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Entraide et Tradition

Notre Dame, l’Immaculée

publié dans regards sur le monde le 4 mars 2017


 

 A la gloire de l’Immaculée

SOURCE – Le Seignadou – mars 2017

Savez-vous que sur la route de Fatima, il y a l’église de l’Immaculée Conception ?
Savez-vous que dans un faubourg de Toulouse se trouve un véritable et double ex-voto à l’Immaculée et au Cœur Immaculé de Marie ? Non ? Alors, écoutez bien.
Il était une fois un prêtre qui s’appelait l’abbé Guillaume-Philippe Ravary. Né le 21 avril 1820, il prit le chemin de l’école à l’âge de sept ans, chez les frères de Saint-Sernin. Il y eut pour condisciple François Clergue, le futur père Marie-Antoine, le « saint de Toulouse ». Entré au séminaire, il fut ordonné prêtre le 19 septembre 1836, jour des apparitions de La Salette. D’abord vicaire à St Jérôme, il devint curé de Roques en 1838 et y demeura pendant dix années.
Mais voici que, dans un faubourg proche, le faubourg de Bonnefoy, suite à la réclamation des habitants du lieu, l’évêque décida d’y créer une paroisse, et on commença d’y construire une église provisoire. Mais il fallait un curé, et l’évêque y nomma notre jeune curé en septembre 1857. Curé sans église véritable, il se mit au travail. Mais il fallait donner un nom à cette nouvelle paroisse ! Et voici que la Vierge elle-même lui indiqua ce nom : nous étions en 1858, et à Massabielle, le 25 mars, Marie venait de dire qu’elle se nommait « Immaculée Conception » ! Et voici notre curé décidé à donner à sa paroisse le vocable « Immaculée Conception » et d’édifier plus tard une basilique, qui sera la première en France et au monde  à porter ce nom ! l’église provisoire à peine achevée et inaugurée le 1° mai 1858, il lui est signifié qu’elle ne pouvait être homologuée comme édifice public, pour des raisons de sécurité ! Elle sera néanmoins utilisée jusqu’à la construction de la basilique désirée, mais où trouver l’argent pour sa basilique ? Quêtes, souscriptions, etc… permirent de commencer les travaux, et Pie IX lui-même encouragea la construction avec l’offrande d’une pierre extraite de la catacombe de Saint Calixte (plus sa bénédiction apostolique !). Quelques années plus tard, c’est Léon XIII qui, à son tour, encouragera l’œuvre entreprise par l’offrande d’une clef de voûte, extraite elle aussi des catacombes. Il imagina aussi « l’œuvre des vœux » que nous trouverons présentée ainsi dans un bulletin de la paroisse plus tardif, daté de 1917 : ŒUVRE DES VŒUX. – C’est en 1870, pendant la guerre et sous l’inspiration du Saint de Toulouse, le P. Marie-Antoine, qu’elle prit naissance. Elle a pour but de glorifier l’Immaculée Conception par l’érection d’une vaste et belle église, au centre d’un faubourg populeux, qui domine la ville. Elle consiste à promettre à la T. S. Vierge, en retour d’une grâce spirituelle ou temporelle qu’on lui a demandé, une offrande proportionnée à ses moyens. Cette forme de dévotion est parfaitement légitime et recommandable. Pour la venger des attaques que pourraient susciter l’ignorance ou l’impiété, il suffirait de rappeler l’histoire du vœu de Lyon, du vœu de Marseille, ou encore du vœu national de Montmartre. De reste, en exauçant ces vœux, Marie prouve bien qu’ils répondent à ses désirs et lui sont agréables. Cette œuvre a reçu les plus hautes et les plus précieuses approbations. Pie IX envoya, le 19 juillet 1861, la première pierre et Léon XIII a fourni, le 1er mars 1879, la clé de voûte extraite, comme la précédente, des catacombes. Ajoutons que la bénédiction apostolique est accordée aux bienfaiteurs.
En outre, le père Ravary décida de reconstruire sur place le lieu des apparitions de Lourdes, et, avec sa grotte,  le site de l’église du Faubourg Bonnefoy, est devenu un petit Lourdes, qui dispose même de plusieurs pierres venues de Lourdes. Et l’Immaculée voulut faire une surprise à son fidèle dévot : au cœur même de l’église de l’Immaculée Conception de Bonnefoy en construction, l’abbé Ravary découvrit en 1863, une source d’eau providentielle. Analysée en 1874 et déclarée d’une limpidité parfaite, la source attire à elle de nombreux habitants du faubourg qui constatent des effets curatifs ; la réputation de cette eau grandit et dépasse bientôt le cadre du quartier, puis de la ville. Il n’en faut pas plus pour le père Ravary qui, pour financer le chantier de son église, fait imprimer en 1887 un prospectus avec des témoignages de guérisons (gravelle, diabète, anémie…) et met en vente, à un sou le litre, « l’eau de l’Immaculée Conception ». Il organise alors sa distribution à travers les rues de Toulouse, avec un tonneau monté sur roues et tiré par un cheval, mais aussi par le train, dans des bonbonnes (10 litres pour 5 francs).
