Le Bulletin d’André Noël. N° 2507. Les élections présidentielles
publié dans regards sur le monde le 6 mars 2017
Combien de temps Fillon peut-il tenir ?
Tout ce que nous écrivons sur cette élection peut se trouver démenti quand vous recevrez ce Bulletin, tout va si vite ! Après le succès de la grande manifestation du Trocadéro ce dimanche, bien malin qui, aujourd’hui, pourrait prédire qui sera notre prochain président de la République. Il y a encore six mois, nous aurions dit : Juppé ; il y a trois mois : Fillon, actuellement : Macron ? Le Pen ? ou encore… Juppé (voir ci-après) ? Bien que ce soit très improbable mais – sait-on jamais ? – on ne peut totalement exclure un Mélenchon ou un Hamon tant il est vrai que, depuis des mois, l’ « imprévisible » survient, chaque semaine, sans crier gare. Tout est possible, ne serait-ce que par le degré d’incertitude chez les électeurs ; 50 jours avant le scrutin, nombreux sont encore ceux d’entre eux qui se demandent pour qui voter. D’ordinaire, c’est à ce moment-là que les choix se précisent, se « cristallisent. » C’est une situation inédite. Ce n’est pas que, lors des campagnes précédentes, quelques semaines auparavant nous pouvions dire qui occuperait l’Elysée, mais nous savions que cela se jouerait entre les deux candidats des partis dits de gouvernement, à gauche et à droite ; la seule exception, l’unique surprise, survint en 2002, quand Jean-Marie Le Pen devança Lionel Jospin pour affronter Chirac. Pour Fillon la question est la suivante : combien de temps va-t-il tenir ? La réponse n’est pas évidente. La seule certitude de ce feuilleton à rebondissements est qu’il est plein… d’incertitudes. Mais, au-delà des péripéties politiciennes qui expliquent cette situation, il y a également, en arrière-fond, la traduction électorale d’un nouveau clivage politique. Ce n’est pas un hasard si ceux que les augures voient, aujourd’hui, comme les probables finalistes, Macron et Le Pen, récusent, chacun à leur maniè- re, la distinction droite/gauche qui, depuis longtemps, structure le débat politique dans notre pays. Emmanuel Macron est le candidat du mondialisme et de l’européanisme et Marine Le Pen la candidate de ceux qui s’y opposent avec persévérance et vigueur. A cela s’ajoute le fait que la droite et la gauche ayant été aux affaires sans pouvoir résoudre les problèmes économiques, sociaux et, surtout, ceux de l’islamisation de notre pays, et de l’immigration au sujet desquels Macron ne pipe mot. Les électeurs se tournent vers ceux qui assurent qu’ils feront autrement, rompant avec les anciens clivages par une politique nouvelle. D’où les sondages qui leur font faire la course en tête. A l’évidence pourtant, Macron est un imposteur ; il exploite, grâce à des artifices de communication, la lassitude des électeurs devant l’impuissance de la gauche et de la droite alors que ce qu’il leur propose s’inscrit dans le droit fil de la politique économique de Hollande et, pour cause, car il en fut l’inspirateur. Nombre de Français perdus se tournent vers lui mais si, par malheur, il était élu, la déception serait encore plus vive que celle éprouvée sous Hollande car il suscite plus d’espoirs que ce dernier. Pour ce qui est de la droite qui occupe tout l’espace de l’actualité, au détriment des questions de fond, la situation électorale de François Fillon est sérieusement compromise, si ce n’est désespérée. Peu importe, désormais, qu’il soit mis en examen ou non, les dégâts sont déjà considérables dans l’opinion et cela se traduit dans les sondages ; il pourrait gagner juridiquement et perdre politiquement quoique, malgré l’offensive tous azimuts dirigée contre lui, sa situation soit inchangée, selon les sondages, depuis plusieurs semaines, ce que nous avions déjà noté la semaine dernière. Il reste, certes, en troisième position, mais stagne autour de 19% des voix. Même si le temps se fait court, rattraper Macron n’est pas totalement imN°2507 Maisons-Alfort, semaine du 6 au 13 mars 2017 « Mieux vaut être informé d’une réalité si déplaisante so it-elle qu’être dupe des apparences