22ème dimanche après la Pentecôte
publié dans couvent saint-paul le 20 octobre 2018
22ème dimanche après la Pentecôte
« Parlons de la foi » en ce dimanche des missions
Qu’est-ce que la foi ?
La foi nous disait Benoît XVI lors de son discours de l’audience du 17 octobre 2012 : « est un assentiment par lequel notre esprit et notre cœur disent leur « oui » à Dieu, en confessant que Jésus est le Seigneur. Et ce « oui » transforme la vie, lui ouvre le chemin vers une plénitude de sens, la rend nouvelle, riche de joie et d’une espérance sûre ».
Il y a dans cette définition, deux parties, deux idées.
-La foi est non seulement un assentiment de l’intelligence et de la volonté à des vérités révélées de Dieu et enseignées par son Eglise, qui lui permet – à cette foi – de confesser que « Jésus » est « Seigneur » et donc « Maître». Ainsi, parce que la foi est assentiment de l’intelligence aux vérités de Dieu, elle peut donner une réponse à l’agnosticisme contemporain.
-Elle est aussi une vie. Elle engendre une vie, la vie surnaturelle qui donne « une réponse à nos interrogations », qui donne une « joie » sur et profonde et une « espérance certaine » à notre cœur. « Une espérance certaine » ! La foi a donc une dimension sotériologie et eschatologie. Elle est espérance de salut, espérance de salut qui éclaire notre chemin ici-bas ; elle est espérance de salut qui se transformera un jour en gloire. Elle est donc eschatologie.
Voilà les idées que le pape développe dans cette homélie du 17 octobre.
Description du monde moderne.
Il démarre sa réflexion sur une analyse du monde moderne. C’est une idée qui lui est chère. Cette analyse est assez pessimiste. Il y a certes de part le monde de nombreux signes de bonté, de charité, de sainteté ; mais « se développe aussi autour de nous un certain désert spirituel… On a comme la sensation que le monde ne va pas vers la construction d’une communauté plus fraternelle et plus pacifique ; les idées mêmes de progrès et de bien-être dévoilent aussi leurs ombres. Malgré la grandeur des découvertes de la science et des succès de la technique, l’homme ne semble pas aujourd’hui être devenu plus libre, plus humain ; tant de formes d’exploitation, de manipulation, de violence, d’abus, d’injustice demeurent encore… Un certain type de culture aussi a enseigné à évoluer seulement dans l’horizon des choses du faisable, à ne croire qu’en ce qu’on peut voir et toucher de nos mains. D’autre part aussi on constate un nombre croissant de personnes qui se sentent désorientées et qui, dans leur tentative d’aller au-delà d’une vision seulement horizontale de la réalité, sont prêtes à croire tout et son contraire ». C’est l’agnosticisme.
Et c’est pourquoi, dans un tel contexte, o combien réel, beaucoup ne savent plus « quel est le sens de la vie » ? Beaucoup se pose même la question de l’ « avenir pour l’homme » ? Y en-a-t-il seulement un ? Y-a-t-il seulement quelque chose après la mort ? « Qu’est-ce qui nous attend après la mort » ?
La réponse de la foi.
A cet agnosticisme désœuvré et pessimiste, la foi parce qu’elle est ce qu’elle est, peut répondre, peut donner une réponse. Qu’est-elle ?
La foi est, nous dit le pape, « une connaissance » des vérités révélées. Elle est une connaissance « des événements de la foi ». Le pape veut dire : elle est connaissance des mystères de Dieu : elle est connaissance, non seulement des l’Histoire Sainte, des belles figures des Patriarches de l’Ancien Testament, Abraham, Isaac et Jacob. Elle est connaissance des grandes figures, les Prophètes, comme Isaac qui, dans leurs écrits, nous annoncent les événements futurs concernant le Messie, le Sauveur. Mais elle est aussi et surtout connaissance des mystères du Nouveau Testament, de l’Annonciation, de la Nativité, de la vie publique de NSJC, de sa mort, de sa Résurrection, de son Ascension, Ces événements ne sont pas seulement des faits historiques, mais ils véhiculent avec eux tout un enseignement, tout un idéal théologal à laquelle la foi adhère et donne, comme le dit le pape « son oui », son « Oui » à Dieu, son « assentiment ». Ainsi, comme le dit le catéchisme du Concile de Trente, « la foi est un acquiescement très ferme, inébranlable et constant de notre intelligence aux mystères révélés de Dieu ». Dès lors « notre esprit se repose entièrement dans la connaissance qu’il a de la vérité éternelle ». Se reposant en Dieu, qui est vérité éternelle, notre esprit, dans la foi, croit « sans aucun doute ». La foi ne relève pas de l’opinion, du sentiment.
