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Entraide et Tradition

à Louveciennes

publié dans regards sur le monde le 5 octobre 2016


 

Migrants à Louveciennes : la stratégie de la rustine…

 

L’affaire du camp de migrants sur le site de Villevert à Louveciennes est à bien des égards passionnante.

Ecrivain, journaliste

Son blog

L’affaire du camp de migrants sur le site de Villevert à Louveciennes est, à bien des égards, passionnante. Car, pour la première fois, et de façon emblématique, ce n’est plus la France périphérique qui est touchée, mais la France chic, la France angélique, pour laquelle, dans les salons, le samedi soir, la question des migrants faisait consensus : il fallait, bien sûr, les accueillir. Tant qu’ils allaient frapper à d’autres portes, loin, très loin de ces quartiers à la cote immobilière vertigineuse tenant lieu de fil barbelé (pour sa défense, de cette pensée inavouable, elle n’avait pas vraiment conscience). La France amnésique, qui vote invariablement pour la droite dans les murs, sans qu’aucune des trahisons de cette dernière ne lui serve jamais de leçon.

Et puis, cette fois on y est. La réalité l’a rattrapée.

 

Pour les maires, les députés de Louveciennes et des communes cossues avoisinantes – on sent que c’est la tuile, la cata, le coup de pas de bol qui peut leur coûter leur réélection, la patate chaude que l’on aimerait refiler, pour pouvoir ensuite se frotter les mains : démerdez-vous, les gars, ciao, bye-bye, ce n’est plus mon problème !

Alors, tel élu déplore, la tête penchée, un accueil qui ne serait pas« digne » (sic) pour les migrants sur ce site de Villevert vraiment« démesuré » (resic), et demande une « concertation avec des communes volontaires » dans le département. Trappes, Plaisir et Mantes-la-Jolie, sans doute ? Elles ont l’habitude, n’est-ce pas ? On pourrait dire que c’est presque la routine. Et pour les migrants, ce serait tellement plus sympathique et convivial de ne pas être dépaysés, vous ne croyez pas ? Comme disait Louis de Funès, les pauvres, c’est fait pour être très pauvre, les riches pour être très riches. Les gens peinards, pour être très peinards, ceux dans la mouise pour y être jusqu’au cou.

Très inquiets d’une récupération par les extrêmes, ils prétendent leur protestation locale – comme si une vraie solution pouvait se trouver ailleurs qu’à l’échelon national – et apolitique – comme s’ils n’étaient pas eux-mêmes des hommes politiques, comme si la question des migrants n’était pas éminemment politique, comme si la montée des extrêmes n’était pas liée, aussi, à l’impéritie politique de leur parti – et refusent de ce fait l’accès de la tribune, lors de la manifestation de dimanche, aux représentants FN, qui les ont pourtant assurés de leur soutien inconditionnel… fait à la fois exceptionnel de la part d’un parti très jacobin et « corporate »qui rejette à peu près systématiquement tout ce qui n’est pas estampillé FN, et très malin, car ce soutien est évidemment une tunique de Nessus.

C’est donc la stratégie de la rustine et du petit bout de la lorgnette qui a été choisie par ces maires et députés qui n’ont pas tellement de marge de manœuvre, pris entre l’enclume de leur parti et le marteau de leurs administrés.

Des administrés qui, pour le moment, les soutiennent mais les surveillent du coin de l’œil, prêts, pour une partie active d’entre eux, à les siffler ou les traiter de « collabos » s’ils donnent des signes de faiblesse, comme on l’a vu durant la manif dominicale, ou lors de la réunion publique qui s’est tenue quelques jours auparavant, dans une ambiance électrique et en l’absence d’un préfet et d’un sous-préfet « à l’emploi du temps surchargé » : mais quel problème plus urgent avaient-ils donc à traiter ?

Et dire que l’on a raillé Louis XVI d’avoir noté « rien » dans son journal de chasse, le soir du 14 juillet.

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