dont on voudrait la parer »possible, ne serait-ce que parce que ce dernier est bien capable de commettre deux ou trois bourdes de l’ampleur de celle qui lui a fait assimiler la colonisation à un « crime contre l’humanité ». Car l’important n’est pas tant, pour le candidat républicain, d’améliorer son score que de dépasser Macron, ce qui peut intervenir par la baisse de ce dernier dont l’électorat est moins motivé que les autres. A contrario, si Fillon devait décrocher gravement et descendre à 15%, voire moins, le retard serait irrattrapable et, probablement, renoncerait-il ? Sa victoire-éclair lors des primaires, où il a écrasé tous ses rivaux en quinze jours, nourrit en lui un optimisme que ses adversaires assimilent à de l’aveuglement. En attendant, puisque sa base électorale « tient », il persévère sans s’émouvoir des défections qui s’accumulent (celles d’une centaine d’élus, de cadres, dont son directeur de campagne, auxquelles s’ajoutent celles des membres du personnel administratif.) Son état-major rétrécit comme peau de chagrin, mais les cadres et les militants locaux se retirant aussi, c’est donc sur le terrain pratique et matériel que sa campagne sera à l’arrêt. Il faudra des bras, des « têtes », des volontaires, pour mener une campagne et, si cela fait défaut, ce ne sont pas les réseaux sociaux qui pourront pallier ces insuffisances. Ce sur quoi Fillon compte maintenant, c’est la posture de l’homme qui tient debout dans la tempête qui résiste à tout et à tous, ce que les uns nomment entêtement. Il voudrait que les autres, les électeurs, parlent de courage. En somme, puisque l’image de l’homme intègre et désintéressé a vécu et que sa restauration est improbable d’ici à l’élection, il entend lui substituer celle du résistant à un système politique, judiciaire et médiatique dont il sait que les Français sont las. Mais sa force, dans une telle situation de faiblesse, c’est qu’il n’y a pas de solution alternative à sa candidature, dit-il. Il n’est pas sûr que Juppé fasse mieux que lui … Pour l’instant, c’est encore lui, Fillon, qui détient les clefs du… coffre. Dans quelques jours, il sera trop tard pour substituer un autre candidat à Fillon. On le presse de tout côté à renoncer, il n’y songe pas. Si, malgré cela, la direction des républicains imposait un autre candidat, il pourrait, légalement, se maintenir : il a plus de mille signatures déposées au Conseil constitutionnel. Nous aurions alors deux candidats de la droite et du centre en lice. On nous dira que l’on a déjà vu ça quand, en 1995, Chirac et Balladur s’affrontèrent, ce qui n’empêcha pas la victoire du premier. Certes mais, d’une part, les primaires ont été conçues pour éviter cette situation et, d’autre part, le candidat du Front national n’é- tait pas à 28% des intentions de vote, ce qui laissait un électorat disponible pour l’un ou l’autre des concurrents libéraux.
Billet
Hollande et les magistrats « lâches »
Voilà donc François Hollande mué en grand défenseur des magistrats et de la magistrature ! Cela n’a pas plu aux plus hautes autorités judiciaires, en l’occurrence le premier président et le procureur gé- néral de la Cour de cassation qui président le Conseil supérieur de la magistrature. Ils ont publié un communiqué où l’on peut lire : « La Justice n’encourt pas plus les reproches outranciers qui lui sont faits qu’elle n’a besoin de soutiens d’où qu’ils viennent. » « D’où qu’ils viennent » y compris, et surtout, celui de l’Elysée. Ils trouvent que le chef de l’Etat a la mémoire courte, mais pas eux ! Ils se souviennent des propos – non démentis – figurant dans l’ouvrage Un président ne devrait pas dire ça à propos de la magistrature : « Une institution de lâcheté (…). C’est quand même ça, tous ces procureurs, tous ces hauts magistrats, on se planque, on joue les vertueux… On n’aime pas le politique. » S’ils sont aussi lâches qu’il l’a dit, pourquoi ne se courberaient-ils pas devant le pouvoir si celui-ci leur demande de s’acharner sur un candidat de droite à la présidence de la République, non ? G.B.
Juppé : solution ou problème ?
