« Humanum genus » de Léon XIII. Contre la Franc-maçonnerie
publié dans regards sur le monde le 4 mars 2019
L’encyclique Humanum genus de Léon XIII
sur la secte des francs-maçons
(20 avril 1884)
Introduction
L’encyclique Humanum genus, qui est la plus importante, la plus complète, la plus exhaustive dans la description de ce qu’estla FM et la perversité de ses buts, est due à Léon XIII
On a reproché à Léon XIII le triste « ralliement » en France, ne voyant pas assez la méchanceté des hommes politiques et des institutions républicaines, mais au-delà de cette erreur d’appréciation qui a eu de très fâcheuses répercussions, les encycliques de ce pape sont de véritables traités de théologie, magnifiques et merveilleuses.
Etudions attentivement cette encyclique Humanum genus. En en comprenant bien l’enseignement, on tient le clef de tout ce qui se passe actuellement, nous dit Mgr Lefebvre.
Sans l’étude de ces documents pontificaux et de Humanum genus particulièrement, on ne peut pas comprendre la très grave situation dans laquelle l’Eglise se trouve actuellement et toutes nos sociétés dites civilisées, qui avaient autrefois profité de la civilisation chrétienne, de ses principes, et de la vertu chrétienne pendant des siècles et des siècles.
Comme l’exprime très bien Léon XIII, le but des FM, c’est de détruire toutes les instituions chrétiennes, d’en finir avec tout ce qui a été édifié et institué par l’Eglise pendant dix ou douze siècles, d’anéantir tout cela de fond en comble. La morale, les principes, les dogmes de l’Eglise : il faut tout détruire.
On ne peut s’expliquer justement cette destruction, que par l’intervention d’une organisation extrêmement efficace puisqu’elle parvient, au cours des siècles, à réaliser ce qu’elle a prévu et annoncé. « Nous mettrons des siècles s’il le faut, mais nous y arriverons ».
Comment un semblable projet peut-il s’expliquer s’il n’y a pas à sa base un principe permanent ? Eh bien ce principe permanent c’est Satan. Le pape le dit clairement. On ne peut pas expliquer cette fureur, cette haine que nourritla FM contre l’Eglise, contre NSJC en définitive, autrement que par la haine de Satan. C’est impossible.
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NB Jean Madiran vient de publier un nouveau livre intitulé « Dialogues du pavillon blanc » Il faut le lire.
J’en ai fait un bref commentaire dans Item dans la rubrique « Nouvelles de Chrétienté ».
« Je termine la lecture du nouveau livre de Jean Madiran : « Les dialogues du pavillon bleu » qui vient de paraître aux éditions « Via Romana », livre, comme on peut l’imaginer, tout simplement remarquable. C’est une suite de réflexions tant politiques que religieuses sur le cours du temps. Il aborde beaucoup de problèmes, ceux qui sont débattus aujourd’hui et nous donne sa pensée. Il aborde les sujets liturgiques, la réforme liturgique de Paul VI, « sa messe ». Il est loin de dire qu’elle est une forme du rite romain… Il nous parle du Motu Proprio de Benoît XVI, il nous parle de la béatification de Jean-Paul II. Il nous parle du socialisme libéral, de la domination marxiste sur la pensée moderne, de l’Empire français et de la colonisation, de l’Algérie française, d’Auschwitz et d’Hirochima. Il exprime sa pensée dans un chapitre remarquable : « le japonais anonyme ». Il y a des passages sur bien des sujets qu’il faudrait vraiment apprendre par cœur. Il aborde le problème de la pensée contre-révolutionnaire, de son influence actuelle. Il nous parle du FN, de l’élection de Jean Marie Le Pen en 2002, àla Présidencedela République, de Marine Le Pen. Il juge gentiment les ecclésiastiques et ne craint pas de parler de leur « cléricalisme ». Il va même jusqu’à parler du renvoi de l’abbé Aulagnier dela FSSPX, en 2003-2004.
Ce livre de réflexions est vraiment intéressant. Il faut le lire.
Mais j’ai surtout été frappé par la dernière page, la dernière page de son épilogue. Je la cite intégralement :
« Ce que Solange (c’est le personnage principal du roman) pense – c’est Madiran qui parle – c’est que nous vivons quelque chose de beaucoup plus profond qu’une crise politique, intellectuelle ou morale ; de plus profond qu’une crise de civilisation. Nous vivons ce que Péguy voyait naître et qu’il nommait une « décréation ». Dans l’évolution actuelle du monde, on aperçoit la domination à demi-souterraine d’une haine atroce et générale, une haine de la nation, une haine de la famille, une haine du mariage, une haine de l’homme racheté, une haine de la nature créée. La signature devient plus lisible que jamais.(NB ; c’est celle de Satan) Il appartient aux autorités temporelles et aux autorités spirituelles de la dénoncer. Leur carence empêche les peuples de la voir ». (p 149)
Voilà le commentaire que je fais de cette phrase :
Mais j’ai surtout été frappé par la dernière page, la dernière page de son épilogue. Je la cite intégralement :
« Il appartient aux autorités temporelles et aux autorités spirituelles de la dénoncer », nous dit Jean Madiran.
Que faut-il donc que ces deux pouvoirs, le pouvoir temporel et le pouvoir spirituel, dénoncent ?
Deux choses.
La première chose : il faut que soit dénoncé, par le pouvoir temporel et spirituel, la haine qui se dresse plus que jamais contre la nation, contre la famille, contre le mariage, contre l’homme racheté, c’est-à-dire, contre l’Eglise, contre la nature créée. Notez bien que toutes ces choses sont l’œuvre de Dieu, l’homme étant créature de Dieu, et racheté par Dieu. Dieu est Créateur, Créateur de l’homme, et donc de la nation, et donc de la famille, et du mariage, et de la nature créée et Rédempteur de « l’homme racheté ». Voilà ce contre quoi s’acharnent des hommes politiques sous l’influence des puissances maçonniques. Ces puissances maçonniques circulent à demi cachées aujourd’hui dans les couloirs du pouvoir politique – tant exécutif que législatif – et exercent sur lui et sa législation, une influence nocive. Jean Madiran ne craint pas de parler d’ « une haine atroce et générale », une haine contre tout ce qui est de Dieu.
Le cardinal Pie, comme puissance spirituelle, l’avait déjà dénoncé dans ses Synodales. Il disait dans l’une d’elles : « L’erreur dominante, le crime capital de ce siècle, c’est la prétention de soustraire la société publique au gouvernement et à la loi de Dieu » (T 7, 3). C’est ce qu’il appelait « l’apostasie des nations ». Elle n’est pas « silencieuse ». Elle est active et agressive. Il ne faut plus que Dieu possède une seule parcelle de ce qu’il a créée. Et le Cardinal précisait même les éléments constitutifs de cette « apostasie sociale » : Dieu est chassé de la constitution politique des Etats et est livré par le fait même au blasphème, ce qui est une manifestation de « haine » contre Dieu et sa création. L’homme, usurpant les droits de Dieu, s’attribue les droits divins. D’où la prétendue déification de l’homme sous la forme surtout de la déification du pouvoir politique et de l’Etat. L’Etat alors s’identifie avec la vérité et la science. Il est la vérité. Il est la science, surtout la science historique. C’est lui qui fait la vérité. D’où il peut dire sans vergogne : « la loi civile est supérieure à la loi naturelle » et développer ainsi dans ses écoles, la haine de Dieu. Alors quand Dieu s’en va, c’est le Démon qui entre. Ainsi l’Etat sans Dieu, c’est l’Etat dirigé et conduit par le Démon. L’ « apostasie sociale », c’est le règne de Satan sur le monde. C’est la haine contre Dieu et sa créature.
Voilà « la signature de cette haine », le « signataire » ultime de cette haine. Ce n’est rien d’autre que Satan. Jean Madiran dit : « La signature devient plus lisible que jamais ». Oui ! C’est Satan. Aussi doit-il être dénoncé : « il appartient aux autorités temporelles et aux autorités spirituelles de dénoncer cette signature », « ce signataire ». Jean Madiran semble dire que ces autorités aujourd’hui manifestent une carence terrible, gardent un silence fautif. Et pourtant il y va du bien du peuple qui a besoin d’être éclairé pour bien juger : « Leur carence empêche les peuples de la voir », cette signature du Démon, ce signataire.
Et pourtant il suffirait pour «la » voir, « cette signature de plus en plus lisible », de se référer à l’Apocalypse de saint Jean, en son chapitre XVII et XVIII qui nous décrit ce Démon, cette bête entrainant dans le mal la Babylonede la terre : « Puis l’un des sept anges qui portaient les sept coupes vint me parler en ces termes : » Viens, je te montrerai le logement de la grande prostituée qui est assise sur les grandes eaux, avec laquelle les rois de la terre se sont souillés, et qui a enivré les habitants de la terre du vin de son impudicité. » Et il me transporta en esprit dans un désert. Et je vis une femme assise sur une bête écarlate, pleine de noms de blasphème, et ayant sept têtes et dix cornes. Cette femme était vêtue de pourpre et d’écarlate; et richement parée d’or, de pierres précieuses et de perles ; elle tenait à la main une coupe d’or, remplie d’abominations et des souillures de sa prostitution. Sur son front était un nom, nom mystérieux : « Babylone la grande, la mère des impudiques et des abominations de la terre. » Je vis cette femme ivre du sang des saints et du sang des martyrs de Jésus; – mais voyez donc là une claire allusion à tous les martyrs chrétiens d’hier et d’aujourd’hui – et, en la voyant, je fus saisi d’un grand étonnement. Et l’ange me dit : « Pourquoi t’étonner? Moi je vais te dire le mystère de la femme et de la bête qui la porte, et qui a les sept têtes et les dix cornes. La bête que tu as vue était et n’est plus; elle doit remonter de l’abîme, puis s’en aller à la perdition. Et les habitants de la terre, dont le nom n’est pas écrit dès la fondation du monde dans le livre de la vie, seront étonnés en voyant la bête, parce qu’elle était, qu’elle n’est plus, et qu’elle reparaîtra. C’est ici qu’il faut un esprit doué de sagesse. – Les sept têtes sont sept montagnes, sur lesquelles la femme est assise. Ce sont aussi sept rois : Les cinq premiers sont tombés, l’un subsiste, l’autre n’est pas encore venu, et quand il sera venu, il doit demeurer peu de temps. Et la bête qui était et qui n’est plus, en est elle même un huitième et elle est des sept, et elle s’en va à la perdition. Et les dix cornes que tu as vues sont dix rois qui n’ont pas encore reçu la royauté, mais qui recevront un pouvoir de roi pour une heure avec la bête. Ceux-ci ont un seul et même dessein, et ils mettent au service de la bête leur puissance et leur autorité. Ils feront la guerre à l’Agneau, mais l’Agneau les vaincra, parce qu’il est Seigneur des seigneurs et Roi des rois, et ceux qui l’accompagnent sont les appelés, les élus et les fidèles. » Et il me dit : » Les eaux que tu as vues, au lieu où la prostituée est assise, ce sont des peuples, des foules, des nations et des langues. Et les dix cornes que tu as vues sur la bête haïront elles mêmes la prostituée; elles la rendront désolée et nue; elles mangeront ses chairs et la consumeront par le feu. Car Dieu leur a mis au cœur d’exécuter son dessein, et de donner leur royauté à la bête, jusqu’à ce que les paroles de Dieu soient accomplies. Et la femme que tu as vue, c’est la grande cité qui a la royauté sur les rois de la terre. (Apoc Ch XVII)
Après cela, je vis descendre du ciel un autre ange, qui avait une grande puissance; et la terre fut illuminée de sa gloire. Il cria d’une voix forte, disant : » Elle est tombée, elle est tombée, Babylone la grande! Elle est devenue une habitation de démons, un séjour de tout esprit impur, un repaire de tout oiseau immonde et odieux, parce que toutes les nations ont bu du vin de la fureur de son impudicité, que les rois de la terre se sont souillés avec elle, et que les marchands de la terre se sont enrichis par l’excès de son luxe. » Et j’entendis du ciel une autre voix qui disait : » Sortez du milieu d’elle, ô mon peuple, afin de ne point participer à ses péchés, et de n’avoir point part à ses calamités; car ses péchés se sont accumulés jusqu’au ciel, et Dieu s’est souvenu de ses iniquités ». (Apoc Ch XVIII)
Voilà qui est clairement dénoncé.
Mais comprenez donc !
« Dans l’évolution actuelle du monde, on aperçoit la domination à demi-souterraine d’une haine atroce et générale, une haine de la nation, une haine de la famille, une haine du mariage, une haine de l’homme racheté, une haine de la nature créée. La signature devient plus lisible que jamais. Il appartient aux autorités temporelles et aux autorités spirituelles de la dénoncer. Leur carence empêche les peuples de la voir ».
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D’ailleurs lorsque l’on connaît les liens véritables entre la FM et Satan, au cours des cérémonies secrètes, dans tout ce qui se fait dans l’ombre du secret, on comprend cette persévérance et puis cette intelligence, cette subtilité extraordinaire avec laquelle tout le plan est mené. Cela ne peut être que le fait d’une intelligence remarquable, extraordinaire et subtile :celle de Satan et ses démons.
De nos joursla FMn’a jamais été aussi puissante et son influence aussi étendue. Le nombre de FM et leur audace croissent d’une manière invraisemblable. Ils tiennent maintenant leur réunion en plein jour puisqu’ils n’ont plus rien à craindre des gouvernements qui les soutiennent et qui sont truffés des leurs. Ils n’ont plus besoin de se cacher. Sans doute se réunissent-ils discrètement pour discuter de leur stratégie, dresser leurs plans, prendre les grandes décisions (ainsi de leur dernière réunions en Suisse cf Faits et Documents d’Emmanuel Rattier) Mais leur existence, ils ne la dissimulent plus. (Ils font même de la publicité sur la radio. Voyez sur Radio Classique, tout dernièrement faisant de la publicité pour la musique franc-maçonne !)
Léon XIII, lui, était net, catégorique et affirmait avec vigueur : « Il n’y a pas d’entente possible entre le christianisme et la FM ». Mais, de nos jours on a cru bien faire en pratiquant un faux œcuménisme aussi avecla FM Alorsla FM est très satisfaite. Elle se dit « ça y est, maintenant, l’Eglise adopte nos pensées, nos désirs, il n’y a plus de problème avec elle ».
(Voir l’attitudela FMavec l’élection de Jean XXXIII dans le chapitre IV le Concile du Pape Jean » dans le livre de Don Andrea Mancinella : 1962. Révolution dans l’Eglise. p. 45-54 et lors du décès de Paul VI…dans le chapitre VIII : la preuve par neuf p. 89-90).
C’est très important.
Analyse du texte.
L’encyclique Humanum genus est datée du 20 avril 1884. Elle a pour sujet exclusif,la FM
La cité de Satan
Léon XIII prend pour image l’opposition faite par saint Augustin dans la Citéde Dieu, entre les deux cités et qui est souvent employée dans les Exercices spirituels de saint Ignace. Le genre humain s’est partagé entre deux camps ennemis : « Depuis que, par la jalousie du démon, le genre humain s’est misérablement séparé de Dieu auquel il était redevable de son appel à l’existence et des dons surnaturels, il s’est partagé en deux camps ennemis, lesquels ne cessent pas de combattre, l’un pour la vérité et la vertu, l’autre pour tout ce qui est contraire à la vertu et à la vérité. Le premier est le royaume de Dieu sur la terre, à savoir la véritable Eglise de Jésus Christ, dont les membres, s’ils veulent lui appartenir du fond du cœur et de manière à opérer le salut, doivent nécessairement servir Dieu et son Fils unique, de toute leur âme, de toute leur volonté. Le second est le royaume de Satan. Sous son empire et en sa puissance se trouvent tous ceux qui, suivant les funestes exemples de leur chef et de nos premiers parents, refusent d’obéir à la loi divine et multiplient leurs efforts, ici, pour se passer de Dieu, là pour agir directement contre Dieu ».
C’est une description simple et vraie. Il poursuit : « Ces deux royaumes, saint Augustin les a vus et décrits avec une grande perspicacité, sous la forme de deux cités opposées l’une à l’autre, soit par les lois qui les régissent, soit par l’idéal qu’elles poursuivent; et, avec un ingénieux laconisme, il a mis en relief dans les paroles suivantes le principe constitutif de chacune d’elles »
Il cite encore saint Augustin : » Deux amours ont donné naissance à deux cités : la cité terrestre procède de l’amour de soi porté jusqu’au mépris de Dieu; la cité céleste procède de l’amour de Dieu porté jusqu’au mépris de soi.
Elles sont donc absolument opposées. Pour l’amour de Dieu, nous nous méprisons nous-mêmes, le chrétien se méprise. Au contraire, Satan porte l’amour de soi, l’égoïsme, jusqu’au mépris de Dieu, jusqu’à s’opposer à Dieu.
« Dans toute la suite des siècles qui nous ont précédés, ces deux cités n’ont pas cessé de lutter l’une contre l’autre, en employant toutes sortes de tactiques et les armes les plus diverses, quoique non toujours avec la même ardeur, ni avec la même impétuosité ».
Donc le pape décrit ces deux cités qui s’affrontent en s’appuyant sur le texte de saint Augustin et sur l’expérience et sur l’histoire de l’Eglise.
« A notre époque, les fauteurs du mal paraissent s’être coalisés dans un immense effort, sous l’impulsion et avec l’aide d’une Société répandue en un grand nombre de lieux et fortement organisée, la Société des francs-maçons »
Ainsi Léon XIII caractérise la société des FM comme étant la cité du démon. Et précise leurs buts
« Ceux-ci, en effet, ne prennent plus la peine de dissimuler leurs intentions et ils rivalisent d’audace entre eux contre l’auguste majesté de Dieu. C’est publiquement, à ciel ouvert, qu’ils entreprennent de ruiner la sainte Eglise, afin d’arriver, si c’était possible, à dépouiller complètement les nations chrétiennes des bienfaits dont elles sont redevables au Sauveur Jésus Christ ».
Leurs buts sont au nombre de trois intimement liés :
– ils se dressent contre « l’auguste majesté de Dieu »,
– cherchent à « ruiner l’Eglise »
– et à dépouiller les nations chrétiennes « des bienfaits chrétiens ».
