Un résumé du document final du Synode sur l’Amazonie et les commentaires de Jeanne Smits
publié dans nouvelles de chrétienté le 27 octobre 2019
Synode sur l’Amazonie : mes commentaires sur la synthèse du document final
VaticanNews propose un résumé du document final du synode sur l’Amazonie, qui a été distribué à la demande du pape François. Voici ce résumé, auquel j’ajoute quelques commentaires, toujours en gras et italique. – J.S.
Document final du Synode: l’Église s’engage à être une alliée de l’Amazonie
Conversion : c’est le leitmotiv du Document final du Synode sur l’Amazonie. Une conversion qui se décline à plusieurs niveaux : intégrale, pastorale, culturelle, écologique et synodale. Le texte est le résultat de « l’échange ouvert, libre et respectueux » qui a eu lieu pendant les trois semaines de travail du Synode, pour raconter l’histoire des défis et du potentiel de l’Amazonie, le « cœur biologique » du monde réparti sur neuf pays et habité par plus de 33 millions de personnes, dont environ 2,5 millions sont indigènes. Pourtant, cette région, deuxième zone la plus vulnérable au monde du fait du changement climatique causé par l’homme, se trouve « dans une course effrénée vers la mort » et cela nécessite d’urgence – le Document le rappelle – une nouvelle orientation qui permettra de la sauver, sous peine d’un impact catastrophique sur la planète entière.
Le ton est millénariste – mais au lieu de demander la conversion de l’humanité à Dieu, le document final réclame la conversion de l’Eglise et de chaque homme au service de la Terre. Cette conversion « intégrale, pastorale, culturelle, écologique et synodale » n’a absolument rien à voir avec le salut ou la vie éternelle. Elle est une conversion-révolution, non point au Cœur sacré de Jésus et au Cœur immaculé de sa Mère virginale, mais au « cœur biologique du monde. » Ces cinq « conversions » mal centrées donnent lieu au cinq chapitres du document final.
Chapitre I – Conversion intégrale
Dès le début, le Document nous exhorte à une « vraie conversion intégrale », avec une vie simple et sobre, dans le style de saint François d’Assise, engagé à entrer en relation harmonieuse avec la « maison commune », l’œuvre créatrice de Dieu. Cette conversion conduira l’Église à être en sortie, pour entrer dans le cœur de tous les peuples amazoniens. L’Amazonie, en effet, a une voix qui est un message de vie et s’exprime à travers une réalité multiethnique et multiculturelle, représentée par les visages variés qui l’habitent. « Bien vivre » et « bien agir » sont les modes de vie des peuples amazoniens, c’est-à-dire vivre en harmonie avec eux-mêmes, avec les êtres humains et avec l’être suprême, dans une seule intercommunication entre tout le cosmos, pour forger un projet de vie pleine pour tous.
Tous ne sont pas appelés à la vie simple et sobre du moine qui renonce à toute propriété ; c’est l’équilibre de l’Eglise que de le savoir et c’est cet équilibre qui est remis en cause au nom d’un sacrifice offert au nom de la « relation harmonieuse avec la maison commune » – qui n’était en aucun cas la première préoccupation de saint François mais peut-être ce « surcroît » promis à celui qui cherche d’abord le royaume de Dieu.
Quant à la voix de l’Amazonie, tout a montré au long de ce synode qu’on lui fait dire ce qu’on veut, au lieu d’écouter Celui qui est le Verbe : la Voie, la Vérité et la Vie. On retrouve sans surprise la glorification de la société multi-ethnique et multi-culturelle. Le « bien vivre » des indigènes, résumé ainsi : « Le bien vivre (sumak kawsay) des aborigènes suppose qu’il y a “une intercommunication à l’intérieur de tout le cosmos, où il n’y a ni excluants ni exclus. » Ici ils ont rajouté « l’être suprême ». Pas Dieu, non, l’être suprême cher aux francs-maçons.
Les douleurs de l’Amazonie : le cri de la terre et le cri des pauvres
Cependant, le texte n’ignore pas les nombreuses douleurs et violences qui aujourd’hui blessent et déforment l’Amazonie, menaçant sa vie : la privatisation des biens naturels, les modèles de production prédateurs, la déforestation qui touche près de 17 % de la région, la pollution des industries extractives, le changement climatique, le trafic de drogue, l’alcoolisme, la traite des personnes, la criminalisation des leaders et défenseurs du territoire et les groupes armés illégaux.