Arrivé deuxième lors des primaires de la droite, Juppé a le vent en poupe pour jouer les supplétifs. Les autres noms suggé- rés, parmi les plus jeunes, Wauquiez, Bertrand, Baroin ou Pécresse, souffrent d’un déficit de notoriété qu’il leur serait impossible de combler en quelques semaines. Cela supposerait aussi que ses rivaux-là se mettent d’accord sur le nom de l’un d’entre eux, ce qui n’est pas gagné. Certains ont parlé de Jean-Louis Borloo alors qu’il s’est officiellement retiré de la politique pour raison de santé. Donc, ce sera Juppé ; il semble que Nicolas Sarkozy n’y fasse plus obstacle. Juppé ne dirait pas non après avoir annoncé plusieurs fois qu’il ne voulait plus se mêler de la présidentielle, sa bonne ville de Bordeaux suffisant à son bonheur. Mais Fillon étant tombé dans le piège en disant, lui, qu’il se retirerait s’il était mis en examen, il n’y avait plus alors qu’à avancer le « fou » pour le mettre « échec » et bientôt « mat » en annonçant simplement que l’on allait le placer en examen. Alors… Avec le maire de Bordeaux, assure-t-on, la perspective d’une victoire retrouverait des couleurs alors que l’ombre de la dé- faite se profilerait sur Fillon. Le problème est que l’on dispose des électeurs de la droite et du centre, priés, sans leur demander leur avis, de se rallier à celui qu’ils ont rejeté, et massivement. Alain Juppé avait recueilli deux fois moins de voix que Fillon, sachant qu’environ 10% de ses suffrages venaient de la gauche. La première question est donc : les partisans de la droite qui ont voté Fillon se reporteraient-ils sur Juppé ? Rien n’est moins sûr. Rappelons que l’hypothèque Bayrou est levée, ce fervent partisan de son ami bordelais était bel et bien favorable à l’ouverture à une gauche qu’il a fini par rejoindre en la personne de Macron. Dès lors, ou bien Juppé a été trompé par lui, ce qui trahit un manque de discernement et une certaine naïveté, ou bien, pire, il y aurait entre eux une vraie complicité. Cela entraîne une autre interrogation : sur quel programme fera-t-il campagne ? Le sien, trop mou, avec son « identité heureuse », défendue lors des primaires et dont ne veulent pas les Français de droite ? Celui de Fillon puisqu’il le remplace et accepte aujourd’hui ce qu’il refusait hier, affaiblissant ainsi son crédit politique ? Les amis de Juppé répondent que l’on concocterait une sorte de programme de synthèse dans lequel tous les candidats pourraient se retrouver. Ce serait sans doute la pire des solutions que d’accoucher, après des tractations de couloir, de mesures qui seraient le fruit de compromis entre visions contradictoires de l’avenir du pays. Ce serait un projet a minima, loin des nécessaires réformes dont le pays a besoin. Ce serait de l’eau tiède quand la situation de la France exige des remèdes de cheval. Pour l’instant, un seul sondage affirme que non seulement Juppé ferait mieux que Fillon mais qu’il devancerait même Marine Le Pen et Emmanuel Macron. On verra ce que diront les autres, s’il y en a…Mais il faut se méfier de ces sondages « à chaud » dans l’affolement général d’une campagne qui n’a plus de boussole. D’autant que le sondage a été décidé alors qu’il n’est pas encore candidat ! S’il l’était, rien ne dit que revoir ce visage que l’on croyait disparu de la scène politique susciterait le même engouement lorsqu’il est présenté, aujourd’hui, sous la figure du sauveur d’un incroyable imbroglio, que quand il jouissait de la popularité des jours d’antan quand l’Elysée lui ouvrait les bras. On a dit que la victoire lors de l’élection présidentielle appartient à celui qui la veut le plus. Si c’est vrai, alors Juppé n’est pas celui-là. Après son échec lors des primaires, il était sans doute sincère quand il affirmait qu’il voulait rester à Bordeaux, le traumatisme ayant été grand pour lui. Pendant deux ans, il s’était vu président de la République, ce qu’imperturbablement les sondages lui pré- disaient. Récemment, il commençait à faire le deuil d’une belle espérance, et voilà qu’il lui faudrait, à son âge, repartir en campagne ! Ce qui impliquerait, certes, une mobilisation politique et logistique, mais surtout, pour lui, une « remobilisation » psychologique ; il n’est pas sûr qu’il y parvienne, d’autant que, contrairement à la situation d’il y a quelques mois, il n’est plus assuré de la victoire. S’il échoue, tout ce travail de deuil sera à refaire. Et ce manque de conviction, les électeurs le ressentiront. Il est d’autres candidats, tels Marine Le Pen et Emmanuel Macron, qui veulent la victoire plus que lui, et non pas comme une belle fin de carrière mais un nouveau début en fanfare. Et celui qui la veut encore plus, cette victoire, c’est Fillon, ce qui explique un acharnement que rien ne dissuade. Il croit toujours qu’il peut l’emporter et qu’il soit presque seul à le penser ne le décourage pas… Mais si le maire de Bordeaux « rempile », la question des signatures serait sans doute le plus facile à régler ; les amis de Juppé ont déjà commencé la collecte et le Conseil constitutionnel en a reçu quelques-unes. La question des fonds pour alimenter la campagne serait plus complexe si Fillon n’y met pas du sien. Les 2 € pour participer au scrutin des primaires ont permis de dégager quelque 9 millions € de trésorerie ; la Haute autorité en a reversé six millions € au micro-parti de Fillon. S’il n’est plus candidat, la logique voudrait qu’il les restitue à la Haute autorité, celle-là les affectant à son « remplaçant », mais rien n’y oblige le député de Paris, le règlement des primaires stipulant seulement que l’argent en question revient au candidat désigné par les électeurs. Ce ne sera pas le cas de Juppé, s’il lui succède. Mais nous ne doutons pas qu’il trouverait des mécènes. En outre, la campagne serait courte, par définition, et Juppé est assez connu de ses contemporains pour qu’il n’y ait pas besoin de lourds investissements publicitaires pour étendre sa notoriété. Actuellement, Juppé attend le désistement de Fillon ou qu’il soit déchu sans que lui ait eu l’air d’y pousser. Il ne veut pas donner le sentiment que c’est lui qui va donner un coup de poignard dans le dos de François Fillon. « Cela doit venir des militants et des élus pour apparaître comme le putsch de la base » disent ses partisans.
