Vincent Lambert
publié dans regards sur le monde le 27 mai 2019
Six mois de sursis pour Vincent Lambert, mais après ?
Dans un geste qu’on n’espérait plus, tant les forces de mort étaient partout à l’œuvre, la Cour d’appel a accordé à Vincent Lambert un sursis de six mois alors qu’il était déjà dans le couloir de la mort. Six mois, c’est le temps qu’il faudra au Comité des droits des personnes handicapées des Nations Unies (CDPH) pour faire évoluer la situation en faveur de Vincent Lambert. Tant de gens ont prié pour cela que le Ciel les a entendus.
Et après ce semestre ?
La mise à mort peut être décidée, le ministre de la santé (!) Agnès Buzyn ayant déclaré que l’avis du CDPH n’est que consultatif et qu’il n’oblige en rien l’Etat français. C’est donc seulement un répit. Rien n’est encore gagné, il faut rester vigilant et mobilisé pour que le pire n’arrive pas, non seulement pour Vincent Lambert mais pour ceux qui sont dans le même état dans notre pays, environ 1.000 personnes.
Si ceux qui veulent la fin de Vincent Lambert réussissaient, un verrou sauterait qui menacerait la vie d’autres personnes handicapées. Les partisans de l’euthanasie voient dans cette situation une occasion d’exiger une loi nouvelle qui réglerait, glo-balement, des cas comme celui de Vincent Lambert. On peut imaginer ce qu’elle serait : on définirait un certain seuil d’inconscience dans un laps de temps donné après quoi on arrêterait les soins. C’est déjà le cas en Belgique et en partie en Hollande. Et ils osent appeler cela « mourir dans la dignité ». Il est important que ce soit le Comité des droits des personnes handicapés qui soit saisi de cette tragédie. Cela rappelle que Vincent n’est pas un malade en fin de vie, artificiellement maintenu dans l’existence, mais un handicapé, lourd, certes, mais un handicapé seulement. Il n’a pas à être « débranché », comme nous avons pu le lire, il n’est pas branché à une machine qui le maintient en vie. Sa mère a dit, « Il a simplement besoin d’eau et d’amour. » C’est bien parce qu’il n’est pas en fin de vie qu’il faut lui ôter délibérément la vie. P
uisqu’on ne peut pas le laisser mourir, on va le faire mourir, c’est cela l’euthanasie. Comment ? On ne peut décemment le « piquer » comme le vétéri-naire le fait pour un chien malade. La méthode, c’est la « sédation profonde ». Derrière cette expression technique, il y a une réalité cruelle : il s’agit de le faire mourir de faim et de soif. Quelle barbarie ! On assure qu’on s’arrangera pour qu’il ne souffre pas. Mensonge, il souffrira et probablement trop longtemps. C’est un homme dans la force de l’âge, vi-goureux, qui ne souffre d’aucune maladie, il peut résister un moment au « traitement » létal que l’on veut lui infliger. A défaut de pouvoir justifier l’injustifiable, des politiques et certains media tendent à disqualifier ses parents et leur héroïque combat au motif qu’ils seraient des catholiques intégristes de la pire espèce, des obscurantistes appartenant à une secte qui, en l’occurrence, serait la Fraternité S. Pie X qu’en effet ils fréquentent. Oui, ils sont catholiques, mais quelle mère, qu’elle soit catholique, protestante, athée, ne se battrait pas pour sau-ver la vie de son fils ? Si les catholiques défendent plus que d’autres le respect de la vie commençante et finissante, ce combat dépasse les frontières confessionnelles puisqu’il relève de la loi morale, universelle, dont l’un des commande-ments est « Tu ne tueras point ».
On se félicitera de ce que l’épiscopat français ait décidé de soutenir le combat des parents de Vincent Lam-bert, même si la mobilisation a été tardive. On le doit principalement au nouvel archevêque de Paris, Mgr Aupe-tit, ancien médecin, bien décidé à ne rien lâcher sur tout ce qui concerne la bioéthique et qui n’a pas peur d’affron-ter le gouvernement pour cela. Au cours de la même semaine, Jean Vanier, fondateur de l’Arche est mort. Dans l’Eglise et dans le monde poli-tique on a rendu hommage à cet homme exceptionnel qui a consacré sa vie aux personnes handicapées, notamment mentalement, vivant avec elles. Il n’a cessé de témoigner de ce que toute vie, même blessée, est digne d’être vécue. Le meilleur hommage que l’on pouvait rendre au fondateur de l’Arche ne devait pas être dans les mots, même admiratifs, mais dans la volonté d’appliquer à Vincent Lambert ce que n’a cessé de professer et de vivre Jean Vanier.
(Source Bulletin d’André Noël)