L’Apostolat de la FSSPX en Russie
publié dans nouvelles de chrétienté le 8 mai 2018
L’apostolat de la FSSPX en Russie
SOURCE – Abbés Shane Carlo Pezzutti et Lukas de la FSSPX en Russie – mai 2018
En Russie, mais aussi en Biélorussie, en Lituanie, en Estonie, en Lettonie!
Les Occidentaux, notamment ceux qui connaissent peu l’histoire de la Russie, ne réalisent pas combien elle fut anticatholique. «Oui, évidemment la Russie communiste était anticatholique mais avant les choses n’étaient pas si terribles». Vrai? Faux? L’empire russe dirigeait la Russie d’une main de fer avant l’Union Soviétique. Avant Joseph Staline, il y eut Ivan le Terrible et Alexandre Nevsky. L’empire russe était entièrement orthodoxe et anticatholique.
L’un des principaux objectifs des Tsars était le renforcement de l’orthodoxie et l’éradication des hérésies, plus particulièrement «l’hérésie romaine». Peut-être peut-on avancer que la propagande anticatholique sous l’Empire aurait pu rivaliser avec celle des communistes!
La chute de l’Empire et la révolution communiste furent un événement horrible pour la Russie et le monde entier. Pendant des siècles, il fut pratiquement impossible aux missionnaires d’œuvrer en Russie. Pourtant, les premiers qui y pénétrèrent après la révolution communiste, virent réellement la main de la divine Providence renversant l’obstacle impérial fait aux missions catholiques. Peut-être ont-ils pensé que c’était ainsi que Dieu brisait le monopole de l’orthodoxie en Russie.
La «seconde Rome» était tombée (Constantinople); maintenant la «troisième Rome» tombait. Seule la première et véritable Rome demeurait, et la Russie avait à revenir à cette Rome. Qui sait? Mais une chose est certaine, la main de fer de la religion orthodoxe a faibli, avec pour résultat de permettre au catholicisme de s’y développer. Et nous avons la promesse de Notre-Dame de Fatima: «la Russie se convertira…»
– Mission catholique traditionnelle?
Comment lancer une mission de la FSSPX au coeur de l’ancienne Union soviétique athée? Comment prêcher la tradition catholique dans une Russie farouchement orthodoxe et anticatholique? Le peuple russe a toujours été très suspicieux à l’égard du catholicisme. Statistiquement, il n’y a en Russie que 1 à 2 % de catholiques! Catholique signifie « polonais » ou « occidental », or les Russes sont très mal à l’aise avec tout ce qui est polonais ou occidental. Et l’environnement religieux russe est complètement différent du nôtre : liturgie byzantine orientale, prêtres aux barbes et cheveux longs avec femme et enfants! Le peuple russe n’est pas habitué aux prêtres rasés, à cheveux courts, célibataires et célébrant la messe en latin! Pour eux, c’est totalement exotique.
Alors, comment apporter en Russie l’oeuvre de Mgr Lefebvre qui préserve la Tradition catholique? Et comment faire comprendre à des Russes anticatholiques l’actuelle crise de l’Église? Comment expliquer qu’ils doivent se convertir au catholicisme mais que, en même temps, une crise terrible sévit dans l’Église catholique et que, de ce fait, ils doivent désobéir au pape et à l’Église et défendre la FSSPX et la Tradition? Désobéir au pape? Et ce ne serait pas le même que le russe orthodoxe? Cela semblait impossible! Confiants en Notre-Dame de Fatima, nous commençâmes l’impossible, et nous poursuivons.
– Le début de l’oeuvre
Chose étonnante, après la chute de l’Union soviétique, un petit groupe de catholiques traditionnels de Moscou adressa une lettre à Mgr Lefebvre, lui demandant de l’aider à maintenir vivante la petite flamme de la tradition catholique en Russie. Il leur répondit qu’il ferait de son mieux pour tenter de les aider. Plusieurs de nos prêtres commencèrent alors à se rendre à Moscou, une à deux fois par an. Vers 1995, la Fraternité installa officiellement des missions en Europe orientale anciennement communiste, consacrant le projet à Notre-Dame de Fatima.
Pleine d’espérance, d’enthousiasme et d’amour pour Notre-Dame de Fatima, elle se lança dans le bloc communiste de l’Est. Une maison autonome fut créée pour l’Europe de l’Est, et le premier prieuré installé à Jaidhof, en Autriche. Des missions furent rapidement établies en Pologne, en Biélorussie, en Lituanie, en Lettonie, en Estonie et en Russie. Nos prêtres se rendirent alors plus souvent en Russie mais la mission se révéla ardue: faible nombre de prêtres, moyens et soutien limités, une quantité de travaux difficiles. Voyages, visas, nouvelle langue, nouvelle culture, nouvelle mentalité… furent les croix quotidiennes de nos missionnaires.
