« Dom Gérard », le livre de Yves Chiron
publié dans nouvelles de chrétienté le 11 mai 2018
Polémique autour d’un livre
« Dom Gérard. Tourné vers le Seigneur »
d’Yves Chiron
M Yves Chiron vient de publier aux éditions « sainte Madeleine » du Barroux, un tout récent livre sur Dom Gérard, le premier père Abbé, fondateur du monastère : « Dom Gérard, tourné vers le Seigneur ». Dès que j’en ai eu connaissance, j’ai acheté le livre et me suis empressé de le lire. Je suis allé, dans un premier temps, tout de suite aux pages consacrées au beau combat que nous avons mené, autour de Mgr Lefebvre, pour la sauvegarde de la Tradition, et plus particulièrement de la Tradition liturgique, la défense de Messe tridentine. Je crois pouvoir dire que je connais bien cette période ayant été au cœur de bien des combats. C’est surtout la lecture du chapitre 11 qui m’a fort surpris, mieux révolté. Il est intitulé : « 1988. Le refus du schisme ». Sous-entendu par Dom Gérard. Le mot schisme revient sans cesse, pas un fois mais de très nombreuses fois. C’est ainsi que M Yves Chiron présente les sacres. Il ne justifie en rien ce jugement particulièrement sévère. Il s’appuie seulement sur le Droit Canon. Il ne tient aucun compte de la crise que connait l’Eglise, pourtant bien réelle.
On comprendra aisément, je pense, que ce jugement sur le « schisme de Mgr Lefebvre » ait pu m’ « agresser », un peu, moi qui suis et veut être un disciple de Mgr Lefebvre, qui est toujours soutenu la nécessité des sacres, pour être et survivre…au sein de l’Eglise romaine. Si Mgr Lefebvre avait quitté cette terre en nous laissant orphelins, nous étions morts, nous, bien sûr, mais toutes les communautés « Eccleia Dei » et monastères et autres n’existeraient même pas. Vous croyez que Rome s’est soudain ouverte à la messe tridentine…Non ! Rome leur a donné la messe tridentine, qu’elle souhaitaient vivement, que pour les attirer loin de Mgr Lefebvre, cet évêque de fer…Le calcul fut d’abord politique et nullement liturgique. Toutefois, c’est en 1988, suite aux sacres que le cardinal Ratzinger et le cardinal Stickler se sont penché plus particulièrement sur le problème liturgique. Il suffit d’étudier la conférence que donna au Chili, à l’épiscopat, le cardinal Ratzinger de sorte que l’on peut dire que loin d’avoir été un acte schismatique, les sacres ont été le point d’arrêt de la destruction liturgique dans l’Eglise et le point de départ d’une restauration en cette matière. Les sacres ne furent nullement une « catastrophe », comme en l’a entendu ici ou là, ni un schisme comme l’écrit sans cesse M Yves Chiron dans ce nouveau livre.
Je vous renvoie à l’article que j’ai écrit pour défendre l’honneur de Mgr Lefebvre où je défends plus au long la raison des sacres. (Item, rubrique un disciple)
Oui ! Ce jugement de M Chiron sur le schisme m’a bouleversé moi qui ait approuvé publiquement les sacres lors de la fameuse consultation organisée par Mgr Lefebvre au Pointet, fin mai 1988. Je fus le seul prêtre présent à les soutenir, avant même que les religieuses fort nombreuses, dominicaines, carmélites… applaudissent ma prise de position… avant même les dominicains d’Avrillé.
Avant même d’avoir fini la lecture du livre de M Yves Chiron, je lui écrivis mon sentiment. Ce qui a donné lieu à un échange de deux ou trois lettres, deux importantes. Je lui ai demandé la possibilité de les publier et de les analyser. Il ne m’en a pas donné l’autorisation. Je respecte sa volonté.
Il vient toutefois de publier dans sa revue « Alétheia » un résumé de notre échange épistolaire. Je l’ai mis intégralement sur mon site sans faire le moindre commentaire. Il m’en a remercié reconnaissant ma franchise Je l’en ai remercié.
Je veux ici reprendre non pas son courrier mais son papier d’ « Alethéia ». C’est substantiellement sa réponse à ma première lettre.
En effet je lui ai envoyé le 18 avril 2018, tout l’article que j’écrivais sur
« Dom Gérard et la liturgie », attirant son attention plus particulièrement sur l’introduction Je l’ai également envoyé aux moines du Barroux
Cher Monsieur,
Je me permets de vous adresser une critique sur votre dernier livre, sur un point particulier: Dom Gérard et la messe.
PA
Dans cette introduction, je lui faisais part de mon jugement sévère sur son livre en raison de sa critique des « sacres », acte schismatique.
