L’Eucharistie
publié dans un disciple le 17 novembre 2017
L’Eucharistie
Fatima et la pensée de saint Thomas
Un disciple de Mgr Lefebvre se doit d’aimer le Sacrement de l’Eucharistie. Ce fut en effet la grande dévotion de cet Evêque. Il vivait de la Sainte Eucharistie. J’aimais le voir devant le Saint Sacrement Exposé. Quel recueillement ! L’Eucharistie était au cœur de sa vie, de sa spiritualité, de son sacerdoce. Il voyait la grandeur du sacerdoce dans sa relation à l’Eucharistie. Et de fait, Notre Seigneur institua l’Eucharistie, le Jeudi Saint, tout en instituant le sacerdoce : « Faites ceci en mémoire de moi ». Il y voyait, nous disait-il, une relation ontologique entre l’Eucharistie et le sacerdoce, une relation « essentielle ». Dès lors, le sacerdoce trouve sa raison d’être, sa définition, dans sa relation à l’Eucharistie. Le prêtre est essentiellement l’homme de l’Eucharistie. Et c’est parce que les prêtres, aujourd’hui, surtout après le Concile Vatican II, perdent le sens de cette relation qu’ils perdent aussi le sens de leur sacerdoce. Ils voient davantage dans le prêtre, l’aspect « politique », l’aspect« social » que son aspect cultuel, liturgique, sacrificiel. Mais on en revient…Mgr Lefebvre ne sera pas pour rien dans ce retour… Il a réagi en effet fortement contre cet esprit « mortifère ». L’insistance qu’il attachait à cette relation –Eucharistie-Prêtre- m’a marqué pour la vie… Aussi il me semble légitime et juste de consacrer un article spécial, dans cette présentation de la pensée de Mgr Lefebvre, sur l’Eucharistie.
Mais, au 20ème siècle, c’est surtout Fatima qui a nous a rappelé l’importance de l’Eucharistie. Aussi commencerai-je par rappeler l’enseignement de Fatima pour revenir ensuite sur la pensée de saint Thomas.
Fatima et l’Eucharistie
L’Ange précurseur.
Les trois apparitions de 1916
C’est au printemps, à l’été et à l’automne 1916 qu’eurent lieu les apparitions de « l’Ange du Portugal » à Lucie, François et Jacinthe. Lucie venait d’avoir neuf ans, François à peine huit et Jacinthe n’avait alors que six ans
Nos trois pastoureaux avaient conduit leurs brebis sur le flanc-est du Cabeço. Ecoutons le récit de sœur Lucie :
« Vers le milieu de la matinée, une pluie fine commença à tomber, un peu plus que la rosée. Nous sommes alors montés sur le versant de la colline, suivis de nos brebis, à la recherche d’un rocher qui puisse nous servir d’abri. C’est alors que nous sommes entrés, pour la première fois, dans ce creu béni. Il est situé au milieu d’une oliveraie qui appartient à mon parrain Anastase. De là, on voit le petit village où je suis née, la maison de mes parents, les hameaux de Casa Velha et Eira da Pedra. Nous avons passé la journée à cet endroit, bien que la pluie eût cessé et que le soleil se fût découvert, clair et beau. Nous avons pris notre repas et dit notre chapelet.
Un jeune homme plus blanc que neige.
« Cela faisait un certain temps que nous étions en train de jouer, lorsqu’un vent assez fort secoua les arbres et nous fit lever les yeux pour voir ce qui se passait, car la journée était belle.
« Nous vîmes alors, au-dessus des oliviers, et se dirigeant vers nous, la même figure dont j’ai déjà parlé. Jacinthe et François ne l’avait jamais vue et je ne leur en avais jamais parlé. Au fur et à mesure qu’elle s’approchait, nous distinguions mieux ses traits. Elle avait l’apparence d’un jeune homme de quatorze ans ou quinze ans plus blanc que neige, que le soleil rendait transparent comme s’il était en cristal, et d’une grande beauté
« Priez avec moi.