Le pouvoir soustrait une princesse saoudienne à la justice
Si l’on en croit le président de la République, le premier ministre et le garde des Sceaux, la justice est totalement indépendante du pouvoir. En conséquence, le Parquet ne donne plus de directives aux magistrats qui agissent comme bon leur semble, au mieux des intérêts des justiciables et de la société. Personne ne le croit puisque le Parquet dépend du ministre de la justice qui est nommé par le pouvoir. Mais les affirmations de nos excellences viennent de recevoir un cinglant démenti. Non pas des avocats de François Fillon mais, excusez du peu, de magistrats de la Cour d’appel de Paris, dans un texte passé inaperçu. C’est à propos d’une affaire touchant l’Arabie saoudite et d’une princesse de ce pays en séjour à Paris. Laquelle entend se conduire avec nos concitoyens comme avec les esclaves de son royaume. Résumons ! Un plombier de 53 ans, avait été embauché pour effectuer des travaux dans l’appartement de la princesse, avenue Foch. Une photo de la zone à restaurer – en l’occurrence une salle de bain située dans la chambre de la princesse – l’a mise hors d’elle, accusant l’artisan d’effectuer des clichés pour les vendre à la presse alors qu’il voulait avoir une vue d’ensemble de l’endroit à réparer. Elle ordonne à son garde du corps de frapper le malheureux. La victime a été rouée de coups, notamment au visage, et humiliée pendant près de quatre heures. L’homme de main l’a notamment forcé à s’agenouiller, les mains ligotées dans le dos, pour baiser les pieds de la princesse ! Tous ses outils lui ont été « confisqués » et la princesse a refusé de régler la facture du plombier. Ce dernier a déposé plainte. Le garde du corps a été interpellé et, après deux mois passé à Fresnes, a été remis en liberté sous contrôle judiciaire. Et la princesse ? Elle a été gardée à vue… une heure seulement, car libérée à la demande du Parquet, quoiqu’elle ne bénéficiât d’aucune immunité diplomatique. D’où la réaction des magistrats de la Cour d’appel de Paris qui ont adressé au procureur de la République, François Molins, un « réquisitoire » dans lequel on peut lire : « Il apparaît que ce dossier a subi un traitement hors du commun puisque la personne au domicile de laquelle les faits ont été commis et qui avait autorité pour les empêcher a bénéficié d’une levée de sa garde-à-vue avant même qu’elle soit entendue par les enquêteurs » et d’ajouter : « Ce traitement d’exception a permis à l’un des auteurs d’échapper à la justice française avant même que la lumière soit faite sur les circonstances de commission des infractions dénoncées. » A part ça, l’exécutif n’intervient pas dans les affaires judiciaires !