Nos prêtres ont eu beaucoup de peine à construire une sorte de fondation pour la mission. Mais, après quelques années, l’apostolat vit un petit fruit qui semblait prometteur. Les messes étaient célébrées dans les appartements exigus de vieux et énormes bâtiments soviétiques délabrés et, parmi les rares personnes qui nous aidaient, certaines se révélèrent peu fiables.
À la même époque, les autres missions en Europe de l’Est (Pologne, Biélorussie, Lituanie, Lettonie, Estonie) se développaient bien plus vite du fait de la demande locale. De plus, disposant de peu de prêtres à cette époque, la Fraternité avait de la peine à maintenir une mission active en Russie. Par une formidable grâce de la divine Providence la mission en Russie survécut alors qu’elle faillit plusieurs fois disparaître.
– Quelques lents progrès
Après une vingtaine d’années pendant lesquelles la sainte messe fut célébrée dans des chambres d’hôtel, de petits appartements, obligeant à trimbaler des valises pleines d’accessoires pour la sainte messe à travers toute la Russie, nous avons enfin une petite chapelle à Moscou et une autre à Saint-Pétersbourg. Provisoires et certainement pas idéales, elles offrent une plus grande stabilité nécessaire à la mission, aux fidèles et aux prêtres. Ces chapelles, louées, y contribuent largement.
À Moscou, la chapelle du Coeur Immaculé de Marie se situe dans le vieux presbytère d’un des cimetières historiques de cette énorme ville, le cimetière Vvedenskoye. Datant du début du XVIIIe siècle, il est très lié au catholicisme moscovite. À cette époque, c’était le seul cimetière que l’Empire autorisait aux catholiques. Les luthériens y furent également enterrés et, pendant la période soviétique, l’autorisation fut étendue à tous.
Nous louons le rez-de-chaussée où se trouvent trois petites pièces (sacristie, salle de catéchisme et confessionnal) et une plus grande pour la chapelle qui n’accueille que 30 personnes. C’est le coût de la vie moscovite qui nous fait louer cette humble petite chapelle! 52.000 roubles par mois (env. 725 €). Les fidèles moscovites nous aident à régler la location (comme c’est leur devoir) mais, pour l’essentiel, la mission dépend des généreux donateurs des pays où la FSSPX est plus développée.
Nos prêtres ne résident pas en Russie mais en Lituanie, d’où la nécessité de visas et de nombreux déplacements voyages peuvent être vraiment épuisants… et aussi très coûteux mais nous prions le Coeur Immaculé de Marie et saint Joseph de continuer à nous aider!
À Saint Pétersbourg, la chapelle Notre-Dame de Fatima est située dans la rotonde d’une vieille église luthérienne, Sainte Anne, abandonnée, dans le centre de cette exquise ville impériale. Une longue succession d’incendies, de fermetures, de transformations,… l’intérieur lui-même fut presque complètement détruit par un incendie.
Grâce à des donateurs, nous avons pu rénover la rotonde. C’est très bien pour une chapelle : haut plafond, belle architecture. Mais il n’y a qu’une pièce donc… pas de sacristie, pas de salle de catéchisme, pas de confessionnal. Les confessions sont entendues à l’extérieur de la rotonde, dans le hall sombre et froid menant à l’église; c’est bien pour inspirer la pénitence!
Le seul aspect positif est le prix peu élevé: 17.000 roubles par mois (225€). Mais nos prêtres doivent continuer à descendre dans de petits hôtels. Comme pour se rendre à Moscou, ce sont de longs voyages pour atteindre cette superbe ville des Tsars; je vous laisse imaginer toutes ces nouvelles dépenses.
Les trois prêtres exerçant également en Lituanie et en Biélorussie, messes et visites aux fidèles dans les chapelles de Russie n’ont lieu que deux fois par mois. C’est le strict minimum permettant de faire progresser cette mission, mais nous prions le Coeur Immaculé de nous soutenir.
Nous sommes pleins d’espérance. Nous avons enfin notre première vocation russe, monsieur Victor Pasichnik: rendons grâce à Dieu! Ordonné sous-diacre le 1er avril 2017 et diacre le 3 juin; si Dieu le veut, il sera, en 2018, le premier prêtre russe de la FSSPX. Vrai miracle, sa vocation est un événement historique! Nous espérons et prions pour qu’il puisse venir nous aider dans ce vaste pays. Ce serait un grand pas en avant. Comme l’a dit Mgr Fellay: «Les vocations sont un signe de la bénédiction de Dieu».
