Hymnes au Temlps pascal Hymnes des Matines
publié dans couvent saint-paul le 24 avril 2020
Hymnes au Temps Pascal
Hymne des Matines
Rex sempiternae caelitum
« Rex sempiterne caelitum, Rerum Creator omnium, Aequalis ante saecula semper parenti Filius » « Eternel Roi des cieux, Créateur de toutes choses, Fils de Dieu toujours égal à son Père dès avant les siècles ».
Cette hymne du Temps pascal des Matines de l’Office divin est tout à l’honneur du Christ, du Fils de Dieu fait homme ressuscité d’entre les morts. Cette hymne ne parle en effet tout au long de ces 7 strophes merveilleuses, que du Christ, de sa résurrection et de ses effets.
La première strophe proclame tout d’abord que le Christ est tout à la fois Roi, Créateur et Fils, égal en tout à son Père. Il est « Rex sempiterne caelitum » « Roi éternel des Cieux ». « Rex sempiterne » : « sempiternus »vient de « semper » qui veut dire « toujours », « de toujours, de tout temps, sans cesse ; « sempiternus » voudra dire en conséquence « perpétuel », « impérissable » « éternel ». Le Christ est roi éternel, de toujours.
Ce titre de Roi lui vient, tout d’abord, de l’union de sa nature humaine avec sa nature divine, union que l’on appelle « union hypostatique ». C’est parce que le Christ est le Fils unique de Dieu le Père, engendré du Père de toute éternité et consubstantiel à Lui qu’il est Roi. C’est parce qu’il est lui-même Dieu véritable qu’il est essentiellement Roi. Le droit de régir le monde, et les hommes n’appartient qu’à Dieu et n’appartient qu’à lui. Le laïcisme, une des caractéristiques du monde moderne, est une véritable injustice, en ce sens qu’il refuse Dieu, « qu’il tient ainsi la vérité captive dans son cœur » comme le dit saint Paul dans son Epître aux Romains. Le droit de gouverner le monde et les hommes revient en son entier à la puissance qui créa le monde. Le mondialisme, une nouvelle erreur moderne, est une véritable usurpation de pouvoir. Le monde veut se faire Dieu.
Non seulement Dieu a fait sortir l’univers du néant, non seulement, il lui a donné l’être, l’univers visible et invisible, mais encore il le conserve et le soutient et le vivifie à tout moment et si sa Puissance, un seul instant, cessait de le soutenir, il tomberait dans le néant sans aucun délai. C’est de Dieu que toutes les créatures ont reçu leur existence, leur nature, leurs propriétés, leurs qualités ; de lui qu’elles tirent sans cesse ce qu’il leur faut pour subsister et aller à leur fin. C’est de Lui, disait Saint Paul aux Athéniens que nous viennent « et la vie et le mouvement et l’être », « in ipso vivimus et movemur et sumus » (Act 17 28).
Ainsi Il est « Roi éternel » parce qu’il possède et dirige toute choses. Parce qu’il est Dieu. En son unique et adorable personne, la nature divine et la nature humaine se sont rencontrées et conjointes, sans subir ni l’une ni l’autre, la moindre diminution. Lorsque le Verbe est descendu dans le sein de la Vierge Marie pour prendre une chair humaine, il s’est incarné avec la plénitude de sa perfection, sans laisser au Ciel aucun de ses attributs. Il est venu au monde avec sa Sagesse, sa Bonté, sa Puissance créatrice, conservatrice et donc avec sa Puissance Royale. Le Christ portait en lui toute la majesté et toute la richesse de la nature divine. « En lui disait saint Paul toute la plénitude de la divinité réside corporellement » (Col 2 9). En raison de l’union hypostatique, toutes les perfections, tous les attributs de la nature divine devenaient en même temps la propriété de la nature humaine du Christ. Il suit de là que Jésus de Nazareth, le fils du charpentier, gardait au milieu de toutes ses actions l’infinie Majesté d’un Dieu tout Puissant. Il demeurait le Fils unique du Père, infiniment bon et pour cette raison, il était essentiellement Roi. On ne pourrait lui enlever sa qualité de Roi qu’en le dépouillant de sa nature divine. Jésus est Roi parce qu’il est Dieu et Créateur. La Royauté lui a été donnée dès le premier instant de sa conception. L’Ecriture Sainte est formelle. Avant même sa naissance, l’ange Gabriel parlait de lui à la Vierge comme d’un fils « destiné à régner » (Lc 1 32). Les Mages sont venus lui offrir leurs tributs : l’encens parce qu’il était Dieu, la myrrhe parce qu’il était homme et l’or parce qu’il était Roi. Il l’était en tout temps et aussi lorsqu’il entra à Jérusalem, le jour des Rameaux, le peuple juif l’acclamait comme « l’héritier du Roi David ». Il l’était encore lorsque cloué à la Croix, il étendait ses bras sur l’univers entier et la tablette clouée sur la Croix par ordre de Pilate faisait connaitre le motif de sa condamnation « Rex judaeorum ». Les juifs auraient préféré que Pilate inscrive : « il s’est dit Roi des Juifs », mais la réponse de Pilate fut cinglante : « ce qui est écrit, est écrit ». « Quod scripsi, scripsi ». Du reste dans son interrogatoire, Pilate avait demandé à Jésus : « ainsi tu es Roi » et Jésus de répondre « tu l’as dit. Je suis Roi » Ainsi le pouvoir romain proclamait, pour les siècles des siècles, la Royauté de Jésus. « Ce qui est écrit est écrit », d’une manière ineffaçable. Sous la motion du Saint Esprit, Pilate, sans le savoir, prononçait la vérité.