Ici le document parle comme une ONG.
Il y a aussi une grande page sur la migration en Amazonie, qui est divisée en trois niveaux : la mobilité des groupes autochtones dans les territoires à circulation traditionnelle ; le déplacement forcé des peuples autochtones ; les migrations internationales et les réfugiés. Pour tous ces groupes, il y a un besoin de pastorale transfrontalière qui inclut le droit à la libre circulation.
Le problème de la migration, dit-on, doit être abordé de manière coordonnée par les Églises frontalières. En outre, un travail pastoral permanent devrait être conçu pour les migrants victimes de la traite. Le Document synodal demande également qu’une attention particulière soit accordée au déplacement forcé des familles autochtones dans les centres urbains, en soulignant que ce phénomène nécessite « une attention pastorale globale dans les banlieues ». D’où l’exhortation à créer des équipes missionnaires qui, en coordination avec les paroisses, s’occupent de cet aspect, en offrant des liturgies inculturées et en favorisant l’intégration de ces communautés dans les villes.
Missionaires, bravo, oui, s’ils apportent le Christ. Il serait d’ailleurs temps puisque les indigènes pourtant christianisés par les missionnaires catholiques pendant des siècles, se convertissent en masse… au pentecôtisme. Mais bien sûr, l’accent est mis sur les liturgies « inculturées ». Comme l’idolâtrie de la Terre Mère imposée en divers lieux de Rome par des groupes d’agitation pseudo-indigène parfaitement organisés ?
Chapitre II – La conversion pastorale
La référence à la nature missionnaire de l’Église est d’ailleurs centrale : la mission n’est pas quelque chose d’optionnel – le texte le rappelle – parce que l’Église est missionnaire et l’action missionnaire est le paradigme de l’ensemble de l’œuvre de l’Église. En Amazonie, elle doit être « Samaritaine », c’est-à-dire qu’elle doit aller à la rencontre de tous ; « Madeleine », c’est-à-dire aimée et réconciliée pour proclamer avec joie le Christ ressuscité ; « mariale », c’est-à-dire engendrer des enfants à la foi et « inculturée » parmi les peuples qu’elle sert. Il est donc important de passer d’une « visite » pastorale à une « présence pastorale permanente » et c’est pourquoi le Document synodal suggère que les congrégations religieuses du monde établissent au moins un avant-poste missionnaire dans l’un des pays amazoniens.
On y croirait presque si le synode avait rappelé qu’une femme, seule, d’apparence métisse, a converti le continent sud-américain de manière prodigieuse en 1531, la Vierge elle-même, apparue enceinte et enveloppée de soleil, arrachant les autochtones à leur idolâtrie diabolique en les libérant de son esclavage, plus forte avec son doux visage et son humilité devant le Très-Haut que les effrayantes « divinités » à plumes qu’il fallait apaiser par le sang. Notre Dame de Guadalupe a été mise de côté, oubliée, remplacée par une Pachamama (aux dires du pape) vilaine et sans pudeur, cette « Terre Mère » dont le cri réclame des sacrifices. (Les anglophones peuvent écouter à ce sujet l’instructive émission de Michael Matt.)
Le sacrifice des martyrs missionnaires
Le Synode n’oublie pas les nombreux missionnaires qui ont donné leur vie pour transmettre l’Évangile en Amazonie, dont les pages les plus glorieuses ont été écrites par les martyrs. En même temps, le Document rappelle que l’annonce du Christ dans la région a souvent été faite de connivence avec les pouvoirs oppressifs du peuple. C’est pourquoi, aujourd’hui, l’Église a « l’occasion historique » de s’éloigner des nouvelles puissances colonisatrices, d’écouter les peuples amazoniens et d’exercer son activité prophétique « de manière transparente ».
Parce qu’autrefois, c’était opaque. Colonialiste. Faudrait nettoyer tout ça !