Nous étions surpris, et à demi absorbés. Nous ne disons mot. En arrivant près de nous, l’Ange nous dit :
« Ne craigniez pas ! Je suis l’Ange de la Paix. Priez avec moi ! »
« Et s’agenouillant à terre, il courba le front jusqu’au sol. Poussés par un mouvement surnaturel, nous l’imitâmes et nous répétâmes les paroles que nous lui entendions prononcer :
« Mon Dieu, je crois, j’adore, j’espère et je vous aime. Je vous demande pardon pour ceux qui ne croient pas, qui n’adorent pas, qui n’espèrent pas, qui ne vous aiment pas »
« Après avoir répété cette prière, trois fois, il se releva et nous dit : « priez ainsi. Les Cœurs de Jésus et de Marie sont attentifs à la voix de vos supplications ».
« Et il disparut »
Merveilleuse description de sœur Lucie, tout évangélique…Quoi de plus conforme, en effet, à la grande tradition des apparitions angéliques
Dès les premiers mots de l’Ange : Ne craigniez pas ! Je suis l’Ange de la paix. L’on croit entendre un écho des paroles de l’Evangile. Dans la maison de Nazareth ou dans les champs de Bethléem, comme à l’entrée du tombeau de Jésus, toujours la présence de l’Ange saisit les témoins de stupeur. Il se doit alors de les rassurer. « Ne craignez pas » répète-t-il à Zacharie, à la Vierge Maris, aux bergers dans la nuit de Noël et aux saintes femmes à l’aurore de la Résurrection
Quant à son aspect, il est beau plein de lumière… Voilà encore une description toute évangélique. L’ange annonciateur de la Résurrection : « sa robe était blanche comme neige ». ( Mtt 28 3) C’est la même chose pour le Christ transfiguré au Thabor : « ses vêtements devinrent éblouissants comme la lumière » (Mtt 17 2)
« Je suis l’Ange du Portugal »
« Au cœur de l’été : la seconde apparition a dû avoir lieu au cœur de l’été, pendant les jours de grande chaleur, alors que nous revenions avec le troupeau, au milieu de la matinée, pour le sortir de nouveau sur le soir seulement. Nous passions alors les heures de la sieste à l’ombre des arbres qui entouraient le puits déjà plusieurs fois mentionné.
Prière et sacrifice. « Nous étions en train de jouer sur le puits. Soudain, nous vîmes le même ange près de nous
« Que faites vous ? Priez, priez beaucoup ! Les saints cœurs de Jésus et de Marie ont sur vous des desseins de miséricorde. Offrez sans cesse au Très haut des prières et des sacrifices »
« Comment dévons nous nous sacrifier ? Demandais-je
« de tout ce que vous pourrez, offrez à Dieu un sacrifice en acte de réparation pour les péchés par lesquels il est offensé et de supplication pour la conversion des pécheurs. De cette manière, vous attirerez la paix sur votre patrie. Je suis son Ange gardien, l’Ange du Portugal. Surtout acceptez et supportez avec soumission les souffrances que le Seigneur vous enverra ».
L’Ange de l’Eucharistie
« la troisième apparition a dû avoir lieu en octobre, ou fin septembre, parce que nous n’allions déjà plus passer les heures de la sieste à la maison ». Ce jour-là, les trois pastoraux avaient fait paître les troupeaux à la Prégueira, un oliveraie qui appartenait aux Dos Santos située sur le flanc-sud du Cabeço
« Après avoir pris notre repas, nous nous mîmes d’accord pour aller prier à la grotte qui est située de l’autre côté de la colline. Nous fîmes pour cela un détour sur la pente de cette colline, et il nous fallut escalader quelques rochers qui se trouvent en haut de la Prégueira. Les brebis réussirent à passer, avec une certaine difficulté.
Dès que nous fûmes arrivés, nous mettant à genoux, le visage contre terre nous nous sommes mis à répéter la prière de l’Ange : « Mon Dieu, je crois, j’adore, j’espère et je vous aime…
Je ne sais combien de fois nous avions répété cette prière lorsque nous vîmes briller au-dessus de nous une lumière inconnue. Nous nous sommes relevés pour voir ce qui se passait, et nous avons revu l’Ange qui tenait dans sa main gauche un calice, sur lequel était suspendue une Hostie de laquelle tombaient quelques gouttes de sang dans le calice.
