La trahison d’une diplomatie française ? Des preuves!
publié dans regards sur le monde le 3 février 2017
Des armes françaises utilisées par les djihadistes trouvées en Syrie ?
03/02/2017 – 06H45 Damas (Breizh-info.com) – Le 8 janvier dernier, l’armée syrienne a découvert un stock de munitions près de la ville de Ma’an, au nord de la province de Hama. Ce stock avait été constitué par les rebelles locaux, affiliés au front al Nusra – qui a changé deux fois de nom, devenant Jabhat Fatah al Sham en janvier 2016 et Tahrir al Sham en janvier 2017. Le front al Nusra est la branche syrienne d’Al Quaeda.
Dans ce stock de munitions, il y avait 45 roquettes françaises SNEB-68 et des centaines d’obus de mortier 81 mm ; toutes ces armes sont fabriquées en France, affirme l’armée syrienne. L’agence de presse russe FAN (agence fédérale des nouvelles) a mis en ligne une vidéo plus que parlante.
Les roquettes SNEB, qui tirent leur nom de la Société Nouvelle des Etablissements Edgar Brandt, sont toujours produites par les établissements TDA. Les roquettes saisies en Syrie correspondent à des roquettes F1 à mise à feu électriques, variante explosive (HE), reconnaissable au rond jaune tracé sur l’ogive.
Armes françaises en Syrie : la filière africaine ?
Ces armes françaises pourraient être arrivées en Syrie via des pays africains ou la Libye. C’est du moins ce qu’affirme l’organisation anglaise Conflict Armament Research (CAR), qui a sorti un rapport sur les flux de ventes d’armes entre les pays africains et le conflit syrien en octobre dernier. Selon l’organisation, les djihadistes syriens et irakiens – dont l’État islamique – s’approvisionnent en armes auprès des rebelles djihadistes du Sahel, de la Mauritanie au Tchad en passant par le Niger et le Mali, qui eux-mêmes ont récupéré une partie des immenses stocks de l’armée libyenne de l’époque Kadhafi… Des trafiquants d’armes basés en Côte d’Ivoire et en Centrafrique participent aussi aux flux vers le Proche-Orient.
CAR avait notamment retracé le parcours d’armes nord-coréennes qui s’étaient retrouvées au Liban et en Centrafrique, de fusils d’assaut polonais vendus à la Libye dans les années 1970 et qui étaient utilisées par des bandes armées de la Côte d’Ivoire au Mali, de roquettes de mortier de 60 et 81 mm fabriquées en Belgique et en France qui avaient été vendues à l’armée libyenne et retournées contre l’armée française et l’ONU au nord du Mali, des fusils d’assaut chinois 56-1 fabriqués en 2011, jusqu’alors inconnus dans la région, et qui étaient utilisés par les rebelles au centre et au sud du Mali en novembre 2015, et par l’État Islamique contre les kurdes (YPG) à Kobanê en février de la même année, etc.
Ou des livraisons assumées aux rebelles ?
En août 2014, François Hollande avait affirmé que la France avait livré des armes aux rebelles syriens « il y a quelques mois », afin que ceux-ci les utilisent contre Bashar-el-Assad, rapporte France 24. En 2015, le livre de Xavier Panon « dans les coulisses de la diplomatie française », confirmait ces livraisons assumées aux djihadistes. Selon l’auteur, François Hollande, qu’il avait interviewé, lui avait confirmé que des armes avaient été livrées aux rebelles au second semestre 2012, malgré l’embargo. Une confession pour le moins imprudente, surtout au vu des conséquences en France, avec les attentats de janvier et de novembre 2015.
L’auteur ajoutait que la France avait livré des canons, des mitrailleuses lourdes, des roquettes anti-char, et… des lance-roquettes. La livraison des armes lourdes s’étant très sûrement accompagnée des munitions ad hoc, les roquettes découvertes à Hama pourraient donc provenir de ces livraisons de 2012.
Les révélations de Xavier Panon sur le soutien armé aux djihadistes syriens avaient été traitées avec une très grande discrétion par la presse française… trop explosives, peut-être, dans un pays qui venait de connaître l’onde de choc des attentats contre Charlie Hebdo. Seule la presse anglaise s’y était intéressée, sans que la presse française ne trouve utile de rebondir sur ces informations pour le moins peu anodines.
Ces livraisons françaises en Syrie ont pu passer par des canaux détournés, et notamment… par l’Afrique, suggère le blogueur russe Colonel Cassad. « En se fondant sur les faits déjà connus des livraisons secrètes par la CIA d’armes aux rebelles djhadistes syriens via la Turquie, la Jordanie, le Qatar ou l’Arabie Saoudite, on peut penser que la France fait pareil par ses canaux […] à savoir le Mali et la Côte d’Ivoire ». En janvier 2017, il avançait d’autres pistes : « Soit ces armes sont arrivées à Hama via des intermédiaires au Mali, en Côte d’Ivoire, en Centrafrique ou en Libye, soit elles ont été achetées par des intermédiaires en lien avec Al Quaida, soit elles ont été livrées à l’un des gouvernements libyens, qui l’a revendu ensuite aux terroristes ».
Une question à laquelle, on s’en doute, le gouvernement français ne répondra pas…
Louis-Benoît Greffe
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