Dialogue œcuménique et interreligieux
Dans ce contexte, une grande importance est accordée au dialogue œcuménique et inter-religieux : « chemin indispensable de l’évangélisation en Amazonie », le dialogue œcuménique doit partir « de la centralité de la Parole de Dieu, pour initier de véritables chemins de communion ». Sur le plan inter-religieux, le Document encourage une meilleure connaissance des religions indigènes et des cultes d’ascendance africaine, afin que chrétiens et non-chrétiens, ensemble, puissent agir pour défendre la maison commune. Pour cette raison, des moments de rencontre, d’étude et de dialogue entre les Églises amazoniennes et les adeptes des religions indigènes sont proposés.
Au nom, donc, de la Pachamama, il faut s’ouvrir aux cultes indigènes clairement idolâtres et aussi aux cultes des Noirs d’Afrique amenés dans ces régions. Communion… pour la maison commune.
L’urgence de la pastorale indigène et de la pastorale des jeunes
Il est nécessaire de créer ou de maintenir « une option préférentielle pour les peuples indigènes », en donnant une impulsion missionnaire encore plus grande parmi les vocations indigènes, car l’Amazonie doit aussi être évangélisée par l’Amazonie. Partagés entre tradition et innovation, plongés dans une crise intense de valeurs, victimes de tristes réalités telles que la pauvreté, la violence, le chômage, les nouvelles formes d’esclavage et les difficultés d’accès à l’éducation, ils se retrouvent souvent en prison ou meurent par suicide.
Pourtant, les jeunes Amazoniens ont les mêmes rêves et les mêmes espoirs que les autres enfants du monde et l’Église, appelée à être une présence prophétique, doit les accompagner sur leur chemin, pour éviter que leur identité et leur estime de soi ne soient endommagées ou détruites. En particulier, le Document suggère « une pastorale des jeunes renouvelée et audacieuse », centrée sur Jésus. Les jeunes, en effet, lieux théologiques et prophètes d’espérance, veulent être protagonistes et l’Église amazonienne veut reconnaître leur espace. D’où l’invitation à promouvoir de nouvelles formes d’évangélisation à travers les réseaux sociaux et à aider les jeunes autochtones à atteindre une saine inter-culturalité.
Ne serait-ce pas la société qui rend l’homme mauvais, voire le désespère ? On a déjà entendu ça quelque part…
La pastorale urbaine et les familles
Le texte final du Synode développe ensuite le thème de la pastorale urbaine, avec un regard particulier sur les familles : dans les banlieues des villes, elles souffrent de pauvreté, de chômage, de manque de logement, ainsi que de nombreux problèmes de santé. Il est donc nécessaire de défendre le droit de tous à la ville en tant que jouissance équitable des principes de durabilité, de démocratie et de justice sociale.
Il faut se battre pour que dans les favelas et dans les “villas miserias” les droits fondamentaux soient garantis. La mise en place d’un « ministère d’accueil » pour la solidarité fraternelle avec les migrants, les réfugiés et les sans-abri vivant en milieu urbain doit également être centrale. Dans ce contexte, une aide précieuse vient des communautés ecclésiales de base, « un don de Dieu aux Églises locales de l’Amazoni e». Dans le même temps, les politiques publiques sont invitées à améliorer la qualité de vie dans les zones rurales, afin d’éviter le transfert incontrôlé des populations vers les villes.
« Communautés ecclésiales de base » : voilà la théologie de la libération, avec son substrat marxiste, proposée comme solution.
Chapitre III – Conversion culturelle
L’inculturation et l’interculturalité sont des outils importants – poursuit le Document – pour réaliser une conversion culturelle qui conduit le chrétien à aller à la rencontre de l’autre pour apprendre de lui. Les peuples amazoniens, en effet, avec leurs « parfums anciens » qui contrastent avec le désespoir que l’on respire sur le continent, et avec leurs valeurs de réciprocité, de solidarité et de sens communautaire, offrent des enseignements de vie et une vision intégrée de la réalité capable de comprendre que toute création est liée et de garantir donc une gestion durable. L’Église s’engage à être l’alliée des peuples autochtones – le texte synodal le réitère – surtout pour dénoncer les attaques perpétrées contre leur vie, les projets de développement prédateur ethnocides et écocides et la criminalisation des mouvements sociaux.