Comprenons donc bien que cette royauté se présente comme une conséquence nécessaire de l’union hypostatique. Elle appartient à l’essence même de l’Homme-Dieu. Il possède cette royauté dans sa plénitude avec le Père et le Saint Esprit. Il est « Roi éternel des Cieux», « des Cieux ». Oui ! Là, comme sur la terre, il est loué comme tel, comme « Roi Eternel ». C’est l’acclamation des Anges. « A Celui qui est assis sur le trône et à l’Agneau, louange, honneur, gloire et puissance dans les siècles des siècles ! » Mais ne sont-ce pas là des titres qui conviennent à un Roi ! « Puis je vis, et j’entendis autour du trône, autour des animaux et des vieillards, la voix d’une multitude d’anges, et leur nombre était des myriades et des milliers de milliers. Ils disaient d’une voix forte : » L’Agneau qui a été immolé est digne de recevoir la puissance, la richesse, la sagesse, la force, l’honneur, la gloire et la bénédiction. « Et toutes les créatures qui sont dans le ciel, sur la terre, sous la terre et dans la mer, et toutes les choses qui s’y trouvent, je les entendis qui disaient : » A Celui qui est assis sur le trône et à l’Agneau, louange, honneur, gloire et puissance dans les siècles des siècles ! « Et les quatre animaux disaient : » Amen ! » Et les vieillards se prosternèrent et adorèrent [Celui qui vit aux siècles des siècles ». (Apo 5 11-14)
« Rerum Creator omnium » : pour justifier ce beau titre du Christ, « Créateur de toutes choses » j’invoquerai essentiellement l’affirmation johannique du Prologue de son Evangile : « Au commencement était le Verbe et le Verbe était en Dieu et le Verbe était Dieu ; il était au commencement en Dieu. Tout par Lui a été fait et sans lui n’a été fait rien de ce qui existe » (Jn 1 1 1-2).
« Aequalis ante saecula semper parenti Filius » « Fils de Dieu toujours égal à son Père dès avant les siècles ». C’est la belle confession de saint Pierre à Césarée : «Et vous qui dites-vous que je suis? » « Vous êtes le Christ, le Fils du Dieu vivant » répond spontanément saint Pierre. Il est Fils toujours égal au Père. Et depuis cette date, ce lieu, Césarée de Cappadoce, l’église confesse la divinité du Christ, sa filiation divine : « « parentis Filius » et dans tous ses Credos, elle affirme : « Nous croyons au fils de Dieu, verbe de Dieu, né éternellement du Père, consubstantiel, également tout-puissant et égal en tout au Père en la divinité » (IV Concile de Latran).
« Nascente qui mundo faber Imaginem vultus tui tradens adamo, nobilem Limo jugasti spiritum » « C’est vous, divin artisan qui, à la naissance du monde, donnant à Adam la ressemblance de votre visage, avez uni le noble esprit au limon ».
Si, dans la précédente strophe, le Christ était appelé, avec beaucoup de solennité, le « Créateur de toutes choses », ici, il est appelé plus modestement « faber », « l’artisan », l’ouvrier, le charpentier. Pour modeste qu’il soit, ce mot « faber » est dans les Ecritures pour nommer Joseph et même pour Jésus. Saint Joseph dans saint Matthieu est nommé ainsi: « Etant venu dans sa patrie, il enseignait dans la synagogue ; de sorte que, saisis d’étonnement, ils disaient : » D’où viennent à celui-ci cette sagesse et ces miracles ? N’est-ce pas le fils du charpentier ? (Nonne hic est fabri filius ?) Sa mère ne s’appelle-t-elle pas Marie… ». L’Ecriture nomme du même nom « faber », Jésus dans saint Marc : Jésus : «Jésus vint dans sa patrie, et ses disciples le suivirent. Quand le sabbat fut venu, il se mit à enseigner dans la synagogue ; et beaucoup de ceux qui l’entendaient, frappés d’étonnement, disaient : » D’où celui-ci tient-il ces choses ? Quelle est cette sagesse qui lui a été donnée, et comment de tels miracles s’opèrent-ils par ses mains ? N’est-ce pas le charpentier, le fils de Marie, (non est hic faber, filius Mariae) le frère de Jacques…. » (Mc 6 3).
