Mgr Pozzo et la FSSPX
publié dans regards sur le monde le 29 février 2016
Où en est le dialogue avec les lefebvristes?
On a beaucoup parlé ces dernières années du rapprochement de la Fraternité Saint-Pie X, fondée par Mgr Marcel Lefebvre, avec l’Eglise de Rome. La levée de l’excommunication par le pape Benoît XVI n’efface pas encore l’iregularité de la position dans laquelle se trouvent les lefebvristes.
Excellence, en 2009, le pape Benoît XVI a levé l’excommunication de la Fraternité Saint-Pie X. Cela signifie que maintenant ils sont à nouveau en communion avec Rome?
Quelles mesures ont été prises par le Saint-Siège dans ces sept années pour promouvoir le rapprochement de la Fraternité Saint-Pie X?
Quels sont les obstacles qui se dressent encore sur le chemin de la réconciliation finale?
Même sur la question du Concile Vatican II, je pense que la FSSPX doit réfléchir sur la distinction, que je crois fondamentale et absolument décisive, entre le mens, l’esprit de Vatican II, sondocendi intentio, comme le montrent les Actes officiels du Concile, et ce que j’appellerais le « para-concile », à savoir l’ensemble de lignes directrices théologiques et attitudes pratiques, qui ont accompagné le cours du Concile lui-même, avec la prétention ensuite de se couvrir de son nom, et qui se confondent souvent avec la vraie pensée du Concile dans l’esprit du public, grâce à l’influence des mass médias. Souvent, dans les discussions avec la FSSPX, l’opposition n’est pas au Concile, mais à l’«esprit du Concile», qui utilise certaines expressions ou formulations des documents conciliaires pour ouvrir la voie à des interprétations et des positions qui sont éloignées de la vraie pensée conciliaire et qui parfois abusent d’elle. Ainsi en ce qui concerne la critique lefebvriste sur la liberté religieuse, au fond de la discussion me semble que la position de la FSSPX se caractérise par la défense de la doctrine catholique traditionnelle contre la laïcité agnostique de l’Etat et contre la laïcité et le relativisme idéologique et non pas contre le droit qu’a la personne de ne pas être forcée ou empechée obstruée par l’État dans l’exercice de sa profession de foi religieuse. Cependant, ce sont des questions qui seront un sujet de discussion et de clarification, même après la pleine réconciliation. Ce qui semble essentiel est de trouver une convergence complète sur ce qui est nécessaire pour être en pleine communion avec le Siège apostolique, à savoir l’intégrité du Credo catholique, la contrainte des sacrements et l’acceptation du magistère suprême de l’Eglise. Le Magistere, qui n’est pas au-dessus de la Parole de Dieu écrite et transmise, mais qui la sert, est l’interprète authentique aussi des textes précédents, y compris ceux du Concile Vatican II, à la lumière de la Tradition vivante, qui se développe dans l’Eglise avec l’aide du Saint-Esprit, non pas avec comme une nouveauté contraire (qui refuserait le dogme catholique), mais avec une meilleure compréhension du dépôt de la foi, dans la même doctrine, le même sens et dans le même arrêt (in eodem scilicet dogmate, eodem sensu et eademque sententia, cf. Concile Vatican, Const. dogm. Dei Filius, 4). Je crois que sur ces points une convergence avec la FSSPX est non seulement possible, mais nécessaire. Cela n’a aucune incidence sur la capacité et la légitimité de discuter et d’explorer d’autres questions particulières, je l’ai mentionné ci-dessus, qui ne concernent pas les questions de foi, mais plutôt des lignes directrices pastorales et les jugements prudentiels, et non dogmatiques, sur lesquesl vous pouvez aussi avoir des points de vue différents. Donc, il ne s’agit pas d’ignorer ou de domestiquer les différences sur certains aspects de la vie pastorale de l’Eglise, mais il est s’agit de garder à l’esprit que dans le Concile Vatican II il y a des documents doctrinaux, qui ont l’intention de faire reproposer la vérité déjà définie de la foi ou de la vérité de la doctrine catholique (par exemple, la Constitution dogmatique Dei Verbum, la Constitution dogmatique Lumen Gentium), et il y a des documents qui ont l’intention de proposer des orientations ou des lignes directrices pour l’action pratique, qui est, pour la vie pastorale comme une application de la doctrine (la déclaration Nostra Aetate, le décret Unitatis Redintegratio, la déclaration Dignitatis humanae). L’adhésion aux enseignements du Magistère varie selon le degré d’autorité et de la vérité de leur propre catégorie de documents du Magistère. Il ne me semble pas que la FSSPX a nié les doctrines de la foi ou de la vérité de la doctrine catholique enseignée par le Magistère. Les critiques concernent plutôt les déclarations ou les indications concernant le renouvellement de la pastorale dans les relations œcuméniques avec les autres religions, et certaines questions d’ordre prudenciel dans la relation de l’Eglise et de la société, l’Eglise et de l’Etat. Sur la réforme liturgique, je me borne à citer une déclaration que Mgr Lefebvre a écrit au pape Jean-Paul II dans une lettre datée du 8 Mars 1980: « Quant à la messe du Novus Ordo, en dépit de toutes les réserves qui doivent être faites à son sujet, je n’ai jamais prétendu qu’il serait invalide ou hérétique ». Par conséquent, les réserves envers le Novus Ordo du rite, qui ne doivent évidemment pas être sous-estimées, ne font pas référence à la validité de la célébration du sacrement, ni à la rectitude de la foi catholique. Il conviendra donc de poursuivre la discussion et la clarification de ces réserves.
A l’occasion de la Miséricorde, il y a eu un geste de conciliation par le pape Francis: les fidèles catholiques peuvent aussi recevoir le sacrement de la réconciliation par des prêtres appartenant à la Fraternité. Qu’est-ce que cette mesure? Il croit que ce geste peut effectivement rouvrir un dialogue qui, depuis quelque temps, semblait avoir bloqué?