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La grande conjonction

publié dans regards sur le monde le 16 janvier 2010


La grande conjonction

 

Discrètement, en peu de mots, La Croix de lundi dernier nous révélait l’embarras de la Conférence épiscopale brésilienne : elle hésitait à s’opposer ouvertement au IIIe Programme national des droits de l’homme approuvé en décembre dernier par le président Lula da Silva.

 

Pourtant ce « Programme », parmi ses 27 lois et 500 mesures, prévoit l’avortement, le mariage homosexuel, l’adoption par des couples du même sexe. Ce qui fait beaucoup pour un pays qui demeure en majorité catholique.

 

Mais le « Programme » prévoyait aussi (au mépris de l’amnistie promulguée par la loi de 1979 et confirmée par la Constitution de 1988) l’institution d’une répression rétroactive des crimes pouvant être imputés à la dictature militaire de 1964-1985.

 

L’épiscopat a eu peur, s’il s’opposait aux monstruosités morales du « Programme », d’être accusé de complicité avec les militaires brésiliens ; c’est-à-dire qu’il a craint d’être victime d’une dialectique marxiste-léniniste pratiquant l’amalgame et le chantage politiques.

 

Il n’aurait évidemment pas dû hésiter. Mais finalement la question ne s’est pas posée. Ce projet malsain, trente et quarante ans après coup, de répression contre la dictature militaire de 1964-1985, le président Lula vient de le retirer de son « Programme » ; il a cédé mercredi devant l’opposition des militaires.

 

Les effarouchements de l’épiscopat devraient donc se trouver apaisés, et la liberté lui être ainsi rendue d’appeler le peuple chrétien au combat civique contre une dictature morale et judiciaire de l’homosexualité. Sur la question des mœurs contre nature, il n’y a d’ailleurs pas seulement la menace du IIIe Programme ; il y a en outre, actuellement en instance, un projet de loi déjà adopté en commission sénatoriale, qui tend à établir un régime de « tyrannie homosexuelle », comme l’a indiqué Jeanne Smits dans Présent du 18 novembre dernier, réprimant jusqu’à la moindre apparence d’avoir manqué, dans les paroles ou la pensée, au respect dû à l’homosexualité. La conjonction active entre la pratique de la dialectique marxiste et l’insolence homosexuelle n’est pas à l’œuvre seulement au Brésil, où elle est pour le moment plus visible ; elle devient un phénomène mondial.

 

Dans le monde entier, la dialectique marxiste, pratiquée souvent à l’aveuglette par des gens qui ne comprennent pas ce qu’ils font, institue des cultes de la mémoire et des procès politiques unilatéraux, où l’on voit des auto-proclamés « démocrates » et « anti-fascistes », communistes compris, la main dans la main, mettre en accusation toutes les formes réelles ou supposées d’anti-communisme militant. Et l’on ne voit jamais aucun procès des crimes communistes, alors que le communisme a été et continue d’être numériquement, et de très loin, le plus grand criminel politique qui ait jamais existé. Ce n’est pas l’effet du hasard, mais d’un savoir-faire très reconnaissable.

 

Cette insidieuse survie politico-médiatique des procédés marxistes-léninistes prend des formes très variées mais convergentes. Roberto de Mattei, dans sa Correspondance européenne, a récemment observé qu’en novembre 2009 la célébration officielle du vingtième anniversaire de la chute du Mur de Berlin « n’a pas été présentée comme la fin du cauchemar communiste » en Europe, mais « comme l’avènement d’un rêve de paix » ; ainsi il semblerait aujourd’hui que « la faute principale du Mur était de diviser deux “mondes” destinés par l’histoire à se réunifier ». Le communisme sous sa forme soviétique s’est écroulé à partir de la chute du Mur de Berlin en 1989, « mais le cœur idéologique du communisme, le matérialisme dialectique, a survécu » en position sournoisement dominante, qui se manifeste notamment par un prétendu « anti-fascisme » toujours militant, alors que le fascisme a disparu.

 

La conjonction active d’un marxisme souvent camouflé et d’une homosexualité de plus en plus arrogante marque le stade actuel d’une générale offensive contre nature ; c’est le stade nouveau d’une même réalité déchiffrée par saint Pie X quand il enseignait que la cité chrétienne n’est plus à inventer : « Il ne s’agit que de l’instaurer et la restaurer sans cesse sur ses fondements naturels et divins contre les attaques toujours renaissantes de l’utopie malsaine, de la révolte et de l’impiété. » Contre ces attaques, l’Eglise aujourd’hui est, on le sait, une Eglise malade, une Eglise ici ou là, dans le meilleur des cas, à peine convalescente. Mais c’est bien l’Eglise de Jésus-Christ, et c’est elle, malgré ses faiblesses, qui est au combat contre l’agressive conjonction satanique. Sinon, à qui, à quoi irions-nous ?

JEAN MADIRAN

Article extrait du n° 7011
du Samedi 16 janvier 2010

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