Voici ce courrier :
« Le 28 février 2008 à 13h30, en sa 80ème année, Dom Gérard, fondateur et Premier Père Abbé du monastère du Barroux entrait en son Eternité. 10 ans déjà !
L’actualité nous rappelle le souvenir de cette forte personnalité par la toute récente publication du livre de Yves Chiron aux éditions Sainte Madeleine: « Don Gérard. Tourné vers le Seigneur ». Ce livre est très intéressant, très historique. C’est un livre en « commande ». Les commanditaires en sont les moines du Barroux puisque il est édité aux « éditions Sainte Madeleine », les éditions du monastère…. Notre auteur épouse leur pensée, leur doctrine, leur point de vue. Autrement, les moines ne l’auraient pas édité…Nous ne le leur reprocherons pas. Mais ce livre est révélateur d’une pensée…Il ne faudra pas l’oublier…
Ce livre, toutefois, est très sévère pour Mgr Lefebvre et son « combat » dans l’Eglise, pour la Fraternité sacerdotale saint Pie X, son œuvre, si brillante et si missionnaire. L’auteur et donc les moines parlent du « schisme de Mgr Lefebvre », en raison des Sacres » faits par ce dernier, le 30 juin 1988, soutenu par Mgr de Castro Mayer, évêque émérite de Campos, au Brésil. Ils en parlent non pas une fois, comme en passant, mais « mille » fois. C’est même comme un leit-motif, lancinant et pénible. Ils ne donnent aucune preuve sinon l’argument canonique », le seul. «Mais attention la lettre tue et l’esprit vivifie ». C’est ce que disait NSJC fasse aux pharisiens. Ces derniers condamnèrent même Jésus en raison de leur loi…C’est ce qu’ « ils » font eux aussi utilisant uniquement le droit, la « lettre ». J’ai lu tout le livre avec attention.
Ils vont même jusqu’à faire écrire à l’auteur que Mgr Lefebvre n’avait pas le « sensus ecclesiae ». Pas moins ! C’est Dom Gérard qui aurait dit et même écrit cela….Il l’aurait écrit dans son testament « pour le monastère » : « Aimez l’Eglise, sa liturgie, son Magistère, le Souverain Pontife. Ayez le sentire cum ecclesia. C’est l’amour de l’Eglise qui nous a sauvés du schisme. Mgr Lefebvre avait tout d’un grand homme d’Eglise. Ce qui lui a manqué, c’est le sensus ecclesiae, cet instinct surnaturel qui fait sentir ce qui est conforme à la pensée de l’Eglise. Il a progressivement perdu ce sensus ecclesiae par crainte d’affaiblir sa résistance » (p 566).
S’Ils jouissent de la messe tridentine, la messe de « toujours », c’est bien grâce au combat de Mgr Lefebvre, soutenu avec d’autres prêtres, le Père Calmel, l’abbé Coache, le Père Barbara et de nombreux laïques, Jean Madiran, Louis Salleron, Luce Quenette…un vrai général en chef, …. On a même l’impression, à certains moments du livre, que ses moines lui reprochent ce combat, cette résistance. Il a osé se dresser contre l’autorité ecclésiale ! Dom Gérard est même quelque fois embarqué dans la critique…Je trouve que c’est un manque évident à la justice, et même à la piété filiale due. Je le montrerai dans un prochain livre que je veux écrire pour défendre l’honneur de Mgr Lefebvre attaqué injustement par ce livre et ces commanditaires indignes. Sur ce chemin, ils vont se perdre ; ils n’auraient pas mené le « bon combat »…
PA
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Yves Chiron me répondait le 19 avril 2018. Mais j’ai promis de ne pas citer sa lette. Mais son article dans Alethia reprend les arguments de la lettre.
Il ne conteste pas que le livre soit un livre « en commande ». Il n’y a aucun problème en cela, Il ne conteste pas non plus que les commanditaires en soient les moines. Mais il conteste mon appréciation : qu’il exprimerait essentiellement et avant tout la pensée des moines. Il garde une totale liberté, me dit-il, d’expression. Nul ni personne ne lui a imposé ses jugements. Il garde la paternité de l’ensemble du livre. Très bien !
Voici l’article d’Aletheia qui reprend en substance sa réponse et que j’ai déjà publié dans « Item (Flash Info) :
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SOURCE – Yves Chiron – Aletheia n°270 – 1er mai 2018
Monsieur l’abbé Paul Aulagnier, qui fut un des premiers membres de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X (FSSPX) fondée par Mgr Lefebvre, et qui fut supérieur du district de France entre 1976 et 1994, a publié sur son site Item une très longue critique de mon livre, «sur un point précis», dit-il, «la pensée de Dom Gérard et la messe.»
