Au sujet du livre du Conseil Permanent de la Conférence des Évêques de France
publié dans nouvelles de chrétienté le 21 octobre 2016
Quelques pistes pour échanger à partir du texte de nos évêques
Bernard Antony a lu le livre élaboré par le conseil permanent de la Conférence des évêques de France (l’intégralité du texte est désormais en ligne ici) :
« Dans un monde qui change retrouver le sens du politique ».
Le président de l’AGRIF commente :
Le livre de nos évêques a été d’abord principalement lancé sur deux pleines pages du journal le Monde, le vrai journal officiel de la République pour ce qui est de la norme idéologique à respecter et fondant le politiquement correct.
Il comporte dix chapitres à l’évidence rédigés par des plumes différentes, inégalement médiocres.
Qu’on me pardonne cette immodestie mais je m’attribue un certain mérite dans le fait d’avoir tout lu, jusqu’au bout.
Au bout de l’ouvrage, justement, figure un questionnaire intitulé « Quelques pistes pour échanger à partir du texte ». Dans ces seuls mots on retrouve le vieux jargon de l’expression de la cléricature catholique depuis les années de l’après-guerre. On y aime beaucoup l’idée de « piste » propice aux échanges. On invite donc dans ce jeu de piste à échanger sur le thème « qu’est ce qui vous a marqué dans ce texte » (sur le fond et la forme) ?
Je l’analyserai plus avant et plus longuement pour la revue Reconquête. Plus sommairement je livre ici mes premières impressions.
Pour ce qui est de la forme, il oscille entre le besogneux et le mauvais traitement de la langue française.
« Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement Et les mots pour le dire arrivent aisément » : ces deux vers célèbres de Boileau jadis enseignés dans toutes les leçons d’apprentissage de notre langue ne caractérisent pas en effet l’expression épiscopale.
Citons par exemple ce morceau :
« Notre société française connait une grave crise de sens. Or, le politique ne peut échapper à cette question du sens et doit se situer à ce niveau. Non pas, évidemment, pour dire à chacun ce qu’il faut penser et croire, mais pour se situer sur un horizon de sens… »
Le texte a été largement présenté, dans le Monde bien sûr, par Mgr Pontier, le président de la Conférence des évêques. La pleine page de l’entretien qui lui est consacrée est titrée par sa sublime et si originale réflexion : « Notre société est devenue pluriculturelle ». Sans aborder le fond, on sent d’emblée l’influence de ce dernier dans la forme de l’expression.
L’abondance pesante des « il y a » en est révélatrice. Et aussi le procédé de personnification des concepts.
Ainsi, l’archevêque de Marseille déclare-t-il : « le politique ne parvient plus à créer du consensus autour d’une direction commune » et dans le livre de son conseil on peut lire dans la même veine : « la politique dans notre pays ne cesse de voir son discrédit grandir ».
Un bon instituteur aurait conseillé à l’archevêque d’écrire plutôt par exemple : « le discrédit de la politique ne cesse de s’amplifier »..
Quelle pauvreté encore dans ses commentaires, tel celui sur l’assassinat du père Hamel : « Il y a eu le sentiment que quelque chose qui ne doit pas se faire a été fait… »
Oui Monseigneur, merci d’avoir rappelé que l’assassinat d’un prêtre, ce n’est pas à faire.
Je réserverai à Reconquête de plus amples commentaires sur le fond. Mais sans plus attendre quelques points :
– « Défense de la dignité et de la vie humaine du début à la fin »
La formule est ambigüe : quelle dignité évoque-t-on ? Pourquoi ne pas écrire : « de la conception à la mort naturelle » ?
– Sur l’évocation « des figures éminentes et discrètes (sic) comme Robert Schuman et Edmond Michelet ». Drôle de préposé à la béatification que ce dernier, sans doute admirable dans sa vie en camp de concentration mais, plus tard, prônant le rétablissement de la peine de mort pour les officiers coupables de rébellion contre le général De Gaulle pour sa manière infâme dans l’abandon de l’Algérie. Modèle donc pour notre épiscopat que ce Michelet, de surcroît totalement indifférent aux crimes contre l’humanité massivement perpétrés en Algérie en 1962, approuvant la non-assistance par notre armée à population en danger d’exterminations et des plus atroces supplices.
– On relèvera plus loin : « Le potentiel de dynamisme et de solidarité patine, sans arriver à trouver le point d’appui, l’élément catalyseur qui lui permettra de se développer et de porter tous ses fruits ».
Un potentiel qui patine, n’est-ce pas extraordinaire, non ?
– Et sur les jeunes fanatiques du terrorisme islamique, on lit ceci : « Il s’agit de jeunes déstructurés qui n’ont pas trouvé leur place dans la société et qui pour certains avaient déjà basculé dans de la petite délinquance. Ils vont trouver dans un discours clé en main (sic) et un engagement radical un sens à leur existence, de la faire sortir de la médiocrité et de contester la société dans laquelle ils n’ont pas pu s’insérer. »
En si peu de lignes, comment peut-on émettre une si indigente analyse en trouvant le moyen de ne pas citer le mot islam ?
Déstructurés ces jeunes ? Au contraire, ne sont-ils pas très jihadistement structurés dans le mimétisme du prophète à Médine tel que dans ses hadiths !
« Discours clé en main » ? Pitoyable expression pour évoquer l’idéologie de la théocratie totalitaire de l’islam, redisons-le, fondée par Mahomet propagateur des centaines de versets du Coran et des hadiths d’appel à la violence contre les non-soumis, à la lapidation, aux amputations, à la crucifixion contre les délinquants ou criminels selon la charia.
Au total, ô certes ce n’est plus, et c’est heureux, le discours bas-marxiste de l’épiscopat du temps jadis où l’on bénissait les congrès de la J.O.C. où l’on chantait l’Internationale.
Mais diable que ce texte est tour à tour logomachique, besogneux, cauteleux, rempli de questionnement mais avec si peu d’esquisse de solution. Et si timidement chrétien !