Mais si le mot est modeste, l’œuvre accomplie par lui est grandiose : cet artisan « à la naissance du monde » « « nascente mundo », a créé l’homme, « à son image et ressemblance », nous dit l’Ecriture. Ici l’auteur de l’hymne, plus poétiquement, écrit : « Imaginem vultus tui Tradens adamo » « donnant à Adam la ressemblance de votre visage »
Voyez l’Ecriture Sainte, le récit de la création : Nous sommes bien « à la naissance du monde », même au 6ème jour. Après avoir tout créé, Dieu dit : « Faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance, et qu’il domine sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, sur les animaux domestiques et sur toute la terre, et sur les reptiles qui rampent sur la terre. » Et Dieu créa l’homme à son image ; il le créa à l’image de Dieu : il les créa mâle et femelle. Et Dieu les bénit, et il leur dit : » Soyez féconds, multipliez, remplissez la terre et soumettez-la, et dominez sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel et sur tout animal qui se meut sur la terre. » Et Dieu dit : » Voici que je vous donne toute herbe portant semence à la surface de toute la terre, et tout arbre qui porte un fruit d’arbre ayant semence ; ce sera pour votre nourriture. Et à tout animal de la terre, et à tout oiseau du ciel, et à tout ce qui se meut sur la terre, ayant en soi un souffle de vie, je donne toute herbe verte pour nourriture. » Et cela fut ainsi. Et Dieu vit tout ce qu’il avait fait, et voici cela était très bon. Et il y eut un soir, et il y eut un matin : ce fut le sixième jour ».
« nobilem Limo jugasti spiritum » c’est vous noble artisan, c’est le Christ qui est sujet du verbe « jugasti » qui « avez uni le noble esprit au limon ».
C’est là encore une noble allusion au récit biblique de la création de l’homme. Il fut bien tiré du « limon », de la terre, de la poussière. « Souviens-toi que tu es poussière et que tu retourneras en poussière » et il reçut de Dieu « le souffle de la vie », le « noble esprit de Dieu ». Voici le récit de la Génése : « Et Dieu forma l’homme de la poussière du sol et il souffla dans ses narines un souffle de vie et l’homme devint un être vivant ».
Notre auteur est bien fidèles à l’Ecriture Sainte.
« Cum livor et fraus daemonis Faedasset humanum genus : tu carne amictus, perditam formam reformas artifex » « Lorsque l’envie et la ruse du démon eurent souillé le genre humain, c’est vous revêtu de chair, l’artiste qui avez rétabli sa beauté perdue ».
Quelle magnifique description du péché originel, de son auteur, le démon, et de sa victime « humanum genus » « le genre humain », et de son rédempteur, le Christ, l’artisan, le restaurateur ». Il est difficile de résumer en si peu de mot le plus grand drame qu’ait jamais connu l’humanité : le péché originel et ses conséquences.
C’est donc, nous dit notre auteur, « par envie et par ruse » «livor et fraus» que le démon a agi pour tromper Eve et Adam. Il est fidèle au récit de la Genèse : « Le serpent était le plus rusé de tous les animaux des champs que Yahweh Dieu ait faits. » (Gen 3 1) Voici comment il s’y prit pour tromper Eve : « Il dit à la femme : Est-ce que Dieu aurait dit : » Vous ne mangerez pas de tout arbre du jardin ? » La femme répondit au serpent : » Nous mangeons du fruit des arbres du jardin. Mais du fruit de l’arbre qui est au milieu du jardin, Dieu a dit : Vous n’en mangerez point et vous n’y toucherez point, de peur que vous ne mouriez. » Le serpent dit à la femme : » Non, vous ne mourrez point ; mais Dieu sait que, le jour où vous en mangerez, vos yeux s’ouvriront et vous serez comme Dieu, connaissant le bien et le mal. « . Il est rusé et aussi « menteur » mais également envieux. Car il a perdu le ciel par son péché d’orgueil refusant d’adorer le Verbe incarné, refusant le plan divin prévu pour la réparation. C’est l’opinion commune des théologiens.
