La Fête de la Sainte Famille
publié dans couvent saint-paul le 14 janvier 2010
Prédication pour le Ier dimanche après l’Epiphanie
La Fête de la Sainte Famille
Si l’Eglise nous fait fêter la sainte Famille c’est, je suppose, pour nous faire admirer, contempler, puis imiter les vertus de la Sainte Famille, les vertus qui étaient vécues au sein de la Famille de Marie, de sainte Joseph et de l’Enfant Jésus.
Mais quelles étaient donc ces vertus tellement imitables ?
La sainte famille commence à exister dès l’annonciation, dès la maternité divine de ND puisque l’ange dit à Saint Joseph, peu après l’annonciation, de ne pas craindre de prendre avec lui ND car ce qui est formé en elle est « l’ouvrage de l’Esprit Saint ». « Elle enfantera un fils et tu lui donneras le nom de Jésus, car il sauvera son peuple de ses péchés…Joseph fit ce que l’ange du Seigneur lui avait commandé : il prit avec lui Marie son épouse » (Mt 1 24 )
Transportons nous à Nazareth. La plénitude des temps est venue. Dieu a décidé d’envoyer, dit Saint Paul, son Fils unique au monde en l’y faisant naître d’une femme : Marie de Nazareth. L’ange Gabriel apporte à la Vierge Marie les propositions célestes. Un langage sublime s’engage dans lequel va se décider la libération du genre humain. L’ange salue la Vierge la proclamant « pleine de grâce » : « Voici, dit l’ange, que vous enfanterez un Fils, vous lui donnerez le nom de Jésus…on l’appellera le fils du Très-Haut. Comment cela se fera-t-il puisque je veux garder la virginité ? L’Esprit Saint viendra sur vous. Vous connaissez la suite et la réponse de ND éclate : « Voici la servante du Seigneur ; qu’il me soit fait selon votre parole ». Et aussitôt le Verbe s’est fait chair. Le sein de Marie devint l’arche de la Nouvelle Alliance entre Dieu et les hommes.
Et lorsque dans notre Credo nous chantons ce « Et homo factus est », l’Eglise nous fait fléchir le genou en signe d’adoration. Il est sûr aussi que ND adora la première, dans son sein, le Fils de Dieu. Elle s’est prosternée devant son Créateur devenu son Fils.
Je pense que c’est la première vertu qui éclata dans la sainte Famille : l’adoration de Verbe. Aussi il me plait de vous encourager à la prière en famille le soir, tous, au pied de la crèche, tous au pied de votre petit sanctuaire familial, père, mère, enfants, tous unis dans une profonde adoration du Fils de Dieu. Voilà l’exemple que nous donne ND, la mère de Dieu. L’adoration.
Elle reçut en même temps, lors de l’annonciation, l’annonce de la maternité de sa cousine Elizabeth, pourtant avancée en âge en signe de la toute puissance de Dieu. « Car rien n’est impossible à Dieu ». Elle se précipita, en hâte, nous dit l’Ecriture, pour lui porter quelques secours. Je vois là également une autre qualité de la sainte Famille – Elle y fut conduite aussi par l’aide de saint Joseph – celle du dévouement spontanée. Le dévouement, c’est l’oubli de soi même, ce qui permet de penser à son prochain. Vertu chrétienne par exemple. C’est la vertu des parents, du père et de la mère. Elle doit être imitée par les enfants. Elle est la caractéristique d’une chrétienté.