L’Ecriture Sainte avait déjà annoncé ces périls : « Gémissant à la vue des maux et sous l’impulsion de la charité, Nous Nous sentons souvent porté à crier vers Dieu, » Seigneur, voici que vos ennemis font un grand fracas, ceux qui vous haïssent ont levé la tête. Ils ont ourdi contre votre peuple des complots pleins de malice et ils ont résolu de perdre vos saints. Oui, ont-ils dit, venez et chassons-les du sein des nations « .
Aussi est-ce son devoir en tant que Pontife suprême de dénoncer le péril.
« Cependant, en un si pressant danger, en présence d’une attaque si cruelle et si opiniâtre du christianisme, c’ est de Notre devoir de signaler le péril, de dénoncer les adversaires, d’opposer toute la résistance possible à leurs projets et à leur industrie, d’abord pour empêcher la perte éternelle des âmes dont le salut Nous a été confié; puis afin que le royaume de Jésus Christ, que Nous sommes chargé de défendre, non seulement demeure debout et dans toute son intégrité, mais fasse par toute la terre de nouveau progrès, de nouvelles conquêtes ».
Condamnations antérieures.
Alors le pape s’appuie sur le magistère antérieur et constate ; je ne suis pas le seul à l’avoir fait d’ailleurs, à avoir poussé ce cri d’alarme devant l’attaque des ennemis, devant cette attaque terrible, tous les papes, nos prédécesseurs l’ont fait. Et il fait référence à tous les documents que nous avons cités et étudiés, ceux de Clément XII, de Benoît XIV, de Pie VII.
Et cela est très important. Car lorsqu’un pape dénonce ou affirme quelque chose en s’appuyant sur le passé, cela renforce sa propre parole. C’est cela qui fait la force de l’Eglise, de se référer à ce que tant de papes ont déjà dit et redit sur le même sujet. Une doctrine qui est ainsi enseigné paraît être infaillible.
Dans le cas présent, Léon XIII n’exprime pas une opinion personnelle, il fait appel à tout ce que les papes ont dit précédemment. Il rappelle que les papes jugeant de leur devoir de dénoncer, ont pris des mesures d’excommunication, des peines canoniques contre les FM et cette secte.
« Dans leur vigilante sollicitude pour le salut du peuple chrétien, Nos prédécesseurs eurent bien vite reconnu cet ennemi capital au moment où, sortant des ténèbres d’une conspiration occulte, il s’élançait à l’assaut en plein jour. Sachant ce qu’il était, ce qu’il voulait, et lisant pour ainsi dire dans l’avenir, ils donnèrent aux princes et aux peuples le signal d’alarme et les mirent en garde contre les embûches et les artifices préparés pour les surprendre.
Le péril fut prononcé pour la première fois par Clément XII en 1738, et la constitution promulguée par ce pape fut renouvelée et confirmée par Benoît XIV. Pie VII marcha sur les traces des Pontifes et Léon XII, renfermant dans sa constitution apostolique Quo graviora tous les actes et décrets des précédents papes sur cette matière, les ratifia et les confirma pour toujours. Pie VII, Grégoire XVI et, à diverses reprises, Pie IX, ont parlé dans le même sens.
Le but fondamental et l’esprit de la secte maçonnique avaient été mis en pleine lumière par la manifestation évidente de ses agissements, la connaissance de ses principes, l’exposition de ses règles, de ses rites et de leurs commentaires auxquels, plus d’une fois, s’étaient ajoutées les témoignages de ses propres adeptes. En présence de ces faits, il était tout simple que ce Siège apostolique dénonçât publiquement la secte des francs-maçons comme une association criminelle, non moins pernicieuse aux intérêts du christianisme qu’à ceux de la société civile. Il édicta donc contre elle les peines les plus graves dont l’Eglise a coutume de frapper les coupables et interdit de s’y affilier ».
Il parle de la peine d’excommunication.
La secte alors, bien évidemment, s’est irrité contre les pontifes.
« Irrités de cette mesure et espérant qu’ils pourraient, soit par le dédain, soit par la calomnie, échapper à ces condamnations ou en atténuer la force, les membres de la secte accusèrent les papes qui les avaient portées, tantôt d’avoir rendu des sentences iniques, tantôt d’avoir excédé la mesure dans les peines infligées. C’est ainsi qu’ils s’efforcèrent d’éluder l’autorité ou de diminuer la valeur des constitutions promulguées par Clément XII, Benoît XIV, Pie VII et Pie IX.
« Toutefois, dans les rangs mêmes de la secte, il ne manqua pas d’associés pour avouer, même malgré eux, que, étant donné la doctrine et la discipline catholiques, les Pontifes romains n’avaient rien fait que de très légitime ».
Le Pape Léon XIII non seulement s’appuie sur les pontifes romains mais aussi sur les princes chrétiens qui ont pris des mesures pour empêcher ces sectes d’exister dans leurs Etats et il les énumère :
« A cet aveu, il faut joindre l’assentiment explicite d’un certain nombre de princes ou de Chefs d’Etats qui eurent à cœur, soit de dénoncer la société des francs-maçons au Siège apostolique, soit de la frapper eux-mêmes comme dangereuse et portant des lois contre elle, ainsi que cela s’est pratiqué en Hollande, en Autriche, en Suisse, en Espagne, en Bavière, en Savoie et dans quelques parties de 1′ Italie.
Il importe souverainement de faire remarquer combien les événements donnèrent raison à la sagesse de Nos prédécesseurs.
Progrès de la FM.
« Leurs prévoyantes et paternelles sollicitudes n’eurent pas partout ni toujours le succès désirable : ce qu’il faut attribuer, soit à la dissimulation et à l’astuce des hommes engagés dans cette secte pernicieuse, soit à l’imprudente légèreté de ceux qui auraient eu cependant l’intérêt le plus direct à la surveiller attentivement. Il en résulte que, dans l’espace d’un siècle et demi, la secte des francs-maçons a fait d’incroyables progrès. Employant à la fois l’audace et la ruse, elle a envahi tous les rangs de la hiérarchie sociale et commence à prendre, au sein des États modernes, une puissance qui équivaut presque à la souveraineté ».
(NB Il y a bien eu des essais après la deuxième guerre mondiale de se dresser contrela FM, avec le Marechal Pétain et le gouvernement de Salazar. Mais ces réactions furent éphémères, sans lendemain…)
« De cette rapide et formidable extension sont précisément résultés pour l’Eglise, pour l’autorité des princes, pour le salut public, les maux que Nos prédécesseurs avaient depuis longtemps prévus. On est venu à ce point qu’il y a lieu de concevoir pour l’avenir les craintes les plus sérieuses; non certes, en ce qui concerne l’Eglise, dont les solides fondements ne sauraient être ébranlés par les efforts des hommes, mais par rapport à la sécurité des Etats, au sein desquels sont devenues trop puissantes, ou cette secte de la franc-maçonnerie, ou d’autres associations similaires qui se font ses coopératrices et ses satellites ».
Alors le pape déclare : il faut que je parle, je dois parler, je ne peux pas me taire devant cette conjuration générale
« Pour tous ces motifs, à peine avions-Nous mis la main au gouvernail de l’Eglise que Nous avons clairement senti la nécessité de résister à un si grand mal et de dresser contre lui, autant qu’il serait possible, Notre autorité apostolique. Aussi profitant de toutes les occasions favorables, Nous avons traité les principales thèses doctrinales sur lesquelles les opinions perverses de la secte maçonnique semblent avoir exercé la plus grande influence. C’est ainsi que dans Notre encyclique Quod apostoli muneris Nous Nous sommes efforcé de combattre les monstrueux systèmes des socialistes et des communistes. Notre autre encyclique Arcanum Nous a permis de mettre en lumière et de défendre la notion véritable et authentique de la société domestique, dont le mariage est l’origine et la source. Dans l’encyclique Diuturnum Nous avons fait connaître, d’après les principes de la sagesse chrétienne, l’essence du pouvoir politique et montré ses admirables harmonies avec l’ordre naturel aussi bien qu’avec le salut des peuples et des princes.
Aujourd’hui, à l’exemple de Nos prédécesseurs, Nous avons résolu de fixer directement Notre attention sur la société maçonnique, sur l’ensemble de sa doctrine, sur ses projets, ses sentiments et ses actes traditionnels, afin de mettre en une plus éclatante évidence, sa puissance pour le mal et d’arrêter dans ses progrès la contagion de ce funeste plan ».
C’est une nouvelle tentative que le pape entreprend pour tenter d’empêcher la secte d’avoir une trop grande influence.
Il parle d’abord de son existence. Il revient ensuite sur ses buts et donne, en les expliquant, les conséquences déplorables de ces doctrines et enfin il propose des remèdes
A- D’abord l’existence de la secte.
B- Ensuite le but dans la perspective duquel elles agissent.
C- Troisièmement, la description de leurs principes.
D- Quatrièmement, les conséquences de ces principes,
E- Cinquièmement le jugement à porter sur eux et enfin les remèdes à apporter contre eux.
A-De nombreuses sectes. Mais une seule maçonnerie, toujours dominée par la loi du silence
« Il existe dans le monde un certain nombre de sectes qui, bien qu’elles diffèrent les unes des autres par le nom, les rites, la forme, l’origine, se ressemblent et sont d’accord entre elles par l’analogie du but et des principes essentiels. En fait, elles sont identiques à la franc-maçonnerie, qui est pour toutes les autres comme le point central d’où elles procèdent et où elles aboutissent. Et, bien qu’à présent elles aient l’apparence de ne pas aimer à demeurer cachées, bien qu’elles tiennent des réunions en plein jour et sous les yeux de tous, bien qu’elles publient leurs journaux, toutefois, si l’on va au fond des choses, on peut voir qu’elles appartiennent à la famille des sociétés clandestines et qu’elles en gardent les allures. Il y a, en effet, chez elles, des espèces de mystères que leur constitution interdit avec le plus grand soin de divulguer, non seulement aux personnes du dehors, mais même à bon nombre de leurs adeptes. A cette catégorie, appartiennent les conseils intimes et suprêmes, les noms des chefs principaux, certaines réunions plus occultes et intérieures ainsi que les décisions prises, avec les moyens et les agents d’exécution. A cette loi du secret concourent merveilleusement : la division faite entre les associés des droits, des offices et des charges, la distinction hiérarchique savamment organisée des ordres et des degrés et la discipline sévère à laquelle tous sont soumis. La plupart du temps, ceux qui sollicitent l’initiation doivent promettre, bien plus, ils doivent faire le serment solennel de ne jamais révéler à personne, à aucun moment, d’aucune manière, les noms des associés, les notes caractéristiques et les doctrines de la Société. C’est ainsi que, sous les apparences mensongères et en faisant de la dissimulation, une règle constante de conduite, comme autrefois les manichéens, les francs-maçons n’épargnent aucun effort pour se cacher et n’avoir d’autres témoins que leurs complices ».
B-Des sociétés philanthropiques ?
Le pape constatant l’existence de ces sociétés, fait ressortir qu’elles font en sorte de ne pas paraître ce qu’elles sont.
« Leur grand intérêt étant de ne pas paraître ce qu’ils sont, ils jouent le personnage d’amis des lettres ou de philosophes réunis ensemble pour cultiver les sciences. Ils ne parlent que de leur zèle pour les progrès de la civilisation, de leur amour pour le pauvre peuple. A les en croire, leur seul but est d’améliorer le sort de la multitude et d’étendre à un plus grand nombre d’hommes les avantages de la société civile. Mais à supposer que ces intentions fussent sincères, elles seraient loin d’épuiser tous leurs desseins.
L’obéissance totale et le secret absolu
En effet, ceux qui sont affiliés doivent promettre d’obéir aveuglément et sans discussion aux injonctions des chefs, de se tenir toujours prêts sur la moindre notification, sur le plus léger signe, à exécuter les ordres donnés, se vouant d’avance, en cas contraire, aux traitements les plus rigoureux et même à la mort. De fait, il n’est pas rare que la peine du dernier supplice soit infligée à ceux d’entre eux qui sont convaincus, soit d’avoir livré la discipline secrète, soit d’avoir résisté aux ordres des chefs; et cela se pratique avec une telle dextérité que, la plupart du temps, l’exécuteur de ces sentences de mort échappe à la justice établie pour veiller sur les crimes et en tirer vengeance. Or, vivre dans la dissimulation et vouloir être enveloppé de ténèbres; enchaîner à soi par les liens les plus étroits et sans leur avoir préalablement fait connaître à quoi ils s’engagent, des hommes réduits ainsi à l’état d’esclaves; employer à toutes sortes d’attentats ces instruments passifs d’une volonté étrangère; armer pour le meurtre des mains à l’aide desquelles on s’assure l’impunité du crime, ce sont là de monstrueuses pratiques condamnées par la nature elle-même. La raison et la vérité suffisent donc à prouver que la Société dont Nous parlons est en opposition formelle avec la justice et la moralité naturelles.
D’autres preuves d’une grande clarté, s’ajoutent aux précédentes et font encore mieux voir combien, par sa constitution essentielle, cette association répugne à l’honnêteté. Si grandes, en effet, que puissent être parmi les hommes l’astucieuse habileté de la dissimulation et l’habitude du mensonge, il est impossible qu’une cause, quelle qu’elle soit, ne se trahisse pas par les effets qu’elle produit : un bon arbre ne peut pas porter de mauvais fruits, et un mauvais n’en peut pas porter de bons ».
Le pape insiste sur le secret dont s’entourent les sectes et dénonce les crimes commis par ces sociétés, dont il constate les fruits qui font apparaître ce qu’elles sont en réalité.
C-Le pacte fondamental de la FM
Puis, dans une phrase clairvoyante et dont il faut se souvenir, Léon XIII précise catégoriquement le but que se sont assigné les FM :
« Or, les fruits produits par la secte maçonnique sont pernicieux et les plus amers. Voici, en effet, ce qui résulte de ce que Nous avons précédemment indiqué et cette conclusion Nous livre le dernier mot de ses desseins. Il s’agit pour les francs-maçons, et tous leurs efforts tendent à ce but, il s’agit de détruire de fond en comble toute la discipline religieuse et sociale qui est née des institutions chrétiennes et de lui en substituer une nouvelle façonnée à leurs idées et dont les principes fondamentaux et les lois sont empruntées au naturalisme. »
NB « Solve et coagula » sera toujours la consigne de la FM
Changer complètement les fondements de notre société, les FM l’ont entrepris et malheureusement réalisé avec une diabolique habileté. Ce changement d’état d’esprit, de mentalité, de vision des choses, ils l’ont inculqué peu à peu par le truchement des écoles, par la diffusion du laïcisme, par l’enseignement dont ils se sont emparés, par une pénétration insidieuse de la philosophie des « Droits de l’homme » sans Dieu qui fait que les gens ne s’en aperçoivent pas et boivent le poison à petites doses pendant des années et des années. Le résultat est qu’ils finissent par changer de mentalité.
Les principes fondamentaux de la FM.
Après avoir exposé clairement le but dela FMqui est de mettre tout en œuvre pour parvenir à la destruction de l’Eglise et de la religion catholique, Léon XIII dresse l’exposé des principes fondamentaux qui la régissent.
Il ne suffit pas, dit-il, d’examiner leurs actes, mais il faut rechercher les principes qui commandent leur action
Tout ce que Nous venons ou ce que Nous Nous proposons de dire doit être entendu de la secte maçonnique envisagée dans son ensemble, en tant qu’elle embrasse d’autres sociétés qui sont pour elle des sœurs et des alliées. Nous ne prétendons pas appliquer toutes ces réflexions à chacun de leurs membres pris individuellement. Parmi eux, en effet, il s’en peut trouver, et même en bon nombre, qui, bien que non exempts de faute pour s’être affiliés à de semblables sociétés, ne trempent cependant pas dans leurs actes criminels et ignorent le but final que ces sociétés s efforcent d’atteindre. De même encore, il se peut faire que quelques-uns des groupes n’approuvent pas les conclusions extrêmes auxquelles la logique devrait les contraindre d’adhérer, puisqu’elles découlent nécessairement des principes communs à toute l’association. Mais le mal porte avec lui une turpitude qui, d’elle-même, repousse et effraie. En outre, si des circonstances particulières de temps ou de lieux peuvent persuader à certaines fractions de demeurer en deçà de ce qu’elles souhaiteraient de faire, ou de ce que font d’autres associations, il n’en faut pas conclure pour cela que ces groupes soient étrangers au pacte fondamental de la maçonnerie. Ce pacte demande à être apprécié, moins par les actes accomplis et par leurs résultats que par l’esprit qui l’anime et par ses principes généraux. »
C’est très important : plus que ne l’on fait ses prédécesseurs, Léon XIII cherche à approfondir davantage les principes de la FM.Lespapes du début du XIXème siècle ont surtout insisté sur le secret dont s’entourent les FM et sur les crimes qu’ils commettent, mais ils ont moins approfondi les principes. C’est ce que va faire surtout Léon XIII dans Humanum genus.
Le naturalisme.
« Or, le premier principe des naturalistes, c’est qu’en toutes choses, la nature ou la raison humaine doit être maîtresse et souveraine. »
Le premier principe pour lequel le Pape condamnela FM, c’est le naturalisme. A première vue, on pourrait penser qu’après tout, le naturalisme croit en la nature humaine et qu’il s’y conforme.
Penser cela, serait une erreur, car il ne faut pas oublier que la nature humaine a été traumatisée, blessée par le péché originel.
C’est une affirmation capitale que l’on peut étudier dansla Sommede saint Thomas : I II 85.
En suivant le texte de saint Thomas, à savoir les deux premiers articles de la question 85, on peut dire :
d’abord qu’il existe trois sortes de bien de la nature :
– « les principes eux-mêmes de la nature, qui constituent cette nature », à savoir le corps et l’âme ou plutôt leur union essentielle et les « propriétés qui en découlent » comme les puissances de l’âme et autres choses de ce genre ;
– l’inclination naturelle au bien de la vertu parce que l’homme tient de la nature l’inclination à la vertu ;
– Et les dons gratuits constituant la justice originelle, i.e. le don de la justice originelle qui fut accordé à toute la nature humaine.