La responsabilité d’Eve et d’Adam dans cette affaire est aussi totale : « La femme vit que le fruit de l’arbre était bon à manger, agréable à la vue et désirable pour acquérir l’intelligence ; elle prit de son fruit et en mangea ; elle en donna aussi à son mari qui était avec elle, et il en mangea ». (Gen 3 1-6)
Suivirent alors les sanctions de Dieu, Notre auteur parle de « souillures » Il utilise le mot « faedasset ». « Cum livor et fraus daemonis faedasset humnum genus » « Lorsque l’envie, la ruse du démon eurent soullié le genre humaoin ». Faedasset ». La racine de ce mot est « faex faecis ». Il se traduit par lie, dépôt, bourbe, ordures. Les conséquences du péché originel furent bien une véritable souilleur du genre humain. Souvenez-vous de la doctrine du Concile de Trente sur le péché originel. Son chapitre I et 2 de la 5 sessions : « Si quelqu’un ne confesse pas que le premier homme, Adam, après avoir transgressé le commandement de Dieu dans le paradis, a immédiatement perdu la sainteté et la justice dans lesquelles il avait été établi et a encouru, par l’offense que constituait cette prévarication, la colère et l’indignation de Dieu et, par suite, la mort dont il avait été auparavant menacé par Dieu, et avec la mort la captivité sous le pouvoir de celui qui ensuite a eu l’empire de la mort, c’est-à-dire du diable ; et que par l’offense que constituait cette prévarication Adam tout entier dans son corps et dans son âme a été changé en un état pire : qu’il soit anathème. »
Et le chapitre 2 : « Si quelqu’un affirme que la prévarication d’Adam n’a nui qu’à lui seul et non à sa descendance, et qu’il a perdu la sainteté et la justice reçues de Dieu pour lui seul et non aussi pour nous, ou que, souillé par le péché de désobéissance, il n’a transmis que la mort et les punitions du corps à tout le genre humain, mais non pas le péché, qui est la mort de l’âme : qu’il soit anathème, puisqu’il est en contradiction avec l’Apôtre qui dit : Par un seul homme, le péché est entré dans le monde, et par le péché, la mort ; et ainsi la mort a passé dans tous les hommes, tous ayant péché en lui ».
Le Concile de Trente, ici, utilise le même mot que notre auteur : le péché est une « souillure » : « et que souillé par le péché de désobéissance », il n’a transmis que la mort…et non le péché qui est la mort de l’âme »… « Faedasset humanum genus ». C’est la reprise de la doctrine de l’Eglise sur le péché originel.
On le voit, les sanctions sont terribles. Elles montrent combien grave est le péché puisqu’ainsi sanctionné par celui qui, pourtant, est infiniment « juste et bon ».
« Tu carne amictus peditam formam reformas artifex » « c’est vous revétu de chair, l’artiste qui avez rétabli sa beauté perdu ».
Si le péché, comme nous venons de le dire a été sanctionné sévèrement par Dieu, infiniment juste. Nous savons qu’il est aussi infiniment bon et miséricordieux. A peine le péché commis, il a laissé entrevoir et prévoir la restauration de l’homme. Il l’avait déjà annoncé à peine le péché commis : « « Et Dieu dit au serpent : « Parce que tu as fait cela tu es maudit …et je mettrai une inimitié entre ta postérité et sa postérité ; celle-ci te meurtrira à la tête et tu la meurtriras au talon » (Gen 3 14-15). C’est le mystère de l’Incarnation rédemptrice ici annoncée. L’auteur de notre hymne l’affirme également dans un très beau style : « c’est vous, revétu de chair », « carne amictus » l’artiste qui avez rétabli sa beauté perdu » « perditam formam ». « Forma » c’est « la beauté, c’est la forme harmonieuse ».
Tout cela est encore en pleine conformité avec la doctrine catholique exprimé au Concile de Trente. Seul, le Christ Jésus est Sauveur et peut restaurer le genre humain dans son état premier :
« Si quelqu’un affirme que ce péché d’Adam – qui est un par son origine et, transmis par propagation héréditaire (humanum genus) et non par imitation, est propre à chacun -, est enlevé par les forces de la nature humaine ou par un autre remède que le mérite de l’unique médiateur notre Seigneur Jésus Christ qui nous a réconciliés avec Dieu dans son sang, devenu pour nous justice, sanctification et rédemption ; ou s’il nie que ce mérite de Jésus Christ soit appliqué aussi bien aux adultes qu’aux enfants par le sacrement du baptême conféré selon la forme et l’usage de l’Eglise : qu’il soit anathème. Car il n’est pas d’autre nom sous le ciel qui ait été donné aux hommes par lequel nous devons être sauvés. D’où cette parole : Voici l’Agneau de Dieu, voici celui qui ôte les péchés du monde, et celle-ci : Vous tous qui avez été baptisés, vous avez revêtu le Christ ».(Concile de Trente Ch 3 5 session)
« Qui natus olim e Virgine, Nunc e sepulcro nasceris, tecumque nos a mortuis Jubes sepultos surgere » « C’est vous qui né jadis de la Vierge, naissez maintenant du sépulcre et qui voulez que nous ressuscitions avec vous d’entre les morts, chez qui nous étions ensevelis ».
Décidément notre auteur nous fait vivre et méditer l’un après l’autre les mystères de Notre Seigneur. Après nous avoir fait vivre le mystère de l’Incarnation rédemptrice et ses effets, la restauration de l’image de l’homme, nous voilà, avec cette nouvelle strophe, face au sépulcre pour méditer la résurrection du Christ, ses effets en Lui et ses effets en nous.
