SOURCE – Justin Petipeu – Le Forum Catholique – 7 mai 2016
Tout le monde, du premier des cardinaux jusqu’au dernier fidèle du bout du banc, essaye de trouver une explication à la publication d’Amoris Laetitia. Tel cardinal vous explique qu’ Amoris Laetitia n’existe pas. Un autre déclare que non seulement cela existe mais aussi que cela bousille 1700 ans d’Eglise et que c’est très bien ainsi. Un troisième dit que cela existe mais qu’il ne faut pas en tenir compte. Cet évêque, gêné aux entournures, déclare simplement que « François prend la famille à bras-le-corps »(?). Son voisin trouve le texte magnifique mais attend des éclaircissements(?).
La rédaction en chef de « Famille Chrétienne » a ordonné à ses lecteurs de chausser immédiatement les lunettes roses, vendues avec chaque numéro…Par sécurité, il est conseillé de mettre aussi les boules Quies (supplément gratuit), des fois qu’un crétin s’avise de vous lire le texte maudit. Pour se donner bonne conscience, même si les sourires sont crispés, on a décidé de sortir un numéro consacré
à la Fidélité. Quitte à être faux-cul, avant que d’être cocu, autant l’être jusqu’au bout, non ? Le rossignol du carnage a la voix qui tremble mais la musique reste la même.
D’autres en ont marre de réfléchir. Ils ont trouvé une idée. Ils vont faire tourner nuit et jour la machine à miséricorde du jubilé du même nom. Ils se disent que quand la mélasse bergoglienne aura inondé le monde et les esprits, on ne distinguera ni les collines ni les vallées, ni les erreurs et encore moins les vérités. Pourquoi pas, après tout…Il y a les ex-docteurs de la Loi, les ex-pharisiens, les ex-mondains spirituels qui avaient finalement obtempéré : ils se laisseraient surprendre par le « Dieu des surprises ». Ils sont surpris d’une si surprenante surprise et ils ont beau lire et relire la notice dans tous les sens, ils trouvent que l’adultère pratiquant en état de grâce, que le concubin communiant, non, décidément, ce n’est pas dans la règle du jeu. Ils lisent attentivement les articles des savants et des lévites qui sortent jour après jour pour expliquer au bon peuple pourquoi François est toujours catholique et pourquoi l’on peut communier en étant en ménage avec la voisine d’en face le domicile conjugal. Le malais persiste néanmoins…
Tels les Pékinois de Turandot qui cherchent fiévreusement pendant la nuit le nom de l’étranger, nos catholiques errent dans les paroisses et sur internet pour trouver comment se dépêtrer d’un texte pontifical aussi visiblement et implacablement hérétique.
Rassurez-vous bonnes gens ! Voici qu’arrive le grand Mamamouchi dominicain Michelet, précédé par les trompettes et les tambours de « Riposte catholique ». On va voir ce qu’on va voir ! on vous le dit ! et on vous le redit : il faut lire très attentivement car là, ça ne rigole plus. On a trouvé la clef du problème ; asseyez-vous paisiblement et lisez et vous pourrez enfin dormir en paix. Chers liseurs, c’est tout simplement
génial !
Il suffisait d’y penser. Il n’y a que les dominicains pour arriver à des résultats aussi brillants…Je vous résume très rapidement le raisonnement. Pas de connaissance, pas de consentement est égal à pas de péché mortel est égal à communion eucharistique. Le père Michelet vous le fait à l’envers :
Les confesseurs savent bien qu’un pénitent peut ne pas avouer un acte objectivement grave parce qu’il n’a pas idée que c’est un péché.
Mais le confesseur a en même temps le devoir d’éclairer la conscience déformée, afin de la reformer ; ce qui peut prendre du temps et requiert donc un accompagnement spirituel adéquat. Il ne suffit pas de rappeler la loi de l’extérieur : encore faut-il que la personne la comprenne et l’accueille véritablement de l’intérieur. Le texte ne dit pas autre chose.