Il écrit aimablement: «Ce livre est très intéressant, très historique. ». Mais très vite les choses se gâtent: «C’est un livre en ”commande”, écrit-il ensuite. Les commanditaires en sont les moines du Barroux puisqu’il est édité aux Éditions Sainte Madeleine, les éditions du monastère…. Notre auteur épouse leur pensée, leur doctrine, leur point de vue. Autrement, les moines ne l’auraient pas édité…»Monsieur l’abbé Aulagnier se trompe complètement et induit ses lecteurs en erreur.
Il parle des « commanditaires » du livre. Le terme ne me choque pas puisque c’est Dom Louis-Marie, Père Abbé du Barroux, qui, effectivement, m’a demandé d’écrire non l’hagiographie mais la biographie historique de leur fondateur. Je le remercie de cette confiance et de cet honneur. Mais ces «commanditaires» m’ont laissé une entière liberté de chercher, d’interroger et d’écrire. J’ai pu avoir accès, sans aucune restriction, à toutes les archives et interroger les témoins, au Barroux, à La Font de Pertus, à La Garde, à Rome et ailleurs. On ne m’a pas imposé le plan du livre, on ne m’a pas demandé d’ajouter ou de supprimer un chapitre, on ne m’a pas suggéré de modifier substantiellement ce que j’écrivais.
Lorsque l’abbé Aulagnier écrit à propos des moines du Barroux: «L’auteur et donc les moines parlent [… ] Ils vont même jusqu’à faire écrire à l’auteur…», il injurie mon travail d’historien. On ne me fait pas écrire ce que je ne pense pas et je n’ai jamais écrit sous la dictée de personne. C’est injurier aussi le Père Abbé du Barroux, et ses moines, et les moniales, que de faire croire qu’ils auraient imposé à un pauvre historien laïc d’écrire telle ou telle chose… Ma seule règle en matière d’histoire est celle que Léon XIII a recommandée aux historiens: «La première loi de l’Histoire est de ne pas oser mentir; la seconde, de ne pas craindre de dire la vérité».
Dieu merci, ce livre, fruit de dix ans de travail, a eu d’autres lecteurs, plus bienveillants. On me permettra de citer ces mots, manuscrits, de notre pape émérite Benoît XVI, qui a lu le livre et qui m’a écrit: «Merci du cœur pour votre grand livre!».
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Je lui ai répondu la lettre suivante lui disant que sa réponse aggravait la situation et pour lui et pour les moines.
Voici ma réponse. Je suis libre de la publier. Elle est ma propriété. J’ai adressé cette réponse à M l’abbé Philippe Laguerie, à son assistant, M l’abbé Vella, à M l’abbé Trauchessec qui s’emploie à la diffusion de ce livre, au RP de Blignière
Dom Gérard. Critique
Cher Monsieur,
Permettez-moi de répondre à votre courriel de ce jour. (Je réponds finalement à son article d’Aletheia. C’’est la même chose, les mêmes idées y sont exposées) :
Quant aux « commanditaires »: vous affirmez n’avoir jamais été leurs esclaves, dans les trois livres que vous avez écrits sur « commande ».
Vous écrivez entre autres: ils ne m’ont jamais, ni les uns ni les autres demandé de » supprimer un chapitre, ou de modifier substantiellement ce que j’écrivais ». Vous auriez refusé. Je veux bien le croire. Mais cela aggrave, à mes yeux, l’affaire et pour vous et pour les moines du Barroux.
Pour vous car vous affirmez au sujet des sacres, le schisme. Vous n’expliquez ni ne justifiez ce jugement gravissime. Il vous suffit d’invoquer la loi, le Droit Canon. Je vous réponds que « la loi tue, l’esprit vivifie ». C’est au seul titre de leur loi, que les Juifs ont « tué » NSJC… Croyez-vous que Mgr Lefebvre et Mgr de Castro Mayer aient posé cet acte sans réflexion, eu égard à son importance. Croyez-vous qu’ils ignoraient le droit. N’ont-ils pas eu quelques raisons pour passer outre. Ignorez-vous la crise de l’Eglise…Il aurait fallu en parler…
Puisque vous invoquez la totale « paternité » de votre texte, vous manquez à deux ou trois passages de la plus élémentaire pitié filiale à l’égard de Dom Gérard. Je le montrerai prochainement…Les moines auraient dû s’en apercevoir et vous « corriger ».