Laissant le calice et l’Hostie suspendus en l’air, il se prosterna près de nous jusqu’à terre et répéta trois fois cette prière :
« Très sainte Trinité, Père, Fils et Saint Esprit, je vous adore profondément et je vous offre le très précieux Corps, Sang, Ame et Divinité de Jésus-Christ, présent dans tous les tabernacle de la terre, en réparation des outrages, sacrilèges et indifférences par lesquels il est Lui-même offensé. Par les mérites infinis de son Très Saint Cœur et du Cœur immaculé de Marie, je vous demande la conversion des pauvres pécheurs »
« Puis se relevant, il prit de nouveau dans ses mains le Calice et l’Hostie, me donna la Saint Hostie et donna le Sang du Calice à Jacinthe et à François, en disant en même temps :
« Prenez et buvez le Corps et le Sang de Jésus-Christ, horriblement outragé par les hommes ingrats. Réparez leurs crimes et consolez votre Dieu »
« Il se prosterna de nouveau jusqu’à terre et répéta avec nous encore trois fois la même prière : « Très Saint Trinité etc. Puis disparut
« Poussés par la force du surnaturel qui nous enveloppés, nous avions imités l’Ange en tout, c’est-à-dire que nous nous étions prosternés comme lui et avions répété les prières qu’il disait. Nous sommes restés dans la même attitude¸ répétant toujours les mêmes paroles »
Voilà un magnifique récit tout centré sur l’Eucharistie, sur la présence, « vraie, réelle, substantielle » du Christ Seigneur dans l’Eucharistie, sur le sens sacrificiel de l’Eucharistie – c’est la claire allusion aux gouttes de sang qui tombent de l’Hostie…- et sur l’adoration qui lui est due.
Comme je l’ai annoncé, nous parlerons donc de l’Eucharistie sacrement.
Mais je commencerai ma présentation du mystère eucharistique en m’inspirant du « Pange lingua gloriosi » :
« Chante, ma langue, le mystère de ce Corps glorieux, ainsi que de ce précieux Sang que, comme prix (de la Rédemption) du monde, fruit d’un sein généreux,
le Roi des nations a versé. A nous donné, il est né pour nous d’une Vierge sans tache. Et il a vécu dans le monde, en répandant la semence de sa Parole.
Il a achevé son séjour ici-bas par une admirable institution. Dans la nuit de la dernière cène, étant à table avec ses frères, après avoir pleinement observé la loi et consommé les aliments prescrits, de ses propres mains Il se donne
en nourriture à l’ensemble des douze. Le Verbe incarné, par sa Parole,
de vrai pain fait sa chair ; et de vin pur fait le sang du Christ. Et si la raison défaille, pour affermir le cœur sincère La foi seule suffit. Donc, ce si grand Sacrement, adorons le prosternés ».
L’Eucharistie sacrement.
Avec la prière d’offrande qu’il apprend aux enfants et la sainte communion qu’il leur distribue, c’est le mystère de la sainte Eucharistie qui est la révélation principale de la dernière apparition.
Les péchés qu’il nous invite à réparer, ce sont les « outrages, les sacrilèges et les indifférences » à l’égard de Jésus « présent dans tous les tabernacles de la terre ».
Comment ne pas être saisi par les paroles très fortes qu’il prononce en distribuant la sainte communion aux enfants : « Prenez et buvez, leur dit-il, le Corps et le Sang de Jésus-Christ ? Horriblement outragé par les hommes ingrats. Réparez leurs crimes et consolez votre Dieu ».
Quelle gravité dans ces offenses envers Jésus dans le sacrement de son Amour !
C’est là qu’il faut se souvenir du dogme catholique. C’est là que notre foi doit être à la hauteur du mystère. C’est ainsi et ainsi seulement que nous réparerons les offenses qui touchent NSJC dans la sainte Eucharistie.
Promesse et Institution de l’Eucharistie.
Le discours tenu par NSCJ à la suite de la multiplication des pains dans le désert, nous révèle le secret de ce pain et de ce vin mystérieux.