A peine arrivée auprès sa cousine, qu’Elizabeth la salue d’une manière unique : « Soyez bénie entre toutes les femmes et que soit béni le fruit de vos entrailles ! Heureuse êtes-vous d’avoir cru à l’accomplissement des choses qui vous ont été dites de la part du Seigneur ». Heureuse ! Oui car cette foi en la parole de Dieu a fait de la Vierge, la Mère du Christ Jésus. Et alors ND renvoie au Seigneur toute la gloire des merveilles qui s’opèrent en elle. C’est son Magnificat. Depuis l’instant où le Fils de Dieu a pris chair en son sein, la Vierge chante en son cœur un cantique plein d’amour et de reconnaissance : « Mon âme glorifie le Seigneur et mon esprit trésaille de joie en Dieu mon Sauveur parce qu’Il a regardé la bassesse de sa servante…car c’est le tout puissant qui a opéré en moi ces grandes choses ». Voilà, me semble-t-il, une autre vertu de la sainte famille. C’est la joie en raison des merveilles de Dieu. C’est la reconnaissance des merveilles de Dieu. C’est le chant des « alléluia » à l’occasion des merveilles de Dieu. Ainsi, bien chères familles chrétiennes, mettez votre joie en Dieu et confessez sa grandeur, sa magnificence, sa bonté. Confessez sa gloire et confessez votre bassesse. Joie, allégresse, humilité : trois belles vertus de la sainte Famille. Trois belles vertus chrétiennes qu’il faut enseigner aux enfants de vos bonnes familles.
Et puis c’est le recensement ordonné par César. Chacun doit aller dans sa ville familiale. Pour Marie et Joseph, c’est Bethléem. Là, vint pour elle le moment où elle devait enfanter. Et elle mit au monde son Fils premier né, l’enveloppa de langes et le coucha dans une crèche parce qu’il n’y avait pas de place pour eux à l’hôtellerie. C’est son Fils. C’est le Fils de Marie puisque c’est d’elle qu’il vient de naître. Mais Marie et Joseph voient en cet enfant le propre Fils de Dieu. Leurs âmes étaient remplies d’une foi immense qui renfermait et dépassait toute la foi des justes de l’Ancien Testament. Ils reconnaissent en cet enfant leur Dieu. Cette foi alors se traduit en acte d’adoration. Ils se prosternent intérieurement dans une adoration dont nous ne pouvons imaginer la profondeur. Mais peu importe ! Nous retiendrons que l’adoration fait partie des vertus de la sainte Famille. A cette foi si vive, à ces adorations si profondes venaient s’ajouter les élans d’un amour incommensurable. Nulle mère n’a aimé son enfant autant que Marie Elle compensait par son amour toute l’indifférence que les hommes manifestaient à cette naissance « obscure ».
Puis c’est la circoncision, huit jours après la naissance et enfin quarante jours après la présentation de l’enfant Jésus au Temple. Ils observent tous les trois la loi juive, scrupuleusement. Ils n’y sont pourtant pas tenus. Elle est pure et sainte. Lui, c’est le Fils de Dieu, le législateur suprême, le propre Fils de Dieu. Peu importe, Tous les trois veulent se soumettre à la loi de Moïse. Ils viennent au Temple de Jérusalem, lui, dans son Temple, en Dieu caché, pour accomplir la volonté de Dieu. Le vieillard Siméon et la prophétesse Anne les accueillent. Le Fils s’offre à son Père pour être sa « chose », pour lui appartenir de plein droit. « Je viens, o Dieu, pour faire votre volonté ». Ainsi Dieu reçut en ce jour de la présentation infiniment plus de gloire qu’Il n’en avait reçu jusque là dans ce Temple par tous les sacrifices et tous les holocaustes de l’Ancienne Loi. Pourquoi ? Parce qu’en ce jour, c’est son Fils Jésus qui lui est offert et qui offre lui-même des hommages infinis d’adoration, d’action de grâces, d’expiation, de supplication. C’est un don digne de Dieu. Le Père céleste dut recevoir avec une joie incommensurable cette offrande sacrée, cette oblation unique. Il n’étai plus besoin, à présent, d’holocaustes ni de sacrifices d’animaux : la seule victime digne de Dieu venait de lui être offerte. Ce qui me fait comprendre que nous aussi en famille nous devons vivre dans l’obéissance à la loi de Dieu, dans l’action de grâces, dans l’esprit de sacrifice à la louange de Dieu.
