Rififi à Rolleboise. 4
publié dans couvent saint-paul, regards sur le monde le 17 octobre 2018
du Rififi à Rolleboise. Acte n° 4.
Une lettre de M l’abbé Paul Aulagnier à Mgr Eric Aumonier
C’est une lettre que j’écrivaisà Mgr Aumonier suite à une méchante correspondance qu’il adressait à M l’abbé Laguérie, concernant Rolleboise et moi-même. M l’abbé Laguérie me l’a lue par téléphone alors que je prêchais une retraite en Italie aux bénédictins de l’Immaculée, une très belle communauté. Mon sang n’a fait qu’un tour. Comment écrire une telle lettre ? J’en fus scandalisé. J’ai passé une nuit blanche. Je lui ai répondu gentiment en lui rappelant, entre autres, quelques souvenirs de Rome. Nous fûmes séminaristes et amis à Santa Chiara de 1964 à 1968. Pour moi, une amitié est éternelle, une vraie. A moins que…
Magnanville 21 septembre 2018
Monseigneur,
A lire la lettre que vous venez d’adresser à M. l’abbé Philippe Laguérie me concernant, j’ai l’impression que je vous cause beaucoup de soucis. Je le regrette infiniment. «J’en suis chagrin», comme disait ma grand-mère. Je vous en demande pardon!
Pourtant l’affaire ne serait pas trop compliquée à arranger: Il suffirait de nous garantir la stabilité de l’Institut du Bon Pasteur dans cette petite église de Rolleboise avec l’usage de la Messe tridentine pour ce petit groupe stable de fidèles, comme vous y encourage (et vous y oblige) le pape émérite Benoît XVI dans son Motu Proprio Summorum Pontificum du 7 Juillet 2007. Il me semble qu’il faille vous y engager par contrat, comme vous le fîtes jusque-là. J’insiste, et je ne quitterai pas Rolleboise sans cela, ainsi que je m’y suis engagé publiquement auprès des fidèles. Pourquoi?
Parce que l’histoire récente nous a montré que vous n’êtes pas porté à développer cette messe dans votre diocèse malgré les demandes répétées pontificales. J’ai suivi tout cela de près, en lisant les comptes rendus de Paix Liturgique. Voulez-vous que je vous rappelle l’affaire de Louveciennes, ou autres? Il faut que nous ayons des garanties, c’est normal, avouez-le! C’est simple et cela dépend uniquement de vous.
Ma résistance vous inquiète; vous semblez me menacer de peine canonique. Comment pouvez-vous y penser? Ce n’est plus de circonstances: Benoît XVI a levé les excommunications des quatre évêques de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X (FSSPX); le pape François vient de reconnaître la validité du mariage reçu par les prêtres de la FSSPX et la validité du sacrement de pénitence. Ne m’écriviez-vous pas dans votre petit mot, suite à l’envoi de mon livre sur la Vierge, la nécessité d’être uni au Pontife? Seriez-vous plus royaliste que le roi, ou papiste que le Pape? N’appliqueriez-vous pas ce que vous enseignez: «Faites ce qu’ils vous disent, mais ne faites pas ce qu’ils font, ils disent mais ne font pas».
Vous semblez avoir pris un coup de sang au sujet des 3.000€ que je me suis permis de prendre sur la caisse paroissiale. Vous avez dû être mal renseigné par Monsieur… qui a dû vous présenter méchamment les choses. Il suffisait de m’appeler. Il faut toujours se méfier des «faux-frères»; saint Paul s’en plaignait déjà…Nihil novi sub sole! Permettez-moi de vous expliquer simplement les choses: Ces 3.000 € m’ont aidéà régler quelques factures restantes de restauration de tous les instruments de culte de Rolleboise que j’ai fait redorer: du tabernacle, du retable, des chandeliers d’autel, des calices, des encensoirs, du pied d’encensoir, une grande partie appartenant à la paroisse de Rolle-boise. Beaucoup de fidèles en ont pris des photos que je puis vous faire parvenir. Tout fut payé par Entraide & Tradition dont je suis le responsable, car je n’ai pas voulu faire appel à la générosité des fidèles qui sont déjà tellement sollicités et ont énormément de charges (scolarité, etc…). Avant de se retirer de la gestion des comptes paroissiaux, Monsieur …. me remit directement tous les documents, en particulier les chéquiers ce qui était très nouveau car c’était un homme difficile de relations et je n’osais pas l’affronter et m’avait dit, ou j’ai cru comprendre, qu’il y avait sur le compte paroissial 3.000€. Ainsi donc, j’ai fait un chèque de ce montant pour solder les factures de l’orfèvre, M. Kivig, orfèvre à Bordeaux. Cette somme n’a donc pas été détournée et a servi exclusivement au culte, à la restauration des objets de culte de l’église de Rolleboise (je ne suis pas allé faire la dolce vita en Italie avec cet argent!).Vous m’injuriez, Monseigneur, en le laissant assez clairement supposer! J’ai le sens de l’honneur, et je saurai le défendre, Monseigneur, croyez-moi! Mais il n’y avait pas sur le compte les 3.000 € puisque j’ai mis ce compte à découvert. Je suis prêt en justice à réparer et à remettre l’argent nécessaire, et à payer les agios; il suffit que M. Defrance, votre comptable, me précise les choses, et ainsi elles seraient solutionnées sans tsunami!
Toutes ces petites difficultés ont provoqué vous avez dû vous en apercevoir quelques turbulences dans la paroisse, mais ma fermeté, qui trouble toujours les faibles, aura d’heureux effets. Souvenez-vous du 29 Juin 1976, Mgr.Lefebvre fit les ordinations contre l’avis du Pape. Il a défrayé la chronique, il fut frappé de suspens; en Août 1976, il alla pourtant à Lille célébrer la messe, et malgré les vacances d’été, une foule immense est venue le rejoindre pour la messe. La fermeté ne fait jamais fuir les fidèles, bien au contraire. Il en sera de même à Rolleboise.
Allez, Monseigneur! Apaisez-vous et tout sera arrangé. Je vous invite à un bon repas (une côte de bœuf…il y a un bon restaurant près de l’église de Rolleboise, «A la corniche»); on pourra se rappeler des souvenirs anciens du temps de Santa Chiara, les beaux jours passés à Frascati chez les Sœurs Saint-Charles, la visite du monastère des Camaldules, l’insistance que nous avons dû mettre pour qu’un Frère vienne nous ouvrir afin de nous conduire à la tombe que creusait le Père Abbé pour sa sépulture…Il voulait nous rappeler que nous sommes mortels, vous comme moi. A cette lumière de l’éternité, tout peut s’arranger.
Confiant dans notre amitié passée, croyez, Monseigneur, à mon profond respect en Notre-Seigneur Jésus-Christ.
Abbé Paul Aulagnier