Message de Benoît XVI pour la Journée mondiale du Malade 2010
publié dans magistère de benoît XVI le 17 décembre 2009
Message pour la XVIIIe Journée mondiale du Malade (11 février 2010) et le XXVe anniversaire du Conseil pontifical pour la pastorale de la santé.
Chers frères et soeurs,
Le 11 février prochain, en la mémoire liturgique de la bienheureuse Vierge Marie de Lourdes, on célébrera, en la basilique vaticane, la XVIIIe Journée mondiale du Malade. L’heureuse coïncidence avec le 25e anniversaire de l’institution du conseil pontifical pour les Agents de santé constitue un motif supplémentaire pour remercier Dieu du chemin parcouru jusqu’ici dans le domaine de la pastorale de la santé. Je souhaite de tout cœur que cet anniversaire soit l’occasion d’un élan apostolique plus généreux au service des malades et de ceux qui prennent soin d’eux.
Avec la Journée mondiale du malade, l’Eglise entend en effet sensibiliser la communauté internationale de façon capillaire sur l’importance du service pastoral dans le vaste monde de la santé, un service qui fait partie intégrante de sa mission, puisqu’elle s’inscrit dans le socle de la mission salvifique du Christ. Lui, le divin Médecin, « a passé en faisant le bien et en soignant tous deux qui étaient au pouvoir du diable » (Ac 10,38). C’est dans le mystère de sa passion, de sa mort et de sa résurrection, la souffrance humaine puise sens et plénitude de lumière. Dans sa lettre apostolique « Salvifici doloris », le serviteur de Dieu Jean-Paul II a des paroles lumineuses a, à ce propos, des paroles éclairantes : « La souffrance humaine, a-t-il écrit, a atteint son sommet dans la passion du Christ. Et, simultanément, elle a revêtu une dimension complètement nouvelle et est entrée dans un ordre nouveau: elle a été liée à l’amour, à l’amour dont le Christ parlait à Nicodème, à l’amour qui crée le bien, en le tirant même du mal, en le tirant au moyen de la souffrance, de même que le bien suprême de la Rédemption du monde a été tiré de la Croix du Christ et trouve continuellement en elle son point de départ. La Croix du Christ est devenue une source d’où coulent des fleuves d’eau vive » (n. 18).
Le Seigneur Jésus, à la Dernière Cène, avant de retourner vers le Père, s’est incliné pour laver les pieds des apôtres, en anticipant l’acte suprême d’amour sur la croix. Par ce geste, il a invité ses disciples à entrer dans sa logique d’amour qui se donne spécialement aux plus nécessiteux (cf. Jn 13,12-17). En suivant son exemple, chaque chrétien est appelé à vivre, dans des contextes divers et toujours nouveaux, la parabole du Bon Samaritain, qui, en passant à côté d’un homme laissé à moitié mort par les brigands au bord de la route, « l’a vu et a eu compassion de lui, s’est fait proche de lui, a bandé ses blessures, en versant de l’huile et du vin ; puis l’a chargé sur sa monture, l’a conduit à une auberge et a pris soin de lui ; le jour suivant, il a pris deux deniers et les a donnés à l’aubergiste, en disant : « Prends soin de lui ; ce que tu dépenseras en plus, je te le rembourserai à mon retour » » (Lc 10, 33-35). En concluant la parabole, Jésus dit : « Va, et toi aussi fait de même » (Lc 10,37). Par ces paroles, il s’adresse aussi à nous. Il nous exhorte à nous pencher sur les blessures du corps et de l’esprit, de tant de nos frères et sœurs que nous rencontrons sur les routes du monde ; il nous aide à comprendre que, par la grâce de dieu accueillie et vécue dans la vie de chaque jour, l’expérience de la maladie et de la souffrance peut devenir une école d’espérance. En vérité, comme je l’ai affirmé dans l’encyclique « Spe salvi », « ce n’est pas le fait d’esquiver la souffrance, de fuir devant la douleur, qui guérit l’homme, mais la capacité d’accepter les tribulations et de mûrir par elles, d’y trouver un sens par l’union au Christ, qui a souffert avec un amour infini » (n. 37).