On peut alors se demander lesquels de ses trois biens sont enlevés ou détruits par le péché ?
Il faut dire avec saint Thomas que cette troisième sorte de bien, la justice originel, a été enlevé totalement et l’a été dans toute la nature humaine par le péché du premier père. Ce fut la conséquence immédiate du péché originel. L’homme a perdu et la grâce sanctifiante et les dons préternaturels. C’est son ablation en nous qui constitue le péché originel.
La première sorte de bien inhérente à la nature essentielle de l’homme, corps et âme, être spirituel et corporel tout à la fois, demeure absolument intacte, quels que soient les péchés commis par l’homme. Saint Thomas dit : « le premier bien de la nature », savoir ce qui constitue son essence et ses propriétés essentielles, « ni n’est enlevé ni n’est diminué par le péché », il demeure absolument intact.
La seconde sorte de bien i.e. l’inclination naturelle au bien est diminuée par les péchés actuels, en ce sens seulement que chaque péché commis par le sujet rend plus difficile pour lui la réalisation du bien de la vertu, auquel cependant il demeure radicalement ordonné et incliné par sa nature même.
Cette conclusion présente ne doit s’entendre que des péchés actuels et personnels, nullement du péché de nature qu’est le péché originel. Et ceci doit être soigneusement noté pour l’intelligence de la question troisième de saint Thomas ainsi formulée : « Si c’est à propos que sont marquées comme blessures de la nature étant la suite du péché, l’infirmité, l’ignorance, la malice et la concupiscence ? ».
Dans la résolution de cette question, saint Thomas nous rappelle que, « Par la justice originelle, la raison contenait d’une manière parfaite les puissances inférieures de l’âme, et la raison elle-même recevait de Dieu sa perfection, lui demeurant soumise. Cette justice originelle a été enlevée par le péché du premier père (cf . 81 2). Il suit de là que toutes les puissances de l’âme demeurent en quelque sorte destituées de l’ordre propre qui les ordonne naturellement à la vertu ; et cette destitution elle-même est appelée une blessure de la nature. Or il y a quatre sortes de puissances de l’âme qui peuvent être le sujet des vertus, à savoir : la raison, où est la prudence ; la volonté où est la justice ; l’irascible, où est la force ; le concupiscible où est la tempérance. Pour autant que la raison est destituée de son ordre au vrai, c’est la blessure de l’ignorance ; pour autant que la volonté est destituée de l’ordre au bien, c’est la blessure de la malice ; pour autant que l’irascible est destitué de son ordre au difficile, c’est la blessure de l’infirmité ; pour autant que le concupiscible est destitué de l’ordre du plaisir sensible modéré par la raison, c’est la blessure de la concupiscence. Ainsi donc, ces quatre blessures sont infligées à la nature humaine dans sa totalité, en raison du péché du premier père.
Mais parce que l’inclination au bien de la vertu est diminuée par le péché actuel –comme on l’a dit à l’article 1 et 2 de le la question 85, ces mêmes quatre blessures seront aussi la suite des autres péchés : en tant que par le péché, et la raison est émoussée surtout dans les choses de l’action et la volonté est endurcie par rapport au bien, et une difficulté plus grande d’agir bien augmente toujours et la concupiscence s’enflamme d’avantage ».
Tel est le fameux article de saint Thomas sur les blessures de la nature causées par le péché.
La nature humaine n’est pas saine. Elle n’est point ce qu’elle devrait être. Le péché originel ou la privation de la justice originelle fait que l’ordre qu’elle avait à ce qui est le bien de la vertu,, ordre que cette nature requiert, bien que naturellement elle ne le porte pas fixe et immuable en elle, n’existe plus, en telle sorte que son intelligence peut maintenant dévier du vrai, sa volonté du bien et du juste, selon son appétit irascible et son appétit concupiscible ne point se porter à leur bien respectif selon l’ordre de la raison, chose qu’elle ne connaissait point ni ne pouvait connaître tant qu’aurait duré l’état d’innocence ; et, pour autant nous la disons blessée par le péché du premier père. Elle porte en elle la quadruple blessure de l’ignorance, de la malice, de la faiblesse et de la concupiscence. Ces mêmes blessures se retrouvent en elle, non plus seulement sous la forme de l’absence de frein, mais sous la forme positive d’inclination au mal, dans chaque individu qui ajoute au péché de nature ses péchés personnels.
Ainsi la foi nous enseigne que le péché originel étant intervenu dans l’histoire de l’humanité avec la faute d’Adam et d’Eve, il a non seulement privé les personnes de la grâce, mais il a même désordonné la nature. Il faut toujours se le rappeler. C’est absolument indispensable pour bien comprendre la condamnation par Léon XIII du naturalisme dela FM. Nousvenons de voir avec saint Thomas que la nature humaine a été blessée de quatre manières par le péché originel. Et ces blessures demeurent même après que la grâce nous ait été redonnée par le baptême. Elles demeurent dans la nature. Si le péché originel, en tant que péché, nous est enlevé par la grâce du baptême, il laisse des traces, des suites des blessures dans la nature.
Ces quatre blessures sont :
Premièrement : la blessure de l’ignorance.
C’est la vertu cardinale de prudence qui est blessée par l’ignorance et elle n’est plus ce qu’elle devrait être. Quelqu’un qui est ignorant, qui a une tendance à l’erreur, n’est pas prudent. Etant mal éclairé, il se trompe forcément.
Deuxièmement : blessure de la malice
La vertu de justice qui est la vertu fondamentale par rapport à Dieu, au prochain et à soi-même, est blessée par la blessure de la malice. Il y a une tendance qui demeure en nous à faire le mal, à ne pas rendre à Dieu son dû : à savoir, l’adoration, le service et son culte ; à ne pas rendre au prochain ce qui lui est du : respect etc… et même à notre propre personne. Il y a une tendance au mal. Il suffit de voir le genre humain pour conclure dans le sens de la blessure de la nature….
Troisièmement : la blessure de la faiblesse
C’est la vertu de force qui est blessée par la faiblesse. L’homme ne résiste pas à la tentation, il a été affaibli, ses forces ont été diminuées. Sa vertu de force a été diminuée, amoindrie face aux difficultés de la vie.
Quatrièmement :la blessure de la concupiscence
La vertu de tempérance a été blessée, c’est la concupiscence. L’homme est atteint par la jouissance des biens de ce monde : l’argent, la volupté. La vertu de tempérance est nécessaire pour mesurer, modérer l’attrait qu’il ressent face à la concupiscence. Il est aux prises avec le désir de satisfaire ces plaisirs. Pour cela il lui faut de l’argent. L’homme est aussi attiré par l’orgueil, par la soif des honneurs.
On peut citer ici l’enseignement de saint Paul.
Ces quatre blessures demeurent.
Quand on parle justement du naturalisme, les FM, les libéraux, les modernistes ont toujours tendance à dire : non, la nature de l’homme est bonne. Par conséquent tout ce que l’Eglise qualifie de désordre, pour eux, ce ne sont pas des désordres. C’est le bien. Tous les plaisirs que l’homme recherche, il faut les lui donner, c’est la nature que le demande. Donc il y a droit et il doit les satisfaire. Mais si nous admettons au contraire que l’homme est blessé dans sa nature, qu’il est désordonné, alors si on l’encourage dans cette voie de désordre, nous voyons où cela va le conduire.
Or quand nous dénonçons la faiblesse de l’homme, la FMnaturaliste nous rétorque : mais non il n’est pas faible. Les désirs qu’il éprouve ne sont pas un signe de faiblesse. Il a droit. Il a besoin de ces plaisirs. Et ensuite la FM évoque les droits que possède l’homme d’épanouir sa nature. La seule limite est qu’il ne trouble pas l’ordre public. C’est la seule limite que ceux qui nous contredisent et nous combattent mettent à la liberté des hommes, à la liberté de tous les instincts mauvais qui sont en lui : c’est de ne pas troubler l’ordre public. Ne pas avoir de problème avec les gendarmes et encore, bien souvent, c’est au gendarme que l’on donne tort.
Et c’est dans cet esprit naturaliste qu’il faut interpréter et comprendre aujourd’hui, le problème de la liberté de pensée et d’agir et d’expression. Pour eux, ces libertés n’ont aucune limite. Elles ne sont limitées par rien sinon par le respect nécessaire de l’ordre public. C’est évidemment très faux. Nous le verrons par la suite…
Ce qu’est véritablement « la liberté d’expression »
Puisque la « liberté d’expression » est le leitmotiv toujours invoqué par la FM, il est nécessaire de parler de cette liberté. C’est en effet cette « liberté d’expression » qui se trouve toujours invoquée pour tout laisser faire quand la religion catholique est insultée. Elle est l’une des armes les plus terribles utilisées par la FM et le monde moderne. Elle érige en principe, au motif de la liberté de l’homme, le droit pour chacun d’émettre n’importe quelle opinion sans qu’il soit possible de le lui interdire.
Que l’on ne se console pas en se disant que les insultes peuvent être dirigées impunément contre n’importe qui et que le catholicisme ne serait donc pas le seul visé et l’unique victime de ce principe d’une liberté absolue. Cette conclusion, qui pourrait être reçue, est contredite par les faits. Il existe de très nombreux domaines où la moindre remarque suffit déjà à constituer un grave délit qui sera sévèrement puni par les autorités politiques. Pensez aux attaques contre le judaïsme…Pourquoi cela ? Parce que « la liberté d’expression » s’avère soumise, à des pouvoirs occultes qui sont les véritables décideurs de ses limites : la FM.
La FM se sert de cette liberté pour atteindre une fin qui n’est rien d’autre que la destruction de l’Eglise. C’est ce qu’avait bien compris Léon XIII , mais aussi Saint Pie X qui écrivait :: « Ils veulent supprimer jusqu’à la notion même de christianisme, et sous prétexte de se soustraire à l’autorité dogmatique et morale de l’Eglise, ils en réclament une autre, aussi absolue qu’illégitime, à savoir la suprématie de l’Etat, arbitre de la religion, oracle suprême de la doctrine et du droit. » ( allocution du 18 novembre 1909).
Quelle est la malice profonde de cette liberté d’expression. Elle s’origine dans une conception extrêmement perverse de la liberté. Au lieu de considérer cet admirable apanage de l’homme comme l’aptitude qui lui est donnée de toujours choisir ce qui est bien, la liberté est seulement définie comme un pouvoir que l’homme a de faire ce qu’il veut. On ne regarde plus si les moyens qu’il veut mettre en œuvre sont bons et encore moins si la fin qu’il recherche est juste. Tout le regard philosophique que l’on porte sur l’agir humain, – aujourd’hui – se réduit à déclarer que ce qui est voulu par l’homme est bon et légitime, du moment qu’il le veut et qu’il n’empiète pas sur le domaine de la liberté de ses voisins. C’est donc au nom du respect de sa dignité d’homme ( mais on oublie de dire que l’homme est blessé depuis le péché originel) qu’il faut le laisser s’adonner à tous les instincts et à tous les caprices de son moi divinisé.
Et voilà pourquoi le monde moderne s’effondre si rapidement et en arrive à se livrer complètement au diable. Si chacun se persuade qu’il peut s’abandonner librement à toutes ses passions, qu’il peut disposer de son corps comme il l’entend et qu’il n’a finalement de compte à rendre à personne, ne croyons pas que ce soit le règne de l’homme qui se trouve ainsi inauguré, c’est le règne du Diable. !
Si l’homme, sous le couvert fallacieux de la liberté, s’enfonce toujours davantage dans le cercle vicieux de ces habitudes de péchés, il ne tarde pas à faire l’expérience amère et souvent fatale que cette apparence de liberté le conduit au plus affreux des esclavages. Il se retrouve asservi à ses passions débridées, devenu presque impuissant à se dégager de cet esclavage qu’il a pourtant volontairement choisi. Son égoïsme qu’il n’a cessé de flatter l’a amené ou à se séparer des autres ou à ce que les autres s’éloignent de lui. Il se retrouve victime de son enfermement sur lui-même dont il ne sait plus comment sortir. C’est alors que les idées suicidaires se présentent souvent à lui, soufflées par le diable, qui dès lors n’attend plus que ce dernier péché pour s’emparer de sa proie.
Mais, aujourd’hui, puisque cette conception pervertie de la liberté est instillée dans les consciences dès le plus jeune âge, par l’enseignement maçonnique et laïc, c’est l’immense majorité des hommes de nos générations qui se trouvent poussés à vivre dans le débridement le plus complet d’eux-mêmes, sans plus aucune référence. Ce sont des peuples entiers qui ne connaissent plus rien que cet esprit de liberté. Les lois votées défilent les unes après les autres pour prendre toujours davantage le contre-pied de la loi naturelle, jusque contre ses fondements les plus inébranlables.
C’est bien cela que l’on nomme le règne du diable. Il est l’inspirateur de nos sociétés qui ont renié Jésus-Christ et qui se sont détournées d’un maître pour aller à un autre. Le vice se trouve codifié dans la loi en place de la vertu. L’art, éternel miroir des sociétés, cultive la laideur. Les sciences sont uniquement préoccupées d’une recréation artificielle d’un monde façonné par l’homme moderne. La vraie philosophie, comme recherche de la sagesse, est déconsidérée et méprisée. Jésus-Christ est haï. S’Il redescendait sur la terre, les hommes n’attendraient certes pas trente-trois ans pour le crucifier de nouveau. Satan triomphe »
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Voyez dans ce principe du naturalisme, la raison de toutes les fêtes et défilés « gays », toutes les autorisations aux grands rassemblements où des foules entières de jeunes vont « s’éclater » dans la drogue, usant et abusant, sans contrôle, de la drogue, des « overdoses », jusqu’à la mort. Voyez, là aussi, dans le naturalisme compris comme les FM le comprend, le principe des chants sataniques qui se multiplient également de plus en plus
La force de l’ordre est présente uniquement pour que ces réunions ne mettent pas en péril l’ordre public. C’est la seul considération invoquée. On peut tout dire, On peut tout faire, sauf de mettre en péril l’ordre public. L’ordre public est la seule limite de la liberté qu’ils acceptent Les préfets de nos départements n’interviennent que pour le maintien de l’ordre public. Aucune autre considération n’a droit de citer et ne peut être prise en considération…Autrement, on crie à l’atteinte de la liberté… L’homme est libre et limiter cette liberté serait considéré comme une atteinte aux droits de l’homme.
Mgr Lefebvre est très clairvoyant lorsqu’il conclut ces considérations : « Si nous étions d’accord avec les FM qui considèrent qu’il est bon pour l’homme de satisfaire tous ses instincts, jugeant qu’ils sont bons, où irions-nous ? On voit déjà les résultats : le désordre, la drogue, la corruption, la ruine et le suicide. En définitive, cette théorie finit par conduire au suicide, au néant, même physique. Voilà où on en est arrivé : le nombre des jeunes gens qui se suicident ne cesse de croître ». (p. 81)
Voilà où notre société nous conduit lorsqu’elle se fonde sur ces faux principes qui sont ceux du naturalisme, soutenus par la FM.C’est cela leur naturalisme.
Et lorsque les papes condamnent le naturalisme, ce n’est pas la nature elle-même qu’ils condamnent, ni la nature humaine qu’ils désignent, mais c’est l’erreur qui consiste à dire que la nature n’a pas été blessé par le péché originel et que par conséquent tout ce qui est désordonné dans notre nature est tout à fait naturel et que l’on n’a pas le droit de s’opposer aux instincts qui sont dans l’homme. C’est cela que les FM appellent « les droits des hommes » : on a droit à la liberté, à la liberté d’avortement, même si l’avortement est un crime. Les libéraux ont aussi cette tendance à s’aligner sur les doctrines des FM.
Il faut bien comprendre ce qu’est le naturalisme. C’est un terme que l’on trouve souvent sous la plume des papes. Les papes parlent constamment du naturalisme. Il est donc bien nécessaire de comprendre le sens qu’ils y attachent. Le naturalisme, c’est l’erreur opposée à la doctrine de l’Eglise sur la nature déséquilibrée, désordonnée par les conséquences du péché originel, même après qu’il ait été pardonné. Nous-mêmes le sentons bien. Nous éprouvons des attractions vers des désirs qui ne sont pas normaux et que nous devons réprimer par la vertu, vertu de tempérance, de force, de justice, de prudence.
Le rationalisme.
Le pape poursuit dénonçant, cette fois, le rationalisme comme premier principe du naturalisme: « Or, le premier principe des naturalistes, c’est qu’en toutes choses, la nature ou la raison humaine doit être maîtresse et souveraine. »
Voilà la définition même du rationalisme : la raison seule, rien d’autre que la raison. Seule la raison est, doit être, peut être principe de connaissance. Le rationalisme est donc la négation de toute Révélation, de toute connaissance surnaturelle, Le rationalisme s’oppose à toute connaissance qui s’impose à l’homme par Révélation. Le rationaliste le refuse absolument. Léon XIII l’exprime fort bien lorsqu’il dit : « en dehors de ce que peut comprendre la raison humaine, il n’y a ni dogme religieux, ni vérité ».
Le rationalisme est le refus de tout dogmatisme, de toutes vérités qui s’imposent à l’homme de l’extérieur. Le rationalisme engendre nécessairement l’ « immanentisme » philosophique, le « subjectivisme ». N’est vrai et recevable pour moi que ce qui est le produit de mon propre subjectivisme. C’est le principe premier du modernisme dénoncé par saint Pie X.
Dans le rationalisme, on ne veut plus alors « ni Dieu ni maître ». C’est une des caractéristiques du monde moderne : « il n’y a ni dogme religieux, ni vérité, disons nous avec Léon XIII et nous ajoutons : « ni maître en la parole de qui, au nom de son mandat officiel d’enseignement, on doive avoir foi. »
C’est ce qui explique, dit Mgr Lefebvre, toutes les transformations qui sont intervenues dans l’enseignement qui est prodigué de nos jours dans toutes les nations. L’enseignement n’est plus magistériel, dispensé par quelqu’un qui enseigne. Mais ce sont des colloques, des dialogues, parce qu’on ne veut plus supporter l’idée de voir imposer une vérité. C’est bien ce que dit le pape : «il n’y a …ni maître en la parole de qui, au nom de son mandat officiel d’enseignement, on doive avoir foi. »
Et cela se trouve également dans l’Eglise aujourd’hui…!
