Un peu d’histoire, à grands traits, sur les Jésuites
publié dans regards sur le monde le 27 septembre 2020
27 septembre 1540
Fondation de la Compagnie de Jésus
Le 27 septembre 1540, le pape Paul III signe la bulle qui porte fondation de la Compagnie de Jésus.
Cet ordre, consacré à l’évangélisation et à l’éducation, est issu de la rencontre en 1529, à l’Université de Paris, d’un étudiant savoyard, Pierre Favre, d’un jeune noble navarrais, François de Jassu y Xavier (François-Xavier), et d’un vieux routier basque de 37 ans, boiteux de surcroît, Íñigo de Loyola (Ignace de Loyola).
Ils partagent la même chambre au Collège de Navarre.
Avec quelques autres étudiants désireux comme eux de vouer leur vie au Christ, ils entraînent leur corps et leur esprit par quelques exercices spirituels mis au point par Ignace de Loyola.
Le 15 août 1534, les jeunes gens assistent à la chapelle de Montmartre à une messe de leur ami Pierre Favre, récemment ordonné prêtre. À cette occasion, ils font le voeu d’aller à Jérusalem en pèlerinage.
Mais à Venise, empêchés de se rendre à Jérusalem, ils tournent leurs pas vers Rome et proposent leurs services au pape. L’Europe et la France sont à ce moment-là secouées par la Réforme protestante de Luther.
C’est ainsi qu’est fondée la Compagnie de Jésus. Ses membres, les Jésuites, sont des prêtres qui s’obligent à accepter les traditionnels vœux monastiques (chasteté…) ainsi qu’à obéir en toutes choses au pape et à leur supérieur. Ce dernier, qui porte le titre de général de la Compagnie de Jésus, est élu à vie comme le pape et dispose d’un pouvoir sans limites.
Du fait de leur énergie, de leur compétence intellectuelle, de leur détermination et de leur discipline toute militaire, les Jésuites deviennent le bras armé de la Contre-Réforme catholique, en Autriche, en Allemagne, en France, en Amérique du sud…
La Compagnie de Jésus joue un rôle majeur pendant plusieurs siècles dans le développement du catholicisme et le renforcement de l’autorité papale.
Elle diffuse avec succès le catholicisme jusqu’aux extrémités du monde connu.
François-Xavier obtient des conversions massives en Inde, autour de Goa, où repose aujourd’hui sa dépouille, et également au Japon. Matteo Ricci se fait introduire à la cour de l’empereur de Chine, à Pékin, et obtient également de prometteurs succès.
Au Japon, cependant, le gouvernement impérial, méfiant à l’égard des influences étrangères, expulse les missionnaires et persécute les nouveaux convertis.
En Europe même, les succès des Jésuites suscitent des jalousies dans les ordres rivaux, chez les franciscains notamment. Il s’ensuit une condamnation du compromis tissé par les Jésuites entre les rites traditionnels chinois et la foi chrétienne. Cette « querelle des Rites » brise l’élan missionnaire en Chine.
Au XVIIIe siècle, en Amérique, indignés par les exactions des colons européens, les Jésuites organisent les Indiens du Paraguay en colonies agricoles indépendantes, à la façon antique, ce qui leur vaut en haut lieu des haines fatales à leur Compagnie.
Celle-ci est abolie par décret dans les années 1760 au Portugal, en Autriche, en France et en Espagne. Le 21 juillet 1773, le pape Clément XIII se rend aux arguments des cardinaux français et espagnols qui l’ont élu et par le bref Dominus ac Redemtor, prononce la dissolution de la Compagnie de Jésus.
Elle renaîtra de ses cendres, plus active que jamais, après la tourmente révolutionnaire, sous le pontificat de Grégoire XVI.