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Entraide et Tradition

L’Église sous le pontificat de François. Un schisme possible?

publié dans nouvelles de chrétienté le 6 mars 2017


NOUS SOMMES AU BORD DU GOUFRE.
Certains pensent (après l’avoir élu) à remplacer le pape démolisseur. 

par le vaticaniste Antonio Socci

 

www.antoniosocci.com
28 février 2017
Ma traduction (de Benoît-et-moi)

* * *

Récemment « Der Spiegel » a rapporté les paroles du pape Bergoglio à quelques-uns de ses fidèles: «Il n’est pas exclu que je passe à l’histoire comme celui qui a divisé l’Eglise catholique». Raison pour laquelle son ami Eugenio Scalfari le considère comme le plus grand «révolutionnaire» .
Il y a un certain temps, une couverture de « Newsweek » se demandait si le pape était catholique. Et une autre du « Spectator » le représentait sur un bulldozer de démolition, sous le titre «Pope vs Church» (le Pape contre l’Eglise).
Ils cueillaient un sentiment largement répandu.
En réalité, à quatre ans exactement du «renoncement» de Benoît XVI et de l’irruption de Bergoglio, la situation de l’Eglise catholique est devenue explosive, peut-être à la limite d’un schisme, plus catastrophique que celui du temps de Luther (qui est aujourd’hui réhabilité dans l’église bergoglienne).

COUPS DE PIOCHE
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La confusion est énorme, car les coups de pioche se succèdent, même de ses proches collaborateurs.
Ces derniers jours, le nouveau général des jésuites (voulu par Bergoglio) a suscité une certaine perplexité à cause de ce qu’il a dit à propos de l’Évangile et de Jésus (cf. Le Pape noir: ainsi va l’Eglise sous François (II)). Tout comme le nouveau président de l’Académie pontificale pour la Vie, nommé par Bergoglio lui-même, qui s’est livré à une exaltation inconditionnelle de Marco Pannella, allant jusqu’à affirmer: «Je souhaite que l’esprit de Marco nous aide à vivre dans cette même direction» (cf. Ainsi va l’Eglise sous François (I)).

Dans l’Église, on voit de tout. Les plus importants représentants de l’idéologie laïciste sur la vie sont invités avec tous les honneurs à un symposium du Vatican (Conférence à huis clos au Vatican), les cardinaux qui demandent au pape de clarifier ou de corriger les points erronés d’Amoris laetitia sont mal traités. Et puis on est sur le point d’établir les « femmes diacres » et on pourrait même manipuler la liturgie pour aller vers une «messe œcuménique» (cf. Vers la messe oecuménique?) avec les protestants, ce qui marquerait le point de non- retour.
Il y a quelques jours, une ‘évêquesse‘ protestante d’Europe du Nord – voulant lui faire un compliment – a déclaré que Bergoglio lui semble de plus en plus un cryptoprotestant («verklappter protestant»).
Beaucoup de catholiques ont vraiment peur que ce soit vrai.

C’est pour cela que beaucoup parmi les cardinaux qui ont voté pour lui sont fortement préoccupés, et le parti curial qui a organisé son élection et qui l’a soutenu jusqu’ici, sans jamais se dissocier, cultive l’idée (à mon avis irréaliste) d’une «moral suasion» (=pression morale) pour le convaincre de se retirer. Ils auraient le nom de l’homme qui doit le remplacer pour «réparer» l’Eglise brisée.
Mais pour mieux comprendre ce qui se passe, il est nécessaire de reconstituer comment il se fait que l’Eglise soit dans cette situation, peut-être la plus grave de ses 2000 ans d’histoire.

L’EMPIRE AMERICAIN
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Nous devons commencer par le contexte géopolitique des années 90, quand les États-Unis, considérant qu’ils étaient restés la seule grande puissance mondiale, commencèrent à développer le projet d’un monde unipolaire «pour un nouveau siècle américain». Fukujama annonça «la fin de l’histoire» c’est-à-dire une planète totalement américanisée. Une folie, l’ultime utopie idéologique du XXe siècle .
Le présupposé était que – une fois balayée le bloc soviétique – la Russie démocratique, prostrée et humiliée par l’américanisation sauvage sous Eltsine, ne parviendrait jamais à se redresser, restant une province sous-développée de l’empire.
Puis vint la grande crise de 2007-2008, alors qu’en Russie, un nouveau leader, Vladimir Poutine, permettait au plus vaste pays dans le monde de retrouver son identité spirituelle, une véritable indépendance nationale (économique) et un rôle international.
Ainsi de 2010 à 2016 l’administration Obama / Clinton (avec un système annexe de pouvoir global) a mis au point une stratégie planétaire lourde visant à isoler la nouvelle Russie de Poutine et à la neutraliser .
Les deux piliers de l’empire géopolitique Obama / Clinton étaient – en Europe – le fidèle vassal allemand dirigé par Merkel; au Moyen-Orient, l’Arabie Saoudite .