Jésus a fui le lieu du miracle de la multiplication des pains pour se dérober à l’empressement des foules, qui veulent le faire Roi. Mais elles l’ont suivi et retrouvé de l’autre côté de la mer. Alors s’établit entre Jésus et la foule un dialogue séré : « en vérité, en vérité, je vous le dis, vous me cherchez, non parce que vous avez vu des miracles, mais parce que vous avez mangé des pains et que vous avez été rassasiés ». Et pour retirer leur esprit de cette nourriture grossière et matérielle, il ajoute : « Travaillez, non pas en vue de la nourriture qui périt, mais de celle qui demeure pour la vie éternelle et que le Fils de l’homme vous donnera ». La nourriture de l’âme commence, ici, dans ces paroles, et c’est Jésus qui la donne. Les Juifs relèvent l’excellence de la manne dont leurs pères ont mangé dans le désert et dont il est écrit : Dieu leur a donné à manger du pain du Ciel. Mais la manne n’était que la figure du pain qui donne la véritable vie. « En vérité en vérité je vous le dit, reprend Jésus, Moïse ne vous a point donné le pain du Ciel, mais c’est mon Père qui vous donne le vrai pain du Ciel. Car le pain de Dieu est celui qui descend du Ciel et donne la vie au monde. C’est moi qui suis le pain de vie ; qui vient à moi n’aura pas faim et qui croit en moi n’aura pas soif…. »
Ce pain qui produit la vie éternelle, qui est-il ? C’est Jésus lui-même. Les Juifs murmurent.
Jésus s’explique davantage, mais ne change rien de la vérité annoncée : « Qui croit en moi a la vie éternelle. C’est moi qui suis le pain de vie ».
Les juifs disputent entre eux et protestent toujours.
Telle est l’annonce de l’aliment par lequel on communiera au « pain de vie » Jésus-Christ, pain qui soutiendra la vie des âmes.
Or cette grande promesse a été réalisée la veille de la mort de Sauveur, lorsqu’ayant pris du pain à la dernière Cène, il prononça ces paroles : « Ceci est mon Corps, puis du vin dans le Calice et dit : Ceci est mon Sang ». Par sa toute-puissance, il réalisait toute la vérité de ces mêmes paroles, il changea toute la substance du pain en toute la substance de sa Chair et toute la substance du vin en toute la substance de son Sang, les seules apparences du pain et du vin demeurant pour servir de voile à ce grand mystère. La consécration accomplie. Jésus communia ses Apôtres avec sa Chair et avec son Sang, il leur demanda de répéter après lui ce qu’il venait de faire sous leurs regards, il leur en communiqua la puissance et il institua ainsi tout à la fois le Sacrement Eucharistique, la communion eucharistique et le sacerdoce.
Ces paroles sont dures et qui peut les écouter, dirent plusieurs des disciples de JC à la promesse qu’il fit de l’Eucharistie et beaucoup d’entre eux se retirèrent de Lui ? Et vous, dit JC aux douze, voulez-vous aussi vous en aller ? Mais Simon Pierre, prenant la parole au nom de tous et préludant à son office de confirmer ses frères dans la foi, lui répondit : « Seigneur, à qui irions-nous vous avez les paroles de la vie éternelle ». (Jn 6)
Et nous aussi, écoutons avec docilité et avec amour les paroles du Maître, croyons de toute la fermeté de notre foi, à la vérité de ses promesses, à la vérité de leur accomplissement et à la vérité de sa Chair et de son Sang dans le mystère de nos autels.
Comme le chante le « Pange Lingua » : Le Verbe incarné, par sa Parole,
de vrai pain fait sa chair ; et de vin pur fait le sang du Christ. Et si la raison défaille, pour affermir le cœur sincère, la foi seule suffit.
La vie de l’âme a l’Eucharistie pour aliment
Rien n’est donc plus vrai, la Chair et le Sang de JC sont la nourriture et le breuvage destinés à alimenter la vie de Dieu dans nos âmes et à nous faire communier à sa Vie divine. Le Fils de Dieu, le Verbe du Père, a la Vie en lui-même. Il est la Vie par essence.
Il est ainsi source de vie, et, dans l’ordre naturel aussi bien que dans l’ordre surnaturel et divin. C’est Lui qui créa toutes choses et qui restaura tout dans son Sang répandu sur la Croix.
C’est encore l’enseignement du « Pange Lingua » : « Chante, ma langue, le mystère de ce Corps glorieux, ainsi que de ce précieux Sang que, comme prix (de la Rédemption) du monde, fruit d’un sein généreux,
le Roi des nations a versé. A nous donné, il est né pour nous d’une Vierge sans tache. Et il a vécu dans le monde, en répandant la semence de sa Parole ».
Mais Comment nous donner cette Vie divine.
