Un vrai drame! Mais que font les autorités romaines?
publié dans nouvelles de chrétienté le 14 octobre 2016
(Correspondance européenne | 324)
Belgique : le drame de l’église Ste Catherine
En août 2011, on apprenait par la presse qu’un accord était passé entre la Ville de Bruxelles et l’archevêché pour transformer en marché de fruits et légumes l’église Sainte Catherine, vaste édifice historique amarré au cœur du vieux quartier maritime. La stupéfaction des paroissiens est d’autant plus forte qu’aucune raison spécifique n’est donnée pour cette décision. Elle trouve son origine dans un plan de désacralisation d’une quarantaine d’églises bruxelloises jugées superflues à l’époque du cardinal Danneels.
L’évêque auxiliaire de Bruxelles, Mgr Kockerols, confirme la décision le 31 décembre 2011 devant les centaines de visiteurs et d’adorateurs en prière, chapelets à la main et larmes aux yeux. Des paroissiens et sympathisants se mobilisent aussitôt. Les démarches publiques ou souterraines qu’elles soient politiques, ecclésiales, médiatiques ou spirituelles se succèdent. Plus de 13 000 signatures de soutien sont recueillies. Jusqu’au jour où les fidèles apprennent que l’archevêque, Mgr Léonard, décide à titre d’essai de rouvrir l’église Ste Catherine et d’y installer la nouvelle Fraternité sacerdotale des Saints-Apôtres qu’il venait de fonder.
Quatre jeunes prêtres de la FSA, interpelés par la pastorale du Père Michel-Marie Zanotti-Sorkine à Marseille et « donnant leur vie sans compter pour délivrer du drame de l’indifférence les âmes chrétiennes endormies et susciter la foi en celles qui ne l’ont pas », allaient redonner vie à la vieille église. L’initiative ne plaît cependant pas à tout le monde. Tout le conseil épiscopal de Mgr Léonard est contre mais ce dernier, convaincu que son entourage finirait par être conquis par le rayonnement de la jeune fraternité, maintient sa décision.
L’église Ste Catherine rouvre donc ses portes en septembre 2014 sous les acclamations de la foule. L’église est pleine et ne désemplira plus. Très vite, en effet, une communauté paroissiale fervente se tisse autour de ces jeunes prêtres. La clé de cette « réussite pastorale » : des liturgies et des sacrements célébrés avec ferveur et selon les directives de l’Eglise, des prêtres « sur le terrain » et une grande dévotion mariale.
Mais les ennemis de la FSA ne désarmaient pas. Mgr De Kezel, successeur de Mgr Léonard, annonça qu’il fermerait des églises. Dès le mois d’avril 2014, des bruits courent que l’église Ste Catherine serait à nouveau fermée et que la FSA serait dissoute. D’abord démenties par l’archevêque, ces rumeurs seront confirmées deux mois plus tard : les prêtres et les séminaristes de la FSA seront expulsés de Belgique et la fraternité dissoute, avec exécution au 15 juillet 2016. Le motif est qu’implantée en Belgique, cette fraternité attire hors de France de nombreuses vocations. Personne n’est dupe du prétexte invoqué. Une association ne peut être ainsi canoniquement dissoute sans cause grave.
Les paroissiens se mobilisent donc à nouveau : 130 recours canoniques sont introduits dans un premier temps auprès de Mgr De Kesel pour lui demander de suspendre sa décision et de la révoquer. En vain. Les paroissiens sont profondément meurtris par cette décision illégitime. Leurs évêques semblent davantage préoccupés à supprimer des messes et des églises, fusionner les paroisses les rendant toujours plus anonymes et éloignées, brimer les prêtres fidèles, et faire disparaître toute visibilité de l’Eglise catholique au nom de la diversité religieuse et du relativisme. Les nombreux fidèles venus soutenir la mobilisation autour de l’église Sainte Catherine ne peuvent se soumettre à un tel programme d’auto-destruction de l’Eglise. Ils n’y reconnaissent pas la voix du Maître.
Plus de 200 fidèles ont relancé les recours canoniques en juillet tandis que l’archevêque se cantonne dans son silence. Portés par une chaîne interrompue de prières, quelque 3 400 pétitions et 320 recours, des lettres de témoignages, réflexions, études et articles de presse, militent au maintien de la FSA à Ste Catherine. Deux délégués de la mobilisation en cours ont été reçus à Rome en ce mois de septembre pour faire entendre l’émoi d’un peuple qui refuse de s’incliner devant ce « massacre d’innocents » et qui demande avec foi, respect et détermination la réhabilitation de cette fraternité au coeur de l’Eglise de Belgique. (Véronique Hargot et Christophe Buffin de Chosal)