Autrefois, les indigènes étaient heureux, bons, vivaient en pleine harmonie… avec un des pires environnements naturels de la planète. « Comprendre que toute création est liée », c’est le « mantra » du pape François, et l’on perçoit ici son lien étroit avec une vision indigéniste de la vie sur terre.
Défendre la terre, c’est défendre la vie
« La défense de la terre n’a d’autre but que la défense de la vie » et se fonde sur le principe évangélique de la défense de la dignité humaine. Il est donc nécessaire de respecter les droits à l’autodétermination, à la délimitation des territoires et à la consultation préalable, libre et éclairée des peuples autochtones. Un point spécifique est consacré aux peuples autochtones en isolement volontaire (Piav) ou en isolement et premier contact (Piaci), qui aujourd’hui, en Amazonie, représentent environ 130 unités et sont souvent victimes de nettoyage ethnique : l’Église doit entreprendre une action pastorale mais aussi une sorte de lobbying, une pression, pour que les États protègent les droits et l’inviolabilité des territoires de ces peuples.
Entre revendications politiques et parti-pris pour le non accès de ces peuples aux progrès techniques, et surtout à la civilisation (pour endommagée qu’elle soit aujourd’hui par la culture de mort), les pères synodaux ne se sont semble-t-il pas posé la question de savoir si les membres de ces PIAV et PIACI sont tous d’accord pour cette manière de vivre. Ils ont droit à leurs traditions, les bonnes comme les mauvaises ; mais nous, on nous a arraché notre liturgie immémoriale…
Théologie indienne et piété populaire
Du point de vue de l’inculturation, c’est-à-dire de l’incarnation de l’Évangile dans les cultures indigènes, une place est donnée à la théologie et à la piété populaire indiennes, dont les expressions doivent être appréciées, accompagnées, promues et parfois « purifiées », car elles sont des moments privilégiés d’évangélisation qui doivent conduire à la rencontre avec le Christ. L’annonce de l’Évangile, en effet, n’est pas un processus de destruction, mais de croissance et de consolidation des « semences du Verbe » présentes dans les cultures.
D’où le rejet clair de « l’évangélisation de style colonial » et du « prosélytisme », en faveur d’une proclamation inculturée qui promeut une Église à visage amazonien, en plein respect et égalité avec l’histoire, la culture et le mode de vie des populations locales. A cet égard, le Document synodal propose que les centres de recherche de l’Église étudient et rassemblent les traditions, les langues, les croyances et les aspirations des peuples autochtones, en encourageant leur travail éducatif sur la base de leur propre identité et culture.
La théologie indienne, c’est celle d’une spiritualité panthéiste, centrée sur l’invocation des esprits, et marquée fortement par la dualité sexuelle, de telle sorte qu’en théologie indienne on n’imagine pas le célibat du prêtre ni la liturgie sans femme. Combattue par Benoît XVI. Présente dans le document préparatoire du synode en note de bas de page seulement – mais ils savaient bien qu’elle était centrale à l’entreprise.
Quant à la vénération de Notre Dame de Guadalupe ou de Notre Dame d’Aparecida, elle a… disparu de l’esprit de ces grands promoteurs de la piété populaire.
Créer un réseau amazonien de communication ecclésiale
Également dans le domaine de la santé – poursuit le Document – ce projet éducatif devrait promouvoir les connaissances ancestrales de la médecine traditionnelle de chaque culture. En même temps, l’Église s’engage à offrir des soins de santé là où l’État n’arrive pas. Il y a aussi un appel fort pour une éducation solidaire, basée sur la conscience d’une origine commune et d’un avenir partagé par tous, ainsi qu’une culture de la communication qui favorise le dialogue, la rencontre et le soin de la « maison commune ». Concrètement, le texte synodal suggère la création d’un réseau panamazzonique de communication ecclésiale, d’un réseau scolaire d’éducation bilingue et de nouvelles formes d’éducation, même à distance.
Le jargon commence à m’énerver. Juste un mot pour dire que les connaissances ancestrales de la médecine traditionnelle de chaque culture, avec leur part de sorcellerie et de rituels qui n’ont rien de chrétien, n’ont rien à faire dans un document de cette sorte. A-t-on vraiment attendu Laudato si’ et l’Instrumentum laboris pour découvrir les vertus de la quinine ?
