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Le Vatican: « Une cour corrompue »

publié dans nouvelles de chrétienté le 2 février 2020


Nouveau témoignage de Mgr Carlo Maria Viganò: le nouveau vice-doyen des cardinaux, Leonardo Sandri et les Légionnaires du Christ (traduction intégrale)

Ce 31 janvier, Mgr Carlo Maria Viganò, le lanceur d’alerte à propos de l’ex-cardinal Theodore McCarrick « protégé » par le pape François, a publié une nouvelle lettre de témoignage. Il dénonce la nomination par ce dernier du cardinal Leonardo Sandri en tant que vice-doyen du Collège des cardinaux, chargé à ce titre de l’organisation du prochain conclave. Sandri, affirme Carlo Maria Viganò malgré l’amitié qu’il lui porte, a participé à la « couverture » des crimes du fondateur des Légionnaires du Christ.

Je vous propose ici ma traduction du texte paru en début d’après-midi sur LifeSiteNews, d’après la traduction anglaise faite par Diane Montagna. – (Source : J.S.)

*

Nous venons de vivre un épisodes des plus honteux où nous avons vu le prince des mensonges à l’œuvre pour discréditer le livre du pape Benoît XVI et du cardinal Robert Sarah en les couvrant d’insultes ignobles et d’insinuations vulgaires, et aussi le geôlier du pape, tel un judas, agissant désormais comme un homme de main. Nous voici maintenant confrontés à un autre chef-d’œuvre de tromperie : la confirmation par le pape de l’élection du nouveau doyen et vice-doyen du collège des cardinaux par les cardinaux-évêques. Cela est passé presque inaperçu et cache pourtant une stratégie sournoise. Il faut en effet se rappeler qu’en juin 2018, le pape François a augmenté le nombre des cardinaux-évêques, qui était resté inchangé depuis des siècles : il en a promu quatre nouveaux d’un même trait. Il a ainsi assuré une majorité en sa faveur, comme il l’a toujours en créant de nouveaux membres du Collège des cardinaux.

Au cardinal Giovanni Battista Re, nommé doyen du Collège à l’âge de 86 ans et de ce fait exclu du prochain conclave, je souhaite une vie encore plus longue que celle de son père. Mais sa nomination est une couverture pour cette autre nomination plus lourde de conséquences, celle du cardinal Sandri : elle a été préparée ad hoc pour piloter le prochain conclave secundum Franciscum, c’est-à-dire conformément à une version actualisée et augmentée de la Mafia de Saint-Gall.

J’ai une longue amitié avec le cardinal Sandri qui remonte au temps passé ensemble à l’Académie ecclésiastique pontificale puis, pendant onze ans, dans le même bureau en tant que secrétaire de trois suppléants de la Secrétairerie d’État, suivis de sept ans de collaboration une fois qu’il a été nommé suppléant pour les affaires générales à la Secrétairerie d’État, seulement six mois après son retour de sa mission de nonce au Mexique.

« Amicus Plato sed magis amica veritas. » (Platon est m’est cher, mais la vérité m’est encore plus chère.) Cette maxime, attribuée à Aristote, puis reprise par Platon évoquant Socrate et plus tard par Cicéron, est expliquée comme suit par saint Thomas d’Aquin dans Sententia libri Ethicorum, Liber 1, Lectio 6, n. 4-5 : « Quod autem oporteat veritatem praeferre amicis, ostendit hac ratione. Quia ei qui est magis amicus, magis est deferendum. Cum autem amicitiam habeamus ad ambo, scilicet ad veritatem et ad hominem, magis debemus veritatem amare quam hominem, quia hominem praecipue debemus amare propter veritatem et propter virtutem… Veritas autem est amicus superexcellens cui debetur reverentia honoris ; est etiam veritas quiddam divinum, in Deo enim primo et principaliter invenitur. Et ideo concludit, quod sanctum est praehonorare veritatem hominibus amicis ».
En français :

« Que, par ailleurs, il faut préférer la vérité à ses amis, il le montre avec cette raison. C’est que l’on doit plus grande déférence à qui est davantage ami. Or comme nous avons de l’amitié pour les deux, à savoir, pour la vérité et pour l’homme, nous devons aimer plus la vérité que l’homme, puisque nous devons aimer l’homme principalement à cause de la vérité et de la vertu… Or la vérité est une amie assez excellente pour mériter d’être révérée avec honneur. Même que la vérité est quelque chose de divin; c’est en Dieu, en effet, qu’on la trouve en premier et principalement. C’est pourquoi il conclut qu’il est saint d’honorer la vérité avant ses amis hommes. »