Oui ! « Notre-Seigneur Jésus-Christ est ressuscité d’entre les morts » le troisième jour, le dimanche matin, à l’aurore. Tous les témoignages de l’Evangile le confirment. Ainsi, après être resté mort durant ces trois jours, Il reprit la vie qu’Il avait quittée en mourant, et ressuscita. Il est ressuscité par sa propre Force, par sa Puissance personnelle, ce qui ne peut convenir qu’à Lui seul, car il est contraire à la nature, et personne n’a jamais eu ce pouvoir, de passer par sa propre vertu de la mort à la vie. Cela était réservé à Dieu seul, à sa souveraine Puissance. L’Apôtre nous le dit: « S’Il a été crucifié dans son infirmité d’homme, c’est par sa Puissance de Dieu qu’Il est revenu à la vie ». Notre-Seigneur Lui-même nous en avait donné l’assurance de sa propre bouche: « Je quitte mon âme pour la reprendre de nouveau. J’ai le pouvoir de la quitter, et J’ai le pouvoir de la reprendre ». Et c’est pour confirmer cette vérité qu’Il disait aux Juifs: « Détruisez ce temple, et dans trois jours Je le rebâtirai. Sans doute les Juifs croyaient qu’Il parlait de ce magnifique temple de pierre qu’ils avaient sous les yeux ; Lui, voulait parler du temple de son corps, comme le dit expressément saint Jean.
Ainsi il faut dire de plus, avec l’Ecriture Sainte, qu’Il a été le premier de tous qui ait participé à ce bienfait divin. Il est » le premier né d’entre les morts, et le premier né des morts ». Et Saint Paul nous dit de Lui: « Le Christ est ressuscité d’entre les morts, comme les prémices de ceux qui dorment. Car si la mort est venue par un homme, c’est aussi par un homme qu’arrive la résurrection. Et de même que tous meurent en Adam, ainsi tous revivront en Jésus-Christ, mais chacun dans son rang, Jésus-Christ d’abord comme les prémices, puis ceux qui sont à Jésus-Christ ».
C’est ce que laisse entendre notre auteur dans la suite de la strophe : « tecumque nos a mortuis Jubes sepultos surgere » « C’est vous qui voulez que nous ressuscitions avec vous d’entre les morts, chez qui nous étions ensevelis ».
C’est tout simplement merveilleux. J’insisterai sur le verbe « Jubes » « jubeo ». C’est un ordre. C’est un commandement impératif. Ce mot me fait penser à la scène de la résurrection de Lazare. C’est avec un tel ordre que Notre Seigneur ordonna à Lazard de sortit du tombeau : « « Voce magna clamavit : Lazare, veni foras. Et statim prodiit qui fuerat mortuus… » (Jn 11 43-44).
Notre auteur n’oublie cependant pas la Nativité et il compare, voire identifie sa nativité de la Vierge à la nativité du saint Sépulcre : « Qui natus olim e Virgine, Nunc e sepulcro nasceris » «C’est vous qui né jadis de la Vierge, naissez maintenant du sépulcre » C’est dire que si le Christ est sortie miraculeusement du sépulcre, la grosse pierre renversée, avec un corps glorieux, il en fut de même de la Nativité du Christ. Il est venu au monde miraculeusement sans rompre la virginité de Marie. La doctrine en effet enseigne que Marie est restée vierge ante, in et post. Avant la conception, lors de la naissance et après la naissance de l’enfant Jésus. Marie lui a donné naissance sans perdre sa virginité. Pour être la digne Mère de Jésus, il fallait que Marie soit Vierge et Immaculée.
« Qui, Pastor aeternus, gregem Aqua lavas baptismatis : Haec est lavacrum mentium : Haec est sepulcrum criminum » « C’est vous qui, pasteur éternel, lavez votre troupeau dans l’eau du baptême ; cette eau qui est le bain des âmes, cette eau qui est le sépulcre des péchés »
Voilà encore un merveilleux titre attribué à ce Christ souverain. Il est « le pasteur éternel ». C’est ce titre que Notre Seigneur revendiqua pour lui-même dans l’évangile de saint Jean : « Je suis le bon Pasteur » : « » En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui n’entre point par la porte dans la bergerie, mais qui y monte par ailleurs, est un voleur et un brigand. Mais celui qui entre par la porte est le pasteur des brebis. C’est à lui que le portier ouvre, et les brebis entendent sa voix ; il appelle par leur nom ses brebis, et il les mène aux pâturages. Quand il a fait sortir toutes ses brebis, il marche devant elles, et les brebis le suivent, parce qu’elles connaissent sa voix. Elles ne suivront point un étranger, mais elles le fuiront, parce qu’elles ne connaissent pas la voix des étrangers. » Jésus leur dit cette allégorie ; mais ils ne comprirent pas de quoi il leur parlait. Jésus donc leur dit encore : » En vérité, en vérité, je vous le dis, je suis la porte des brebis. Tous ceux qui sont venus avant moi sont des voleurs et des brigands ; mais les brebis ne les ont point écoutés. Je suis la porte : si quelqu’un entre par moi, il sera sauvé ; il entrera, et il sortira, et il trouvera des pâturages. Le voleur ne vient que pour dérober, égorger et détruire ; moi, je suis venu pour que les brebis aient la vie, et qu’elles soient dans l’abondance. Je suis le bon pasteur. Le bon pasteur donne sa vie pour ses brebis. Mais le mercenaire, qui n’est pas le pasteur, et à qui les brebis n’appartiennent pas, voit venir le loup, laisse là les brebis et prend la fuite ; et le loup les ravit et les disperse. Le mercenaire s’enfuit, parce qu’il est mercenaire et qu’il n’a nul souci des brebis. Je suis le bon pasteur ; je connais mes brebis, et mes brebis me connaissent, comme mon Père me connaît, et que je connais mon Père, et je donne ma vie pour mes brebis. J’ai encore d’autres brebis, qui ne sont pas de cette bergerie ; il faut aussi que je les amène, et elles entendront ma voix, et il y aura une seule bergerie, un seul pasteur. C’est pour cela que mon Père m’aime, parce que je donne ma vie pour la reprendre. Personne ne me la ravit, mais je la donne de moi-même ; j’ai le pouvoir de la donner, et le pouvoir de la reprendre : tel est l’ordre que j’ai reçu de mon Père. » (Jn 19 1-20)
Jésus est le Bon Pasteur qui donne sa vie pour ses brebis. Il est la porte de la bergerie : « je suis la porte : si quelqu’un entre par moi, il sera sauvé ; il entrera, et il sortira, et il trouvera des pâturages ».
