiliaire d’Astana, en février aux États-Unis – « manifestent toujours plus clairement les divergences doctrinales ».Nicolas Senèze