Devant la crise de l’Eglise, et surtout de la papauté, que faire?
publié dans nouvelles de chrétienté le 27 novembre 2019
Garder le silence et prier ?
C’est la question que se pose, dans son blog, jeanne Smits. Sa résolution est juste!
Garder le silence et prier…
C’est un conseil d’ordre général que j’ai entendu plusieurs fois ces derniers jours, ces derniers mois : dans la situation de crise où se trouve l’Eglise, mieux vaudrait ne s’occuper de rien, fuir internet, bannir de nos lectures les sites qui dénoncent l’apostasie. N’écoutons plus ceux qui se désolent de cérémonies « catholiques » paganisées au cœur de la chrétienté, des déclarations et des actes douteux, voire matériellement hérétiques du pape François, et de la confusion… qui me semble pourtant véritablement sans précédent.
« Faites votre devoir d’état. »
« Laissez passer l’orage. »
« Accrochez-vous à la saine doctrine et la tradition de l’Eglise, et ne vous occupez pas de ce qui se passe à Rome… »
« Vous créez la division, vous alimentez le mépris du Saint-Père… »
« Vous semez la confusion chez les catholiques qui se posent des questions sur la légitimité du pape… »
Bien sûr, j’ai pris tout cela pour moi. Et notamment pour les nombreux articles que j’ai mis en ligne sur ce blog, et spécialement ces derniers mois alors que le synode sur l’Amazonie a donné lieu à une véritable foire aux scandales, allant de la glorification du panthéisme indigène – la fameuse « spiritualité amazonienne » – à l’introduction d’éléments de paganisme et même de sorcellerie chamanique au cours d’une messe à Saint-Pierre de Rome (je pense au bol rempli de terre et de vilaines plantes utilisé pour le culte de la Pachamama, placé sur l’autel à la demande du pape François au moment de l’Offertoire de la messe de clôture du synode).
Ces objections méritent réflexion, tant il est vrai que nous sommes responsables de nos actes et de leurs répercussions sur autrui.
Que les choses soient donc claires. Quels que puissent être mes interrogations, mes inquiétudes, oui, même mon sentiment de révolte face à ce pontificat :
malgré la démission de Benoît XVI et le spectacle qui nous est offert aujourd’hui, en passant par les manœuvres ayant abouti à l’élection de Jorge Bergoglio, la confusion doctrinale qu’il entretient en tant que pape, la soumission de l’Eglise à la marche vers une spiritualité globale à travers l’inféodation de toutes les religions à celle de la Terre ;
je ne dis pas, n’ayant ni la compétence, ni la volonté pour ce faire, que François n’est pas pape.
Je ne prétends nullement connaître les intentions qui gouvernent ses actes.
Et encore moins juger les fidèles qui choisissent la prière dans le silence.
Je crois que nous avons en effet l’obligation comme jamais de prier non seulement pour la papauté en général mais pour ce pape en particulier, qui pose des actes objectivement scandaleux. Il encourage objectivement les plus petits qu’il est censé confirmer dans la foi à croire et à faire ce qui n’est ni vrai, ni bon : se prosterner devant une Terre idolâtrée, imaginer que la doctrine traditionnelle sur le mariage ait pu changer.
Je sais que l’Eglise une, sainte, catholique et apostolique a reçu cette promesse : les portes de l’enfer ne prévaudront pas contre elle. Ce qui signale, soit dit en passant, que les portes de l’enfer font tout pour la faire chanceler, et ça ne date pas d’aujourd’hui !
Alors, devons-nous simplement faire confiance à cette promesse, à la Providence divine dont nous sommes absolument certains qu’elle est à l’œuvre ? Attendre et voir venir ?
La leçon de la barque dans la tempête ne nous dit pas cela, ce me semble : il faut identifier le mal, et il faut demander les grâces nécessaires pour en sortir. Nous sommes ainsi faits, libres et dotés d’une intelligence, que nous devons prier, demander à Dieu le bien qui nous est nécessaire et qui est nécessaire au monde qui nous entoure. Il est notre Père. Tout est dit.
Nous devons aussi être armés face à ce qui se présente à nous sous l’apparence du bien. Savoir, par exemple, qu’on ne se prosterne pas devant une couverture dressée par terre selon les rites du culte de la Pachamama, la Terre-Mère des Andins mais plus largement la « Gaïa » adorée par les écolo-panthéistes modernes, à cause du Premier commandement. Et il nous faut le dire et en rendre compte si nous en avons reçu la possibilité, parce que la vérité doit être dite, sous peine de voir le monde catholique sombrer dans un indifférentisme dont il n’aura même pas conscience.
Car c’est bien beau d’encourager les catholiques de s’accrocher à ce qui leur a toujours été enseigné… quand le drame de notre temps est que l’immense majorité des catholiques n’a justement pas été catéchisée, et ignore une grande part sinon l’essentiel de sa foi !
Si nous crevons de quelque chose aujourd’hui, c’est du silence des pasteurs. Silence gêné, apeuré, honteux peut-être. Je veux bien croire, ou plus exactement je veux croire qu’il n’est pas complice.
Mais il laisse trop de catholiques de bonne volonté dans la confusion : tentés par le relativisme (combien suivent docilement l’idée qu’après tout, toutes les religions mènent à Dieu !), ou par la colère et son corollaire, la volonté de tout plaquer là et d’aller voir d’autres chrétiens apparemment plus fermes dans leur foi, ou par le sédévacantisme, qui n’est pas une solution.
Ce silence de tant de pasteurs laisse insulter notre Mère, défigurée sous les traits de la Pachamama. Il laisse envahir les sanctuaires qui sont autant de Golgotha par le ricanement du Malin. Il doit être brisé. En tant que journaliste et laïque, je crois avoir le droit et sans doute aussi le devoir de le briser.
Nous sommes dans le même bateau : la barque de l’Eglise, solidaires dans la communion des saints et portant, chacun, notre part de responsabilité pour que la vérité soit sauvegardée. L’unité ne pourra se faire qu’en elle. Nous savons que le rétablissement se fera ; mais nous pouvons y œuvrer en tentant de le hâter.
Nous sommes l’Eglise militante, confrontée aux puissances du mal mais assurés de la grâce nécessaire et de la victoire finale.
Alors, ne refusons pas la bataille. Nous ne portons pas le deuil d’une Eglise morte – ni même
mourante. Nous portons les couleurs du Christ Roi !