Fête de l’exaltation de la sainte Croix
publié dans nouvelles de chrétienté le 14 septembre 2016
Hymne
Vexilla Regis
14 septembre 2016
Je vous conseille vivement, MBCF, d’avoir une piété liturgique. Je veux dire : cherchez vos pensées, vos sujets de méditations dans la liturgie. La liturgie est un lieu théologique. Vous y trouverez toujours bonne théologie et aussi bonne littérature. De quoi vraiment élever vos esprits vers Dieu et vers le Ciel.
Faisons en l’expérience aujourd’hui en cette fête de l’Exaltation de la Sainte Croix en méditant le bel hymne du « Vexilla Regis » que l’on trouve dans les Vêpres de ce jour.
« Vexilla Regis prodeunt ». Alors que l’auteur de cet hymne va méditer les humiliations du Verbe de Dieu en la Passion, il commence par rappeler qu’elle est celui qui va subir ces avanies. Il est le Roi, ses étendards le précèdent et s’avancent. « Prodeunt ». Ils l’annoncent
Après avoir annoncé la dignité de celui qui va accomplir le mystère de la Rédemption, l’auteur en vient sans retard à contempler le mystère lui-même : « Il resplendit le mystère de la Croix sur laquelle la vie a supporté la mort et, par la mort a produit la vie » Voilà le mystère confessé. Le mystère de la Rédemption est un mystère à la fois de mort et de vie. De mort de la Victime pour la vie des hommes. Sans oublier l’instrument de cette victoire : la croix. Cette victoire par la croix, par le sacrifice est tout le mystère de la rédemption. Voilà pourquoi l’auteur de l’hymne prend soin de dire : « il resplendit le mystère de la croix ». « Fulget Crucis mysterium » « Fulgere » : ce verbe veut dire « lancer des éclairs, briller » Il est de la même famille que « flumen » qui veut dire : foudre, tonnerre, coup de tonnerre, éclair, violence impétuosité. La Croix est proprement la lumière de la Rédemption. La Rédemption a sa seule explication dans la Croix. La Croix, c’est la souffrance. La Croix, c’est le sacrifice. La rédemption s’opère par le sacrifice du Christ, ce Roi humilié. Et quel est ce mystère ? Celui de la Vie qui a supporté la mort pour donner la vie. « Qua Vita mortem pertulit et morte vitam protulit » On ne peut mieux expliquer le mystère de la Rédemption : un mort qui donne la vie. La mort du Christ est le fruit de cet arbre. Mais, à la différence du fruit de l’arbre de l’Edem qui donna la mort, le fruit de l’arbre du Golgotha, lui, donna la vie. Le Christ est comme le Nouvel Adam qui par sa mort donne la Vie. Comme Adam donna la mort en prenant le fruit de l’arbre défendu. Le Christ donne la vie en supportant la mort, le don de soi le plus total. Le Christ est vraiment le Nouvel Adam. La Rédmeption est bien la revanche du Christ sur Satan. La rédemption est cela : La Vie qui supporte la mort pour produire la vie. « Vita mortem pertulit » . « Pertulit » de « perferre » qui veut dire porter jusqu’au but, supporter jusqu’au bout, mener à bonne fin. C’est bien cela. Ce verbe décrit bien l’attitude de Jésus en sa Passion : « Usque ad finem.. . ». Il supporta jusqu’au bout le châtiment, les outrages, les tortures, la fatigues, les gardes, les sarcasmes des Princes du Peuple juif, la fatigue de la nuit, la vue des soldats…Le verbe « per ferre » est bien choisi. . « Et morte vitam protulit » « et par la mort il donna la vie. « Proferre » protulit » il produisit la vie.
L’auteur de l’hymne en vient à contempler la victime elle-même, la scène de la Passion de Notre Seigneur. Il s’arrête quelques instants sur la blessure de NSJC causée par la lance du soldat. A cette lance, Il donne vie, sentiment humain. Il ne contemple pas la croix en indifférent. Il vit cette Passion. Il souffre pour, avec la Victime. Il qualifie la lance de « cruel » : « cruel aiguillon », « Blessure de la lance au cruel aiguillon ».
