Synode sur l’Amazonie: un Synode schismatique
publié dans nouvelles de chrétienté le 21 septembre 2019
(Source: Correspondance européenne | 372)
Synode sur l’Amazonie: un Synode schismatique?
Les 6 et 7 septembre, le Conseil épiscopal latino-américain (CELAM) et le Réseau ecclésial pan-amazonien (REPAM), se sont réunis à Bogotà, capitale de la Colombie, pour discuter du prochain Synode des évêques qui se tiendra au Vatican du dimanche 6 au dimanche 27 octobre 2019 sur le thème Amazonie: nouveaux parcours pour l’Église et pour une écologie intégrale.
Dans le communiqué final de cette rencontre, le président du CELAM, Mgr Miguel Cabrejos, et le président du REPAM, le cardinal Cláudio Hummes, après avoir exprimé leur «joie que le Saint-Père ait convoqué ce Synode », redisent « leur espoir de continuer à promouvoir une Eglise au visage amazonien et indigène et de poursuivre dans ce processus d’implémentation ».
En marge de la réunion à Bogota, le cardinal nouvellement élu, Michael Czerny, secrétaire spécial du Synode pour l’Amazonie, a déclaré que: « L’Amazonie est le premier mot du titre du Synode. On peut dire que l’Amazonie, avec ses peuples, sa réalité, son territoire, ses habitants, est le sujet du Synode, on peut dire que c’est son centre. Par conséquent, la première ou, je dirais, toute première préoccupation, ce sont des gens, des peuples et en particulier des peuples autochtones ».
Cependant, comme toujours lors de ces réunions, l’important, ce n’est pas tant les déclarations officielles, mais les réunions privées qui ont lieu entre les hommes clés et les documents qui circulent entre eux pour mieux organiser les stratégies permettant d’atteindre les objectifs.
L’un de ces documents, dont le titre est Hacia el Sínodo Panamazónico: Desafíos y aportes desde América Latina y el Caribe, est le fruit d’une précédente rencontre à Bogotà, en avril dernier, à l’initiative des organisations Amerindia et Repam. LifeSiteNews, qui le 3 septembre a publié ce texte, a révélé qu’étaient présents à cette rencontre de Bogotà quatre personnes que le pape François a engagées dans la préparation du Synode : le père Paolo Suess (étroit collaborateur de l’évêque Erwin Kräutler, memebre du cons,eil pré-synodale; Mauricio López (secrétaire du REPAM et également membre du conseil); le conseiller indigène, le père Justino Sarmento Rezende, et Peter Hughes (lui aussi conseiller).
Ces quatre personnes seraient les principaux auteurs de l’Instrumentum Laboris, sur lequel travailleront les Pères du Synode en octobre. Comme le soulignent Maike Hickson et Matthew Cullinan Hoffman, auteurs de l’article de Lifesite News, le document de Bogotà se propose de saper ou de renverser les éléments fondamentaux de la doctrine catholique, en soutenant que l’Église n’a pas le “monopole du salut” et que le pluralisme et la diversité des religions sont l’expression d’une sage volonté divine; les religions non chrétiennes peuvent apporter le “salut” aux gens et les traditions religieuses païennes des indigènes d’Amazonie doivent être réévaluées ; le texte redéfinit l’Eucharistie comme un acte symbolique de la communauté; s’attaque au sacerdoce hiérarchique du Nouveau Testament en prévoyant la création de nouveaux ministères pour les laïcs, la possibilité d’ordination des femmes au diaconat et l’ordination d’hommes mariés au sacerdoce; promeut une nouvelle théologie autochtone, féministe et écologique et propose d’exporter ce modèle afin de créer une Eglise au « visage amazonien ». Du reste, le cardinal Gerhard Müller a déclaré: « Si, en Amazonie, des hommes de bonne réputation sont ordonnés au sacerdoce en vivant dans des unions stables (qu’il s’agisse de mariages canoniquement valables ou non ?), afin de fournir (!) les sacrements à la communauté – même sans formation théologique (IL 129, 2) –cela ne devrait-il pas finalement aussi constituer le levier pour introduire des viri probati en Allemagne, où le célibat n’est plus accepté dans la société et où de nombreux théologiens mariés seraient disponibles pour occupe, en tant que prêtres, des postes vacants au sein du clergé célibataire? »
Le 14 août, à Bogota, qui est en train de devenir l’un des principaux centres de diffusion des erreurs amazoniennes, Isidoro Jajoy, un sorcier de la tribu Inga de Colombie, a donné sa bénédiction, lors d’une réunion préparatoire au Synode sur l’Amazonie, aux religieux et religieuses présents, dans l’un des parcs du siège de la conférence des évêques colombiens. L’image qui le représente fait le tour du monde et confirme à quel point est arrivé le processus de déformation de la doctrine et de la constitution de l’Église. L’archevêque José Luis Azcona, évêque émérite de la prélature de Marajó, dans la région amazonienne du Brésil, n’a pas tort quand il exprime, dans une interview accordée à ACI Prensa, sa crainte que survienne un schisme.