Jésus y a pourvu par l’institution du sacrement de l’Eucharistie, chef d’œuvre de sa sagesse et de son Amour.
C’est encore l’enseignement du « Pange Lingua » : « Il a achevé son séjour ici-bas par une admirable institution. Dans la nuit de la dernière cène, étant à table avec ses frères, après avoir pleinement observé la loi et consommé les aliments prescrits, de ses propres mains Il se donne en nourriture à l’ensemble des douze. Le Verbe incarné, par sa Parole, de vrai pain fait sa chair ; et de vin pur fait le sang du Christ.
Il a préparé aux chrétiens un pain et un vin destinée à nourrir leurs âmes comme le pain et le vin ordinaires servent de nourriture à leurs corps. Ce pain c’est la Chair adorable, cachée sous le voile eucharistique et, avec sa Chair, son Sang, son Âme, sa Divinité, Jésus tout entier ; ce vin, c’est son Sang très précieux, et, avec le Sang, tout le reste. En mangeant ce pain, en buvant ce sang, nous sommes nourris de la divinité, nous sommes pénétrés par elle ; Jésus, notre pain n’est pas changé en nous, comme le pain matériel l’est en la substance de notre corps, mais nous sommes changés en Lui.
Il ne sera donc pas difficile aux Fidèles de comprendre quel prix ils doivent attacher à cet aliment divin et avec quel juste confiance, ils peuvent en attendre l’abondance de l’esprit chrétien, i.e. de l’esprit de JC, et, par conséquent, de l’esprit d’Amour.
Voilà ce que l’Ange voulut apprendre aux enfants et nous apprendre. Comment ne pas entendre son langage demandant aux enfants de réparer l’indifférence dont les hommes et les chrétiens même entourent l’Eucharistie, par une plus grande foi en la Sainte Eucharistie.
Mais pour en saisir l’excellence, il faut en considérer les effets.
Ier effet : de la communion : la grâce.
Le premier effet de la communion est de conférer la grâce. L’Eucharistie est un sacrement et tout sacrement confère la grâce à celui qui n’y apporte point d’obstacle. Mais avec quelle prodigalité le don de Dieu n’est-il pas accumulé dans le sacrement par excellence ? Les autres sacrements sont des canaux par lesquels les mérites de JC sont distribués aux âmes, l’Eucharistie renferme la source des grâces, l’auteur même de la grâce, devenu nourriture et breuvage. Elle n’est point instituée, il est vrai, pour conférer la première grâce sanctifiante…mais elle procure l’accroissement de la grâce sanctifiante avec le droit à des grâces actuelles propres à conduire l’âme à la fin pour laquelle ce divin banquet a été dressé. Instituée pour être l’aliment des âmes, elle produit en elles ce que la nourriture matérielle opère dans le corps ; elle y conserve, elle y accroît, elle y fortifie, elle y développe la vie ; or la vie des âmes, c’est la grâce par laquelle étant établies dans la chaste amitié de Dieu, elles sont conduites par son Esprit.
Ne faut-il pas, comme le demande l’Ange, adorer et réparer pour toutes les offenses qui touchent l’Eucharistie, ne serait-ce que leur indifférence ?
2ème effet : l’union avec JC
L’effet propre de l’Eucharistie est d’unir très intimement le chrétien avec JC, de le transformer en cet admirable modèle, de le rendre un autre JC. C’est ce qu’annonce JC lui-même : « Celui qui mange ma Chair et boit mon Sang demeure en moi et moi, je demeure en lui ». (Jn 6 57) Il est impossible de trouver une expression plus forte pour exprimer l’union la plus intime. Cette mutuelle demeure de Jésus en le chrétien et du chrétien en Jésus indique l’amour le plus fort et à la fois le plus tendre, cet amour qui ne vit plus pour lui-même mais pour l’objet aimé, qui sort de lui-même pour vivre dans cet objet chéri, et qui, ayant, en quelque façon perdu sa propre vie, ne vit plus que par l’influence de celui auquel il a donné son cœur….C’est la fusion de deux esprits en un seul esprit, de deux cœurs en un seul cœur, de deux vies en une seule vie et pour ainsi dire de deux êtres en un seul être…C’est l’harmonie parfaite entre deux volontés ; c’est la grâce propre à la sainte Communion…. « Qui me mange vivra par moi » (Jn 6 58). L’Eucharistie est ainsi la source de l’esprit chrétien dont les disciples de JC doivent être remplis. Par l’Eucharistie, le fidèle est voué totalement à JC pour n’aimer que Lui.