Chapitre IV – Conversion écologique
Face à « une crise sociale et environnementale sans précédent », le Synode appelle à une Église amazonienne capable de promouvoir une écologie intégrale et une conversion écologique selon laquelle « tout est intimement lié ».
L’écologie intégrale, la seule voie possible
L’espoir est qu’en reconnaissant « les blessures causées par l’être humain » au territoire, on recherche « des modèles de développement équitable et solidaire ». Cela se traduit par une attitude qui lie la pastorale de la nature à la justice pour les personnes les plus pauvres et les plus défavorisées de la terre. L’écologie intégrale ne doit pas être comprise comme une voie supplémentaire que l’Église peut choisir pour l’avenir, mais comme le seul moyen possible de sauver la région de l’extractivisme prédateur, du sang innocent versé et de la criminalisation des défenseurs de l’Amazonie. L’Église, en tant que « partie intégrante de la solidarité international e», doit promouvoir le rôle central du biome amazonien dans l’équilibre de la planète et encourager la communauté internationale à fournir de nouvelles ressources économiques pour sa protection en renforçant les instruments de la Convention-cadre sur les changements climatiques.
L’Eglise comme supplétif de l’ONU et de son programme pour le développement durable !
La défense des droits de l’Homme est un besoin de foi
La défense et la promotion des droits de l’Homme, ainsi qu’un devoir politique et une tâche sociale, est un besoin de foi. Face à ce devoir chrétien, le Document dénonce la violation des droits de l’Homme et la destruction des ressources extractives ; il assume et soutient, également en alliance avec d’autres Églises, les campagnes de désinvestissement des entreprises extractives qui causent des dommages sociaux et écologiques en Amazonie ; il propose une transition énergétique radicale et la recherche d’alternatives ; il propose aussi le développement de programmes de formation pour le soin de la « maison commune ».
Le texte demande aux États de cesser de considérer la région comme une dépendance inépuisable, tout en appelant à un « nouveau paradigme de développement durable » socialement inclusif, combinant connaissances scientifiques et traditionnelles. Les critères commerciaux ne devraient pas être supérieurs aux critères environnementaux et aux droits de l’Homme.
Voilà qui va servir les velléités d’internationalisation de la zone…
L’Église alliée des communautés amazoniennes
L’appel est à la responsabilité : nous sommes tous appelés à prendre soin de l’œuvre de Dieu. Les protagonistes du soin, de la protection et de la défense des peuples sont les communautés amazoniennes elles-mêmes. L’Église est leur alliée, elle marche avec eux, sans imposer une manière particulière d’agir, reconnaissant la sagesse des peuples sur la biodiversité contre toute forme de biopiraterie. Les agents pastoraux et les ministres ordonnés sont invités à se former à cette sensibilité sociale et environnementale à l’instar des martyrs de l’Amazonie. L’idée est de créer des ministères pour le soin de la maison commune.
Mourir pour le « biome » amazonien ? On n’en est pas loin, avec des prêtres de la nouvelle Eglise verte, ministres du bien-être de la Terre et non du salut des âmes.
Défendre la vie
Le Document réaffirme l’engagement de l’Église à défendre la vie « de sa conception à son crépuscule » et à promouvoir le dialogue interculturel et œcuménique afin de contrer les structures de mort, de péché, de violence et d’injustice. La conversion écologique et la défense de la vie en Amazonie se traduisent pour l’Église par un appel à « désapprendre, apprendre et réapprendre afin de surmonter toute tendance à assumer les modèles coloniaux qui ont causé des dommages dans le passé ».
Vous savez quoi ? Ce sont les Conquistadors espagnols et la grands voyageurs portugais qu’il faut rejeter ; renoncer à leurs pompes et à leurs œuvres comme on renonce à Satan. Même si avant leur arrivée c’est Satan qui régnait en maître dans ces terres de malheur…
Péché écologique et droit à l’eau potable
Le Document propose une définition du « péché écologique » comme« une action ou une omission contre Dieu, contre le prochain, la communauté, l’environnement », les générations futures et la vertu de la justice. Afin de réparer la dette écologique que les pays ont envers l’Amazonie, il est suggéré de créer un fonds mondial pour les communautés amazoniennes, afin de les protéger du désir prédateur des entreprises nationales et multinationales.