La finalité du Bon Pasteur c’est le salut des brebis. Ce que reconnait à sa manière notre auteur qui parle lui du bain du baptême qui est une purification du péché. Il faut se souvenir de l’enseignement de Saint Paul aux Romains :
« Ne savez-vous pas que nous tous qui avons été baptisés en Jésus-Christ, c’est en sa mort que nous avons été baptisés ? » Notre auteur dit équivalemment : « C’est vous qui lavez votre troupeau dans les eaux du baptême….Cette eau qui est le sépulcre des péchés ». Mais ce « sépulcre » n’est rien d’autre que le lieu où fut mis le Christ, mort. Cette mort est donc principe de vie, de purification. C’est ce que dit notre auteur dans l’hymne des Matines. (Voir plus haut). Et saint Paul poursuit : « Nous avons donc été ensevelis avec lui par le baptême en sa mort, afin que, comme le Christ est ressuscité des morts par la gloire du Père, nous aussi nous marchions dans une vie nouvelle » et c’est pourquoi, dit à juste titre notre auteur : « cette eau est le bain des âmes ». Elle purifie, elle régénère. Et saint Paul de dire : Si, en effet, nous avons été greffés sur lui, par la ressemblance de sa mort, nous le serons aussi par celle de sa résurrection : sachant que notre vieil homme a été crucifié avec lui, afin que le corps du péché fût détruit, pour que nous ne soyons plus les esclaves du péché ; car celui qui est mort est affranchi du péché. Mais si nous sommes morts avec le Christ, nous croyons que nous vivrons avec lui, sachant que le Christ ressuscité des morts ne meurt plus ; la mort n’a plus sur lui d’empire. Car sa mort fut une mort au péché une fois pour toutes, et sa vie est une vie pour Dieu. Ainsi vous-mêmes regardez-vous comme morts au péché, et comme vivants pour Dieu en Jésus-Christ [Notre-Seigneur] (Rm 6 1-11).
« Nobis diu qui debitae Redemptor affixus cruci, Nostrae dedisti prodigus pretium salutis sanguinem » « C’est vous le rédempteur cloué à la Croix que nous avions méritée depuis longtemps, qui avez prodigué votre sang comme rançon de notre salut »
Et notre auteur nous porte enfin devant le mystère de la Croix et nous fait méditer la rédemption qu’il définit du juste mot : c’est une rançon, le paiement d’une rançon. Un prix a été donné pour notre salut : « le prix du sang ». La croix. C’est pourquoi la liturgie de l’Eglise voit en la Croix, l’unique espérance de la restauration de l’humanité déchue : « O Crux, spes unica ». Saint Paul le dit explicitement : « Vous avez été racheté d’un grand prix ». « Redempteur » « Redemptor » : Voilà son titre de gloire. Notre Seigneur, à notre égard remplit cet office de rédempteur, en plus de juge et d’avocat. De Rédempteur. Il s’est substitué à nous pour nous racheter du péché. La Rédemption est une substitution. C’est toute la doctrine exprimé dans le serviteur Souffrant d’Isaïe au Chapitre 53 « Qui a cru ce que nous avons entendu, et à qui le bras de Yahweh a-t-il été révélé ?… Il était méprise et abandonné des hommes, homme de douleurs et familier de la souffrance, comme un objet devant lequel on se voile la face ; en butte au mépris, nous n’en faisions aucun cas. Vraiment c’était nos maladies qu’il portait, et nos douleurs dont il s’était chargé ; et nous, nous le regardions comme un puni, frappé de Dieu et humilié. Mais lui, il a été transpercé à cause de nos péchés, broyé à cause de nos iniquités ; le châtiment qui nous donne la paix a été sur lui, et c’est par ses meurtrissures que nous sommes guéris. Nous étions tous errants comme des brebis, chacun de nous suivait sa propre voie ; et Yahweh a fait retomber sur lui l’iniquité de nous tous….Il a été enlevé par l’oppression et le jugement, et, parmi ses contemporains, qui a pensé qu’il était retranché de la terre des vivants, que la plaie le frappait à cause des péchés de mon peuple ?