O ! Seigneur j’adore ce sacrement !
3éme effet de l’Eucharistie : participation aux vertus de NSJC
Cette union avec JC produite par l’usage de l’Eucharistie a pour conséquence naturelle la participation aux vertus de JC. Le fond de sa vie était l’humilité, la douceur, l’esprit de sacrifice, ornés d’une modestie admirable ; sa religion envers son Père était digne d’un Dieu honorant un Dieu ; son amour et son respect pour Lui étaient ineffables, son obéissance était jusqu’à la mort de la Croix. Sa charité envers les hommes prenait son modèle dans celle qui l’unit à son Père, et il devait leur donner en mourant pour eux, la plus grand marque d’amour. Pendant trente ans ses vertus furent recouvertes du voile d’une vie cachée et, lors même que, par son ministère public, elles parurent à l’éclat du jour, les merveilles de sa vie évangélique, ses prédications, ses miracles, ses souffrances même et sa mort, n’exprimèrent point, au dehors, toute la richesse de ses dispositions intérieures. Et c’est cependant ce magnifique trésor des vertus de NSJC que la Table sainte met à notre portée. Ainsi que l’aliment matériel communique ses qualités propres au corps qui s’en nourrit, la Chair et le Sang du Sauveur, devenue nourriture et breuvage, font passer les vertus de Jésus dans l’âme qui y communie. Ainsi l’amour et le respect de Dieu, l’humilité, la douceur, la charité fraternelle entrent dans l’âme…Son cœur devient semblable à celui de Jésus : même pureté, même innocence, même charité, même générosité, même noblesse….Dès lors un quelque chose de divin reluit en la personne du communiant et s‘épanouit sur son visage….Un rayon de la beauté du ciel reluit sur le visage du fidèle….
Oh ! Sainte Hostie, je vous adore !
4éme effet : l’esprit d’hostie
« Ayez en vous, écrivait saint Paul, les sentiments de JC, qui tout Dieu qu’il était, s’est anéanti jusqu’à prendre la forme d’esclave et s’est fait obéissant jusqu’à la mort de la Croix » (Phil 25) L’Eucharistie renfermant JC en son état de Victime, d’hostie, c’est en elle qu’il faut aller chercher cet esprit, qui peut être regardé comme le 4ème effet de la communion. Lorsque l’on mange la Chair de l’auguste Victime, on la mange immolée, d’une manière à la vérité, non sanglante, mais qui est liée à l’immolation sanglante de la croix ; on la mange portant encore les cicatrices de ses blessures, telles qu’elle les conserve dans le Ciel. En mangeant cette Chair et en recevant avec elle Jésus tout entier, on communie à son esprit d’Hostie. Là on trouve la force du support de toute croix…
Et c’est pourquoi, peut-on dire, après l’offrande au Père céleste du Cœur Eucharistique de Jésus, l’ange enseigne aux enfants la pratique de la communion réparatrice. La formule angélique, si expressive, est à retenir par cœur : «Prenez et buvez, nous dit-il, le Corps et le Sang de JC, horriblement outragé par les hommes ingrats. Réparez leurs crimes et consolez votre Dieu ».
Cette formule est d’abord d’une remarquable précision théologique. Lucie recevra l’Hostie, Jacinthe et François, le Sang du Calice, mais à tous trois, l’Ange dit uniformément : « Prenez et buvez le Corps et le Sang de JC », pour bien montrer que quiconque communie sous l’une ou l’autre espèce, reçoit JC tout entier, son Corps, son Sang, son âme et sa divinité
Elle évoque aussi, de façon saisissante, combien Jésus est outragé dans le sacrement de son Amour. Et dans la ligne du message de Paray-le-Monial, elle nous apprend que la plus excellente, la plus parfaite expiation que nous puissions faire de ces « indifférences » et de « ces crimes », c’est de communier en esprit de réparation, pour « consoler notre Dieu ». Cette pratique est tellement importante que ND la réclamera à nouveau et la précisera à Pontevedra, le 10 décembre 1925.