Le Synode rappelle « l’urgence de développer des politiques énergétiques qui réduisent drastiquement les émissions de dioxyde de carbone (CO2) et d’autres gaz liés au changement climatique ». Il promeut l’énergie propre et attire l’attention sur l’accès à l’eau propre, droit humain fondamental et condition pour l’exercice des autres droits humains. Protéger la terre, c’est encourager la réutilisation et le recyclage, réduire l’utilisation de combustibles fossiles et de plastiques, changer les habitudes alimentaires comme la consommation excessive de viande et de poisson, adopter un mode de vie sobre, planter des arbres.
Manger des pommes, aussi ?
Dans ce contexte émerge la proposition de créer un Observatoire social et pastoral amazonien qui travaillerait en synergie avec le CELAM, la CLAR, Caritas, le Repam, les épiscopats, les Églises locales, les universités catholiques mais aussi avec les acteurs non-ecclésiaux. La création d’un bureau amazonien au sein du Dicastère pour le Service du Développement humain intégral est également proposée.
Organismes qui dans l’ensemble ont proposé toutes les innovations les plus progressistes…
Chapitre V – Nouvelles voies de conversion synodale
Surmonter le cléricalisme et les impositions arbitraires, renforcer une culture de dialogue, d’écoute et de discernement spirituel, répondre aux défis pastoraux. Telles sont les caractéristiques sur lesquelles doit se fonder une conversion synodale, à laquelle l’Église est appelée à avancer en harmonie, sous l’impulsion de l’Esprit qui donne la vie et avec audace évangélique.
Ah, encore ce jargon… Et ce n’est pas fini.
Synodalité, ministères, rôle actif des laïcs et vie consacrée
Le défi est d’interpréter les signes des temps à la lumière de l’Esprit Saint et d’identifier le chemin à suivre dans le service du plan de Dieu. Les formes d’exercice de la synodalité sont variées et doivent être décentralisées, attentives aux processus locaux, sans affaiblir le lien avec les Églises sœurs et avec l’Église universelle. La synodalité traduit, en continuité avec le Concile Vatican II, la coresponsabilité et le ministère de tous, la participation des laïcs, hommes et femmes, considérés comme « acteurs privilégiés ».
Ou l’aboutissement de tout ce qu’il y avait de plus dangereusement ambigu dans le Concile à la suite duquel la pratique religieuse des catholiques s’est effondré ; beau modèle.
La participation des laïcs, tant dans la consultation que dans la prise de décision, à la vie et à la mission de l’Église devrait être renforcée et élargie à partir de la promotion et de la délégation de « ministères aux hommes et aux femmes de manière équitable ».
Allez, nous y voilà, le partage des postes voire la parité. Les ministères, c’est pour les femmes aussi.
Évitant l’individualisme, peut-être par rotation des tâches, « l’évêque peut confier, avec un mandat à durée déterminée, en l’absence de prêtres, l’exercice de la pastorale des communautés à une personne non investie du caractère sacerdotal, qui est membre de la communauté elle-même ». La responsabilité de la communauté restera du ressort du prêtre. Le Synode parie alors sur une vie consacrée à visage amazonien, en commençant par un renforcement des vocations indigènes : parmi les propositions, l’itinérance avec les pauvres et les exclus est soulignée. Il est aussi demandé que la formation soit centrée sur l’interculturalité, l’inculturation et le dialogue entre la spiritualité et les cosmovisions amazoniennes.
La spiritualité et les cosmovisions amazoniennes ? Mais bien sûr ! Revoilà les esprits de l’eau et de la rivière et la Terre Mère annoncés dans le document préparatoire et l’Instrumentum laboris ; ils n’ont rien oublié, surtout pas le pire et le plus païen ! D’ailleurs…
L’heure de la femme
Un grand espace dans le Document est consacré à la présence et au temps des femmes. Comme le suggère la sagesse des peuples ancestraux, la terre mère a un visage féminin et dans le monde indigène les femmes sont « une présence vivante et responsable dans la promotion humaine ». Le Synode demande que la voix des femmes soit entendue, qu’elles soient consultées, qu’elles participent de manière plus incisive à la prise de décision, qu’elles contribuent à la synodalité ecclésiale, qu’elles assument avec plus de force leur direction dans l’Église, dans les conseils pastoraux ou « même dans les instances gouvernementales ».