On lui a donné son sépulcre avec les méchants, et dans sa mort il est avec le riche, alors qu’il n’a pas commis d’injustice, et qu’il n’y a pas de fraude dans sa bouche.
Il a plu à Yahweh de le briser par la souffrance ; mais quand son âme aura offert le sacrifice expiatoire, il verra une postérité, il prolongera ses jours, et le dessein de Yahweh prospérera dans ses mains. A cause des souffrances de son âme, il verra et se rassasiera. Par sa connaissance le juste, mon Serviteur, justifiera beaucoup d’hommes, et lui-même se chargera de leurs iniquités. C’est pourquoi je lui donnerai sa part parmi les grands ; il partagera le butin avec les forts. Parce qu’il a livré son âme à la mort et qu’il a été compté parmi les malfaiteurs ; et lui-même a porté la faute de beaucoup, et il intercédera pour les pécheurs. » (Ixs 53 1 14)
Cette substitution est merveilleusement exprimé dans les premiers mots de cette strophe : « « Nobis diu qui debitae Redemptor affixus crucis » C’est vous le Rédempteur cloué à la Croix que nous avions mérité ». « Nobis diu qui debitae » Cette Croix, cette peine, cette sanction « nous l’avions méritée depuis longtemps » « diu », depuis le péché d’Adam. Alors Jésus, notre Rédempteur s’est substitué à nous pour opérer notre rédemption, pour satisfaire à notre place.
Et notre auteur continue sa méditation en disant : « Nostrae dedisti prodigus pretium salutis sanguinem » « qui avez prodigué votre sang comme rançon de notre salut ». Apprécions tout d’abord le don fait et son intensité, sa générosité dans ce don. L’auteur insiste en effet sur la « prodigalité du don ». Il utilise deux mots qui expriment cette générosité, son intensité : « dedisti prodigus ». « Dedisti » c’est le participe du verbe « dare » qui veut dire « donner » « faire cadeau » et il insiste dans ce don en disant « prodigus » qui veut dire « qui dépense avec excès, qui ne ménage pas ». C’est bien l’attitude du Seigneur dans sa Passion. En effet il parle sans cesse de son « Heure » : « mon heure n’est pas encore venu », « mon heure vient ». Et quelle est cette heure ? C’est l’heure de son Sacrifice, c’est l’heure de passer de ce monde à son Père après avoir accompli la volonté de son Père, la Croix : « J’ai désiré d’un grand désir manger cette Pâque avec vous ». « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux que l’on aime ». Oui cette heure fut comme un excès d’amour : « dedisti prodigius ». C’est ce que Saint Luc écrit dans le dialogue entre Jésus,Moïse et Elie lors de sa Transfiguration au Thabor.
« Nostrae dedisti prodigus pretium salutis sanguinem » « qui avez prodigué votre sang comme rançon de notre salut ».
Ainsi après avoir dit que la rédemption est une vrai substitution du Christ à la place de la vraie victime, l’homme, notre auteur affirme que la Rédemption est « comme la rançon de notre salut » « pretium salutis sanguinem » ; « Pretium » : Voilà la juste mot pour définir la Rédemption.
En effet le mot rédemption désigne le rachat d’un esclave moyennant une rançon, un prix convenu. Rédemption dit plus que réparation et restitution. Dieu aurait pu, sans exiger aucune satisfaction – Il ne relève que de lui-même – rétablir l’homme dans toutes les prérogatives de l’état d’innocence, lui conférer des privilèges d’un ordre supérieur. C’eut été plus qu’une restauration, mais une élévation nouvelle, non point une rédemption. Ce qui caractérise celle-ci, c’est le payement du prix pour la dette contractée, la rançon pour le captif. « Dieu pouvait, nous dit saint Thomas adopter un autre plan pour réparer le genre humain, et s’il l’avait choisi, ce dessein eut été parfaitement convenable ; mais alors c’eut été une délivrance, non pas une rédemption, parce qu’il n’y aurait pas eu la solution du prix » (III Sent, dist 20 q 1a 4). La Rédemption ainsi suggère un très grand nombre d’idées : l’idée de servitude, l’idée de rançon, l’idée de réintégration dans l’état de liberté. Quel est l’esclave, à quelle servitude est-il arraché, à quelle condition primitive est-il rendu, à qui faut-il payer le prix et quel est le prix ? L’esclave c’est le genre humain perdu par le péché. Or le péché implique deux malheurs ;
D’abord une souillure dans l’âme, avec des misères, des hontes, des inclinations désordonnées, qui sont la plus honteuse des tyrannies. L’homme est ainsi mené par le mal ; Comme le dit l’Ecriture : « Celui qui fait le péché est l’esclave du péché » (2 Pet 2 19). Il est pareillement le valet de celui qui lui a inspiré le mal dont il a écouté la suggestion et dont il est devenu le vaincu : celui qui se laisse vaincre est l’esclave du vainqueur (Jn 8 34)
En second lieu, l’obligation de subir un châtiment proportionné à la faute ; et c’est là aussi une cruelle captivité puisqu’il faut souffrir contre notre gré, contre notre volonté, en quoi consiste la servitude.