5 éme effet : une vie divine
« Je vie, non plus moi, mais le Christ vit en moi » (Gal 2 20). Ces paroles de saint Paul, tout chrétien revenant de la sainte Table peut le dire de lui-même. En effet la vie de Jésus communiquée par la communion est une vie divine. Ainsi la communion nous fait vivre de la vie de Dieu. L’heureux convive du banquet eucharistique vit par Jésus, comme Jésus vit par son Père, la vie du Père nous vient par le Fils ; avec la Chair et le Sang, avec l’humanité toute entière de JC reçue dans la Communion, nous recevons sa divinité qui lui est indissolublement unie, et nous sommes rendus participants de sa vie divine aussi bien que de sa vie humaine. Ce trésor de la vie divine nous est ainsi ouvert ; le Ciel s’abaisse et descend vers nous, et l’invisible aliment qui soutient la vie des Bienheureux nous est donné sous une forme accessible à notre état présent et proportionné à notre faiblesse. La parole de saint Pierre que nous sommes réellement participants de la nature divine (1 Pet 1 4) s’accomplit donc, par la Communion, d’une manière très excellente. On comprend la foi que doit nous animer à la sainte table. C’est ce que réclame l’Ange.
6ème effet : la charité. L’amour de Dieu.
Cela va de soi.
Tout respire l’amour dans l’Eucharistie, tout le demande, l’impose et le produit. Elle est la manifestation la plus magnifique, comme l’invention la plus merveilleuse de la Charité de Dieu envers les hommes. C’est en elle que se résume, que se concentre et que se consomme l’amour ineffable qui l’a porté à les créer, à les racheter au prix du sang de son Fils, à les adopter pour enfants, à leur promettre le Ciel pour récompense. C’est par elle que s’accomplit le plus pleinement sur la terre le don qu’il leur a fait de lui-même. C’est par elle qu’il entre en eux dans l’union la plus intime qui soit concevable et qu’ils sont transformés en Lui, comme le fer pénétré par l’action du feu est, en quelque sorte, transformé en feu. Or l’amour veut être payé de retour, et si Dieu a aimé les hommes jusqu’à leur donner son propre Fils en nourriture, il s’est proposé manifestement de se faire aimer d’eux par l’amour le plus fort dont ils soient rendus capables par un tel secours. L’institution de l’Eucharistie a donc pour but de répandre l’amour divin dans le cœur des hommes et Dieu ne demandant jamais rien à ses créatures et à ses enfants qu’il ne leur offre en même temps la grâce nécessaire pour l’accomplir, il ne nous est pas permis de douter que le saint usage de la communion ne soit le moyen le plus puissant de nous établir dans la charité envers Dieu.
On le voit chaque jour confirmé par l’expérience : les âmes qui s’approchent de la Table Sainte avec tant soit peu de soin deviennent promptement les amis de Dieu et l’on voit bientôt l’Amour divin languir dans celles qui s’en éloignent ou qui n’y apportent point les dispositions convenables.
A cet amour de Dieu est lié l’amour fraternel.
7ème effet : la vie éternelle.
L’eucharistie en est le gage et les prémices. C’est la promesse formelle du Sauveur : « Si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement » (Jn 6 52-59) « qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle et moi, je le ressusciterai au dernier jour ». (Jn 6 55) On y communie à Jésus ressuscité, remonté au Cieux, entré comme homme à la possession de cette gloire que, de toute éternité, il avait comme Dieu, et voulant y faire participer ses frères. La grâce de l’Eucharistie fortifie le chrétien, accroit en lui la vie spirituelle, en entretien et en prolonge la durée, la conduit à la persévérance finale qui le fera entrer en cette gloire. Par avance, elle le met, en quelque façon, en possession du Ciel, puisqu’elle lui donne, caché sous des voiles ce qu’il verra un jour face à face, ce qui fera son éternel bonheur. Aussi l’Eglise se plait-elle à appeler le Très saint sacrement, le gage de notre gloire future et de notre perpétuelle félicité (Cf le saint Concile de Trente Sess 13 de l’eucharistie ch 2)
Avec quelle reconnaissance, un si grand bienfait doit être reçu !
C’est à cette reconnaissance que l’Ange de Fatima nous appelle!
Mais aussi il nous appelle à l’adoration. Nous développerons cette idée dans un prochain chapitre.