On vous le dit, les femmes indigènes n’attendent que ça, peut-être même avec l’indéfrisable et le droit au micro qui vont avec. Et ce n’est pas néo-colonialiste, ça, que de vouloir fabriquer des équipes liturgiques sur le modèle des paroisses féminisées de France ou d’Allemagne où la foi se meurt ?
En tant que protagonistes et gardiennes de la création et de la maison commune, les femmes sont souvent « victimes de violence, physique, morale et religieuse, y compris de féminicides ».
Il n’y a pas d’hominicides.
Le texte réaffirme l’engagement de l’Eglise à défendre leurs droits, en particulier en ce qui concerne les femmes migrantes. En même temps, il reconnaît le « ministère » confié par Jésus aux femmes et appelle à une révision du Motu Proprio Ministeria quædam de saint Paul VI, afin que les femmes bien formées et préparées puissent aussi « recevoir les ministères du lecteur et de l’acolyte, entre autres, qui peuvent être réalisés ».
Ce n’est pas possible. Répétons, pas possible. Point.
Plus précisément, dans les contextes où les communautés catholiques sont dirigées par des femmes, la création d’un « ministère établi des femmes comme leaders communautaires » est nécessaire. Le Synode souligne que les nombreuses consultations en Amazonie ont sollicité le « diaconat permanent pour les femmes », un thème très présent dans les débats au Vatican.
Les participants souhaitent partager les expériences et les réflexions qui ont émergé jusqu’à présent avec la Commission d’étude sur le diaconat féminin créée en 2016 par le Pape François et en attendent les résultats.
C’était à prévoir. Mais à mon avis à comprendre comme s’inscrivant dans le culte de la Pachamama d’une Eglise à visage amazonien devenue modèle pour l’Eglise tout entière.
Diaconat permanent
La promotion, la formation et le soutien des diacres permanents sont définis comme urgents. Le diacre, sous l’autorité de l’évêque, est au service de la communauté et est aujourd’hui obligé de promouvoir l’écologie intégrale, le développement humain, la pastorale sociale et le service aux personnes en situation de vulnérabilité et de pauvreté, les configurant au Christ.
Il est donc nécessaire d’insister sur la formation continue, marquée par l’étude académique et la pratique pastorale, dans laquelle l’épouse et les enfants du candidat sont également impliqués. Le programme de formation, précise le Synode, devrait inclure des thèmes qui favorisent le dialogue œcuménique, inter-religieux et interculturel, l’histoire de l’Église en Amazonie, l’affectivité et la sexualité, la cosmovision autochtone et l’écologie intégrale. L’équipe des formateurs sera composée de ministres ordonnés et de laïcs. La formation de futurs diacres permanents dans les communautés vivant sur les rives des rivières indigènes devrait être encouragée.
Toujours avec la cosmovision autochtone…
Formation des prêtres
La formation des prêtres doit être inculturée : il faut préparer des pasteurs qui sachent vivre l’Évangile, connaître les lois canoniques, être compatissants à l’exemple de Jésus : proches des gens, capables d’écouter, de guérir et de consoler, sans chercher à s’imposer, manifestant la tendresse du Père. Aussi dans le domaine de la formation pour le sacerdoce, les pères synodaux souhaitent l’inclusion de disciplines telles que l’écologie intégrale, l’éco-théologie, la théologie de la création, les théologies indépendantes, la spiritualité écologique, l’histoire de l’Église en Amazonie, l’anthropologie culturelle amazonienne. Le Synode recommande d’insérer de préférence les centres de formation dans la réalité amazonienne et d’offrir aux jeunes non-amazoniens la possibilité de vivre leur formation en Amazonie.
Ce serait tout de même plus simple s’ils nous disaient carrément qu’ils veulent changer la foi pour l’adapter aux croyances indigènes.