– Crise d’identité et Fatima
La Russie en est à un point très important et critique de son histoire. La société et la culture russes furent bâties au cours des siècles sur la religion orthodoxe et l’empire des Tsars, « la sainte Russie » comme ils l’appellent. Puis les communistes détruisirent complétement cette Russie et en créèrent une totalement nouvelle, matérialiste et athée. Ce fut un bouleversement complet en matière politique, religieuse et sociale, une expérience marxiste-léniniste entraînant une schizophrénie psychologique chez le pauvre peuple russe historiquement très religieux.
Comment survivre dans une nouvelle URSS athée? Obéir, se tenir tranquille et survivre, d’où d’énormes dégâts sociaux, culturels et psychologiques.
Un siècle plus tard, une «nouvelle» Russie est apparue avec ce que nous pourrions appeler une «crise d’identité». Qu’est la Russie? Qui sont les Russes? Un empire? Des communistes? Des libéraux? La Russie elle-même ne semble pas savoir qui elle est ou ce qu’elle est. Après la chute de l’URSS, la tentation fut forte d’importer beaucoup de culture libérale occidentale. Maintenant, la Russie semble se trouver en quasi guerre froide avec l’Occident du fait des événements d’Ukraine, de Crimée et de Syrie. Parfois même, elle donne l’impression de vouloir revenir à une sorte d’Union soviétique pour renforcer le nationalisme russe.
Que va-t-elle devenir? Nous l’ignorons. C’est pourquoi nous devons prier, prier et toujours prier pour la consécration de la Russie comme l’a demandé Notre-Dame de Fatima. La Russie a besoin de Notre-Dame de Fatima ; il en est de même pour le monde entier. Nombreux sont les Occidentaux qui se font une idée romantique de l’antilibéralisme russe, mais ils ne doivent pas oublier que, aujourd’hui-même, il y a dans toute la Russie des statues de Vladimir Lénine et autres » héros » communistes. Il y a encore des stations de métro et des rues baptisées de noms de meurtriers du KGB… L’Union soviétique n’a pas été publiquement et totalement condamnée et désavouée. De fait, il y est encore fait référence pour renforcer le nationalisme russe. Le communisme lui-même semblerait très «conservateur», comparé au libéralisme contemporain de l’Ouest. Mais il serait certainement imprudent de considérer la Russie moderne comme étant «conservatrice» au sens catholique du terme. Pourtant, en comparaison avec ce que l’on voit à l’Ouest, la Russie paraît bien plus conservatrice.
– Visite de Mgr Fellay en 2017
La divine Providence a récemment fait la grâce à la mission en Russie de la première visite officielle du Supérieur général de la Fraternité Saint Pie X, Mgr Bernard Fellay. Après la messe qu’il célébra dans notre petite chapelle le 2 novembre, il rencontra les fidèles et leur parla de la crise dans l’Église et du futur de l’oeuvre apostolique à Saint Pétersbourg.
Puis le Supérieur se rendit à Moscou où il participa à une conférence sur deux journées, organisée pour le 100e anniversaire des apparitions de Fatima par le Centre Fatima de feu le père Gruner, les 4 et 5 novembre. Il put également effectuer une courte visite à notre petite chapelle. De la conférence très salutaire descendirent d’innombrables grâces de la main immaculée de notre Mère du Ciel.
– Vos prières et votre soutien
La Russie tient une place particulière dans le Coeur Immaculé de la très Sainte Vierge Marie, c’est pourquoi, alors que la divine Providence nous donne la possibilité d’oeuvrer en Russie, nous devons sans relâche continuer à offrir la vraie foi catholique et le vrai message de Fatima à ce pays spirituellement ravagé.
La Russie et son peuple ont été totalement coupés de l’Église catholique depuis des siècles. Les papes et l’Église ont tenté sans cesse d’y entrer pour apporter une aide spirituelle, mais orthodoxes et communistes les en ont toujours empêchés. Désormais la porte est bien plus largement ouverte pour l’Église! Nous pouvons réellement faire quelque chose pour la Russie, nous devons donc le faire!
Les modernistes et les oecuménistes sont à l’oeuvre en Russie, avec beaucoup plus de prêtres et de moyens. Cela signifie qu’ils déversent le nouveau catholicisme dans les esprits des catholiques et des Russes en général. C’est pourquoi notre petite mission est si vitale! Grâce à la TRADITION, nous avons la chance d’apporter au peuple russe la vraie Messe et la vraie Foi catholiques de nos pères.
– Kaunas, pilier des missions en Lituanie, Biélorussie et Russie
Le 10 mai 1988, Mgr Lefebvre donnant une superbe conférence aux jeunes et fervents prêtres de la FSSPX en France, déclara :
«Le prieuré est la solution pour la préservation de la grâce de la prêtrise et la ferveur du prêtre. Le prieuré est comme une forteresse sur le terrain du combat… Si les prieurés étaient appelés à disparaître, alors la Fraternité ne durerait pas. C’en serait fini de notre Fraternité qui repose essentiellement sur ses prieurés et la vie de communauté, une vie protégée, une vie qui est, en quelque sorte cloîtrée et protégée du monde.»