Moralisation : la fausse promesse de Macron
En réplique au « scandale » de l’embauche par Fillon de son épouse et ses enfants, Emmanuel Macron a affirmé que les statuts de son parti ne donnent pas la « possibilité d’embaucher ou de faire travailler un proche ». Quoi qu’on en pense, il assure qu’il n’a pas attendu l’affaire de l’emploi supposé fictif de Pénélope Fillon pour s’en prendre au « népotisme » C’est dans le cadre des mesures présentées jeudi concernant sa future loi de moralisation (une des conditions du ralliement de François Bayrou), qu’Emmanuel Macron a notamment expliqué qu’il interdirait l’emploi d’un proche par un parlementaire. Voilà ce qu’il annonçait jeudi dans le Parisien : « Nous interdirons aux parlementaires l’emploi de proches ou de membres de leur famille pour mettre fin au népotisme. Cette disposition vaut d’ores et déjà pour les cadres d’En marche. » La semaine précédente déjà, il avait expliqué sur BFM-TV qu’il était favorable à cette mesure. Et qu’elle était même l’un des fondements de son mouvement. « Je vous invite à regarder les statuts d’En marche, qui ont été déposés le 6 avril 2016. Donc, on n’a pas attendu toutes les crises récentes. Dans les statuts d’En marche, il est indiqué qu’il n’y a pas de népotisme. Il n’y a pas de possibilité d’embaucher ou de faire travailler un proche. » Mensonge ! Contrairement à ce qu’il prétend, rien de tel ne figure dans les statuts eux-mêmes. Il est exact, en revanche, que sur l’ancienne version du site, datant de l’été 2016, on trouve cette mention, parmi les « engagements » du mouvement mais elle n’a pas été intégrée aux statuts. Au demeurant, cet engagement n’est pas appliqué à ceux des députés qui ont rejoint Macron. Il suffit pour s’en convaincre de consulter les dernières déclarations de ces élus, visibles sur le site de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique pour s’en convaincre. Ainsi, parmi la quinzaine de parlementaires rangés derrière Macron, pas moins de cinq emploient un membre de leur famille. C’est le cas de Ary Chalus, président de la région Guadeloupe et porte-parole de Macron pour l’outre-mer. D’Eric Jalton, député-maire des Abymes, en Guadeloupe. De Thierry Robert, député-maire de Saint-Leu (Réunion), qui emploie son cousin. De Jean-Louis Touraine, député du Rhône. Les dirigeants d’En Marche ne peuvent nier la réalité mais expliquent désormais que, s’ils ne se conforment pas à la règle, ils n’obtiendront pas l’investiture du parti. Toutefois dans ses propos Macron ne présentait pas sa décision contre le « népotisme » comme devant être appliquée à l’avenir, mais comme étant effective dès maintenant, condition même pour adhérer à sa formation ! PR
Les rats quittent le navire
Quand la mer est grosse, que le navire tangue dangereusement et que le capitaine est en difficulté, l’équipage, habituellement, fait front et mobilise toutes ses forces pour sauver le navire et sa propre vie. Mais les rats, eux, quittent le navire au plus vite. Apparemment, bon nombre des membres de l’équipe de M. Fillon se comportent non en membres de l’équipage de la droite parlementaire, mais en rats pressés de s’éloigner du navire. Ces rats sont tous des personnalités qui ont tiré profit – ne serait-ce que par un niveau de vie très supérieur à celui du Français moyen – de leur situation dans leurs partis politiques et des mandats électifs que ceux-ci leur ont permis d’obtenir. Ce sont d’ailleurs, en majorité, parmi les personnalités de la droite parlementaire, principalement celles qui avaient combattu la candidature de M. Fillon lors des primaires de la droite et auxquelles celui-ci, en dépit de l’action qu’ils avaient menée contre lui, avait, par esprit d’unité et peut-être par générosité, donné dans son organigramme des places de premier plan. Ces rats semblent ne pas avoir compris que, ce faisant, ils se tiraient une balle, sans doute mortelle : en l’absence de tout plan B, de tout candidat pouvant faire l’unanimité et ne traînant pas la moindre casserole, si minime soit-elle, leur fuite éperdue risque fort d’éliminer purement et simplement la droite parlementaire du second tour de l’élection présidentielle. Et s’ils espèrent ainsi sauver leurs sièges de parlementaires, il se pourrait qu’ils se trompent lourdement. Que la Présidence reste entre les mains de la gauche molle pour cinq ans, ou que Mme Le Pen parvienne à franchir le « plafond de verre », la campagne pour les législatives a de fortes chances de ne pas leur être favorable, car leurs électeurs potentiels pourraient bien, par l’abstention ou un vote pour d’autres candidats, leur faire payer leur responsabilité dans cet état de choses. Il semble qu’en revanche ceux qui n’ont jamais tiré bénéfice de leur position politique, et qui souvent, au contraire, ont donné de leur temps et de leur argent pour ce qu’ils pensaient être le mieux pour notre pays, se comportent en membres d’équipage conscients du danger. Et que, tandis que les rats gros et gras abandonnent à la fois le navire et leur avenir, eux se changent en lions maigres et combatifs.
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