Participation à l’Eucharistie et ordinations sacerdotales
La participation à l’Eucharistie est au cœur de la communauté chrétienne. Pourtant, note le Synode, de nombreuses communautés ecclésiales du territoire amazonien ont d’énormes difficultés à y accéder. Cela peut prendre des mois, voire des années, avant qu’un prêtre ne revienne dans une communauté pour célébrer la messe ou offrir les sacrements de la Réconciliation et de l’onction des malades. Le Synode réaffirme l’appréciation du célibat comme don de Dieu dans la mesure où il permet au prêtre de se consacrer pleinement au service de la communauté et renouvelle la prière pour qu’il y ait beaucoup de vocations dans le célibat, bien que « cette discipline ne soit pas requise par la nature même du sacerdoce », et il considère la vaste étendue du territoire amazonien et la pénurie des ministres ordonnés.
Le Document final propose « d’établir des critères et des dispositions par l’autorité compétente, d’ordonner des prêtres appropriés et reconnus de la communauté qui ont un diaconat permanent fécond et reçoivent une formation adéquate pour le sacerdoce, pouvant avoir une famille légitimement constituée et stable, pour soutenir la vie de la communauté chrétienne par la prédication de la Parole et la célébration des sacrements dans les zones les plus reculées de la région amazonienne ». Il est précisé qu’à cet égard, « certains se sont exprimés en faveur d’une approche universelle du sujet ».
Ça aussi, on s’en doutait. Que dire de plus ?
Organisme régional post-synodal et Université amazonienne
Le Synode propose de repenser l’organisation des Églises locales d’un point de vue « panamazonien », en redimensionnant les vastes zones géographiques des diocèses, en regroupant les Églises particulières présentes dans la même région et en créant un Fonds amazonien pour le soutien à l’évangélisation afin de faire face au « coût de l’Amazonie ».
Dans ce contexte émerge l’idée de créer un organisme régional ecclésial post-synodal, articulé avec le Repam et le CELAM, afin de prendre en charge bon nombre des propositions qui ont émergé du Synode.
En effet, pourquoi les très progressistes REPAM et CELAM lâcherait-ils le morceau ?
Dans le domaine de l’éducation, la création d’une Université catholique amazonienne, fondée sur la recherche interdisciplinaire, l’inculturation et le dialogue interculturel et fondée principalement sur les Saintes Écritures, dans le respect des coutumes et traditions des peuples autochtones, est nécessaire.
Relire l’Ecriture Sainte à la lumière des traditions autochtones ?
Rite amazonien
Afin de répondre de manière authentiquement catholique à la demande des communautés amazoniennes d’adapter la liturgie en valorisant la vision du monde, les traditions, les symboles et les rites présents dans la région, il est demandé à cet organisme de constituer une commission compétente pour étudier l’élaboration d’un rite amazonien qui puisse exprimer « le patrimoine liturgique, théologique, disciplinaire et spirituel de l’Amazonie ».
Il s’ajouterait aux 23 rites déjà présents dans l’Église catholique, enrichissant le travail d’évangélisation, la capacité d’exprimer la foi dans une culture qui lui est propre, le sens de la décentralisation et de la collégialité que l’Église catholique peut exprimer. Il est également suggéré que les rites ecclésiaux soient accompagnés par la manière dont les gens prennent soin du territoire et se rapportent à ses eaux.
On en a eu un avant-goût avec la minette promenée en canoë dans Santa Maria in Traspontina avant d’exécuter une danse avec le Nouveau Testament.
Enfin, pour favoriser le processus d’inculturation de la foi, le Synode exprime l’urgence de former des comités pour la traduction et la rédaction des textes bibliques et liturgiques dans les langues des différents lieux, « en préservant la matière des sacrements et en les adaptant à la forme, sans perdre de vue l’essentiel ». La musique et le chant devraient également être encouragés au niveau liturgique. A la fin du Document, on invoque la protection de la Vierge de l’Amazonie, Mère de l’Amazonie, vénérée avec divers titres dans toute la région.
Sainte Marie de Guadalupe, Impératrice des Amériques,
priez pour nous. Vraiment. Et vite. S’il vous plaît…