En accord avec la sagesse de notre fondateur, le prieuré est comme un petit monastère où nos prêtres, frères et soeurs oblates vivent une vie de communauté de prière, d’étude, de travail et de repos. Il est absolument essentiel à la vie et à l’existence de notre congrégation.
En fait, nous pouvons affirmer qu’il est encore plus nécessaire aux prêtres missionnaires de la Fraternité oeuvrant dans les missions éloignées à travers le monde parce que souvent seuls pendant de longues périodes et contraints de s’impliquer dans de nombreuses activités qui, lentement, usent le sacerdoce et la ferveur du prêtre. Ils ont terriblement besoin de pouvoir revenir à un quasi monastère calme et spirituel pour régénérer leur vie intérieure et leurs forces. Nous avons l’obligation d’assurer leur santé et leur sécurité spirituelle et physique. Nous remercions le Seigneur de nous avoir donné un fondateur si avisé!
– La Tradition dans l’ex-URSS
Vivant à Kaunas, nos prêtres missionnaires sont appelés à se rendre en Russie (2 chapelles) et en Biélorussie (1), et à sillonner la Lituanie (3).
Si l’Union soviétique a disparu en 1991, les populations de ces trois anciens pays soviétiques athées ont énormément souffert et sont toujours en train de chercher à guérir du lavage de cerveau subi pendant des décennies. Guerres, communisme, athéisme obligatoire, effondrement économique et problèmes de société ont profondément désorienté les esprits et les âmes. Aborder la religion avec ces gens est extrêmement difficile. Du fait des pertes de repères, le taux de suicides y est parmi les plus élevés au monde. Notre action missionnaire s’en trouve énormément compliquée et parfois dangereuse.
Actuellement, les abbés Edmundas Naujokaitis, Werner Boesiger et Shane Pezzutti, ainsi que la soeur oblate Mary Magdalan, résident au prieuré. Les trois prêtres font de leur mieux pour desservir les six chapelles. Autre difficulté : ils doivent apprendre le lituanien et le russe, langues orientales pas évidentes pour des occidentaux. Mais, avec le temps et grâce à Dieu, nos missionnaires en savent assez pour oeuvrer avec efficacité. Du coup, notre vie de prieuré se révèle être essentielle.
– Le prieuré
Remarquable bâtiment, le prieuré de Kaunas est un don de la divine Providence Il permet à nos prêtres de mener une vraie vie communautaire. Établi en 2002, le premier prieuré était bien trop petit et n’offrait pas un environnement favorable à la vie en communauté et à l’apostolat. L’actuel prieuré, acheté en avril 2004, nécessitait une importante remise en état. De lourds travaux furent achevés en 2009. En plus des 5 chambres destinées aux prêtres, il en offre 9 petites pour des hôtes, permettant d’héberger jusqu’à 18 personnes et d’accueillir retraites ignaciennes et retraites de fin de semaine.
– Problèmes de toiture
Lors de la remise en état initiale, le vieux toit aurait dû être refait. Sans les fonds nécessaires et comme il n’y avait pas d’urgence, il resta en l’état. Aujourd’hui, les choses ont changé : à l’étage supérieur, l’eau s’infiltre dans les chambres de passage. Du coup les murs commencent à se fissurer. La situation très sérieuse nous oblige à agir rapidement. Or la réfection complète a un coût : entre 12.000 et 15.000€! Nous espérons et prions pour que le montant final soit moindre… Chers lecteurs et soutiens de la Tradition, merci de nous aider à apporter la Tradition catholique aux pauvres populations de Lituanie, de Biélorussie et de Russie. Aidez-nous par vos prières.
Aidez-nous aussi à donner un nouveau toit au prieuré. Contribuant à l’entretien du prieuré, vous participerez à l’oeuvre missionnaire de la FSSPX. Que le Sacré Cœur de Jésus et le Cœur Immaculé de Marie vous bénissent et vous protègent! Je vous remercie de tout cœur de votre charité! Les travaux sont en cours (Pologne, cf. Lettre 27).
Entre autres, une partie de la ventilation est installée. Je vous adresserai donc un nouveau texte et des photos dans quelque temps. Sachez que j’offre tous les mois une sainte Messe pour nos bienfaiteurs. Recevez mes très cordiaux et reconnaissants voeux de Pâques, riches en grâces!
Abbés Shane Carlo Pezzutti et Lukas Weber, prêtres de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X