Voilà le principe qui est au cœur même de la réforme catéchétique dans l’Eglise « conciliaire », « moderniste ». Il faut que l’enfant découvre par lui-même la vérité. Il faut qu’elle vienne de lui-même, de son propre fond… Voilà la raison pour laquelle les nouveaux catéchismes ne procèdent plus par question et réponse. On ne doit plus avoir foi en aucun maître, parce que le maître ne peut pas, n’a pas le droit d’imposer et de dire la vérité, ce que l’on doit penser ou croire. Non, chacun peut penser ce qu’il veut. C’est soi disant du choc des idées que jaillit la lumière. Chacun exprime sa pensée comme il le pense et on progresse comme cela dans la science.
Mgr Lefebvre de conclure cette idée en disant : « C’est absolument absurde ! C’est ce qui, actuellement et de plus en plus, contribue à faire le néant de la vraie science, parce que l’on ne veut plus se soumettre à un enseignement du magistère, c’est-à-dire qui vient de toute une tradition et d’une vérité déjà acquise… (Tout est de soi contesté) Pour la religion, pour la philosophie, chacun pourrait avoir son opinion, sans que cela soit d’importance ? Non, car les conséquences sont graves». C’est le règne de l’ignorance…Plus de principes. Plus de vérités admises par tous. C’est la cacophonie générale. Ainsi de notre monde aujourd’hui ! (p. 79-80)
Retenons bien cette phrase de Léon XIII. Elle est capitale : « Cela posé, il s’agit des devoirs envers Dieu, ou bien ils en font peu de cas, ou ils en altèrent l’essence par des opinions vagues et des sentiments erronés. Ils nient que Dieu soit l’auteur d’aucune révélation. Pour eux, en dehors de ce que peut comprendre la raison humaine, il n’y a ni dogme religieux, ni vérité, ni maître en la parole de qui, au nom de son mandat officiel d’enseignement, on doive avoir foi. »
Les conséquences du rationalisme : la haine de l’Eglise.
En refusant par principe toute vérité surnaturelle, tout dogme religieux, par le fait même, les FM se dressent contre l’Eglise. Ils veulent annihiler l’Eglise, la supprimer puisque l’Eglise est la société fondée par NSJC pour garder et conserver précieusement le dépôt révélé. C’est ce que dit avec force le pape :
« Or, comme la mission tout à fait propre et spéciale de l’Eglise catholique consiste à recevoir dans leur plénitude et à garder dans une pureté incorruptible, les doctrines révélées de Dieu, aussi bien que l’autorité établie pour les enseigner avec les autres secours donnés du ciel en vue de sauver les hommes, c’est contre elle que les adversaires déploient le plus d’acharnement et dirigent leurs plus violentes attaques ».
Et dans ce dépôt révélé, se trouve nécessaire les moyens de salut, c’est-à-dire la grâce, les sacrements, la prière, le saint Sacrifice de la messe. C’est cela le rôle du Magistère de l’Eglise, le but de l’Eglise. On n’a pas le droit de changer ses dogmes. S’ils n’existent plus, comme le disent les FM, s’il n’y a plus de doctrine saine et immuable, alors la vérité devient relative. Il n’y a plus de vérité absolue concernant la nature, l’homme et concernant Dieu.
Eglise et FM : un dialogue impossible.
Comme on le comprend en analysant la doctrine de Léon XIII sur la FM, le dialogue entre l’Eglise et la FMest impossible. L’Eglise s’oppose, nécessairement, fondamentalement à la FM. La FMaffirme que la vérité est relative. L’Eglise dit qu’elle est objective. La FMdéclare qu’il n’y a pas de dogmes et l’Eglise qu’il y a une vérité révélée et des dogmes. L’entente est donc impossible. C’est pourquoi la FMcontinuera de tout faire, comme l’affirme Léon XIII, pour tenter de détruire l’Eglise parce que forcément elle s’oppose à elle. Il y a une impossibilité d’entente. Son principe naturaliste est en opposition formelle à la doctrine de l’Eglise.
C’est ce qu’exprime clairement le pape : « Maintenant, qu’on voie à l’œuvre la secte des francs-maçons dans les choses qui touchent à la religion, là principalement où son action peut s’exercer avec une liberté plus licencieuse et que l’on dise si elle ne semble pas s’être donné pour mandat de mettre à exécution les décrets des naturalistes. Ainsi, dut-il lui en coûter un long et opiniâtre labeur, elle se propose de réduire à rien, au sein de la société civile, le magistère et l’autorité de l’Eglise ».
Or il faut bien le reconnaître les principes FM de naturalisme et de rationalisme n’ont pas changé.
J’en veux pour preuve la récente déclaration de l’épiscopat allemand surla FM.
Etude de cette déclaration.
Cf. Mgr Lefebvre p. 82-86.
Laïcité de l’Etat. Conséquence de la lutte contre l’Eglise.
Parce que la FMdéveloppe en son sein le naturalisme et le rationalisme, elle va s’opposer de tout son poids à l’Eglise, elle va donc chercher à prôner la laïcité de l’Etat. Il faut séparer l’Eglise de l’Etat, éliminer de l’Etat la référence aux dogmes et à la vérité de l’Eglise. C’est le laïcisme. C’est ce que reconnaît le pape : « d’où cette conséquence que les francs-maçons s’appliquent à vulgariser, et pour laquelle ils ne cessent pas de combattre, à savoir qu’il faut absolument séparer l’Eglise de l’Etat. Par suite, ils excluent des lois aussi bien que de l’administration de la chose publique, la très salutaire influence de la religion catholique et ils aboutissent logiquement à la prétention de constituer l’Etat tout entier en dehors des institutions et des préceptes de l’Eglise ».
Cf ; le laïcisme étudié parla CitéCatholique.
Et c’est alors l’élaboration de toute une législation contre l’Eglise, sur la base : « le cléricalisme, voilà l’ennemi »..
Cf – la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat,
-la loi de 1905, l’expulsion des congrégations religieuses de France.
-la loi sur l’enseignement.
Léon XIII le fait bien comprendre lorsqu’il écrit : « Mais il ne leur suffit pas d’exclure de toute participation au gouvernement des affaires humaines, l’Eglise, ce guide si sage et si sûr : il faut encore qu’ils la traitent en ennemie et usent de violence contre elle. De là l’impunité avec laquelle, par la parole, par la plume, par l’enseignement, il est permis de s’attaquer aux fondements même de la religion catholique. Ni les droits de l’Eglise, ni les prérogatives dont la Providence l’avait dotée, rien n’échappe à leurs attaques. On réduit presque à rien sa liberté d’action, et cela par des lois qui, en apparence, ne semblent pas trop oppressives, mais qui, en réalité, sont expressément faites pour enchaîner cette liberté. Au nombre des lois exceptionnelles faites contre le clergé, Nous signalerons particulièrement celles qui auraient pour résultat de diminuer notablement le nombre des ministres du sanctuaire et de réduire toujours davantage leurs moyens indispensables d’action et d’existence. Les restes des biens ecclésiastiques soumis à mille servitudes, sont placés sous la dépendance et le bon plaisir d’administrateurs civils. Les communautés religieuses sont supprimées ou dispersées.
A l’égard du Siège apostolique et du Pontife romain, l’inimitié de ces sectaires a redoublé d’intensité. Après avoir, sous de faux prétextes, dépouillé le pape de sa souveraineté temporelle, nécessaire garantie de sa liberté et de ses droits, ils l’ont réduit à une situation tout à la fois inique et intolérable, jusqu’à ce qu’enfin, en ces derniers temps, les fauteurs de ces sectes en soient arrivés au point qui était depuis longtemps le but de leur secret dessein : à savoir, de proclamer que le moment est venu de supprimer la puissance sacrée des Pontifes romains et de détruire entièrement cette Papauté qui est d’institution divine. Pour mettre hors de doute l’existence d’un tel plan, à défaut d’autres preuves, il suffirait d’invoquer le témoignage d’hommes qui ont appartenu à la secte et dont la plupart, soit dans le passé, soit à une époque plus récente, ont attesté comme certaine la volonté où sont les francs-maçons de poursuivre le catholicisme d’une inimitié exclusive et implacable, avec leur ferme résolution de ne s’arrêter qu’après avoir ruiné de fond en comble toutes les institutions religieuses établies par les Papes.
Deuxième principe de la FM : l’indifférentisme religieux.
Deuxième principe des FM : l’indifférentisme. C’est une conséquence du naturalisme et du rationalisme. L’indifférentisme postule pratiquement et propage l’idée que toutes les religions se valent, qu’il n’y en a pas une qui vaille plus qu’une autre. C’est ce qu’affirme Léon XIII sur la FM : « Que si tous les membres de la secte ne sont pas obligés d’adjurer explicitement le catholicisme, cette exception, loin de nuire au plan général de la franc-maçonnerie, sert plutôt ses intérêts. Elle lui permet d’abord de tromper plus facilement les personnes simples et sans défiance, et elle rend accessible à un plus grand nombre l’admission dans la secte. De plus, en ouvrant leurs rangs à des adeptes qui viennent à eux des religions les plus diverses, ils deviennent plus capables d’accréditer la grande erreur du temps présent, laquelle consiste à reléguer au rang des choses indifférentes le souci de la religion, et à mettre sur le pied de l’égalité toutes les formes religieuses. Or, à lui seul, ce principe suffit à ruiner toutes les religions, et particulièrement la religion catholique, car, étant la seule véritable, elle ne peut, sans subir la dernière des injures et des injustices, tolérer que les autres religions lui soient égalées. »
On ne peut mettre sur le même pied la vérité et l’erreur.
C’est ce principe de l’indifférentisme qui nous fait condamner les réunions religieuses telles celles d’Assise.
Troisième principe : négation de l’existence de Dieu et de l’immortalité de l’âme.
Troisième principe : la négation de l’existence de Dieu et de l’immortalité de l’âme, principe que commente le pape de la manière suivante :
« Les naturalistes vont encore plus loin. Audacieusement engagés dans la voie de l’erreur sur les plus importantes questions, ils sont entraînés et comme précipités par la logique jusqu’aux conséquences les plus extrêmes de leurs principes, soit à cause de la faiblesse de la nature humaine, soit par le juste châtiment dont Dieu frappe leur orgueil. Il suit de là qu’ils ne gardent même plus dans leur intégrité et dans leur certitude, les vérités accessibles à la seule lumière de la raison naturelle, telles que sont assurément l’existence de Dieu, la spiritualité et l’immortalité de l’âme. Emportée dans cette nouvelle voie d’erreur, la secte des francs-maçons n’a pas échappé à ces écueils. En effet, bien que, prise dans son ensemble, la secte fasse profession de croire à l’existence de Dieu, le témoignage de ses propres membres établit que cette croyance n’est pas, pour chacun d’eux individuellement, l’objet d’un assentiment ferme et d’une inébranlable certitude. Ils ne dissimulent pas que la question de Dieu est parmi eux une cause de grands dissentiments. Il est même avéré qu’il y a peu de temps, une sérieuse controverse s’est engagée entre eux à ce sujet. En fait, la secte laisse aux initiés liberté entière de se prononcer en tel ou tel sens, soit pour affirmer l’existence de Dieu, soit pour la nier; et ceux qui nient résolument ce dogme sont aussi bien reçus à l’initiation que ceux qui, d’une façon certaine, l’admettent encore, mais en le dénaturant, comme les panthéistes dont l’erreur consiste précisément, tout en retenant de l’Etre divin on ne sait quelles absurdes apparences, à faire disparaître ce qu’il y a d’essentiel dans la vérité de son existence. »
Ainsi ce n’est pas parce que les FM parlent du Grand architecte que cela signifie qu’ils croient à l’existence de Dieu. En définitive, pour eux, le Grand Architecte, ce sont les forces naturelles qui soutiennent l’existence du monde, mais cela signifie nullement un Dieu personnel qui a créé le monde, qui dirige et soutient le monde dans son existence. Pas du tout. C’est plutôt une espèce de panthéisme.
Et quand cette vérité de l’existence de Dieu chancèle, tout chancèle ; Il n’y a plus de vérités qui tiennent debout, même celles qui sont les plus nécessaires à la vie humaine. Léon XIII le reconnaît merveilleusement :
« Or, quand ce fondement nécessaire est détruit ou seulement ébranlé, il va de soi que les autres principes de l’ordre naturel chancellent dans la raison humaine et qu’elle ne sait plus à quoi s’en tenir, ni sur la création du monde par un acte libre et souverain du Créateur, ni sur le gouvernement de la Providence, ni sur la survivance de l’âme et de la réalité d’une vie future et immortelle succédant à la vie présente. L’effondrement des vérités, qui sont la base de l’ordre naturel et qui importent si fort à la conduite rationnelle et pratique de la vie, aura un contrecoup sur les mœurs privées et publiques. Passons sous silence ces vertus surnaturelles que, à moins d’un don spécial de Dieu, personne ne peut ni pratiquer ni acquérir; ces vertus dont il est impossible de trouver aucune trace chez ceux qui font profession d’ignorer dédaigneusement la rédemption du genre humain, la grâce des sacrements, le bonheur futur à conquérir dans le ciel. Nous parlons simplement des devoirs qui résultent des principes de l’honnêteté naturelle ».
« Un Dieu qui a créé le monde et qui le gouverne par sa Providence; une loi éternelle dont les prescriptions ordonnent de respecter l’ordre de la nature et défendent de le troubler; une fin dernière placée pour l’âme dans une région supérieure aux choses humaines et au-delà de cette hôtellerie terrestre; voilà les sources, voilà les principes de toute justice et honnêteté. Faites-les disparaître (c’est la prétention des naturalistes et des francs-maçons) et il sera impossible de savoir en quoi consiste la science du juste et de l’injuste ou sur quoi elle s’appuie. Quant à morale, la seule chose qui ait trouvé grâce devant les membres de la secte franc-maçonnique et dans laquelle ils veulent que la jeunesse soit instruite avec soin, c’est celle qu’ils appellent » morale civique « , » morale indépendante « , » morale libre « , en d’autres termes, morale qui ne fait aucune place aux idées religieuses. »
Conséquences désastreuse des principes maçonniques
Après avoir ainsi défini les principes qui sont ceux dela FM, Léon XIII en vient aux conséquences engendrées par ces principes : ce sont des résultats absolument déplorables
D’abord l’immoralité publique.
« Or, combien une telle morale est insuffisante, jusqu’à quel point elle manque de solidité et fléchit sous le souffle des passions, on le peut voir assez par les tristes résultats qu’elle a déjà donnés. Là en effet où, après avoir pris la place de la morale chrétienne, elle a commencé à régner avec plus de liberté, on a vu promptement dépérir la probité et l’intégrité des mœurs, grandir et se fortifier les opinions les plus monstrueuses, et l’audace des crimes partout déborde. Ces maux provoquent aujourd’hui des plaintes et des lamentations universelles, auxquelles font parfois échos bon nombre de ceux-là mêmes qui, bien malgré eux, sont contraints de rendre hommage à l’évidence de la vérité ».
Combien ce texte est actuel. Il aurait bien pu être écrit aujourd’hui…
Immoralité publique, conséquence de la négation du péché originel par la secte maçonnique.
En outre, la nature humaine ayant été violée par le péché originel, et à cause de cela, étant devenue beaucoup plus disposée au vice qu’à la vertu, l’honnêteté est absolument impossible si les mouvements désordonnés de l’âme ne sont pas réprimés et si les appétits n’obéissent pas à la raison. Dans ce conflit, il faut souvent mépriser les intérêts terrestres et se résoudre aux plus durs travaux et à la souffrance, pour que la raison victorieuse demeure en possession de sa principauté. Mais les naturalistes et les francs-maçons n’ajoutent aucune foi à la Révélation que Nous tenons de Dieu, nient que le père du genre humain ait péché et, par conséquent, que les forces du libre arbitre soient d’une façon » débilitées ou inclinées vers le mal « . Tout au contraire, ils exagèrent la puissance et l’excellence de la nature et, mettant uniquement en elle le principe et la règle de la justice, ils ne peuvent même pas concevoir la nécessité de faire de constants efforts et de déployer un très grand courage pour comprimer les révoltes de la nature et pour imposer silence à ses appétits.
Aussi voyons-nous multiplier et mettre à la portée de tous les hommes ce qui peut flatter leurs passions. Journaux et brochures d’où la réserve et la pudeur sont bannies; représentations théâtrales dont la licence passe les bornes; œuvres artistiques où s’étalent avec un cynisme révoltant les principes de ce qu’on appelle aujourd’hui le réalisme; inventions ingénieuses destinées à augmenter les délicatesses et les jouissances de la vie; en un mot, tout est mis en œuvre pour satisfaire l’amour du plaisir avec lequel finit par se mettre d’accord la vertu endormie ».
L’homme se trouve ainsi soumis à l’esclavage des passions, à tout ce qu’on appelle aujourd’hui la société de consommation. Comment définir cette société de consommation sinon en disant qu’elle s’engage à mettre le plus de biens matériels possibles à la disposition des hommes et donc à les pousser à la jouissance, à l’argent, à profiter de tout, à tout acheter.
Si encore il ne s’agissait que de mettre à la disposition des hommes des biens honnêtes, mais ce n’est pas le cas, les choses malhonnêtes y trouvent la même place que celles qui sont honnêtes. En définitive, tout est fait pour encourager le péché. Ne nous étonnons pas de voir cette société et ses membres qui vivent selon ses principes vers le suicide, vers son anéantissement.
On ne tient compte ni du péché originel, ni de la vertu, ni de la spiritualité de l’âme, ni de tout ce qui est spirituel et qui devrait prévaloir sur les biens matériels. Non. L’homme n’est plus qu’un corps et un objet de consommation. Il faut le faire consommer le plus possible pour gagner le plus possible d’argent et lui donner le plus de facilités qui le conduisent au péché.