Déjà, le concile œcuménique Vatican II rappelait l’important devoir pour l’Eglise de prendre soin de la souffrance humaine. Nous lisons, dans la constitution dogmatique « Lumen Gentium » que « comme le Christ a été envoyé par le Père « pour évangéliser les pauvres… guérir les coeurs brisés » (Lc 4, 18), « chercher et sauver ce qui était perdu » (Lc 19, 10), de même l’Eglise entoure tous ceux qu’afflige l’infirmité humaine; bien plus, elle reconnaît dans les pauvres et en ceux qui souffrent l’image de son Fondateur pauvre et souffrant, elle s’emploie à soulager leur détresse et veut servir le Christ en eux » (n. 8). Cette action humanitaire et spirituelle de la communauté ecclésiale envers les malades et les souffrants s’est exprimée au cours des siècles sous des formes et dans des structures sanitaires multiples y compris à caractère institutionnel. Je voudrais rappeler ici celles qui sont directement gérées par les diocèses et celles qui sont nées de la générosité de différents instituts religieux. Il s’agit d’un « patrimoine » précieux répondant au fait que « l’amour a besoin aussi d’organisation comme le présupposé d’un service communautaire ordonné » (Enc. Deus caritas est, 20).
La création du conseil pontifical pour les Agents de santé, il y a vingt-cinq ans, s’inscrit dans cette sollicitude ecclésiale pour le monde de la santé. Et je tiens à ajouter que, en ce moment historique et culturel actuel, on ressent encore plus l’exigence d’une présence ecclésiale attentive et capillaire auprès des malades, ainsi qu’une présence dans la société qui soit capable de transmettre de façon efficace les valeurs évangéliques pour protéger la vie humaine à toutes ses étapes, de sa conception à sa fin naturelle. Je voudrais ici reprendre le message aux pauvres, aux malades et à tous ceux qui souffrant, que les pères conciliaires ont adressé au monde, au terme du concile œcuménique Vatican II : « Vous tous qui ressentez plus lourdement le poids de la croix, ont-ils dit, (…) vous qui pleurez (…), vous les inconnus de la douleur, reprenez courage : vous êtes les préférés du royaume de Dieu, le royaume de l’espérance, du bonheur, et de la vie ; vous êtes les frères du Christ souffrant, et avec lui, si vous le voulez, vous sauvez le monde » (Ench. Vat., I, n. 523*). Je remercie de tout cœur les personnes qui, chaque jour, « sont au service des malades et des souffrants », en faisant en sorte que « l’apostolat de la miséricorde de Dieu, qu’ils mettent en œuvre, réponde toujours mieux aux nouvelles exigences » (Jean-Paul II, Cost. ap. Pastor Bonus, art. 152).
En cette année sacerdotale, ma pensée se tourne particulièrement vers vous, chers prêtres, « ministres des malades », [qui êtes] signe et instrument de la compassion du Christ, qui doit rejoindre chaque homme marqué par la souffrance. Je vous invite, chers prêtres, à ne pas vous économiser pour leur apporter des soins et du réconfort. Le temps passé auprès de qui est dans l’épreuve se révèle fécond en grâce pour toutes les autres dimensions de la pastorale.
Je m’adresse enfin à vous, chers malades, et je vous demande de prier et d’offrir vos souffrances pour les prêtres, afin qu’ils puissent se maintenir fidèles à leur vocation et que leur ministère soit riche en fruits spirituels, au bénéfice de toute l’Eglise.
C’est avec ces sentiments que j’implore sur les malades, et sur ceux qui les assistent, la protection maternelle de Marie, « Salus Infirmorum », et à tous, j’accorde de tout cœur ma Bénédiction apostolique.
Du Vatican, le 22 Novembre 2009, solennité de Notre Seigneur Jésus-Christ, Roi de l’univers
BENEDICTUS PP. XVI