En Allemagne également, le cardinal Rainer Woelki, archevêque de Cologne, dans une déclaration à la Kirchenzeitung Köln (https://kirchenzeitung-koeln.de/672) a exprimé sa crainte que le « ’chemin synodal’ emprunté par l’épiscopat allemand ne conduise à un schisme dans l’Église allemande et dans l’Eglise universelle ». D’ordinaire, dans l’histoire de l’Église, les schismes précèdent les hérésies, comme ce fut le cas pour le schisme anglican du XVIème siècle.
Aujourd’hui, la diffusion des erreurs et des hérésies précède la formalisation d’une rupture ecclésiale, mais cela tient au fait que normalement on se sépare de l’Eglise en se plaçant en opposition avec le pape, alors qu’aujourd’hui c’est au nom du pape que certains évêques préparent leur séparation de l’Église. Que fera le pape Bergoglio, si cela survient, quand la lutte se fera ouvertement ? Le 10 septembre, dans l’avion qui le ramenait d’Afrique à Rome, le pape François a déclaré: “Je prie pour qu’il n’y en ait pas, mais je n’ai pas peur d’un schisme dans l’Église”. Même pour le pape, par conséquent, la possibilité d’une division intra-ecclésiale n’est pas éloignée, mais le vicaire du Christ a tort de ne pas craindre la lacération du Corps Mystique.
Les catholiques qui aiment véritablement l’Église ont en horreur par les schismes et les hérésies et sont prêts à défendre la pureté et l’intégrité de l’enseignement du Christ jusqu’à verser le sang. C’est pour cette raison que se développe la résistance contre un synode qui pourrait entrer dans l’histoire à mesure que le “synode schismatique de l’Amazone” se développe.
Si les erreurs panthéistes, pélagiennes et luthériennes présentes dans le document de Bogotà et dans l’Instrumentum laboris lui-même ne sont pas corrigées, le Synode sur l’Amazonie risque de savérer un Synode ouvertement schismatique, comme le Synode pro-arien de Milan (355), le Synode monophysite d’Éphèse (449), le synode nestorien de Constantinople (553), le synode conciliaire de Bâle (1438), le synode janséniste de Pistoia (1786).
Au IVe siècle, à Milan, contre l’arianisme, peu d’évêques eurent le courage de résister à l’assemblée, mais se dressèrent saint Eusèbe de Verceil et saint Paulin de Trèves, face à l’empereur Constance II, qui avait convoqué le Synode et prétendait par ce moyen imposer sa volonté politique.
Peu de cardinaux et d’évêques semblent disposés à résister aujourd’hui à la politique du pape François avec l’héroïsme que les circonstances exigent, mais chez les prêtres et les laïcs, les manifestations de fidélité à l’Église s’élargissent, non pas uniquement en Amérique, comme le Saint-Père le croit, mais dans tous les pays du monde. Nous sommes les fils d’une Eglise militante qui n’accepte pas l’erreur, mais la combat et défend la vérité. Une Eglise qui veut conquérir au Christ les âmes et la société toute entière. Une Eglise qui se sépare de ceux qui, en son sein, professent une religion différente. Une Eglise que nous confions à la Bienheureuse Vierge Marie afin qu’avec ses anges, elle la protège dans les prochaines semaines qui seront décisives. (Roberto de Mattei) – (traduction de Marie P.)