« Assurément ceux-là sont coupables mais, en même temps, ils sont conséquents avec eux-mêmes qui, supprimant l’espérance des biens futurs, abaissent la félicité au niveau des choses périssables, plus bas même que les horizons terrestres. A l’appui de ces assertions, il serait facile de produire des faits certains bien qu’en apparence, incroyables. Personne en effet, n’obéissant avec autant de servilité à ces habiles et rusés personnages que ceux dont le courage s’est énervé et brisé dans l’esclavage des passions, il s’est trouvé dans la franc-maçonnerie des sectaires pour soutenir qu’il fallait systématiquement employer tous les moyens de saturer la multitude de licences et de vices, bien assurés qu’à ces conditions, elle serait tout entière entre leurs mains et pourrait servir d’instrument à l’accomplissement de leurs projets les plus audacieux »
Cette constatation est très juste. Elle correspond à la finalité recherchée par le « Protocole des sages de Sion ».
La « carnalisation » du genre humain, c’est aussi le but du judaïsme.
Cf. le judaïsme au risque de l’histoire, de J. Mainvielle.
La destruction de la famille par la destruction du mariage.
Après l’étude des principes de la maçonnerie et des résultats déplorables qui résultent de leur application pour la vie spirituelle, pour la morale individuelle et publique et avoir dénoncé aussi la criminalité, l’esclavage des passions complètement déchaînées, Léon XIII aborde la question de la destruction de la famille.
Il faut tout d’abord reconnaître que le développement de la corruption morale est pour le FM, l’un des moyens les plus efficaces pour parvenir à la destruction de la famille.
L’argument de la FM pour encourager le divorce.
Le mariage est, disent-il, un contrat entre deux personnes libres. Il peut être dissout, comme tout contrat, par libre consentement.
Ils oublient cependant de reconnaître que si le mariage est un contrat dépendant pour être contracté de la volonté libre de deux personnes libres, les clauses de ce contrat ne dépendent pas de la liberté des contractants. Il jouit de lois voulues et imposées par Dieu. Si le mariage est véritablement un contrat, il n’est libre que sur le choix des personnes, pas sur les conditions dans lesquelles il a été conclu. Ces conditions dépendent directement de Dieu, l’auteur de la nature humaine et du mariage humain. C’est Dieu lui-même qui dans la nature a posé les conditions du contrat. Les hommes ne sont pas obligés de faire ce contrat. Mais dès lors qu’ils le font, ils ne peuvent pas le détruire, parce que les conditions dans lesquelles il a été établi manifestent qu’il ne peut pas être rompu. Ce contrat est définitif jusqu’à la mort des conjoints. La famille est faite pour la procréation, pour multiplier l’espèce humaine. Donc les parents ne peuvent pas à leur gré rompre ce contrat, rupture qui laisserait les enfants dans l’abandon. C’est ce que nous voyons depuis la législation du divorce. C’est pourquoi l’Eglise professe l’indissolubilité du mariage. On ne peut pas rompre le lien. Dieu a institué le mariage et en a indiqué les conditions, le but. C’est Lui-même l’auteur de la nature qui a conçu le mariage et son but. Et en raison du but du mariage, qui est précisément la procréation et l’éducation des enfants, le contrat est indissoluble, parce que les enfants ont besoin de leurs parents, de la stabilité de leur union, de la continuité de la famille pour être élevés convenablement.
Mais les FM ont une toute autre conception : pour eux le mariage est un contrat comme un autre, « qui peut être donc légitimement dissous à la volonté des contractants ». Et c’est sous la pression dela FMque le divorce s’est étendue dans tous les pays, aujourd’hui. Cela est l’œuvre de la FM.
« Relativement à la société domestique, voici à quoi se résume l’enseignement des naturalistes. Le mariage n’est qu’une variété de l’espèce des contrats, disent les FM; il peut donc être légitimement dissout à la volonté des contractants. Les chefs du gouvernement ont puissance sur le lien conjugal. Dans l’éducation des enfants, il n’y a rien à leur enseigner méthodiquement, ni à leur prescrire en fait de religion. C’est affaire à chacun d’eux, lorsqu’ils seront en âge, de choisir la religion qui leur plaira. Or, non seulement les francs-maçons adhèrent entièrement à ces principes, mais ils s’appliquent à les faire passer dans les mœurs et dans les institutions. Déjà, dans beaucoup de pays, même catholiques, il est établi qu’en dehors du mariage civil, il n’y a pas d’union légitime. Ailleurs, la loi autorise le divorce que d’autres peuples s’apprêtent à introduire dans leur législation, le plus tôt possible. Toutes ces mesures hâtent la réalisation prochaine du projet de changer l’essence du mariage et de le réduire à n’être plus qu’une union instable, éphémère, née du caprice d’un instant et pouvant être dissoute quand ce caprice changera. »
Vous pouvez être sur que le développement du « pacs » a pour but également la destruction du mariage chrétien, stable et définitif. C’est aussi l’œuvre dela FM
S’emparer de l’éducation de la jeunesse.
Mais cela ne suffit pas,la FMveut aussi se saisir de l’éduction de la jeunesse.
« La secte concentre aussi toutes ses énergies, nous dit Léon XIII, et tous ses efforts pour s’emparer de l’éducation de la jeunesse ».
Des organismes comme l’UNESCO, soi-disant fait pour répandre l’enseignement dans le monde entier et lutter contre l’analphabétisme, sont en réalité dirigés par la maçonnerie pour répandre l’éducation laïque et athée dans le monde entier, sous le fallacieux prétexte de permettre à tous les hommes d’accéder à la culture.
Mgr Lefebvre donne l’exemple qu’il connut en Afrique : cf. p 98.
Développer cette idée de l’UNESCO : voir le livre d’Epiphnaius.
C’est l’affirmation de Léon XIII : « Les francs-maçons espèrent qu’ils pourront aisément former d’après leurs idées cet âge si tendre et en plier la flexibilité dans le sens qu’ils voudront, rien ne devant être plus efficace pour préparer à la société civile, une race de citoyens telle qu’ils rêvent de la lui donner. C’est pour cela que, dans l’éducation et l’instruction des enfants, ils ne veulent tolérer les ministres de l’Eglise, ni comme surveillants, ni comme professeurs. Déjà, dans plusieurs pays, ils ont réussi à faire confier exclusivement à des laïques l’éducation de la jeunesse, aussi bien qu’à proscrire totalement de l’enseignement de la morale, les grands et saints devoirs qui unissent l’homme à Dieu. »
Il faudrait parler ici de la législation de 1958 en France, de la loi Debré..
Et du nouveau contrat entre l’Etat et l’Eglise en Italie. Cf, ce que dit Mgr Lefebvre p. 99-100.
Les droits de l’homme ou la « démocratie maçonnique »
Tous les hommes seraient, pour la FM, égaux.
« Viennent ensuite les dogmes de la science politique. Voici quelles sont en cette matière les thèses des naturalistes : » Les hommes sont égaux en droit; tous, à tous les points de vue, sont d’égale condition ».
C’est le premier article des droits de l’homme : tous les hommes sont égaux.
Ils sont égaux quant à la nature commune à tous, la nature humaine et dans leur relation à Dieu. Mais ils ne sont pas tous égaux par les dons naturels, ni par conséquent par leur rôle dans la société. C’est ridicule de dire que tous les hommes sont égaux. Nous n’avons pas les mêmes qualités, ni la même intelligence, ni la même force physique. Les uns sont très habiles de leurs mains, les autres ne savent rien faire de leurs mains. Les uns sont très intelligents, les autres moins. Nous sommes tous inégaux et le Bon Dieu a voulu cette inégalité, ces différences pour que nous nous complétions et que nous nous aidions les uns les autres. C’est cela la société.
Le pape analyse un autre principe très maçonnique, et faux : la liberté sociale naturelle de l’homme. En cette liberté sociale, se fonde la société démocratique maçonnique : « Etant tous libres par nature, aucun d’eux n’a le droit de commander à un de ses semblables et c’est faire violence aux hommes que de prétendre les soumettre à une autorité quelconque, à moins que cette autorité ne procède d’eux-mêmes ».
C’est le principe du système démocratique moderne : la souveraineté populaire. L’autorité réside dans le peuple. Et c’est le peuple qui confère l’autorité à un autre. Mais personne n’a par lui-même le droit de commander à un autre. C’est le peuple qui délègue l’autorité et qui la constitue. L’autorité vient du peuple.
C’est très faux. L’autorité vient de Dieu, peu importe le moyen par lequel elle est constituée, par vote, élection ou tout autre moyen. Par exemple, l’autorité du père de famille, c’est une autorité naturelle qui est conférée par la nature. Ce n’est point les enfants qui confèrent l’autorité au père. Cette conception de l’autorité est complètement fausse.
Cf. Les explications de Charles Maurras. « Mes ides politiques ».
« Tout pouvoir est dans le peuple libre; ceux qui exercent le commandement n’en sont les détenteurs que par le mandat ou par la concession du peuple, de telle sorte que si la volonté populaire change, il faut dépouiller de leur autorité les chefs de l’Etat, même malgré eux. La source de tous les droits et de toutes les fonctions civiles réside, soit dans la multitude, soit dans le pouvoir qui régit l’Etat, mais quand il a été constitué d’après les nouveaux principes »
Tout cela est archifaux. Cf ; l’article excellent de Marcel de Cortes sur les deux démocraties de Marcel de Corte.
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LES DEUX DÉMOCRATIES[1]
Jean Madiran nous explique, dans son nouveau livre intitulé Les Deux Démocraties[2] comment le système démocratique moderne, né dela Révolution française, a vidé la démocratie de son contenu propre, pour lui substituer des propriétés entièrement nouvelles, aujourd’hui tellement accréditées dans l’opinion publique qu’elles semblent aller de soi et se passer de tout examen.
La démocratie classique
On sait en effet que la démocratie est un des régimes politiques qui, à côté de l’aristocratie et de la monarchie, et parfois mélangée avec elles selon certaines proportions et à un certain niveau, sont considérés par les philosophes et par les historiens jusqu’au XVIIIe siècle comme remplissant les conditions pour être reçus en justice et comme « valables » selon les temps, les lieux, la coutume, les nécessités de la vie en commun, etc… au regard de la raison critique et de l’expérience.
Cette démocratie, qu’on peut appeler classique, est simplement un mode de désignation des gouvernants par les gouvernés : « elle consiste à n’avoir dans la cité aucune autorité politique dont le titulaire ne soit directement ou indirectement désigné, pour un temps limité, par les citoyens qui sont tous électeurs. »
Apparemment, la définition de la démocratie classique et la définition de la démocratie moderne se recouvrent mot pour mot, concept, pour concept, réalité pour réalité. Et pourtant il n’en est rien. Elles diffèrent au point de s’exclure.
En premier lieu, pour la démocratie moderne, « la désignation des gouvernants par les gouvernés est réputée le seul mode de désignation qui soit juste. » Tous les autres régimes sont injustes, immoraux, pervers. Démocratie et justice politique coïncident. Voilà le sens que donne la FM au mot démocratie.
En second lieu, la désignation des gouvernants par les gouvernés est le seul mode de désignation qui soit fondé en droit, consacré par la loi. Si le principe de toute souveraineté réside dans la nation et si la loi est et ne peut être que l’expression de la volonté générale comme le veut la démocratie moderne, ce régime est le seul qui puisse être légitime.
En troisième lieu, le pouvoir du peuple en démocratie moderne est, en droit, illimité. C’est ce que suppose la FM. Puisque le seul droit digne de ce nom émane du peuple, le délégué du pouvoir que le peuple désigne possède tous les droits. Le Parlement anglais, disait-on au siècle dernier – avant que la biologie ait infirmé cette exception – possède tous les droits, sauf celui de changer un homme en femme. Les sociétés naturelles, telles que la famille, l’entreprise, la profession, n’ont donc aucun droit. Si elles subsistent – précairement – aujourd’hui, c’est dans la mesure où la démocratie n’a pas encore assez de force et de crédibilité auprès des gouvernés pour les détruire entièrement.
En quatrième lieu, la loi étant l’expression de la volonté générale que rien ne borne, elle n’est plus, comme elle l’était encore voici deux siècles, l’expression d’une réalité supérieure à tout être humain, lequel doit s’incliner devant sa primauté objective et se soumettre à ses injonctions, à savoir le Bien Commun, l’union, la concorde, l’entente des citoyens entre eux, le respect de la loi naturelle que l’homme connaît par la lumière naturelle de son intelligence, par exemple : « Tu ne tueras pas l’enfant dans le sein de sa mère ». Les gouvernés peuvent communiquer aux gouvernants aujourd’hui la conviction qu’il ne faut pas sévir contre le désordre, la division, la gabegie, l’anarchie, etc… La volonté du législateur ne se surajoute plus à la suprématie du Bien commun pour la réaliser dans les faits, pour la traduire et la codifier conformément à cette loi de la [8] nature qui régit toute société. Elle est totale et fondée sur le seul droit positif qu’elle peut modifier à son gré jusqu’à se soumettre toute l’organisation sociale, économique et religieuse des gouvernés qui leur ont donné quitus sur ce point. Entre la démocratie libérale et la démocratie socialiste, marxiste, communiste, populaire, il n’y a donc pas et il ne peut y avoir de différence de nature, mais seulement de degré, la seconde étant logiquement et réellement la conséquence de la première.
« Le communisme est la logique vivante de la démocratie» notait déjà Balzac. Il n’est point de démocratie libérale qui ne vire vers le socialisme de type marxiste, lequel a éliminé toutes les autres formes de socialisme par sa cohérence et par son intolérance à toute contradiction interne.
En cinquième lieu, la démocratie moderne ne se fondant plus sur la loi naturelle et, en définitive, sur le Décalogue qui en est la plus parfaite expression, se déclare radicalement laïque. C’est ce qu’affirme la FM. Mais ici, dans cette analyse, nous en avons le principe, la raison. La loi de la démocratie n’est plus suspendue à Dieu – qu’il s’agisse du Dieu que notre intelligence atteint comme Créateur ou du Dieu dela Révélation -, elle est, répétons-le sans lassitude, l’expression de la volonté générale, c’est-à-dire de la seule volonté des hommes.
C’est une « date terrible dans l’histoire du monde », commente écrit justement Madiran, que celle « où les hommes ont décidé de se donner à eux-mêmes leur loi, cette date où ils ont décliné au pluriel le péché originel » dont nous savons par la Genèse(III, 5) qu’il consiste dans la connaissance du bien et du mal, dans l’imprescriptible pouvoir que l’homme, devenu semblable à Dieu, se donne désormais « de se déterminer par soi-même et pour soi-même ce qui est bon ou ce qui est mal de faire. »[3] (3) Depuis qu’elle s’est déclarée le seul mode de désignation des gouvernants par les gouvernés, la démocratie n’est pas seulement « en état de péché mortel », elle est irrémédiablement corrompue par un avatar du péché originel dont aucune grâce divine ne peut la blanchir. A la question : « Dieu existe-t-il ? » elle ne peut que répondre : « Dieu n’existe pas. » Les démocraties anglo-saxonnes elles-mêmes qui invoquent le nom de Dieu dans leurs constitutions, sont entraînées, par un courant irrésistible, vers un athéisme pratique qui sape leurs prétendues assises et débilite leur capacité de résistance à toute agression.
[9] En sixième et dernier lieu, la tentative de christianiser la démocratie moderne est vouée inéluctablement à l’échec puisque le propre de la démocratie moderne est de séparer radicalement l’État de la religion. La démocratie chrétienne est un rond-carré, au sens moderne du mot démocratie, le seul qui parle encore aux esprits. Comment christianiser un régime qui se refuse à doute transcendance autre que celle qu’il se confère à lui-même ? La laïcisation de la démocratie ne repose pas sur la distinction – qui n’est point opposition – entre la nature (le politique, le social) et la grâce (le christianisme), mais sur leur exclusion mutuelle. Le triomphe du laïcisme est complet. Ce laïcisme est admis et admiré par hiérarchie dans les vésanies de Gaudium et Spes, dans le reniement des proclamations les plus expresses de l’Église depuis vingt siècles opéré dansla Déclaration vaticane sur la liberté religieuse, dans le refus du Concile de condamner les idoles siamoises de notre temps : le libéralisme et le communisme, instillé à ses membres par Paul VI l’autodémocrate. Depuis Vatican II, on peut même parler d’un néofétichisme de l’Église à l’égard de ces deux aspects inséparables de la démocratie.
Jean Madiran a une myriade de fois raison de constater que, depuis le XVIIIe siècle, surtout en France, « l’Église s’est empressée d’être présente dans la société démocratique, non point à ses propres conditions, mais presque toujours aux conditions de la démocratie moderne ». C’est la seule façon, prétend-elle, de se rendre « crédible », comme elle dit en son jargon, aux yeux de masses envoûtées par les formes molles ou dures de la démocratie ! Aussi voyons-nous le pape et le dernier vicaire, le dernier moinillon, la plus grande partie du clergé contemporain célébrer à tout venant les mérites incomparables de la démocratie libérale et communiste, et même proclamer que ce régime a sa source dans l’Évangile. Les évêques démocrates n’avaient-ils pas déjà obtenu, au siècle dernier, de Léon XIII l’autorisation d’user de l’expression « démocratie chrétienne », au sens « d’une bienfaisante action chrétienne parmi le peuple », ce qui permettait n’importe quelle interprétation ? N’avaient-ils pas proclamé qu’en avalant le mot, le pape avalait la chose ? C’est aujourd’hui chose faite. Paul VI n’en ressent aucun trouble, mais l’Église elle-même souffre, en son centre nourricier surnaturel, d’un cancer humainement incurable, selon l’aveu d’un des clercs les plus férus de démocratie, le cardinal Liénard, peu de temps avant sa mort.
[10] Il n’est donc point surprenant que la politique du Ralliement imposée dictatorialement par Léon XIII aux catholiques français soit la plaque tournante principale – si l’on me passe cette métaphore mécanique en l’occurrence – sur laquelle s’est opéré au cours du vingtième siècle le grand virage de l’Église vers un système politique qui en est la négation et qui substitue « les droits de l’homme » aux droits de Dieu. Toute la religion et toute la politique de Paul VI – inextricablement mêlées l’une à l’autre – est qu’il faut songer à l’homme avant de songer à Dieu.