C’est pourquoi ce que je vais écrire sur le cardinal Leonardo Sandri est inspiré uniquement par l’amitié qui m’unit à lui depuis près de cinquante ans, pour le bien de son âme, pour l’amour de la Vérité qui est le Christ lui-même, et pour l’Eglise, son Epouse, que nous avons servie ensemble.
Lors de la première audience que François m’a accordée après celle du 23 juin 2013 que j’ai déjà mentionnée (dans mon premier témoignage), au cours de laquelle il m’a interrogé sur le cardinal McCarrick, il m’a posé une question similaire : «  quoi ressemble le cardinal Sandri ? » Surpris par cette question concernant un de mes amis proches, et me sentant mis sur la sellette, je n’ai pas répondu. Puis Francis, joignant ses mains dans un geste typiquement italien, les a agitées d’avant en arrière – comme pour dire que Sandri “sait s’en sortir” – et il m’a regardé dans les yeux comme pour me demander d’adhérer à sa suggestion. Je lui ai donc dit en toute confiance : « Saint-Père, je ne sais pas si vous savez que le nonce Justo Mullor, président de l’Académie ecclésiastique pontificale, a été écarté de la nonciature apostolique au Mexique parce qu’il s’est opposé aux directives venant de la Secrétairerie d’État pour couvrir les très graves accusations portées contre Marcial Maciel. » C’est ce que j’ai dit au Pape, afin qu’il en tienne compte et qu’il répare par la suite l’injustice que l’archevêque Mullor avait subie pour ne pas s’être compromis, à cause de sa fidélité à la vérité et à son amour pour l’Église. Je réaffirme ici cette vérité, afin d’honorer ce fidèle serviteur du Saint-Siège, sur la tombe duquel, dans la cathédrale d’Almeria, en Espagne, j’ai célébré une Sainte Messe de suffrage.
J’ai déjà écrit dans mon premier témoignage que la personne principalement responsable de la dissimulation des méfaits commis par Maciel était le secrétaire d’État de l’époque, le cardinal Angelo Sodano, dont la récente acceptation de sa démission du poste de doyen du Collège des cardinaux était liée à son implication dans l’affaire Maciel. En plus de protéger Maciel, Angelo Sodano n’est certainement pas étranger aux promotions de McCarrick.

En attendant, le cardinal Francis Arinze mérite la reconnaissance pour s’être opposé, au sein de la Congrégation pour la doctrine de la foi, à la tentative de Sodano d’occulter l’affaire Maciel.
Malheureusement pour lui, Sandri s’est également laissé impliquer par Sodano dans cette opération pour couvrir les horribles méfaits de Maciel. Pour remplacer l’archevêque Mullor à Mexico, il a fallu nommer une personne d’une loyauté sans faille envers Sodano. Sandri avait déjà donné des preuves en tant qu’assesseur de la section des affaires générales à la secrétairerie d’Etat. Alors nonce au Venezuela depuis un peu plus de deux ans, il a été transféré au Mexique.

J’ai été le témoin direct de ces manœuvres louches (que les responsables en place qualifieraient de transferts de personnel normaux) lors d’une conversation qu’ils ont eue le 25 janvier 2000, en la fête de la conversion de saint Paul, alors que nous nous rendions à la basilique qui porte son nom, pour la clôture de la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens. La chaîne qui relie les dates de ces transferts est très significative : le 19 janvier 2000, Mgr Giorgio Zur, président de l’Académie pontificale ecclésiastique (PAE) depuis un an à peine, a été transféré à Moscou ; le 11 février 2000, Mgr Justo Mullor, qui n’était alors au Mexique que depuis deux ans et demi, a été nommé président de la PAE ; le 1er mars 2000, Mgr Sandri a été transféré au Mexique après avoir passé seulement deux ans et demi au Venezuela. Six mois plus tard, le 16 septembre 2000, Sandri a été promu au poste de substitut de la Secrétairerie d’État, devenant ainsi le bras droit de Sodano.

Les Légionnaires du Christ n’ont pas manqué de montrer leur gratitude à Sandri. À l’occasion d’un déjeuner organisé dans l’atrium de la salle Paul VI pour honorer les cardinaux, parmi lesquels Sandri, qui ont été créés lors du consistoire du 24 novembre 2007, j’ai été abasourdi lorsque Sandri m’a dit à l’avance ce qu’il allait dire au pape Benoît XVI en faisant son entrée : « Saint Père, vous m’excuserez si je ne reste pas pour le déjeuner, mais je suis attendu par cinq cents de mes invités chez les Légionnaires du Christ. »

François, après avoir à plusieurs reprises et de manière obsessionnelle évoqué un « cléricalisme » mal défini comme la cause des abus sexuels, afin d’éviter de dénoncer le fléau de l’homosexualité, fait maintenant étalage d’un cléricalisme sans scrupules (une accusation qu’il réserve à autrui) : il a promu Sandri au rang de cardinal-prêtre en mai 2018 et un mois plus tard au rang de cardinal-évêque, afin de le confirmer comme vice-doyen du collège des cardinaux, un candidat préparé par François pour présider le prochain conclave.

Les fidèles ont le droit de connaître ces sordides intrigues d’une cour corrompue. Au cœur de l’Eglise, nous semblons entrevoir l’ombre de la synagogue de Satan qui s’approche (Ap 2, 9).

+ Carlo Maria Viganò
Archevêque titulaire d’Ulpiana
Nonce apostolique

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