Les suites d’un Concile…
publié dans regards sur le monde le 30 janvier 2018
Irlande : atteinte à la liberté de l’école catholique
Une proposition de loi vise à enlever aux écoles catholiques la possibilité d’inscrire en priorité les élèves catholiques dans leur établissement.
En Irlande, 90% des écoles sont tenues par l’enseignement catholique et sont subventionnées par l’Etat. Ces écoles qui veulent conserver leur identité ont la possibilité de choisir en priorité les enfants baptisés dans l’Eglise : c’est ce qu’on appelle dans l’île des Saints le « Baptism barrier ».
Mais le ministre irlandais en charge de l’Education, Richard Bruton, a entamé depuis le mois de juin 2017 un bras de fer avec l’épiscopat afin de supprimer cette liberté de choix.
La Conférence des évêques d’Irlande conteste la manière dont le ministre présente les choses : la question ne tourne pas autour d’une pseudo-injustice qui serait faite aux parents dont les enfants ne sont pas baptisés, mais plutôt autour de « la pénurie d’écoles dans les grandes villes. » Elle dénonce aussi un « plan de sécularisation » ayant l’Eglise catholique « en ligne de mire ».
Sécularisation croissante en effet : en 2017, plus d’un tiers des unions conjugales ont été contractées uniquement au plan civil, tandis que 20% des familles se déclaraient athées ou « sans religion ».
Aux sources de la sécularisation
Cette sécularisation a plusieurs causes. L’une d’entre elles, fondamentale, est l’abandon de la confessionnalité de l’Etat qui fait sentir ses cruels effets depuis 50 ans.
En effet, et malgré une rédaction assez libérale, la constitution irlandaise promulguée en 1937 commence par ce préambule : « Au nom de la Très Sainte Trinité, de laquelle découle toute autorité et à laquelle toutes les actions des hommes et des Etats doivent se conformer, comme notre but suprême, Nous, peuple de l’Irlande, reconnaissant humblement toutes nos obligations envers notre Seigneur, Jésus-Christ, qui a soutenu nos pères pendant des siècles d’épreuves, se souvenant avec gratitude de leur lutte héroïque et implacable pour rétablir l’indépendance à laquelle notre Nation avait droit, désireux d’assurer le bien commun, tout en respectant la prudence, la justice et la charité, afin de garantir la dignité et la liberté de chacun, de maintenir un ordre véritablement social, de restaurer l’unité de notre pays et d’établir la paix avec toutes les autres nations, Nous adoptons, nous promulguons et nous nous donnons la présente Constitution. » Elle s’achève par ces mots : « A la gloire de Dieu et pour l’honneur de l’Irlande ».
C’est quand les peuples oublient ou méprisent la gloire de Dieu qu’ils sombrent dans le déshonneur.
Le 8 juin 1972, le troisième amendement entérinait l’accès de la République d’Irlande aux Communautés européennes. Il devait être suivi par la ratification de l’Acte unique européen (1987), du traité d’Union européenne (1992), du traité d’Amsterdam (1998), du traité de Nice (2002) et de Lisbonne (2007).
Parallèlement à ce processus d’intégration dans l’Union européenne, l’Irlande a adopté des lois toujours plus libérales et permissives, telles que l’adoption du droit au divorce (1996), le droit à se faire avorter à l’étranger (1992), ou plus récemment l’élargissement des conditions de recours à l’avortement et même le prétendu « mariage » homosexuel (2015).
La responsabilité du Concile
Cette évolution n’a été rendue possible que par l’abandon, avec l’accord des autorités ecclésiastiques, de la relation privilégiée et organique entre l’Etat et l’Eglise. En effet, six mois seulement après l’adhésion à l’Europe (1972), le cinquième amendement, adopté le 5 janvier 1973, abrogeait l’article 44, 2 reconnaissant « la position spéciale de la Sainte Eglise catholique apostolique et romaine comme gardienne de la foi professée par la grande majorité des citoyens ». Elle le remplaçait par ces alinéas : « 1° La liberté de conscience et la liberté de professer et de pratiquer sa religion, sous réserve de l’ordre public et de la morale publique, sont garanties à chaque citoyen. 2° L’Etat s’engage à ne doter aucune religion. 3° L’Etat n’impose aucune incapacité et ne fait aucune discrimination pour des raisons de statut religieux, de croyance ou de profession de foi ».
C’est l’application dans le droit public de la doctrine sur la liberté religieuse énoncée au concile Vatican II dans la déclaration Dignitatis humanae (7 décembre 1965) qui conduit au laïcisme des lois et de la vie en société. Mgr Lefebvre, en particulier dans son ouvrageIls l’ont découronné, n’a eu de cesse d’en montrer la nocivité pour le salut des âmes des citoyens, le bonheur des peuples et la félicité des Etats.
(Sources : The Irish Times/Crux Now/Catholic Herald – FSSPX.Actualités – 30/01/2018)