Non pas dans le fait que des pécheurs conscients de leur péché grave vont recevoir la communion : cela n’est pas possible et ne le sera jamais. Mais dans le fait que des personnes qui ne savent pas qu’elles sont dans le péché peuvent recevoir « l’aide des sacrements » ; jusqu’à ce qu’elles prennent conscience de ce péché dans l’accompagnement spirituel.
Alors là, je dis bravo ! Franchement, j’en suis sur le cul. Voilà mes bons amis à quel point nous sommes des ignorants. Le baptisé qui est marié et qui communie abandonne femme et enfant pour se mettre en ménage avec une personne bien mieux faite que son épouse et bien mieux disposée et IL NE SAIT PAS QUE C’EST MAL. Donc, il peut continuer à communier. Comment n’y avons-nous pas pensé plus tôt ? Ô Michelet ! C’est la Vérité qui sort par ta bouche !
A moins que tu ne te foutes carrément de notre gueule ?? Car enfin, si les païens eux-mêmes, mariés civilement, savent que l’adultère est un mal, par quel mystère nos catholiques ne le sauraient pas ? Il est urgent de remplacer l’homélie de la messe de mariage par la lecture des articles du code civil ! le père Michelet sous-entendrait-il qu’aux préparations paroissiales au mariage, on susurre discrètement à l’oreille des fiancés qu’ils peuvent de toute façon s’envoyer en l’air avec qui ils veulent une fois la bague au doigt ? Que ce n’est pas si grave et que personne ne leur en voudra dans l’Eglise ?
Vous allez me dire : mais enfin, il y a la confession, il y a le Magistère ! il y a l’enseignement direct de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Que Nenni ! Le père Michelet a la réponse…les adultères ne sont pas prêts à entendre ces vérités. Il ne faut donc pas les leur dire. Ainsi ils peuvent communier tranquillement. D’autant plus qu’Amoris laetitia en rajoute une couche dans la confusion. Donc tout est bien ! C’est un peu comme le sketch de Fernand Raynaud ; vous savez, la moissonneuse-lieuse-batteuse qui ressème par derrière le blé qu’elle récolte par devant. Imparable, l’on vous dit !
Nous voilà donc la mine réjouie et l’esprit apaisé. Ouf ! tout se tient.
Tout s’écroule ! Amoris laetitia précise bien que les adultères doivent faire un chemin de discernement où il est notamment requis la conscience de l’irrégularité de sa propre situation…
Dans ce processus, il sera utile de faire un examen de conscience, grâce à des moments de réflexion et de repentir. Ca se complique. Comment se repentir d’un péché que l’on est censé ne pas connaître ? et que l’on ne doit pas entendre ?
Et si on l’a reconnu et entendu et qu’on en a le repentir, comment continuer à pécher ? Et comment communier en sachant que l’on pêche alors que le père Michelet nous jure, la main sur le cœur, que ce n’est pas possible et ce ne le sera jamais !
Reprenons :
des personnes qui ne savent pas qu’elles sont dans le péché peuvent recevoir « l’aide des sacrements » ; jusqu’à ce qu’elles prennent conscience de ce péché dans l’accompagnement spirituel. Et donc une fois qu’elles on pris conscience de ce péché, elles ne peuvent plus recevoir l’aide des sacrements ? François Bergoglio nous dit rigoureusement l’inverse puisque tout le passage d’Amoris laetitia consacré à ce sujet exige que l’adultère soit stable, établi, qu’il soit sexuellement actif ! (eh oui, sinon, qui sait, l’adultère volage pourrait changer de partenaire, voir même, horreur ! retourner chez son époux légitime, ce qui serait intolérable), bref bien lourd et bien baveux, afin que nos braves irréguliers puissent s’approcher de la Sainte Table.
Serait-il trop demander à nos penseurs et à notre clergé un minimum de décence et d’honnêteté ? Nous sommes confrontés à une dramatique et impossible situation. Il n’est pas honteux de se taire. Surtout si l’on est effrayé. Et surtout si l’on a rien à dire.