Il faut lire les pages d’une lucidité et d’une précision non pareille où Jean Madiran montre qu’en même temps Léon XIII ordonnait aux catholiques de se rallier àla République, incarnation de la démocratie moderne, pour y combattre, semblait-il, de l’intérieur les funestes conséquences que ses prédécesseurs avaient déjà condamnées, et empêchait cette lutte nécessaire « par ses directives pratiques et par le choix des hommes qu’il soutenait ou qu’il écartait ». D’irréfutables textes où « la doctrine est réduite à la simple fonction de clause de style », en donnent la preuve.
Cette politique du double-jeu inaugure officiellement un comportement qui va devenir « classique » en quelque sorte dans l’Église contemporaine – sauf sous le pontificat de Pie XII, bien analysé par Madiran -, et qui consiste, selon l’expression du R.P. Calmel à « démentir dans le gouvernement de l’Église l’enseignement de l’Église ».
Paul VI a porté ce principe à un point de perfection inégalé. Comme Léon XIII, il professe – le plus souvent – la doctrine traditionnelle de la foi. Sous cette couverture illusoire, il ambitionne non seulement de réconcilier en pratique et au plan des faits l’Église et le monde moderne que la démocratie a pourtant imprégné d’athéisme jusqu’aux moelles, mais encore de tirer de ces activités visant à des résultats concrets une nouvelle mentalité, une nouvelle doctrine, un nouvel enseignement, différents dela Tradition. C’est le tête-à-queue qu’il opère. C’est le renversement copernicien qu’il accomplit avec un zèle sans défaillance. Comme Kant a « modernisé » la philosophie, Paul VI « modernise » l’Église, avec le même résultat : le triomphe du subjectivisme.
[11] L’ordre qu’il a si souvent intimé aux catholiques de rallier « le monde » et d’adopter une « mentalité nouvelle » en est la preuve. Si l’on définit, avec le dictionnaire, la mentalité comme « l’ensemble des croyances et des habitudes d’esprit qui informent et commandent la pensée d’une collectivité, et communes à chaque membre de cette collectivité », le catholique et l’Église sont ainsi subrepticement priés de ne plus conformer leurs pensées et leurs conduites aux réalités naturelles et surnaturelles qui les transcendent, ainsi qu’ils l’ont toujours fait. Il ne reste plus alors au catholique et à l’Église que de conformer leurs croyances et leurs habitudes d’esprit à celles du monde dans lequel ils se trouvent actuellement, et dont le principe est la nouvelle démocratie, le régime nouveau où rien ne dépend de la nature et de Dieu, où tout est suspendu à la seule volonté de l’homme. Désormais le pouvoir, sous toutes ses formes, ne vient plus de Dieu. Il vient de l’Homme : Omnis Potestas ab Homine.
Et c’est au service de l’homme, de l’homme moderne bien sûr, macéré dans la démocratie moderne, que l’Église se met sans réticence :
« L’Église accepte, reconnaît et sert le monde TEL QU’IL SE PRÉSENTE AUJOURD’HUI. Elle ne regrette pas les formules de synthèse Église-monde du passé »[4]. « L’Église croit très fermement que la promotion des Droits de l’Homme est une requête de I’Évangile et qu’elle doit occuper une place CENTRALE dans son ministère. »[5] « Avec la force de proclamer la Bonne Nouvelle, nous affirmons notre propre détermination de promouvoir les Droits de l’Homme partout dans l’Église et dans le monde d’aujourd’hui ».[6] « Se plaçant à l’avant-garde de l’action sociale, elle doit tendre tous ses efforts pour appuyer, encourager, pousser les initiatives qui travaillent à la promotion intégrale de l’Homme ».[7] La Constitution « sur l’Église dans le monde de ce temps », formulera de façon lapidaire la revendication de l’homo democraticus moderne : « Tout sur terre doit être ordonné à l’homme comme à son centre et à son sommet ».[8] On sait [12] que la majorité des Pères repoussa la proposition faite par la minorité d’ajouter à ce texte pour le moins ahurissant la clausule suivante : « et, par l’homme, à Dieu ». C’est EXACTEMENT la position de la démocratie moderne qui sépare les « Droits de d’Homme » de ses devoirs envers Dieu. C’est EXACTEMENT le contraire de la Parole inspirée du Psalmiste : « C’est Dieu qui nous a faits et nous lui appartenons ». C’est EXACTEMENT le contraire du propos définitif que Saint Paul nous adresse : « Vous n’êtes pas à vous-mêmes ».
« Que veut dire démocratie ? », clame Paul VI aux habitants de Tondo, bidonville de la banlieue romaine, et il répond pour eux : « Cela veut dire que le peuple commande, que le pouvoir vient du nombre, de la population TELLE QU’ELLE EST. Si nous sommes conscients d’un progrès social dans le monde – la suite du meeting le caractérise et le légitime comme une revendication d’égalité -, il faut organiser notre démocratie sur les principes de l’Évangile et du droit naturel », autrement dit : il faut christianiser la démocratie « TELLE QU’ELLE EST » à l’époque moderne[9].
Entreprise fantastique, impossible, irréelle. Car enfin, comme le note Jean Madiran, si la doctrine chrétienne de tous les papes antérieurs à Paul VI admet la démocratie en tant que régime où le peuple désigne ses gouvernants, la même doctrine la refuse en tant que régime « où le peuple commande », et en tant que système légitimé par le principe moderne selon lequel « le pouvoir provient du nombre ».
C’est bien là un enseignement, un magistère NOUVEAU, issu d’une « mentalité nouvelle » et d’une pratique pastorale sans précédent chez les papes[10] (10), enseignement opposé à angle droit à l’enseignement traditionnel, réitéré, immuable de l’Église.
Méditons maintenant sur cette contradiction que d’analyse aiguë et brillante de Madiran met en relief. Elle aboutit à son terme inéluctable, sous nos yeux, si nous savons les ouvrir :
[13] la christianisation de la démocratie (du monde moderne en tant que tel, sans réforme préalable de celui-ci) engendre la démocratisation du christianisme et de l’Eglise cathodique qui en a la garde, sa sécularisation, sa politisation fiévreuse, endémique, plus brièvement sa « protestantisation » . L’Église catholique, après avoir longtemps endiguéla Réforme, se laisse sombrer, corps et biens, dansla Réforme.
Comment un tel désordre a-t-il pu se produire ? Quelle est la cause ? Je répéterai jusqu’à mon dernier souffle – avec saint Pie X – qu’il faut la chercher et la trouver, non point à l’extérieur du Christianisme, ainsi qu’on le fait à l’ordinaire, mais en son intérieur même, dans le virus mortel que la foi chrétienne secrète en l’âme humaine LORSQU’ELLE SE DÉSAXE DE SON OBJET PROPRE : LE SURNATUREL révélé, exposé, garanti et gardé immuablement par l’Église attachée – jusqu’à l’iota même – à la mission que Jésus-Christ lui a confiée : depositum custodi. Ce poison n’est autre que la démocratie moderne et le culte de l’Homme qui en est le synonyme.
Le christianisme, en effet, n’est pas, comme le judaïsme, une religion du salut collectif. Il est essentiellement une religion du salut personnel que le Christ « monté aux cieux et assis à la droite du Père tout-puissant » a remis à l’Église qu’Il a fondée. L’Église seule peut assurer le salut des âmes, lesquelles sont toujours individuelles : Extra Ecclesiam nulle salus, hors de l’Église gardienne de la foi et dispensatrice des sacrements, point de salut. Le cantique de notre enfance dit juste : « Je n’ai qu’une âme, qu’il faut sauver ».
L’Église est donc une société, une société surnaturelle, composée strictement de personnes. Elle est la seule société qui puisse rassembler des personnes qui, en tant que telles, sont incommunicables : ce qui m’est personnel au plus haut degré, mon être, mon essence d’homme incarné, mon existence, ma vie, je ne puis les communiquer comme tels à aucune autre personne, à peine de n’être plus moi-même une personne, à peine de n’être plus rien.
L’Église, elle, peut rassembler ces personnes parce que Dieu, par Sa grâce, pénètre au plus profond, à la racine de chacune d’elles et, par Sa Médiation, les fait communiquer entre elles par Lui, avec Lui, en Lui, en Son Corps Mystique dont l’Église une, sainte, catholique et apostolique est l’expression institutionnelle et visible.
Le propre du christianisme est non seulement de révéler la personne [14] à elle-même, mais de lui apprendre qu’elle n’appartient pas à elle-même : elle n’appartient qu’à Dieu, au Dieu Créateur et Rédempteur de son être le plus intime en sa totalité.
C’est pourquoi le refus de la personne d’être à Dieu, au sens plénier du verbe être, est le péché mortel par excellence qui provoque la mort surnaturelle de la personne : il n’en reste plus qu’un cadavre, en quelque sorte, encore pourvu d’intelligence et de volonté, une personne rabattue sur elle-même, ne dépendant que d’elle-même, un moi, « centre et sommet » de l’univers, un sujet insulaire qui se donne lui-même ses propres Lois. La démocratie moderne est née de cette sécularisation du christianisme et de la promotion de la personne libre, autonome, mise sur un pied d’égalité avec les autres personnes (un homme, une voix) et verbalement revêtue d’une sordide « fraternité » à leur égard, que prouvent éloquemment des partis qui déchirent la société et le parti unique qui opprime tous les autres.
La démocratie moderne est le résultat de la transposition du Corps Mystique du Christ sur un plan qui n’est même plus naturel, puisqu’elle en est la caricature.
L’opération est d’une grande simplicité : la démocratie moderne dépouille le christianisme de son caractère sacré, vénérable, transcendant, surnaturel, pour s’en revêtir à son tour. Elle proclame que l’homme est sa propre transcendance. Comme il est trop manifeste qu’il n’en est rien, elle en reporte la réalisation dans l’avenir et fabrique de toutes pièces le mythe du progrès continu, par abolition des aliénations que le Moi subit en son existence terrestre. Elle exige, comme Rousseau l’avait remarqué, « un peuple de dieux ». Elle fait de « la conscience humaine, toujours personnelle, la plus haute divinité, celle qui ne souffre pas de rivale », comme Marx l’assurait. Elle est, comme Michelet se la représente, « l’Héritière et l’adversaire du christianisme ».
Les clercs qui ne croient plus au Diable parce que le Diable les possède et ne fait plus qu’un avec eux, se moquent de Joseph de Maistre qui déclarait satanique la Révolution française. Il n’est pas d’autre épithète pour la qualifier en son essence. Il suffit de contempler l’effroyable dissolution des mœurs qui sévit dans les démocraties libérales et les Goulags des démocraties « populaires » pour en être convaincu : en [15] matière sociale, la dissolution des tissus précède la rigidité cadavérique et la mort.
Car la société, prise en son sens exact de groupement d’êtres humains qui la réalisent par leur union en obéissant à l’impulsion de leur nature « d’animaux politiques » faits pour vivre dans une cité, leur fin suprême ici-bas, est en train de s’effondrer, à tous ses niveaux, sous les coups de boutoir d’un individualisme – ou d’un personnalisme, c’est chou vert et vert chou – issu d’un christianisme désurnaturalisé, projeté dans les communautés humaines tutélaires – familles, entreprises, petites et grandes patries – qu’il pulvérise. Toutes les législations modernes vont dans le sens d’une atomisation de la vie sociale qui s’accentue de plus en plus, et d’une étatisation consécutive où la personne, dégringolée de la position éminente qu’elle occupait dans la religion chrétienne, ne sera bientôt plus qu’un insecte dans une définitive fourmilière. Le christianisme vidé de sa substance surnaturelle stérilise la nature sociale de l’homme et la dessèche en égoïsme individuel et collectif. Le christianisme surnaturel unit les personnes, le christianisme sans surnaturel les sépare et, comme il faut tout de même « vivre ensemble », il les rassemble dans un État tentaculaire qui les opprime. Le christianisme dégénéré qui est la religion séculière et « humaniste » du vingtième siècle est à l’origine d’une immense dissociété que des échafaudages serrés maintiennent précairement. La seule cause de l’énorme crise de civilisation qui nous affecte est là : dans le second commandement SORTI DE L’ORBITE DU PREMIER qui lui communiquait sa force et sa vie, et transformé en amour abstrait de l’humanité, en culte de l’Homme générique, comme Marx le qualifie en s’accusant ainsi lui-même.
La démocratie moderne née d’un christianisme dégénéré est en fait une religion. Tous ses rites et son sacrement principal : le suffrage universel pur et simple, sont centrés sur le culte de l’Homme, sur la prodigieuse adulation dont l’électeur est l’objet, sur des promesses paradisiaques qu’on lui fait, sur les pouvoirs sans restrictions que chaque individu détient lorsqu’il pratique la liturgie électorale.
« La démocratie est aujourd’hui une philosophie, une manière de vivre, une RELIGION », et cette religion démocratique organise la puissance gouvernementale de manière à assurer aux hommes, non seulement la jouissance des libertés qui lui [16] sont actuellement accordées, mais encore à leur promettre des aménagements des rapports sociaux qui leur permettront de jouir de libertés qu’ils n’ont pas encore. Elle est « l’instrument de création d’un monde neuf qui verra leur libération complète ».[11]
Elle est une hérésie chrétienne parce qu’elle transfère de Dieu à l’homme l’attribut de la souveraineté absolue, parce qu’elle nie conséquemment la primauté du surnaturel, et parce qu’elle prétend étendre à toute la planète un état universel de « bonheur » qui ne saurait être conçu, mérité, et réalisé que par la grâce de Dieu agissant par l’intermédiaire de son Église. Elle singe l’Église catholique par son universalisme.
Toute société terrestre (et par suite la politique qui y correspond) est en effet limitée dans l’espace. Elle est limitée dans l’espace parce que le gigantisme est une anomalie, une monstruosité de la nature. Une société vivante présuppose un ensemble fini d’organes et de membres reliés entre eux comme par une amitié réciproque, par une synergie mutuelle et par la résistance qu’ils offrent à l’introduction de corps étrangers qui affaiblissent leur cohésion. Si nous admettons les distinctions fondamentales du bien et du mal dans l’ordre moral personnel, du beau et du laid dans l’ordre esthétique, de l’utile et du nuisible dans l’ordre économique, il faut ajouter, avec Carl Schmitt et avec toute l’histoire, que la distinction de l’ami et de l’ennemi (interne ou externe) domine tout l’ordre politique et social, en ce sens qu’elle exprime le degré extrême d’union dans la réalisation d’un bien commun qui fonde et maintient une société en vie, et le degré extrême de désunion qui la tue.
Cette différence nous permet de saisir l’essence même du social et du politique, car « l’ennemi politique n’est pas nécessairement mauvais dans l’ordre de la moralité privée, ni laid dans l’ordre esthétique, il ne joue pas forcément le rôle d’un concurrent au niveau de l’économie ». Les Anciens avaient du reste deux mots pour distinguer l’ennemi privé de l’ennemi public: ekhthros et polemios en grec, inimicus et hostis en latin. L’impératif catégorique du Christ: Diligite inimicos vestros, aimez vos ennemis, concerne toujours l’être singulier qui me déteste et non point le citoyen qu’un autre pays avec lequel [17] mon pays serait en guerre. De même, le commandement d’aimer le prochain regarde toujours l’être singulier que le destin de l’existence (parent, ami) oula Providence (le blessé au bord de la route que rencontre le bon samaritain) placent auprès de moi.
Nulle part dans l’Évangile, le lecteur ne rencontre le mot polemios ou hostis, l’ennemi public. L’Évangile ne se préoccupe que des relations personnelles que l’homme porteur d’un nom propre noue avec les Trois Personnes divines ou avec son prochain porteur d’un nom propre. « Rendez à César ce qui est à César », ce qui n’est jamais un culte universel, mais une piété, comme l’écrit Saint Thomas, enversla Patrielimitée, et limitée comme elle, et « rendez à Dieu ce qui est à Dieu », une allégeance absolue et universelle.
C’est pourquoi les sociétés humaines et leurs politiques respectives sont bornées les unes par les autres. Il ne peut y avoir de société humaine universelle : chaque société se trouve en présence de sociétés étrangères. La société est toujours au pluriel. L’Église seule est une et unique parce qu’elle embrasse l’ensemble des fidèles pris un à un indépendamment de leurs familles, de leurs pays, de leurs races, et qu’elle n’a de cesse que de rassembler tous les hommes pris un à un dans le Corps Mystique du Christ qui n’a point de frontière parce qu’il est surnaturel.
Le drame, le drame sanglant de la démocratie moderne est de se vouloir planétaire. Elle veut non seulement, comme l’Église, ne pas tenir compte des différences qui existent entre les sociétés et les nations, mais encore les abolir. En instituant chaque personne comme un Absolu en vertu d’une « dignité » qu’elle ne tiendrait que d’elle-même, en dépouillant chacune d’elles de la protection de ses communautés naturelles, elle les recueille une à une en son sein gigantesque. La démocratie libérale veut s’étendre au monde entier. « L’Internationale sera le genre humain ». Voyez Carter et Brejnev. « En dépit des lois salutaires de gradation qui pénètrent tout l’univers, des efforts insensés furent faits – sont faits et seront encore faits – pour établir une démocratie universelle. »[12] Depuis le siècle des Lumières et la Révolution de 89 jusqu’à nos jours en passant [18] par des deux guerres mondiales exterminatrices, l’effort, toujours avorté, est toujours repris. Son irruption volcanique peut reprendre en n’importe quel point du monde.
Et c’est au moment où la démocratie moderne plagie l’Église et aspire à d’éliminer en sécularisant sa destinée divine que les gens d’Église, de la base au sommet, s’ouvrent à cette escroquerie et la bénissent !
Falsification, duperie, charlatanisme, attrape-nigaud, ce n’est pas assez dire. La démocratie moderne ne peut évacuer l’Église et la remplacer réellement parce qu’elle ne peut être qu’un phénomène mental incapable de s’incarner dans l’existence. Le propre de la démocratie moderne est de n’exister qu’au titre d’illusion dans les esprits qui ont conservé, du christianisme le parfum du vase vide, transformé par l’alchimie personnaliste en narcotique, en drogue à la fois exaltante et débilitante. Le Dieu de la grâce seul peut réunir entre elles des personnes parce qu’il remplit chacune d’elles de Son Être, imparfaitement ici-bas, sauf chez les saints, parfaitement dans l’Au-delà. Il faut donc dire et redire que la démocratie moderne n’existe pas réellement. Il faut donc dire et redire qu’elle n’a d’existence que dans l’imagination des hommes qu’elle abuse. Elle n’a pas de réalité propre indépendante de l’esprit qui la pense et la rêve. Qu’est-elle donc ? Elle est une foi, démarquée de la foi catholique, mais une foi sans objet réel.