Dans le même temps, il construit l’école Ste Foy confiée aux Servantes de Marie, inaugurée en septembre 1864, puis une école de garçons, bénie en juillet 1868, au cours d’un triduum prêché par le Père Marie-Antoine. Une « Maison de charité », surnommée par les faubouriens la « maison du Bon Dieu », animée par les filles de Saint-Vincent de Paul, est ouverte en 1880.
Pendant ce temps, l’église s’édifiait peu à peu, non sans difficultés et incidents. Dans l’édifice inachevé eurent lieu les premières communions en 1884, puis une procession d’adoration en 1886. En 1887, fut nommé un pro-curé, l’abbé Martres, qui continua les travaux, et l’on put enfin démolir la vieille église et bénir la nouvelle le 3 avril 1898. Manquaient encore la voûte et le clocher, mais la première église au monde consacrée à l’Immaculée Conception pouvait enfin rayonner sur Toulouse et le monde. Son œuvre étant achevée, dans la nuit du 7 octobre 1899, l’abbé Ravary s’endormait en paix dans les bras de Marie Immaculée.
L’abbé Joseph Martres se fit alors l’apôtre, actif et généreux, d’une entreprise élaborée en 1900 au Congrès Marial de Lyon : la consécration du genre humain, à l’orée du XXe siècle, au Cœur Immaculé de Marie, pour combattre l’impiété et assurer la paix entre les peuples. Dans ce dessein fut lancée la Croisade Mariale, qui, avec l’aide du R.P. Deschamps et le soutien de Mgr Germain, archevêque de Toulouse, prit appui sur la paroisse de l’Immaculée, dont le bulletin devint, en 1904, la Croisade Mariale, organe officiel de l’Association internationale portant le même nom. Le père Martres alla présenter à Rome sa supplique à Pie X, au cours de cinq audiences particulières. Mais le projet parut prématuré; il n’aboutit que le 31 octobre 1942, en plein conflit mondial, quand le Pape Pie XII consacra solennellement l’Église et le monde au Cœur Immaculé de Marie. Étonnants précurseurs, l’abbé Martres et ses paroissiens avaient, quarante ans à l’avance, ouvert le chemin. Et si leur projet n’avait pas abouti selon leurs désirs, il eut un merveilleux début de réalisation lorsque les cardinaux français décidèrent la consécration de la France au Cœur Immaculé de Marie, réalisée dans toutes les paroisses le 13 décembre 1914, près de trois ans avant les demandes de Fatima !
Après son décès à l’âge de 52 ans en 1906, le nouveau curé, Célestin Vielle, dut d’abord affronter les luttes dues à la loi de séparation, puis continua les travaux de l’église. En 1908, coïncidèrent dans l’enthousiasme les fêtes du cinquantenaire de la paroisse et celles des apparitions de Lourdes, puis vint la grande guerre et ses malheurs. Tous les soirs, la paroisse se rassemblait et priait pour ses soldats, pour la France et pour la paix. La paix revenue, l’abbé Vielle est nommé chanoine à la cathédrale, et l’abbé Victor Guérin est nommé curé de l’Immaculée Conception. Il y demeurera jusqu’à son décès le 27 juin 1942.
Mais avant de continuer, relevons encore un fait noté dans les souvenirs de la paroisse: Le P. Marie-Antoine disait qu’il aimait notre sanctuaire à l’égal de Lourdes. En 1907, M. le curé Vielle lui demanda une formule d’acte de consécration à Marie-Immaculée à l’usage de cette paroisse qu’il avait si souvent évangélisée de sa parole. En réponse, le religieux lui envoya la formule suivante : Il devait quitter ce monde huit jours après.
O Marie, ô Mère de Jésus et.ma Mère, je veux, après Jésus, vous aimer autant qu’il estpossible d’aimer, Je veux vous aimer comme étant la créature la plus aimable et la plus aimée ; Celle en qui, après Jésus, Dieu, de toute éternité, a mis toutes ses complaisances; Celle qu’il a plus aimée de toutes les créatures. ensemble: Celle qui a ravi le Verbe du sein du Père éternel et l’a attiré dans son Sein virginal et immaculé; Celle qui est la Reine et le modèle de toutes les vertus, le prodige de la grâce, l’ornement de la gloire, un abîme de perfection et de grandeur; Celle, enfin, qui ne peut jamais être assez aimée. Dieu seul connaissant et vos perfections et vos mérites, peut seul, ô Marie, vous aimer et vous louer comme vous méritez d’être aimée et louée; aussi est-ce avec son amour et ses louanges que je veux, ô Marie, vous payer mon tribut de reconnaissance et d’amour ! – Je veux vivre et mourir dans cette extase d’amour ! –Ainsi soit-il.
