Rome et Pekin
publié dans regards sur le monde le 27 mai 2016
A Rome, ceux qui négocient avec la Chine
ne comprennent pas les communistes chinois
19/05/2016
Le cardinal Zen Ze-
« Peu avant le Nouvel An chinois, le pape François a donné un entretien, publié àHongkong, au sujet de la Chine.
Comment avez-
Tout le monde admire les efforts déployés par le pape. Il fait preuve de tant de bonne volonté dans l’expression de son désir de se rendre un jour en visite en Chine. Mais je ne peux pas cacher que j’ai été déçu par cette interview, car la religion a été exclue du champ de l’interview : comment imaginer interviewer le pape et ne pas parler de religion ?
Le pape parle de culture. Très bien. J’entends des personnes dire qu’il met ses pas dans ceux du jésuite Matteo Ricci,auteur en 1595 d’un Traité de l’amitié à l’adresse des Chinois et de l’empereur. De grâce, laissez Matteo Ricci en paix ! Matteo Ricci avait affaire à un empereur. Nous avons affaire à un Parti communiste. Chacun sait que les communistes chinois ont piétiné plus que n’importe qui la culture. Ils ne défendent que la culture socialiste.
De même, le pape dit qu’il ne faut pas avoir peur de la Chine. Mais, ici, à Hongkong, les gens rient lorsqu’ils lisent cela. Rome est loin de la Chine, nous en sommes tout près ici, et tous, nous avons peur. Alors, pourquoi donner une telle interview ?
La réponse de Pékin est venue, très claire : les journaux chinois officiels ont répondu : « Nous voulons des faits », autrement dit : « Rendez les armes ! Soumettez-
Mais la politique du kowtow, à savoir s’abaisser devant le pouvoir central chinois, ne peut porter de bons fruits. Le pape parle d’adopter une attitude humble. Très bien,l’humilité est une vertu cardinale, mais il ne faut pas le faire en abandonnant toute dignité, la dignité de notre foi, la dignité de l’Église. Nous ne devons pas « faire kowtow ». Or, je pense que cette interview ne peut que convaincre le pouvoir chinois à Pékin que le Saint-
On entend dire qu’en décembre 2016, le gouvernement chinois va convoquer à Pékin l’Assemblée nationale des représentants catholiques. Comment l’interpréter ?
La tenue de cette assemblée serait le signe le plus éclatant que nous sommes en présence d’une Église schismatique. J’espère que le Saint-
Les personnes qui n’ont pas vécu sous un système dictatorial ne peuvent pas comprendre. Jean-
Pour sûr, le Père Bergoglio à l’époque n’a jamais fait sienne la théologie de la libération, mais on peut penser que lui et ses amis jésuites ont eu à souffrir des régimes militaires. Dès lors que vous vouliez aider les pauvres, vous étiez soupçonnés, accusés d’être communiste. Il est donc naturel que le pape ait une certaine sympathie pour les communistes, car il n’a connu que le communisme persécuté sous la botte des militaires. Mais il n’a pas connu les communistes qui ont tué des millions et des millions d’innocents. Il n’a pas connu ces communistes-
Mes craintes sont donc fortes, même si le Saint-
Est-
Comment la Curie romaine pourrait-
Quand il n’y a pas de dialogue, paradoxalement, vous pouvez tolérer beaucoup de choses. Il y a eu ainsi, les années passées, des ordinations épiscopales pour des évêques qui avaient été acceptés par les deux parties, Rome et Pékin. Chacun disait avoir donné son accord, tout en prétendant ignorer ce que faisait ou disait l’autre partie. Tant que les choses étaient laissées dans un certain flou, vous pouviez vous satisfaire de la situation, mais du moment où vous fixez les choses dans un document, fruit d’une négociation, l’équivoque n’est plus possible. Or, il n’y a aucun signe que Pékin va changer.
Un temps, je me suis dit que la situation pourrait s’améliorer avec le nouveau président Xi Jinping [au pouvoir depuis fin 2012]. Je me disais que peut-
Un prêtre de Chine continentale, mort récemment dans des circonstances non élucidées (les autorités disent qu’il s’est « suicidé », mais sans rien apporter à l’appui de leurs dires), a écrit qu’il n’y avait aucun espoir que la situation s’améliore dans un proche avenir. Il ajoutait qu’il fallait donc attendre. Selon lui, l’Église pouvait attendre. L’Église primitive a bien attendu trois cents ans pour convertir l’empire romain ! Mais ce qu’il nous est impossible de faire, c’est de nous trahir nous-