Pour eux, ils auraient dû refuser vos affirmations sur ce schisme et donc refuser ce livre…mais comme « ils » – du moins certains – les partagent, ils les ont acceptées….Ce qui est très grave pour l’avenir…. Accepter l’affirmation de schisme sans rien dire, est pour moi un scandale. Qui dit mot consent …Étonnez-vous que je réagisse. J’encourage et encouragerai mes confrères à réagir contre vos affirmations. Je reconnais la qualité historique de votre ouvrage. -sauf sur un point…(1) Mais c’est un « détail »… je comprends la somme d’efforts que ce travail a dû vous demander, mais comme vous le dites, l’historien doit dire le vrai. Vous dites l’erreur et vous la répétez sans cesse…. Excusez-moi d’être aussi franc; mais l’estime que je porte à Mgr Lefebvre m’y oblige…
(1) M Yves Chiron affirme dans son compte rendu de la journée du 24 octobre 1998, que je n’y fus pas invité par Dom Gérard. Je montre dans mon texte « Dom Gérard et la Liturgie » que j’ai demandé à Dom Gérard de m’inviter, ce qu’il fit, ne « doutant pas de mon esprit fraternel». Il m’adressa lui-même par fax le programme des trois jours…
Quant au fameux article 7,
(2) Dans son texte d’Alethia, Yves Chiron ne parle pas de cet article 7…mais, dans sa lettre il veut justifier l’affirmation de Dom Gérard sur la Nouvelle Messe, affirmant son caractère orthodoxe. C’est qu’il a voulu exprimer et qu’il a exprimé le 24 octobre 1998 à Rome devant les congressistes d’ « Ecclesia Dei » venus à Rome pour dire à l’occasion des 10 ans du Motu Proprio « Ecclesia Dei » leur action de grâces au Souverain Pontife. J’ai voulu y aller. Pour l’examen de ce sujet très important, aller voir l’article : « Dom Gérad et la liturgie » publié dans ITEM. Je publie là l’article signé par Dom Gérard acceptant publiquement la Nouvelle Messe et le Concile Vatican II et son document sur la Liberté Religieuse. Yves Chiron en parle avec beaucoup de « légèreté »
Quant au fameux article 7, vous allez vite en besogne. Certes, cet article a été modifié, parce qu’il était plus protestant que catholique…Il n’était pas « orthodoxe »… mais tout le Nouvel Ordo a été élaboré dans l’esprit de cet article 7. Dès lors, modifier l’article 7 sans modifier le Nouvel Ordo est une supercherie. Elle est tellement évidente que le Cardinal Ratzinger a dû reconnaitre avec le cardinal Stickler qui le soutint, la nécessité de procéder à la « réforme de la réforme ». (Elle est urgentissime…J’ai bien l’impression d’avoir assisté à Versailles le mardi saint, à une messe concélébrée « invalide… une simple commémoration. On voit l’importance de l’affirmation du « Narratio Institutionis » de l’Institutio Generalis de la Constitution Apostolique Missale Romanum …) .Louis Salleron le faisait déjà remarquer, – et Madiran le cita souvent -, dans son livre sur la Nouvelle Messe et l’abbé Dulac affirmait dans un magnifique texte – que je cite dans mon étude sur « Dom Gérard et la liturgie »…: que la nouvelle messe est en rien hérétique…elle est pire que cela, elle est équivoque. Elle fait ainsi beaucoup plus de mal au bon peuple qu’une simple hérésie dont on se méfie tout naturellement. Alors qu’on ne voit pas facilement un simple chose équivoque ».
Non votre livre n’est pas bon. Et je le combattrai.
Avec mon bon souvenir, cependant.
PA
Enfin M Yves Chiron fait in fine une allusion aux compliments que lui a adressés le pape émérite Benoît XVI : « Dieu merci, ce livre, fruit de dix ans de travail, a eu d’autres lecteurs, plus bienveillants. On me permettra de citer ces mots, manuscrits, de notre pape émérite Benoît XVI, qui a lu le livre et qui m’a écrit: «Merci du cœur pour votre grand livre!».
Il n’est pas étonnant que Benoît XVI lui ait adressé ce compliment, lui qui, à charge du dossier « Lefebvre », a condamné Mgr Lefebvre et son œuvre, pour schismatique et, dans la curie cardinalise, n’a pas craint de lui faire adresser la sanction majeure dans l’Eglise : l’excommunication.
Mais que vaut cette sanction, alors que c’est par fidélité à la messe tridentine qu’elle fut portée par Rome et que, quelques année plus tard, le 7 juillet 2007, le pape Benoît XVI reconnaîssait, dans son Motu Proprio Summorum Pontificum, que cette messe ne fut jamais abolie. Il était donc légitime de la célébrer toujours, ce qui rend nulles toutes les sanctions qui touchèrent notre prélat et son œuvre, nulles parce sans raison légitime. Un peu de force d’âme tout de même et de courage ! Mgr Lefebvre n’en manqua pas. La force fut, du reste, avec les vertus théologales, sa grande vertu. Ce n’est pas ce qui brille dans le clergé.
NB ; je recommande vivement la lecture de l’étude que j’ai adressée à M Yves Chiron comme aux moines du Barroux que vous trouvez sur le site ITEM, « Dom Gérard et la liturgie » ainsi que l’étude intitulée Dom « Gérard et la messe » que j’ai publiée sur le même site en 2009.