LES ÉLÉMENTS
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Devant d’abord balayer la présence russe en Méditerranée et au Moyen-Orient, les USA se sont engagés pour l’élimination des deux régimes de la région alliés de la Russie, la Libye et la Syrie dirigées par Kadhafi et Assad.
L’idée américaine prévoyait de laisser cette région sous l’hégémonie de l’Arabie Saoudite, mais il est même étrange de constater la sous-estimation obamienne du risque représenté par les Frères musulmans, protagonistes des « Printemps arabes ».
En Europe aussi, on assiste à d’autres bouleversements. En 2011, le gouvernement italien dirigé par Berlusconi se trouve isolé dans l’UE franco-allemande de Merkel et Sarkozy, alors il finit sous les attaques et est contraint de démissionner (par ailleurs Berlusconi était à l’époque le seul chef de gouvernement européen avec lequel Poutine avait une relation amicale).
Ensuite , nous voyons la déstabilisation directe de la Russie avec l’incendie de l’Ukraine qui fournit à l’OTAN le prétexte pour amener l’ensemble de l’Europe de l’Est, jusqu’aux frontières de la Russie, sous son protectorat. Commencent même de périlleuses manœuvres militaires à la frontière, qui créent un climat de guerre froide.
Depuis quelque temps, du reste, les médias occidentaux attaquent lourdement Poutine, une criminalisation curieuse, si l’on considère ce que les Américains – avec leurs «guerres humanitaires» – faisaient.

COLONISATION IDÉOLOGIQUE
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Pendant ce temps, Obama – avec le deuxième discours inaugural – a également lancé une offensive idéologique qui cherche à imposer au monde une nouvelle anthropologie ‘liberal‘ et relativiste (mariage homosexuel, gender, etc.).
C’est un projet global qui tente de dé-construire (en plus de l’identité sexuelle) des identités nationales, culturelles et religieuses, à travers le phénomène migratoire.
Le Secrétaire général des Nations Unies Ban Ki-moon lui-même exalte le migrations comme une nouvelle frontière de progrès à laquelle personne ne doit s’opposer. Le phénomène explose: de 2010 à 2016 il y a une augmentation vertigineuse des masses de migrants qui affluent vers l’Europe, avant tout à travers l’Italie et la Grèce.

Dans l’intervalle, que se passe-t-il dans l’Église ? Depuis 2010, nous assistons à une pression très lourde, interne et externe, contre le pontificat de Benoît XVI qui, en Février 2013, «renonce».
Ces derniers jours, certains intellectuels catholiques américains ont publiquement demandé à Trump d’ouvrir une enquête pour vérifier – compte tenu de certains documents publiés par Wikileaks – s’il y avait eu, entre 2012 et 2013, une ingérence américaine pour un «changement de régime» au Vatican (cf. Une initiatiative inouïe de « The Remnant »).

LE CAS BERGOGLIO
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En 2013, c’est Bergoglio qui est élu pape, mettant de côté l’enseignement des papes précédents, trop dur pour l’idéologie dominante (plus de principes plus négociables, ni de racines chrétiennes de l’Europe, ni de confrontation virile avec l’islam comme le discours de Ratisbonne).
Bergoglio adhère à l’Agenda Obama: vive l’immigration de masse, embrassons-nous avec l’Islam, et écologisme catastrophiste. Mais il adhère aussi à l’Agenda allemand qui va vers une protestantisation de l’Eglise catholique.
En réalité, les «partis» qui l’ont élu sont deux: le parti progressiste conduit par les cardinaux allemands (qui se réfèraient au cardinal Martini et au groupe de Saint-Gall.) Et «le parti de la Curie» qui a mal supporté Benoît XVI et veut reprendre le contrôle de l’Eglise.
C’est ce dernier qui a soutenu tout le pontificat de Bergoglio, qui veut aujourd’hui porter à la papauté l’actuel Secrétaire d’Etat Pietro Parolin.
La raison invoquée est de «recoudre» l’Eglise et conjurer une tragique rupture. Il y a certainement une inquiétude sérieuse pour la confusion et la débandade d’aujourd’hui. Mais beaucoup pensent que la boussole de ce parti est toujours le pouvoir ecclésiastique, qui est aujourd’hui limité par la «curie parallèle» à Sainte Marthe.
Ils se fient au fait que Bergoglio lui-même a parlé dans le passé de sa possible démission et, en 2015, il a dit, «pour tous les services dans l’Eglise, il convient qu’il y ait une date limite, il n’y a pas de dirigeants à la vie dans l’Église. Cela se produit dans certains pays où existe une dictature».
Alors, démission? Il est probable qu’ils se font des illusions.

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