Le criminel, redevable tout d’abord envers l’offensé, est soumis aussi au bourreau qui inflige la punition. L’offensé ici c’est Dieu ; le bourreau c’est le démon auquel Dieu a permis que l’homme se livrât par le péché en se séparant de son véritable maître. Telle est donc la double servitude à laquelle doit être arrachée la triste humanité, celle du péché et celle du prince des ténèbres (III 49 4)
A qui doit être versé le prix du rachat ? A celui-là qui est le maître de l’esclave et qui a été l’offensé. Il est manifeste que l’offensé n’est pas Satan mais Dieu seul. Par le péché nous étions tombés sous la tyrannie de Satan qui nous avait vaincus. Mais, pour cela le Démon n’avait pas acquis de droit réel sur le genre humain. Nous n’étions pas devenus sa propriété. S’il y avait une rançon à payer c’était à Dieu seul, non à Satan (III 49 4 ad 2). Ainsi nous disons que Jésus-Christ a versé son sang comme prix de notre rédemption. C’est ce que dit notre auteur de l’hymne.
Quel sera alors le prix ? Pour qu’il y ait rédemption proprement dit, de condigno, en rigueur de justice, il faut une satisfaction égale à l’offense, par conséquent celle de l’Homme-Dieu. Homme-Dieu. Il ne pouvait en tant que Dieu ni mériter, ni satisfaire car mériter et satisfaire s’adressent à un supérieur et un Dieu ne relève que de soi. Seulement homme ne pouvait poser lui seul un acte égale à l’offense car l’offense contre Dieu a une infinité de malice selon l’adage : injurio est in injuriato, l’injure se mesure à la personne injurié. Ici Dieu l’infini. Le péché est donc une offense infinie. L’homme seul n’aurait jamais pu égaler la satisfaction à l’outrage, à l’offense. L’incarnation était nécessaire : par sa nature humaine, le Christ est inférieur à Dieu ; à raison de sa personne divine, il a une dignité infinie, et tout ce qui procède de lui, œuvres et sacrifices, acquiert par la même une infinie valeur
Enfin l’état primitif dans lequel l’esclave est réintégré, c’est l’amitié divine, la grâce avec tous les droits qui en découlent pour le temps et l’éternité.
Dans la rédemption, l’idée première est celle d’une satisfaction proportionné à l’offense et qui en réparant la faute, apaise Dieu, le rend propice à l’humanité. C’est dire qu’à l’idée de satisfaction est associée l’idée de sacrifice d’expiation, de propitiation, de réconciliation. Dieu s’apaise et pardonne parce qu’il voit un Homme-Dieu qui s’est substitué à nous pour mériter et satisfaire à notre place. Dieu redevenu notre ami et notre père, nous sommes délivrés de la servitude, rétablis dans nos titres et dans nos droits d’enfants et d’héritiers
Ainsi le concept de rédemption est extrêmement riche : par rapport à Dieu c’est une satisfaction et un sacrifice ; de la part de Jésus-Christ s’est une substitution volontaire à la place de l’homme, acte très libre et cependant acte d’obéissance complète qui lui fait accepter pour nous la mort sur la croix ; du côté des hommes, c’est une délivrance de l’esclavage, une restauration dans les privilèges de l’état primordial.
Voilà tout ce que suggère notre auteur dans cette strophe : « « Nobis diu qui debitae Redemptor affixus cruci, Nostrae dedisti prodigus pretium salutis sanguinem » « C’est vous le rédempteur cloué à la Croix que nous avions méritée depuis longtemps, qui avez prodigué votre sang comme rançon de notre salut »
Quelle richesse !
Et il complète cette doctrine dans l’ultime strophe :
« Ut sis perenne mentibus, paschale, Jesu, gaudium, a morte dira criminum vitae renatos libera » « Pour être toujours, ô Jésus, la joie pascale de nos âmes, délivrez de la mort cruelle du péché ceux que vous avez fait renaître à la vie ».
Voilà affirmer les effets de la rédemption : du côté des hommes, avons-nous dit : elle est une délivrance de l’esclavage, une restauration dans les privilèges de l’état premier. Elle est une restauration des droits de l’innocence première. Voilà pourquoi notre auteur dit que le Christ, notre Rédempteur, nous « fait renaître à la vie », « raison de notre joie » ; C’est la joie pascale. Qui est une joie « perenne ». L’homme régénéré vit dans la joie pascale. Toujours.
« Deus Patri sit gloria, Et Filio, qui a mortuis surrexit, ac Paraclito in sempiterna saecula » « Gloire soit à Dieu le Père et au Fils qui ressuscita des morts et au Paraclet, pour les siècles éternels »