Saint Nicolas du Chardonnet
publié dans nouvelles de chrétienté le 11 février 2017
Saint Nicolas du Chardonnet: Un phare dans la tempête
SOURCE – Abbé Patrick de La Rocque, fsspx – Le Chardonnet – février 2017
1977 : malgré la profonde crise qui la secoue depuis le concile Vatican II, l’Église catholique compte encore en France quelque quarante-trois mille prêtres, dont trente-six mille séculiers relevant des diocèses. Quarante ans plus tard, le nombre de ces derniers a été divisé par cinq, celui des prêtres religieux par deux. Simples chiffres parmi tant d’autres, exprimant la terrible débâcle de ces quarante années, déchristianisation dont le modernisme dans l’Église est une cause majeure.
1977 : la France, au sortir des « trente glorieuses », est avachie dans un matérialisme consumériste et jouisseur où, mis à part le premier choc pétrolier, tout semble lui sou- rire. Le dieu Mammon paraît s’être heureusement marié avec ce qu’il reste de christianisme, si bien que l’insouciance est de règle. Quarante ans plus tard, notre pays en ruine est un bateau à la dérive, tellement rempli de migrants pour la plupart musulmans, qu’il semble au bord du grand chavirement.
1977 : le 27 février de cette an- née-là, une toute petite poignée de prêtres (gloire à eux !), conscients du véritable suicide religieux et civilisationnel que représente l’interdiction de la Tradition catholique, pénètre dans l’église Saint-Nicolas du Chardonnet pour y restaurer le culte authentiquement catholique. Suivis de milliers de fidèles, ils y resteront jour et nuit des semaines durant, s’y accrochant contre vents et marées, contre gouvernement et têtes mitrées.
De bastion qu’elle était alors, notre église va bien vite devenir un phare dans la tempête. C’est qu’au-delà de l’action des hommes, il y a le doigt de Dieu. Face à la trahison officielle des hommes d’Église, Dieu a fait résonner en notre temps l’antique prophétie transmise par Jérémie : « Malheur aux pasteurs qui perdent et dispersent les brebis de mon pâturage ! Vous avez dispersé mes brebis, vous les avez chassées, vous n’en avez pas pris soin ! Mais moi je rassemblerai le reste de mes brebis, je les ramènerai dans leur pâturage ; elles croîtront et se multiplieront. Je susciterai sur elles des pasteurs qui les paîtront ; elles n’auront plus ni crainte ni terreur » (Je 23, 1-4). Oui, sous la houlette de Mgr Ducaud-Bourget, de ses assistants puis de ses successeurs, Dieu a rassemblé ses brebis dispersées en ce magnifique pâturage de grâce qu’est Saint-Nicolas du Chardonnet. Là, elles se sont nourries de la paix de Dieu et elles se sont multipliées, alors même que les églises se vidaient.
Quarante ans plus tard, notre paroisse n’a pas failli à sa vocation, bien au contraire. Alors qu’on s’interroge pour savoir si les cloches sonneront encore demain, nos âmes continuent à paître l’authentique Tradition catholique sous le clocher de Saint-Nicolas, et les brebis s’y multiplient. Ainsi, ces dernières années, les conversions annuelles ne s’y comptent plus à deux, mais à trois chiffres. Pour ne prendre que les seuls catéchumènes, la paroisse en prépare aujourd’hui quarante-six au baptême, chiffre jamais atteint.
Outre la multiplication des brebis, ces dix dernières années ont également vu se multiplier dans Paris les lieux de Tradition. Ce fut en 2009 l’ouverture de la chapelle rue Gerbert, puis en 2013 la cha- pelle Notre-Dame de Consolation. Autant de motifs de rendre grâce à Dieu le 26 février prochain, et de l’implorer pour qu’au cours des dix prochaines années, ce ne soient plus de petites chapelles, mais de nombreuses grandes églises de Paris et d’ailleurs qui renouent avec la Tradition catholique.
Abbé P. de LA ROCQUE