Le piège du débat sur la PMA
publié dans regards sur le monde le 1 janvier 2018
Le piège du débat sur la PMA
Dans quelques jours, le 11 janvier exactement, sera lancée la consultation nationale « citoyenne » sur la PMA (procréation médicalement assistée) afin de déterminer si elle doit être étendue aux femmes célibataires et aux « couples » de lesbiennes. C’est ce à quoi le candidat Macron s’était engagé avant de légiférer, l’objectif étant de dégager le « consensus le plus large possible ». Cette consultation se fera dans le cadre des Etats généraux de la bioéthique.
Mais le débat est déjà lancé dans les media et le lobby homosexuel s’y montre très actif qui conteste que le sujet relève de l’éthique ; pour lui il s’agit simplement d’un problème d’égalité républicaine entre citoyens, quelle que soit leur « orientation sexuelle ». Au niveau régional, la mise en place de ces débats est déjà… en marche. Or, cette consultation est piégée, si bien qu’y participer n’est pas une évidence.
D’abord, parce que la PMA, y compris pour les couples légitimes infertiles est une manipulation du vivant, grosse de toutes ces dérives eugéniques que l’Eglise refuse, même si le donneur est l’époux et, à plus forte raison, s’il ne l’est pas, une telle pratique n’étant rien d’autre alors qu’un adultère. Et donc, accepter de participer au débat revient à reconnaître la légitimité de cette pratique.
Ensuite, parce que l’inspirateur qui est le chef de l’Etat, et l’organisateur, le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) se sont officiellement prononcés en faveur de la « PMA pour toutes », anticipant ainsi le résultat de la consultation en en livrant la conclusion. On imagine mal, en effet, qu’au terme de la consultation, le président de la République et le CCNE soient désavoués. Et ce d’autant plus que c’est ce CCNE qui sera chargé de faire la synthèse des « remontées citoyennes », fruit des débats ; il sera donc juge et partie.
Enfin, parce que sur une telle question le consensus est impossible. Pour ce qui est du droit du travail, par exemple, il est possible, à force de compromis, de trouver une position moyenne agréée par toutes les parties, mais pour une telle question, il n’est pas de position mi-chèvre, mi-chou qui vaille : ou bien on accorde la PMA aux lesbiennes ou on ne l’accorde pas : il n’y a pas là d’espace pour le « en même temps » présidentiel. Il est probable que, pour amadouer les opposants et leur faire croire que l’on a tenu compte de leurs objections, on tempère l’autorisation globale par une minuscule restriction comme, par exemple, réserver la PMA aux couples « mariés », pacsés ou « concubins » depuis un an ou deux, afin, dira-t-on alors, d’assurer un environnement stable à l’enfant. Mais on sait, depuis la loi Veil, que de telles restrictions volent en éclats dès lors que le principe du refus absolu a été abandonné. On se souvient aussi que, selon le ministre socialiste de l’époque, Elisabeth Guigou, garde des Sceaux, non seulement le Pacs n’était pas un premier pas vers le « mariage » des personnes de même sexe mais devait le rendre inutile. On connaît la suite ! Après quoi, la PMA « pour toutes » étant acquise, on ira plus loin encore. Puisqu’il s’agirait d’égalité de droits, on ne voit pas pourquoi les homosexuels mâles seraient privés de paternité puisque leurs homologues femmes bénéficieraient, elles, de la maternité. La PMA pour les femmes lesbiennes appelle donc la GPA (gestation pour autrui) pour les hommes homosexuels. D’ailleurs, dans un groupe de réflexion sur la PMA tenu dans la Loire, préparant la consultation nationale, le document préparatoire, rédigé en langue « inclusive » aberrante, l’anticipe déjà en y évoquant « l’assistance médicale à la procréation pour tou.t.es. » ! S’ils participent à ces débats, ceux qui combattent la PMA (Alliance Vita, la Manif pour tous, Sens commun…) seront priés d’en cautionner les conclusions puisqu’ils auront été « entendus ». Là est l’autre piège. On leur dira : « Voyez, vous êtes minoritaires, inclinez-vous démocratiquement devant la loi de la majorité ! »
Mais on comprend que la question puisse se poser pour eux : faut-il laisser le champ libre aux minorités d’agitateurs qui veulent imposer la PMA ?L’interrogation, en elle-même, est légitime car ne dit-on pas que « les absents ont toujours tort ? » Mais, à notre avis, que l’on y participe ou non, présents ou absents, la conclusion, comme nous l’avons déjà exposée, est courue d’avance, c’est celle du chef de l’Etat, du ministre de la Santé et du Comité national d’éthique. Face à cela, les associations qui s’y opposent seront de peu de poids, mais serviront seulement d’alibis pour prétendre que chacun a été consulté avant de conclure.
(Source Le Bulletin d’André Noël)