Jean-Luc Mélanchon
publié dans regards sur le monde le 17 avril 2017
Mélenchon veut la peau de l’école privée !
(Source Bd Voltaire)
Chez tous ceux qui veulent établir un système d’éducation unique, je crois déceler une « tentation totalitaire » sous-jacente qui me gêne aux entournures.
Doté d’une solide culture générale, tribun hors pair surclassant ses compétiteurs, Jean-Luc Mélenchonsouhaiterait s’inviter au second tour de l’élection présidentielle. Il séduit des jeunes avec son talent oratoire et ses propos démagogiques. Certaines de ses propositions peuvent même être réellement intéressantes. Est-il nécessaire de prolonger l’acharnement thérapeutique en vigueur envers les institutions d’une Ve République moribonde ? La vassalité induite par le retour au sein du commandement intégré de l’OTAN ne dessert-elle pas nos intérêts nationaux ? Il y a aussi des pépites plus folkloriques, comme l’adhésion à l’Alliance bolivarienne, cette COMECON d’Amérique latine. Le ridicule ne tue pas. Il reste cependant au fond de lui un marxiste patenté, capable d’arborer un rameau d’olivier et de gloser avec talent sur la paix, tout en continuant de promouvoir une idéologie à cent millions de morts. Bref, quelqu’un qui ne recule pas devant le mensonge.
Parmi les mesures que propose Jean-Luc Mélenchon, il y en a une qui démontre la rouerie du candidat. Le titre de sa proposition 73 est « instruire mieux et davantage ». Jusque-là, tous ceux qui auront perçu l’ampleur du désastre actuel peuvent souscrire. Il s’y trouve même de bonnes idées, comme l’abrogation de la réforme du collège Belkacem/Valls.
L’objectif de lutter contre « l’intrusion marchande à l’école » est louable, même si les méthodes préconisées peuvent être critiquées. Le scepticisme peut être de mise quand apparaît le mantra de l’égalité, si cher à ceux qui ont le progrès pour idole. Et il y a la stratégie d’étouffement de l’école privée, en réservant le financement par fonds publics à la seule école publique. C’est clair et net.
Mais pourquoi tant s’embarrasser ? Les écoles catholiques le sont si peu aujourd’hui qu’il pourrait se satisfaire d’un statu quo.
Dans une région comme la Bretagne où plus du tiers des élèves sont scolarisés dans des écoles privées essentiellement sous contrat, il va de soi que les structures de l’école publique ne pourraient absorber l’augmentation de 50 % des effectifs d’élèves suite à la faillite et la cessation d’activité immédiate qu’entraînerait une telle disposition. Cette volonté pourrait bien se fracasser contre un mur du réel, celui de l’argent, sauf à spolier les propriétaires des murs des établissements privés. Le surcoût de la prise en charge par les budgets publics des frais laissés à la charge des familles viendrait alourdir une ardoise déjà trop lourde.
Jean-Luc Mélenchon, homme cultivé, ne peut feindre d’oublier que la volonté d’éradication de l’école libre portée par François Mitterrand, Pierre Maurois et Alain Savary a conduit à une historique levée de boucliers qui a coûté aux deux derniers leurs maroquins en 1984. Certes, l’Histoire ne se répète pas, mais il est probable que les personnes qui se sont levées par centaines de milliers lors des Manifs pour tous sauraient retrouver le chemin de la rue.
Bien évidemment, le mot « démocratie » figure en bonne place dans ce qu’il faut bien appeler la « profession de foi » électorale de Jean-Luc Mélenchon. Chacun peut y croire, mais chez tous ceux qui veulent établir un système d’éducation unique, je crois déceler une « tentation totalitaire » sous-jacente qui me gêne aux entournures. Je dois être paranoïaque.