Il voit comme saint Jean, de ce côté transpercé, sortir du « sang et de l’eau ». C’est le témoignage le plus solennel de l’Evangéliste. Souvenez-vous du récit de l’Evangile : « Les soldats vinrent donc et ils rompirent les jambes du premier puis de l’autres qui avait été crucifié avec lui. Mais quand ils vinrent à Jésus, le voyant déjà mort, ils ne lui rompirent pas les jambes ; mais un des soldats lui transperça le coté avec sa lance, et aussitôt il en sortit du sang et de l’eau et celui qui l’a vu en rend témoignage et son témoignage est vrai ; et il sait qu’il dit vrai, afin que vous aussi vous croyiez…. » (Jn 19 32-35). L’écrivain, nourrit aussi sa piété de l’Ecriture, non seulement du dogme mais de l’Ecriture Sainte. Faisons de même. Pour ne pas avoir une piété sentimentale. Le dogme ! L’auteur n’oublie pas de donner la signification de ce geste du soldat. De ce côté, il en sortit du « sang et de l’eau », symbole de la purification de ceux qui croiront en ce Christ Seigneur. « Afin que quiconque croit en Lui ne périsse pas mais ait la vie éternelle » Vie éternelle qui s’obtient pas le baptême
Et cette Rédemption fut déjà annoncée dans l’Ancien Testament. C’est David dans son Psaume 95 10 qui le dit : « dicite in Gentibus quia Dominus regnavit a ligno ». « Dites aux Nations que le Seigneur règnera par le bois », « a ligno ». C’est bien sur le bois de la Croix que le Christ triompha du Démon et régna à jamais. C’est ce que dit notre auteur : « Elle est accomplie la prophétie de David annonçant aux Nations dans un chant inspiré : Dieu règnera par le bois ».
L’Ancien testament est bien l’annonce du Nouveau.
Après cette contemplation théologique et scripturaire de la Rédemption, notre auteur lance ses yeux sur l’instrument de la Rédemption, précisément sur « ce bois ». Son hymne est bien construit
« Bel arbre resplendissant, orné de la pourpre royale, surgi d’une racine assez noble pour toucher des membres si saints ». Oh ! atroce protestantisme qui va séparer le Christ du bois et nous présenter une croix nue, sans Christ, sans Victime. Mais cette croix n’a pas de sens que par la victime qu’elle porte. C’est « la Sainte Victime, » « ses saints membres » qui donnent à la Croix toute sa valeur. Toute sa signification. Elle peut être dite « decora et fulgida » parce qu’elle est « ornée » « de la pourpre royale ». C’est pourquoi ce bois de la Croix est noble entre tous les arbres des forets parce qu’il a touché « des membres si saints ».
Il peut être même dit « arbre bienheureux » parce qu’il a porté le prix du siècle, du prix du monde. La Rédemption est un rachat. Une rançon, le prix a été payé, précisément sur le bois de la Croix. « C’est le prix du sang ». Le prix du salut. C’est pourquoi, la rançon ayant été donnée, l’esclave a été délivré : « il a enlevé sa proie à l’enfer ». Voyez le dogme enseigné merveilleusement par cette expression : « brachiis pretium pependit saeculi » Je traduirais : le prix du rachat du monde pend sur les branches de ce bois. Le « prix du sang » est bien le salut du monde.
« Pretium saeculi », c’est l’expression même de l’Ecriture Sainte. Souvenez-vous des paroles des Princes du peuple recevant les trente deniers jetés par Judas dans le Temple : « il se retira et alla se pendre. Mais les Princes des prêtres ramassèrent l’argent et dirent : « « il n’est pas permis de le mettre dans le trésor sacré puisque c’est le prix du sang… » (Mt 27 6) ; C’est bien ce que dit également saint Paul aux Corinthien : « Vous avez été acheté d’un grand prix » (1 Cor 6 20), le sang du Christ.
« O Crux, ave, spes unica » « O Croix, salut, espoir unique. Cette strophe est tout simplement la conclusion tirée du mystère de la rédemption. La Rédemption par NSJC est le seul salut pour les hommes. Il est vraiment pour nous : « l’espérance de la Gloire » comme le dit Saint Paul.
C’est pour le Christ et pour nous un formidable triomphe sur Satan, sur l’enfer. D’où cette expression de notre auteur : « en ce glorieux triomphe, augmentez la grâce chez les bons, effacez les fautes des coupables ».
A la fin de ce commentaire, ne trouvez-vous pas avantageux de méditer sur les textes liturgiques ?