 Et nous en arrivons au deuxième titre de cette église à notre dévotion, qui est le passage dans cette église du chanoine Casimir Barthas, né à Mazamet en 1884, curé de Croix-Daurade, directeur de la Croix du Midi, auteur de nombreuses études de Mariologie et d’ouvrages relatifs aux apparitions de Lourdes et de Fatima. Nommé curé de l’Immaculée Conception le 11 juillet, installé le 13 septembre 1942, il y demeurera jusqu’en 1964.
Nommé à une époque de grands périls, il s’attacha à conserver une communauté solidaire et vivante, en maintenant l’essentiel des pratiques et des cérémonies religieuses. Du 30 novembre au 8 décembre, il organisa une neuvaine de l’Immaculée Conception « Pour le salut de la France et la paix du Monde », au cours de laquelle des centaines de voix répétèrent cette prière: « Vierge Immaculée, qui avez reçu de Dieu la mission de secourir toutes nos détresses et de porter remède à tous nos maux, d’être notre vie, notre douceur et notre espérance, abaissez vos regards sur la terre désolée. Voyez toutes ces ruines, tous ces cœurs brisés, l’immense souffrance de l’univers entier; prenez-nous en pitié. Venez au secours de la France, le pays que vous aimez tant. Relevez son courage; rendez-lui sa foi chrétienne son honneur et sa liberté. Hâtez le retour des prisonniers. Prenez au ciel, à vos côtés, ceux que la mort nous a enlevés. Mettez fin à la grande épreuve qui pèse sur le monde et faites que bientôt nous retrouvions tous la paix, le bonheur et la sécurité. Ainsi soit-il. »
Puis, lors de la fête patronale du 13 décembre, ce fut la consécration (première paroisse de France) au Cœur Immaculé de Marie selon la formule de Pie XII.
En 1944, en hommage au père Ravary, le chanoine Barthas fait construire une fontaine publique au lieu de la source et fait procéder à de nouvelles analyses par la Faculté de Médecine de Toulouse. La conclusion est toujours gravée sur le marbre de la fontaine : « Reconnue bactériologiquement très pure ». La fontaine Ravary a été récemment rénovée et « l’eau de l’Immaculée Conception », jadis célèbre, continue de couler, et continue d’être consommée car « jamais personne n’a été malade » ; et ça, c’est déjà un miracle !
Mais la grande mission du chanoine fut l’implantation du culte de N.D. de Fatima au faubourg Bonnefoy. En 1946, il fit son premier voyage au Portugal.  Il en ramena une statue remarquable de ND de Fatima, offerte pour le remercier de son apostolat en faveur de Fatima. Intronisée dans la chapelle des vœux le 8 décembre, elle devint objet quotidien de prière, presqu’autant que l’Immaculée de Lourdes. Ce n’est pas seulement une réplique de la statue de Fatima. Elle a été vénérée sur le lieu même de l’apparition.  Une plaque en témoigne.
Statue honorée à Fatima
à la place occupée par la S. Vierge
pendant les apparitions
bénie par S. Em. Le cardinal Légat
ALOISI-MASELLA
le 13 mai 1946,
donnée à M. le ch. Barthas
pour la France
par S.Exc. Mgr. J. DA SILVA,
évêque de LEIRA-FATIMA,
intronisée dans cette église
le 8 décembre 1946.
_____
« si on fait ce que je demande
la Russie se convertira
et on aura la paix ».
Remplacé en 1964 par l’abbé Roques, le chanoine Barthas est décédé le 25 août 1973.  Il repose près de l’abbé Ravary, dans la grotte adjacente à l’église édifiée par son premier curé.
Cette église ne mérite-t-elle pas un petit (ou grand) pèlerinage, puisque Lourdes et Fatima y sont réunis ?
« A Lourdes, en 1954, j’ai saisi l’occasion qui m’était offerte de comparer Lourdes à Fatima. Lourdes m’est apparu comme une riposte de la Vierge au rationalisme du XIXe siècle; c’est là que Notre-Dame s’est présentée comme étant l’Immaculée Conception, que S. S. Pie IX a proclamée dogme de l’Église, confirmant la foi catholique, l’infaillibilité du Pape, la déchéance du péché, le triomphe de la grâce.
Pour sa part, Fatima m’apparaît comme une réplique miséricordieuse de Notre-Dame à l’athéisme du XXe siècle. Puis-je tout dire ? Fatima se lève dans notre monde anxieux comme un phare d’espérance contre le communisme athée qui prétend conquérir l’univers et détruire l’Église. » (cardinal Cerejeira. 11 février 1967)

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