Cela est clair comme le jour : puisque notre connaissance du singulier, de la personne individuelle que la démocratie moderne élève au pinacle, est limitée à la perception sensible que nous pouvons en avoir; puisque nous sommes incapables de connaître ces personnes, sauf en nombre très restreint, puisqu’elles sont en fait, en dehors de d’ordre de la grâce, incommunicables, comment établir entre elles un véritable rapport social ? Nous ne pouvons que nous représenter mentalement, imaginativement de pseudo-rapports avec le nombre immense de personnes que la démocratie moderne rassemble dans des mots qui ne renvoient à aucune réalité. La démocratie moderne est une croyance religieuse sans contenu objectif.
Bien plus, cette représentation mentale que la démocratie moderne instille dans les esprits n’a son siège que dans d’esprit de la personne qui l’accueille. Pour la penser, l’imaginer, la personne doit invariablement se replier sur elle-même, se saisir comme sujet. Le contenu de la démocratie moderne n’emprunte [19] rien à la réalité du monde extérieur et de l’histoire. Il est strictement subjectif. C’est pourquoi il n’y a pas et il ne peut y avoir de définition ferme et stable de la démocratie moderne : elle n’a pas de contours réels, elle n’a pas d’essence et de contenu propres. Il y a autant de démocraties que de sujets qui se la représentent et se l’imaginent. La nature de la démocratie est aussi fuyante, aussi évanescente que possible, comme les croyances religieuses sans objet. Elle est une utopie, un mythe que chaque croyant construit pour son propre compte.
Que ce mythe soit le caput mortuum, la lie qui se dépose en l’âme humaine à la suite de l’aigre fermentation que le christianisme subit en chaque personne qui se détache de Dieu et se replie sur soi, cela n’est plus un seul instant douteux depuis que la religion du Christ a embrassé « avec amour », au récent Concile, et sur la sommation de Paul VI, le culte de l’Homme.
Le culte de cette entité mentale qu’est l’Homme n’est autre que le culte secret que le sujet voue à lui-même. C’est le culte du Moi. Le Moi est la dégradation que subit Jésus-Christ en quiconque n’y croit plus surnaturellement. Parmi les cent mille mots accumulés dans les Actes du Concile, le mot surnaturel, clef de la foi chrétienne, n’apparaît que cinq fois, et toujours en un sens indécis !
Pour maintenir cette fiction qui est l’ouverture du catholicisme au monde moderne, à la démocratie moderne qui en colore tous les aspects, il faut berner les fidèles par un déluge de mots. La religion de l’Amour qui s’adresse à un être concret, fait de corps et d’âme, à un être personnel, se transforme en une religion de bavards intarissables qui n’ont au bout de leur pensée qu’un terme abstrait : l’Homme avec majuscule, c’est-à-dire leur Moi. Cette religion de -l’Humanité rejoint la religion de la démocratie dont le succès prodigieux – rabâchons-le ! – n’est nullement dû à une exigence de la nature sociale de l’homme, mais à la destruction de cette nature sous la pression d’un christianisme sécularisé qui fait de chaque Moi un dieu, un dieu malléable à volonté, parce qu’il n’a plus d’appui ferme ni dans la nature ni dans le surnaturel, victime facile et complice, George Dandin perpétuel, proie prédestinée pour ces prédateurs que sont les spécialistes de la représentation mentale, les manipulateurs de vocables, les « intellectuels » déracinés [20] que la mythologie démocratique a pour pères et qui constituent son clergé.
Ne nous étonnons pas de voir cette intelligentsia qui a remplacé depuis le siècle des Lumières les clercs tonsurés dans la direction des esprits, grouiller dans ce moyen inédit que la démocratie moderne a inventé pour répandre ses poisons et qui est son seul canal de diffusion : les mass-media, l’information déformante sous toutes ses formes. Le nouveau clergé y exhibe sa volonté de puissance, sa main-mise sur les consciences affaiblies par l’individualisme, son empaumage de la fameuse « dignité de la personne humaine » qui n’est autre que l’éminente « dignité » de leur Moi respectif. Les spécialistes dela Paroledivine (avilie par eux au préalable) font maintenant chorus avec les spécialistes de la parole humaine (privée au préalable de son rapport à la réalité objective) pour perpétuer le règne de la démocratie universelle qui sera leur tyrannie universelle.
Jamais la formule de Maurras : « La démocratie, c’est le mal, la démocratie c’est la mort » ne s’est davantage vérifiée en cette période de l’histoire du monde où s’opère sous nos yeux, avec la bénédiction d’une Hiérarchie déboussolée, la fusion de deux clergés, naguère encore ennemis, en une religion unique.
Marcel DE CORTE,
Professeur émérite à l’Université de Liège.
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Léon XIII souligne en plus le caractère athée de la démocratie démocratique :
« En outre, l’Etat doit être athée. Il ne trouve, en effet, dans les diverses formes religieuses, aucune raison de préférer l’une à l’autre; donc, toutes doivent être mises sur un pied d’égalité ».
Or, que ces doctrines soient professées par les francs-maçons, que tel soit pour eux l’idéal d’après lequel ils entendent constituer les sociétés, cela est presque trop évident pour avoir besoin d’être prouvé. Il y a déjà longtemps qu’ils travaillent à le réaliser, en y employant toutes leurs forces et toutes leurs ressources. »
La maçonnerie ouvre aussi la voie au communisme :
« Ils frayent ainsi le chemin à d’autres sectaires nombreux et plus audacieux, qui se tiennent prêts à tirer de ces faux principes des conclusions encore plus détestables, à savoir le partage égal et la communauté des biens entre tous les citoyens, après que toute distinction de rang et de fortune aura été abolie »
Dès lors ce serait une erreur de croire que la FMne soit pas la cause du communisme lui-même.
Perversité de la FM
Le pape, après avoir analysé les principes et les conséquences, nous indique le jugement qu’il faut porter sur eux :
« Les faits que Nous venons de résumer mettent en une lumière suffisante la constitution intime des francs-maçons et montrent clairement par quelle route ils s’acheminent vers leur but. Leurs dogmes principaux sont en un si complet et si manifeste désaccord avec la raison qu’il ne se peut imaginer rien de plus pervers ».
Il s’agit bien d’une opposition totale aux principes de la raison. La philosophie maçonnique, bien qu’elle se dise, naturaliste, rationaliste, est absolument contraire aux principes naturels, aux principes rationnels
Elle est toute animée de Satan et de sa passion de vengeance contre NSJC et son Eglise. Le plan maçonnique est tout inspiré de Satan. Il vient de Satan. Il est inspiré par la haine de NSJC. Il se dresse contre les institutions chrétiennes et donc contre le règne de NSJC. Les FM mènent cette guerre depuis des siècles et dans le monde entier. Il est impossible que ce ne soit que des hommes qui puissent être à l’origine d’un pareil plan et d’une semblable réalisation. Ce ne peut être que le diable inspirant ces hommes. C’est la cité du diable qui est organisée contre NSJC, contre la cité chrétienne.
« En effet, vouloir détruire la religion et l’Eglise, établies par Dieu lui-même et assurées par lui d’une perpétuelle protection, pour ramener parmi nous, après dix huit siècles, les moeurs et les institutions des païens, n’est-ce pas le comble de la folie et de la plus audacieuse impiété? Mais ce qui n’est ni moins horrible ni plus supportable, c’est de voir répudier les bienfaits miséricordieux acquis par Jésus Christ, d’abord aux individus, puis aux hommes groupés en familles et en nations : bienfaits qui, au témoignage des ennemis du christianisme, sont du plus haut prix. Certes, dans un plan si insensé et si criminel, il est bien permis de reconnaître la haine implacable dont Satan est animé à l’égard de Jésus Christ et sa passion de vengeance ».
Mgr Lefebvre insiste ici sur la malice de Satan. Il écrit :
« Evidemment Satan est malin, remarquablement intelligent. Il sait jouer son jeu, tantôt sous la violence, tantôt en la dissimulant sous des dehors très humanitaire, tantôt par des doctrines très absolues comme celle du communisme et puis après par le libéralisme qui est fait de quantités de nuances, si bien que l’on s’y perd. Beaucoup se laissent prendre par ce langage ambigu destiné à attirer les esprits faibles qui ne réfléchissent pas et ils se laissent entraîner.
Leur langage est ambigu : par exemple : évidemment tous les hommes sont libres, tous égaux, tous sont frères. Mais en fait, cher le FM, il ne s’agit pas de la vraie liberté, de la véritable égalité, de la vraie fraternité. Il faut s’attacher à bien comprendre les mobiles et les objectifs de cette lutte vraiment satanique.
Le pape ne mâche pas ses mots et accuse catégoriquement Satan d’être à l’origine de toutes ces doctrines maçonniques qui déshonorent l’homme, la famille et la société ». (p. 104)
Il écrit en effet : « L’autre dessein, (mais il est inscrit dans sa propre philosophie NdR) à la réalisation duquel les francs-maçons emploient tous leurs efforts, consiste à détruire les fondements principaux de la justice et de l’honnêteté. Par-là, ils se font les auxiliaires de ceux qui voudraient, qu’à l’instar de l’animal, l’homme n’eût d’autre règle d’action que ses désirs. Ce dessein ne va rien moins qu’à déshonorer le genre humain et à le précipiter ignominieusement à sa perte. Le mal s’augmente de tous les périls qui menacent la société domestique et la société civile. Ainsi que Nous l’avons exposé ailleurs, tous les peuples, tous les siècles s’accordent à reconnaître dans le mariage quelque chose de sacré et de religieux et la loi divine a pourvu à ce que les unions conjugales ne puissent pas être dissoutes. Mais si elles deviennent purement profanes, s’il est permis de le rompre au gré des contractants, aussitôt la constitution de la famille sera en proie au trouble et à la confusion; les femmes seront découronnées de leur dignité; toute protection et toute sécurité disparaîtront pour les enfants et pour leurs intérêts. »
Si on en arrive à cette décadence individuelle et sociale, c’est parce qu’on ne veut plus imposer la loi morale, la loi de Dieu, le Décalogue. Par la volonté expresse dela FM, le décalogue n’est plus à la base de la société, à la base de la famille, à la base de l’enseignement. Il n’y a plus que les « droits de l’homme », droit à la liberté. On en mesure les résultats : la perversité publique.
Réfutation par Léon XIII des thèses maçonniques
a- D’abord du principe maçonnique prétendant dissocier l’Etat de Dieu même
« Quant à la prétention de faire l’Etat complètement étranger à la religion et pouvant administrer les affaires publiques sans tenir plus de compte de Dieu que s’il n’existait pas, c’est une témérité sans exemple, même chez les païens ».
Les païens même ne le pouvaient concevoir : « Ceux-ci –les païens- portaient si profondément gravée au plus intime de leur âme, non seulement une idée vague des cieux, mais la nécessité sociale de la religion, qu’à leur sens il eût été plus aisé à une ville de se tenir debout sans être appuyée au sol que privée de Dieu ».
Cette thèse va contre le droit naturel : il y a autant d’obligation pour l’Etat que pour l’individu de rendre un culte à Dieu puisque l’un et l’autre relèvent dans leur être, de Dieu : « De fait, la société du genre humain, pour laquelle la nature nous a créés, a été constituée par Dieu autour de la nature. De lui, comme principe et comme source, découlent dans leur force et dans leur pérennité, les bienfaits innombrables dont elle nous enrichit. Aussi, de même que la voix de la nature rappelle à chaque homme en particulier l’obligation où il est d’offrir à Dieu le culte d’une pieuse reconnaissance, parce que c’est à lui que nous sommes redevables de la vie et des biens qui l’accompagnent, un devoir semblable s’impose aux peuples et aux sociétés.
De là résulte avec la dernière évidence que ceux qui veulent briser toute relation entre la société civile et les devoirs de la religion, ne commettent pas seulement une injustice, mais, par leur conduite, prouvent leur ignorance et leur ineptie. En effet, c’est par la volonté de Dieu que les hommes naissent pour être réunis et pour vivre en société; l’autorité est le lien nécessaire au maintien de la société civile, de telle sorte que, ce lien brisé, elle se dissout fatalement et immédiatement. L’autorité a donc pour auteur le même Etre qui a créé la société. Aussi, quel que soit celui entre les mains de qui le pouvoir réside, il est le ministre de Dieu. Par conséquent, dans la mesure où l’exigent la fin et la nature de la société humaine, il faut obéir au pouvoir légitime commandant des choses justes, comme à l’autorité même de Dieu qui gouverne tout; et rien n’est plus contraire à la vérité que de soutenir qu’il dépend de la volonté du peuple de refuser cette obéissance quand il lui plaît ».
b- ensuite de l’affirmation de l’égalité des êtres.
Il y a effectivement égalité entre les hommes si l’on considère leur humaine nature : « De même, si l’on considère que tous les hommes sont de même race et de même nature et qu’ils doivent tous atteindre la même fin dernière et si l’on regarde aux devoirs et aux droits qui découlent de cette communauté d’origine et de destinée, il n’est pas douteux qu’ils soient tous égaux.
Mais ils n’ont pas pour autant tous les mêmes ressources, les mêmes qualités la plus grande diversité règne entre eux : « Mais, comme ils n’ont pas tous les mêmes ressources d’intelligence et qu’ils diffèrent les uns des autres, soit par les facultés de l’esprit, soit par les énergies physiques, comme enfin il existe entre eux mille distinctions de moeurs, de goûts, de caractères, rien ne répugne tant à la raison que de prétendre les ramener tous à la même mesure et d’introduire dans les instructions de la vie civile une égalité rigoureuse et mathématique. De même en effet que la parfaite constitution du corps humain résulte de l’union et de l’assemblage des membres, qui n’ont ni les mêmes forces, ni les mêmes fonctions, mais dont l’heureuse association et le concours harmonieux donnent à tout l’organisme sa beauté plastique, sa force et son aptitude à rendre les services nécessaires, de même, au sein de la société humaine, se trouve une variété presque infinie de parties dissemblables. Si elles étaient toutes égales entre elles et libres, chacune pour son compte, d’agir à leur guise, rien ne serait plus difforme qu’une telle société. Si, au contraire, par une sage hiérarchie des mérites, des goûts, des aptitudes, chacune d’elles concourt au bien général, vous voyez se dresser devant vous l’image d’une société bien ordonnée et conforme à la nature »
La FM au principe de la Révolution.
Les doctrines des FM résumées plus haut par Léon XIII selon laquelle les hommes sont égaux, les autorités et les individus affranchies de la loi de Dieu laissant les passions humaines à leur libre cours…ruinent par le fait même toute autorité dans l’organisation politique de la société civile.
La mise en œuvre de cette doctrine égalitariste mène àla Révolution.
« Les malfaisantes erreurs que Nous venons de rappeler menacent les Etats des dangers les plus redoutables. En effet, supprimez la crainte de Dieu et le respect dû à ses lois; laissez tomber en discrédit l’autorité des princes; donnez libre carrière et encouragement à la manie des révolutions; lâchez la bride aux passions populaires; brisez tout frein sauf celui du châtiment ; vous aboutissez par la force des choses à un bouleversement universel et à la ruine de toutes les institutions : tel est, il est vrai, le but avéré, explicite, que poursuivent de leurs efforts beaucoup d’associations communistes et socialistes ; et la secte des francs-maçons n’a pas le droit de se dire étrangère à leurs attentats, puisqu’elle favorise leurs desseins et que, sur le terrain des principes, elle est entièrement d’accord avec elles. Si ces principes ne produisent pas immédiatement et partout leurs conséquences extrêmes, ce n’est ni à la discipline de la secte, ni à la volonté des sectaires qu’il faut l’attribuer; mais d’abord à la vertu de cette divine religion qui ne peut être anéantie; puis aussi à l’action des hommes qui, formant la partie la plus saine des nations, refusent de subir le joug des sociétés secrètes et luttent avec courage contre leurs entreprises insensées.
Et plût à Dieu que tous, jugeant l’arbre par ses fruits, sussent reconnaître le germe et le principe des maux qui nous accablent, des dangers qui nous menacent. Nous avons affaire à un ennemi rusé et fécond en artifices. Il excelle à chatouiller agréablement les oreilles des princes et des peuples; il a su prendre les uns et les autres par la douceur de ses maximes et l’appât de ses flatteries.
Les princes? Les francs-maçons se sont insinués dans leurs faveurs sous le masque de l’amitié, pour faire d’eux des alliés et de puissants auxiliaires, à l’aide desquels ils opprimeraient plus sûrement les catholiques. Afin d’aiguillonner plus vivement le zèle de ces hauts personnages, ils poursuivent l’Eglise d’impudentes calomnies. C’est ainsi qu’ils l’accusent d’être jalouse de la puissance des souverains et de leur contester leurs droits. Assurés par cette politique, de l’impunité de leur audace, ils ont commencé à jouir d’un grand crédit sur les gouvernements. D’ailleurs, ils se tiennent toujours prêts à ébranler les fondements des empires, à poursuivre, à dénoncer et même à chasser les princes, toutes les fois que ceux-ci paraissent user du pouvoir autrement que la secte ne l’exige.
Les peuples, ils se jouent d’eux en les flattant par des procédés semblables. Ils ont toujours à la bouche les mots de » liberté » et de » prospérité publique « . A les en croire, c’est l’Eglise, ce sont les souverains qui ont toujours fait obstacle à ce que les masses fussent arrachées à une servitude injuste et délivrées de la misère. Ils ont séduit le peuple par ce langage fallacieux et, excitant en lui la soif des changements, ils l’ont lancé à l’assaut des deux puissances ecclésiastique et civile. Toutefois, la réalité des avantages qu’on espère demeure toujours au-dessous de l’imagination et de ses désirs. Bien loin d’être devenu plus heureux, le peuple, accablé par une oppression et une misère croissantes, se voit encore dépouillé des consolations qu’il eût pu trouver avec tant de facilité et d’abondance dans les croyances et les pratiques de la religion chrétienne. Lorsque les hommes s’attaquent avec l’ordre providentiellement établi par une juste punition de leur orgueil, ils trouvent souvent l’affliction et la ruine de la fortune prospère sur laquelle ils avaient témérairement compté pour l’assouvissement de tous leurs désirs ».