Naissance d’une vie théologale
Et c’est cet assentiment ferme de l’intelligence à la parole certaine de Dieu qui est capable de transformer une vie, d’éclairer une vie, de donner un sens à une vie. Prenez le mystère de la Nativité, la foi va pouvoir, s’ouvrant à l’enseignement de l’Ecriture Sainte qu’elle fréquente, nous dit le pape, assidument, mesurer l’amour de Dieu, en comprendre la « hauteur, la largeur, la longueur », comprendre que cet amour dépasse toute mesure : « Dieu a tellement aimer le monde qu’il donna son Fils unique… ». Que dire alors, si vous prenez et méditer le mystère de la Croix ? Voir le Christ ainsi humilié, maltraité, couronné d’épines, portant sa croix douloureuse le long du chemin de croix, interminable, qui n’en finit pas, lui le Roi de la gloire, Lui, le Verbe de Dieu, acceptant ces humiliations pour nous délivrer du péché, nous donner le pardon de Dieu et nous donner sa paix, nous ouvrir ainsi, le péché étant aboli, les portes du ciel…la foi en un tel mystère est bien de nature à faire naître en mon cœur « un véritable amour pour Lui », comme le dit encore le Pape. Oui, la foi n’est pas seulement une connaissance des vérités de Dieu, elle est aussi « une vraie rencontre avec Dieu en Jésus-Christ ». Où mieux dit encore, la foi est cette rencontre avec Dieu en Jésus-Christ, d’où peut naître un véritable « amour », une véritable « confiance » certaine en Lui parce qu’elle est d’abord cette assentiment, cette connaissance des mystères de Dieu en et par Jésus-Christ, le révélateur du Père « au point que la vie toute entière en soit impliquée » nous dit le pape. Alors on comprend que le pape puisse définir la foi dans sa double dimension : à la fois comme « un assentiment intellectuel de l’homme à des vérités particulières sur Dieu » ; mais aussi comme « un acte par lequel je me confie librement à un Dieu qui est Père et qui m’aime ». On comprend que le pape puisse définir la foi comme « une adhésion à Dieu qui me donne espérance et confiance ».
Comprenons bien que cette adhésion à Dieu a un objet : par la foi nous savons que « Dieu lui-même s’est montré à nous dans le Christ, a fait voir son visage et s’est réellement fait proche de chacun de nous » par sa Nativité, par sonEucharistie. Et même, « Dieu a révélé que son amour pour l’homme, pour chacun de nous, est sans mesure : sur la Croix, Jésus de Nazareth, le Fils de Dieu fait homme, nous montre de la manière la plus lumineuse qui soit jusqu’où va cet amour, jusqu’au don de lui-même, jusqu’au sacrifice total ».
Il en est de même dans le mystère de la mort et de la résurrection du Christ, « Dieu descend au plus profond de notre humanité pour la ramener jusqu’à lui, pour l’élever à sa hauteur. La foi consiste à croire en cet amour de Dieu qui ne diminue pas devant la méchanceté de l’homme, devant le mal et la mort, mais qui est capable de transformer toute forme d’esclavage, en donnant la possibilité du salut. Avoir la foi, alors, c’est rencontrer ce Dieu, qui me soutient et m’accorde la promesse d’un amour indestructible, qui non seulement aspire à l’éternité mais la donne »
Et c’est pourquoi la foi peut être cette lumière qui éclaire le « besoin d’amour, de sens et d’espérance » qui est la vraie soif de l’homme ; elle peut être le « fondement sûr », « le terrain ferme qui nous aide à donner un sens authentique à notre vie ». La foi est cet abandon confiant à un Dieu, et en ses vérités qui me donne les certitudes dont mon cœur abesoin.
Et c’est ainsi qu’elle me permet d’être apôtre, de témoigner, d’être missionnaire, de confesser publiquement la foi. Croire n’est pas seulement un assentiment intérieur de mon esprit, mais c’est aussi une profession ouverte des vérités que je porte dans mon cœur. Comme le dit le prophète : « j’ai cru et c’est pourquoi j’ai parlé ». Comme les Apôtres, nous ne pouvons pas ne pas témoigner de l’Evangile du Christ. Nous ne pouvons pas ne pas confesser les vérités éternelles dans les chants et les textes de notre belle liturgie.
Comme le dit le Pape à la fin de son homélie : « on ne croit pas tout seul, mais avec des frères. A partir du baptême, tout croyant est appelé à revivre et à faire sienne cette confession de foi, avec ses frères ».
Cette foi animée de charité est seule conquérante.