Et c’est par les mains de ND que cette offrande si agréable à Dieu lui est présentée. Marie comprenait la valeur de l’offrande que son Fils faisait à Dieu en ce moment. Elle est en parfaite harmonie avec le cœur de son Fils. C’est son propre Fils qu’elle offre, celui qu’elle a porté dans son sein. Et là, dans cette offrande, je vois les dispositions qu’il convient que nous ayons lorsque nous offrons, vous et moi, la sainte Eucharistie, l’oblation eucharistique. Quel prêtre, quel fidèle n’a jamais présenté à Dieu l’oblation eucharistique dans une union aussi étroite avec la divine victime que l’était Marie en ce moment ? Non seulement elle était unie à Jésus par des sentiments de foi et d’amour mais le lien qui l’unissait au Christ Jésus était unique. Elle a, elle eut, une part unique dans l’œuvre de notre rédemption. Et voyez comment, dès cet instant aussi, le Christ Jésus veut associer sa Mère à sa qualité de victime. Voici que s’amène le prophète Siméon. Il reconnaît le Sauveur du monde dans cet enfant. Il le prend dans ses bras et chante sa joie d’avoir enfin vu de ses yeux le Messie promis. Après avoir exalté la lumière qui doit se manifester un jour à toutes les nations, voici qu’il s’adresse à ND et lui dit : « Cet enfant est prédestiné à la ruine et à la résurrection de beaucoup en Israël. Il sera un signe auquel on contredira et votre âme sera percée d’un glaive ». C’était l’annonce du sacrifice sanglant du Calvaire. Elle sera proche toujours du sacrifice de son Fils. Elle sera même au pied de la Croix au Golgotha. J’y vois là encore une vertu de la Sainte Famille. L’acceptation de la Croix. La Sainte Famille dut partir en Egypte pour fuir la haine d’ Hérode qui craignait pour sa royauté personnelle. Il en sera toujours ainsi de ceux qui veulent vivre au plus proche du Fils de Dieu. Il faut le savoir pour que le jour où cela arrive, angoisse et peine puissent se calmer au souvenir de la Croix. Et c’est ainsi que nous pouvons contempler Marie et Joseph dans ce mystère de la présentation au Temple, pour bien assister au saint Sacrifice de la messe. A la sainte Messe, le Christ s’offre de nouveau à son Père. Présentons-le nous aussi à son Père. Unissons nous à Lui ; comme Lui, dans la disposition d’une parfaite soumission à la volonté de son Père, unissons nous à la foi si profonde de ND. C’est par cette foi véritable et cet amour plein de fidélité que nos offrandes mériteront d’être agréables à Dieu.
Mais j’ai oublié un peu saint Joseph, dans cette présentation. Retenons de lui sa justice, sa droiture, sa fidélité à accomplir promptement la loi du Seigneur. L’ange lui a parlé dans un songe. « Réveillé de son sommeil, Joseph fit ce que l’ange du Seigneur lui avait commandé ». Bel exemple d’obéissance prompte et vigilante. Exemple qu’il reproduisit quelque temps après la naissance de l’enfant et le départ des Mages : « Après leur départ, voici qu’un ange du Seigneur apparut à Joseph pendant son sommeil et lui dit : « Lève-toi, prends l’Enfant et sa Mère, fuis en Egypte….Joseph se leva, et la nuit même, prenant l’Enfant avec sa Mère, il se retira en Egypte ». Là, aussi, prompte obéissance.
Après cette petite méditation dominicale, on peut présenter aux familles chrétiennes comme un petit bouquet de Noël, les vertus de la Sainte Famille : l’adoration, la joie, l’action de grâces, l’émerveillement devant les mystères de Dieu, l’obéissance à la loi et à la volonté de Dieu, l’esprit de sacrifice qui puise sa force dans l’oblation eucharistique.