Le pape prend la défense de l’Eglise qui veut toujours le bien du peuple et ne veut nullement usurper l’autorité civile :
« Quant à l’Eglise, si, par-dessus toute chose, elle ordonne aux hommes d’obéir à Dieu, souverain Seigneur de l’Univers, l’on porterait contre elle un jugement calomnieux si l’on croyait qu’elle est jalouse de la puissance civile ou qu’elle songe à entreprendre sur les droits des princes. Loin de là ! Elle met sous la sanction du devoir et de la conscience, l’obligation de rendre à la puissance civile ce qui lui est légitimement dû. Si elle fait découler de Dieu lui-même, le droit de commander, il en résulte pour l’autorité, un surcroît considérable de dignité et une facilité plus grande de se concilier l’obéissance, le respect et le bon vouloir des citoyens.
D’ailleurs, toujours amie de la paix, c’est elle qui entretient la concorde en embrassant tous les hommes dans la tendresse de sa charité maternelle. Uniquement attentive à procurer le bien des mortels, elle ne se lasse pas de rappeler qu’il faut toujours tempérer la justice par la clémence, le commandement par l’équité, les lois par la modération; que le droit de chacun est inviolable; que c’est un devoir de travailler au maintien de l’ordre et de la tranquillité générale et de venir en aide, dans toute la mesure du possible, par la charité privée et publique, aux souffrances des malheureux. Mais, pour employer fort à propos les paroles de saint Augustin, ils croient ou cherchent à faire croire que la doctrine chrétienne est incompatible avec le bien de l’Etat, parce qu’ils veulent fonder l’Etat, non sur la solidité des vertus, mais sur l’impunité des vices. Si tout cela était mieux connu, princes et peuples feraient preuve de sagesse politique et agiraient conformément aux exigences du salut général, en s’unissant à l’Eglise pour résister aux attaques des francs-maçons, au lieu de s’unir aux francs-maçons pour combattre l’Eglise.
Léon XIII renouvelle la condamnation de la FM à l’instar de ses prédécesseurs et renouvelle l’interdiction de s’y affilier :
« Quoi qu’il en puisse advenir, Notre devoir est de Nous appliquer à trouver des remèdes proportionnés à un mal si intense et dont les ravages ne se sont que trop étendus. Nous le savons : notre meilleur et plus solide espoir de guérison est dans la vertu de cette religion divine que les francs-maçons haïssent d’autant plus qu’ils la redoutent davantage. Il importe donc souverainement de faire d’elle le point central de la résistance contre l’ennemi commun. Aussi, tous les décrets portés par les Pontifes romains, Nos prédécesseurs, en vue de paralyser les efforts et les tentatives de la secte maçonnique, toutes les sentences prononcées par eux pour détourner les hommes de s’affilier à cette secte ou pour les déterminer à en sortir, Nous entendons les ratifier à nouveau, tant en général qu’en particulier. Plein de confiance à cet égard dans la bonne volonté des chrétiens, Nous les supplions, au nom de leur salut éternel, et Nous leur demandons de se faire une obligation sacrée de conscience de ne jamais s’écarter, même d’une seule ligne, des prescriptions promulguées à ce sujet par le Siège apostolique.
La lutte contre la FM
Après avoir exposé les principes des FM puis les conséquences de leur application, Léon XIII propose les remèdes. Que faut-il faire ?
« Quant à vous, Vénérables Frères, Nous vous prions, Nous vous conjurons d’unir vos efforts aux Nôtres et d’employer votre zèle à faire disparaître l’impure contagion du poison qui circule dans les veines de la société et l’infecte tout entière. Il s’agit pour vous de procurer la gloire de Dieu et le salut du prochain. Combattant pour de si grandes causes, ni le courage, ni la force ne vous feront défaut. Il vous appartient de déterminer dans votre sagesse par quels moyens plus efficaces vous pourrez avoir raison des difficultés et des obstacles qui se dresseront contre vous. Mais puisque l’autorité inhérente à Notre charge Nous impose le devoir de vous tracer Nous-même la ligne de conduite que Nous estimons la meilleure, Nous vous dirons :
Premier devoir : arracher le masque de la FM, la faire voir telle qu’elle est et rappeler l’interdiction formelle d’y participer étant donné ce qu’elle est.
Sur ce sujet, voilà ce que dit Mgr Lefebvre : cf p.110-111
« En premier lieu, arrachez à la franc-maçonnerie le masque dont elle se couvre et faites la voir telle qu’elle est ».
« Secondement par vos discours et par vos Lettres pastorales spécialement consacrées à cette question, instruisez vos peuples; faites leur connaître les artifices employés par ces sectes pour séduire les hommes et les attirer dans leurs rangs, montrez leur la perversité de leur doctrine et l’infamie de leurs actes. Rappelez leur qu’en vertu des sentences plusieurs fois portées par Nos prédécesseurs, aucun catholique, s’il veut rester digne de ce nom et avoir de son salut le souci qu’il mérite, ne peut, sous aucun prétexte, s’affilier à la secte des francs-maçons. Que personne donc ne se laisse tromper par de fausses apparences d’honnêteté. Quelques personnes peuvent en effet croire que, dans les projets des francs-maçons, il n’y a rien de formellement contraire à la sainteté de la religion et des moeurs. Toutefois, le principe fondamental qui est comme l’âme de la secte, étant condamné par la morale, il ne saurait être permis de se joindre à elle ni de lui venir en aide d’aucune façon ».
Au sujet de l’enseignement de la religion, Mgr Lefebvre fait un très bel exposé sur la liturgie et le rationalisme : le rationalisme, l’esprit du monde contemporain, a été un élément destructeur de notre belle liturgie. On a voulu adapter la liturgie à l’esprit moderne rationaliste, on en a enlevé le mystère. Il écrit : « On a voulu s’adapter à l’esprit du :monde moderne qui, parce que rationaliste, ne veut pas de mystère, il veut comprendre tout ce qu’il entend. On a ainsi détruit le mystère, chassé le sacré, le divin des cérémonies. Il nous faut rester attachés à notre liturgie. » (p. 112-113)
Deuxième devoir : prêcher la religion et surtout donner au peuple les principes sacrés de la philosophie chrétienne. C’est vrai, plus nous connaissons notre religion, plus nous la vivons et en particulier notre litrugie, plus nous nous trouvons comme immunisés contre ces mauvaises tendances du rationalisme et contre toutes ces erreurs.
« Il faut ensuite, à l’aide de fréquentes instructions et exhortations, faire en sorte que les masses acquièrent la connaissance de la religion. Dans ce but, Nous conseillons très fort d’exposer, soit par écrit, soit de vive voix et dans des discours ad hoc les éléments des principes sacrés qui constituent la philosophie chrétienne. Cette dernière recommandation a surtout pour but de guérir, par une science de bon aloi, les maladies intellectuelles des hommes et de les prémunir tout à la fois contre les formes multiples de l’erreur et contre les nombreuses séductions du vice, surtout en un temps où la licence des écrits va de pair avec une insatiable avidité d’apprendre.
Troisième devoir : utiliser, pour ce faire, votre clergé. On se souvient d la prescription de saint Pie X dans sa première encyclique
« Pour l’accomplir, vous aurez avant tout l’aide et la collaboration de votre clergé, si vous donnez tout le soin à le bien former et à le maintenir dans la perfection de la discipline ecclésiastique et dans la science des Saintes Lettres.
Quatrième devoir : faire aimer l’Eglise.
« Toutefois, une cause si belle et d’une si haute importance appelle encore à son secours le dévouement intelligent des laïques qui unissent les bonnes mœurs et l’instruction à l’amour de la religion et de la patrie. Mettez en commun, Vénérables Frères, les forces de ces deux ordres, et donnez tous vos soins à ce que les hommes connaissent à fond l’Eglise catholique et l’aiment de tout leur cœur. Car plus cette connaissance et cet amour grandiront dans les âmes, plus on prendra en dégoût les sociétés secrètes, plus on sera empressé d’en finir.
Cinquième devoir : développer le tiers ordre de saint François.
« Nous profitons à dessein de la nouvelle occasion qui Nous est offerte d’insister sur la recommandation déjà faite par Nous en faveur du tiers ordre de saint François, à la discipline duquel Nous avons apporté de sages tempéraments. Il faut mettre un grand zèle à le propager et à l’affermir. Tel, en effet, qu’il a été établi par son auteur, il consiste tout entier en ceci : attirer les hommes à l’amour de Jésus Christ, à la pratique des vertus chrétiennes. Il peut donc rendre de grands services pour aider à vaincre la contagion de ces sectes détestables. Que cette sainte Association fasse donc tous les jours de nouveaux progrès. Un grand nombre de fruits peuvent en être attendus et le principal est de conduire les âmes à la liberté, à la fraternité, à l’égalité juridique, non selon l’absurde façon dont les francs-maçons entendent ces choses, mais telles que Jésus Christ a voulu enrichir le genre humain et que saint François les a mises en pratique.
Nous parlons donc ici de la liberté des enfants de Dieu au nom de laquelle Nous refusons d’obéir à des maîtres iniques qui s’appellent Satan et les mauvaises passions. Nous parlons de la fraternité qui nous rattache à Dieu comme au Créateur et Père de tous les hommes. Nous parlons de l’égalité qui, établie sur les fondements de la justice et de la charité, ne rêve pas de supprimer toute distinction entre les hommes, mais excelle à faire, de la variété des conditions et des devoirs de la vie, une harmonie admirable et une sorte de merveilleux concert dont profitent naturellement les intérêts et la dignité de la vie civile ».
Sixième devoir : recréer les corporations ouvrières
« En troisième lieu, une institution due à la sagesse de nos pères et momentanément interrompue par le cours des temps, pourrait, à l’époque où nous sommes, redevenir le type et la forme de créations analogues. Nous voulons parler de ces corporations ouvrières destinées à protéger, sous la tutelle de la religion, les intérêts du travail et les mœurs des travailleurs. Si la pierre de touche d’une longue expérience avait fait apprécier à nos ancêtres l’utilité de ces associations, notre âge en retirerait peut-être de plus grands fruits, tant elles offrent de précieuses ressources pour combattre avec succès et pour écraser la puissance des sectes. Ceux qui n’échappent à la misère qu’au prix du labeur de leurs mains, en même temps que, par leur condition, ils sont souverainement dignes de la charitable assistance de leurs semblables, sont aussi les plus exposés à être trompés par les séductions et les ruses des apôtres du mensonge. Il faut donc leur venir en aide avec une grande habileté et leur ouvrir les rangs d’associations honnêtes pour les empêcher d’être enrôlés dans les mauvaises. En conséquence, et pour le salut du peuple, Nous souhaitons ardemment de voir se rétablir, sous les auspices et le patronage des évêques, ces corporations appropriées aux besoins du temps présent. Ce n’est pas pour Nous une joie médiocre d’avoir vu déjà se constituer en plusieurs lieux, des associations de ce genre, ainsi que des sociétés de patrons, le but des uns et des autres étant de venir en aide à l’honnête classe des prolétaires, d’assurer à leurs familles et à leurs enfants, le bienfait d’un patronage tutélaire, de leur fournir les moyens de garder, avec de bonnes mœurs, la connaissance de la religion et l’amour de la piété. »
Mgr Lefebvre développe longuement cette idée dans son livre : cf.p.114-118.
Il recommande tout particulièrement la lecture du livre de Xavier Vallat : « la Croix, les lys et la peine des hommes ». Très beau livre qui montre le souci des chrétiens dans la chose sociale, surtout des gens comme Albert de Mun, la Tourdu Pin…Il recommande également la lecture de Rerum Novarum de Léon XIII.
Septième devoir : développer les conférences saint Vincent de Paul pour le soutien des plus pauvres.
« Nous ne saurions passer ici sous silence une Société qui a donné tant d’exemples admirables et qui a si bien mérité des classes populaires : Nous voulons parler de celle qui a pris le nom de son père, saint Vincent de Paul. On connaît assez les oeuvres accomplies par cette société et le but qu’elle se propose. Les efforts de ses membres tendent uniquement à se porter, par une charitable initiative, au secours des pauvres et des malheureux, ce qu’ils font avec une merveilleuse sagacité et une non moins admirable modestie. Mais plus cette société cache le bien qu’elle opère, plus elle est apte à pratiquer la charité chrétienne et à soulager les misères des hommes. »
Huitième devoir : soustraire la jeunesse à l’esprit empoisonné des sectes et donc éviter les écoles laïques, lieu du développement de tout athéisme en France..
« Quatrièmement, afin d’atteindre plus aisément le but de Nos désirs, Nous recommandons avec une nouvelle insistance à votre foi et à votre vigilance, la jeunesse qui est l’espoir de la société. Appliquez à sa formation la plus grande partie de vos sollicitudes pastorales. Quels qu’aient déjà pu être à cet égard votre zèle et votre prévoyance, croyez que vous n’en ferez jamais assez pour soustraire la jeunesse aux écoles et aux maîtres prés desquels elle serait exposée à respirer le souffle empoisonné des sectes. Parmi les prescriptions de la doctrine chrétienne, il en est une sur laquelle devront insister les parents, les pieux instituteurs, les curés, sous l’impulsion de leurs évêques. Nous voulons parler de la nécessité de prémunir leurs enfants ou leurs élèves contre ces sociétés criminelles, en leur apprenant de bonne heure à se méfier des artifices perfides et variés à l’aide desquels leurs prosélytes cherchent à enlacer les hommes. Ceux qui ont charge de préparer les jeunes gens à recevoir les sacrements comme il faut, agiraient sagement s’ils amenaient chacun d’eux à prendre la ferme résolution de ne s’agréger à aucune société à l’insu de leurs parents ou sans avoir consulté leur curé ou leur confesseur.
Neuvième devoir : s’en remettre à la prière et à Dieu et recourir à ND
« Du reste, nous savons très bien que nos communs labeurs, pour arracher du champ du Seigneur ces semences pernicieuses, seraient tout à fait impuissants si, du haut du ciel, le Maître de la vigne ne secondait ces efforts. Il est donc nécessaire d’implorer son assistance et son secours avec une grande ardeur et par des sollicitations réitérées, proportionnées à la nécessité des circonstances et à l’intensité du péril. Fière de ses précédents succès, la secte des francs-maçons lève insolemment la tête et son audace semble ne plus connaître aucune borne. Rattachés les uns aux autres par le lien d’une fédération criminelle et de leurs projets occultes, ses adeptes se prêtent un mutuel appui et se provoquent entre eux à oser et à faire le mal.
A une si violente attaque doit répondre une défense énergique. Que les gens de bien s’unissent donc, eux aussi, et forment une immense coalition de prière et d’efforts. En conséquence, Nous leur demandons de faire entre eux, par la concorde des esprits et des cœurs, une cohésion qui les rendent invincibles contre les assauts des sectaires. En outre, qu’ils tendent vers Dieu des mains suppliantes et que leurs gémissements s’efforcent d’obtenir la prospérité et les progrès persévérants du christianisme, la paisible jouissance pour l’Eglise de la liberté nécessaire, le retour des égarés au bien, le triomphe de la vérité sur l’erreur, de la vertu sur le vice.
Demandons à la Vierge Marie, Mère de Dieu, de se faire notre auxiliaire et notre interprète. Victorieuse de Satan dès le premier instant de sa conception, qu’Elle déploie sa puissance contre les sectes réprouvées qui font si évidemment revivre parmi nous l’esprit de révolte, l’incorrigible perfidie et la ruse du démon. Appelons à notre aide le prince des milices célestes, saint Michel, qui a précipité dans les enfers les anges révoltés; puis saint Joseph, l’époux de la Très Sainte Vierge, le céleste et tutélaire patron de l’Église catholique et les grands apôtres saint Pierre et saint Paul, ces infatigables semeurs et ces champions invincibles de la foi catholique. Grâce à leur protection et à la persévérance de tous les fidèles dans la prière, Nous avons la confiance que Dieu daignera envoyer un secours opportun et miséricordieux au genre humain en proie à un si grand danger.
En attendant, comme gage des dons célestes et comme témoignage de Notre bienveillance, Nous vous envoyons du fond du cœur la bénédiction apostolique, à vous, Vénérables Frères, ainsi qu’au clergé et aux peuples confiés à votre sollicitude.
Donné à Rome, près Saint Pierre, le 20 avril 1884, de Notre Pontificat la septième année.
LÉON XIII
[1] De Corte Marcel, L’ordre français, mars-avril 1978 n°219
[2] Madiran Jean, Les deux démocraties, éd NEL, Paris 1978, 199p. Diffusion DPF, BP 1, 86190 Chiré-en-Montreuil.
[3] Saint Thomas, Somme théologique, 2-2, 163, 2.
[4] Doc. Cath. 17-11-1974, n° 1664, p. 965.
[5] Ibidem.
[6] Ibidem, p. 966.
[7] Doc. Cath., 20-12-1970, n° 1576, p. 1114. Cf. Populorum Progressio, n° 47. Il s’agit de CONSTRUIRE UN MONDE où TOUT HOMME sans exception de race, de religion, de nationalité, puisse vivre d’une vie PLEINEMENT HUMAINE, affranchie des servitudes qui lui viennent des hommes et d’une nature insuffisamment maîtrisée.
[8] Ch. I, n. 12.
[9] Sed contra – Il y aura toujours entre les citoyens des inégalités de condition sans lesquelles une société ne peut ni exister ni être conçue . (Rerum Novarum, 1891) et « les inégalités sociales ne peuvent être considérées que comme des dispositions voulues par Dieu dans le même dessein que les inégalités au sein de la famille » (Pie XII, allocution du 2-1-1942).
[10] Sauf incidemment, comme dans les raisons dites doctrinales avancées par Pie XI pour justifier la condamnation de l’Action Française en 1926.
[11] Georges BURDEAU (juriste démocrate),La Démocratie, Paris, pp. 9, 21, 32, etc…
[12] Edgar Poe.