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Entraide et Tradition

Dignité sacerdotale

publié dans la doctrine catholique le 8 mars 2019


Doctrine chrétienne : la dignité sacerdotale

 

PROVENANCE: FSSPX.NEWS

Dans un entretien accordé le 27 février 2019 à Andrea Tornielli, directeur éditorial du Dicastère pour la Communication, le cardinal Beniamino Stella, préfet de la Congrégation pour le Clergé, explique quelles sont les règles appliquées par son Dicastère pour les prêtres de rite latin en cas de paternité biologique. Il révèle l’existence d’une Note inspirée du cardinal Claudio Hummes, qui fut son prédécesseur sous Benoît XVI entre 2006 et 2010.

Il en ressort que, depuis une dizaine d’années, le cas de prêtres ayant une descendance est réglé en leur accordant la dispense des obligations sacerdotales, sans attendre. Le cardinal Stella justifie cette pratique en citant le pape François alors qu’il était encore cardinal-archevêque de Buenos Aires. Si un prêtre a eu un enfant, expliquait-il, « je l’amène progressivement à comprendre que le droit naturel précède son droit en tant que curé. Par conséquent, il doit renoncer à son ministère et prendre l’enfant en charge, même s’il décide de ne pas épouser la femme ». (Jorge Bergoglio, Sur la terre comme au ciel, Robert Laffont)

Cette justification est profondément inadéquate, et l’on s’explique que la pratique qu’elle justifie le soit aussi. La raison en est que l’homme, par la grâce divine, est engagé dans un ordre qui dépasse infiniment le droit naturel. L’inférieur ne saurait donc précéder le supérieur, l’obliger à céder la place. Ainsi le prêtre, par droit divin positif, a des obligations vis-à-vis de Dieu et de l’Eglise. Obligations qui, selon la tradition de l’Eglise latine, sont incompatibles avec une vie de famille quelle qu’elle soit. Cette matière délicate nécessite une explication.

Dieu a créé l’homme « a son image et à sa ressemblance » (Gn 1, 26). L’Eglise interprète l’image selon la nature spirituelle de l’homme. Dieu est Esprit, et l’homme lui ressemble en ce qu’il est lui-même esprit. La ressemblance désigne la grâce surnaturelle. L’homme, en Adam, a été doté d’une participation à la nature divine et de l’amitié avec Dieu. Le Créateur a voulu appeler l’homme à vivre de sa propre vie et l’a destiné à en jouir durant l’éternité. Cette ressemblance, perdue par le péché originel, lui a été rendue par Jésus-Christ.

Ordre naturel et ordre surnaturel

Dès sa création, l’homme est placé dans l’ordre naturel, partie du monde sensible par son corps. Mais il est aussi placé dans un ordre surnaturel, par lequel il se rattache directement à la vie trinitaire, la vie intime de Dieu. Appartenant à deux ordres, il est soumis à deux lois : la loi ou droit naturel qui découle de sa nature humaine, et la loi ou droit surnaturel, par la grâce.

Or, si ces deux droits doivent s’harmoniser et ne peuvent se contredire, il reste que le second a une prééminence sur le premier : le surnaturel se greffe sur la nature, mais il la dépasse infiniment. C’est pourquoi l’Eglise, société surnaturelle, a une supériorité sur les sociétés civiles, sociétés naturelles. Ces dernières disparaissent dans le temps, et aucune ne subsistera à la fin du monde ; mais l’Eglise a les promesses de la vie éternelle.

Ce qui s’applique aux sociétés, s’applique également aux individus. Le devoir qui découle de la loi surnaturelle surpasse celui qui découle de la loi naturelle. Ainsi, la loi naturelle nous pousse à notre propre conservation ; mais nous devrons sacrifier notre vie pour défendre la foi. Une illustration saisissante est fournie par Abraham : Dieu lui demande de sacrifier son propre fils. En obéissant parfaitement à Dieu, il est devenu le père des croyants. Mais comme l’on sait, Dieu a agréé la soumission du patriarche, et n’a pas exigé le sacrifice sanglant de son fils.

Grandeur du prêtre

Le prêtre participe au sacerdoce de notre grand Prêtre, Jésus-Christ, par une marque ineffaçable – le caractère – imprimé dans l’âme par l’ordination sacrée, et par la grâce qui lui est associée. C’est là ce qui fait toute sa grandeur. Nous pouvons lui appliquer ces paroles de saint Léon qui s’adresse au chrétien, en les adaptant : « Reconnais, ô prêtre, ta dignité… Souviens-toi de quel sacerdoce et de quelle grâce tu participes » (cf. saint Léon le Grand, Sermon 21) : Tu es prêtre avec le Christ in æternum, pour l’éternité.

Le prêtre, avant la réception du sacerdoce, s’est engagé – dans l’Eglise latine – à garder le célibat. Ce dernier se rattache donc d’une manière particulière à la dignité sacerdotale. Le prêtre est tel, parce qu’il est configuré d’une manière très spéciale au Christ, le grand prêtre. C’est pourquoi l’Eglise, avant la crise actuelle, n’a que très rarement consenti à réduire un prêtre à l’état laïc, dans des cas de faute particulièrement grave.

L’histoire de l’Eglise nous montre l’application de ce principe dans des périodes douloureuses : le prêtre, malgré ses misères, demeurera dans le sacerdoce, avec toute l’aide que la sollicitude de sa Mère l’Eglise peut lui apporter. S’écarter de cette sagesse, c’est diminuer dans l’esprit des fidèles, et des prêtres eux-mêmes, l’éminente dignité du sacerdoce. C’est faciliter et pérenniser les défaillances et les désertions.

(Source : FSSPX/MG – FSSPX.Actualités – 07/03/2019

 

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