Troisième dimanche de Carême
publié dans couvent saint-paul le 6 mars 2021
2021
Troisième dimanche de Carême
D’autres principes de sainteté
L’Eglise veut que nous soyons saints. Elle nous rappelait dans l’Epître de dimanche dernier dans la bouche de saint Paul que « la volonté de Dieu , c’est notre sanctification», « Haec est voluntas Dei, sanctificatio vestra ».
Saint Paul ne s’exprimait pas devant un parterre de « curés » ou de moines, comme si la sainteté leur était réservée, et n’obligeait pas les autres. Non point. Saint Paul écrivait aux Thessaloniciens, à tous. C’est donc une obligation qui nous touche tous, hommes, femmes, parents, enfants, adolescents, grands-parents. Tout le monde est tenu à travailler à sa sainteté, à sa sanctification, surtout pendant ce temps de Carême.
Et je vous disais dimanche dernier que l’Eglise nous en montre le chemin. Elle nous donne dimanche après dimanche, dans les différents textes de ses messes quotidiennes, dominicales, les principes de cette sainteté.
C’est ainsi que dimanche dernier, l’Eglise attirait notre attention sur la charité fraternelle. N’oublions pas que la charité fraternelle sera le principe du jugement pour entrer dans le royaume de Dieu. Elle nous rappelait aussi l’importance du respect dû à Dieu en nous faisant relire la belle scène de NSJC chassant, l’œil en feu, les vendeurs du Temple. Elle nous rappelait l’importance de la foi mettant sous nos yeux et nous faisant entendre le merveilleux dialogue entre Jésus et la veille femme suppliant, d’une manière instante, le Maître, de guérir sa fille. Elle nous rappelait aussi l’importance des commandements de Dieu nous faisant monter avec Moïse sur le Sinaï pour y recevoir la loi taillée dans la pierre. Et je me souviens que cette loi comprends les 10 commandements, les trois premiers concernent mes devoirs envers Dieu, les 7 autres, mes devoirs envers le prochain. Qui s’en préoccupe ! Dites-moi dans le monde politique. Certainement pas le ministre de l’intérieur qui affirmaait, voilà peu, que la loi civile est supérieure à la loi de la foi, à la loi divine. C’est un comble !
Et cette semaine quel fut le langage de l’Eglise sur la sainteté ?
Lundi, elle nous parlait de la prière nous disant qu’il fallait nous reposer en Dieu sur sa miséricorde, sur le pacte qu’il a passé avec nous, son peuple, qu’il a racheté de son sang. La prière : voilà un principe de sainteté. « Celui qui prie se sauve. Celui qui ne prie pas se damne » disait saint Alphonse de Liguori.
Et puis l’Evangile de ce lundi était merveilleux. Il nous campait Jésus dans toute sa grandeur de Fils de Dieu. A la question brutale des Pharisiens et des Publicains : « Qui êtes-vous », Jésus répond : « Je suis le principe, moi qui vous parle » « Principium, qui et loquor vobis ». Il est « le principe ». Il est le principe de tous. Il est le premier. Il est la fin de toutes choses. Il est le principe, le principe de vie. Et comment sera-t-il principe de vie, « principium vitae ? par sa Passion : « Quand vous aurez élevé le Fils de l’homme, alors vous reconnaitrez, qui je suis et que je ne fais rien de moi-même, mais que je parle de ce que le Père m’a enseigné. Et celui qui m’a envoyé est avec moi, et il ne m’a pas laissé seul, parce que je fais toujours ce qui lui est agréable », « quia ego, quae placitaé sunt ei, facio semper ». Voilà la sainteté. « Qui est ma mère, qui est mon frère qui est ma sœur » ? Celui qui fait la volonté de mon Père qui est dans le cieux ». Cette insistance ne vous interpelle-t-elle pas ?
L’Evangile de mardi nous appelait à l’humilité, le Christ dépeignant l’orgueil et l’hypocrisie des scribes et des Pharisiens, terminait son discours par ces mots : « Quiconque s’élèvera sera abaissé, et quiconque s’abaissera sera élevé ».
Belle sentence, vraie de tous les temps. Beau chemin de sainteté ! Belle sentence qui sera reprise dans l’Evangile du mercredi. Et là, NSJC fait venir les disciples près de lui leur disant que : « celui qui voudra, parmi vous, être premier, se fera votre esclave. C’est ainsi que le Fils de l’homme est venu, non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour beaucoup ». . On voit l’insistance que NSJC met en ce principe. Qui pourrait nier que ce principe fait vraiment parti de la sainteté.
Jeudi, nous avons eu une merveilleuse description de la sainteté : « Béni soit l’homme qui se confie dans le Seigneur et dont le Seigneur est l’espérance. Il est comme un arbre planté au bord des eaux; qui pousse ses racines vers le courant; il ne craint pas quand vient la chaleur, et son feuillage reste vert; il ne s’inquiète point de l’année de la sécheresse, et ne cesse pas de porter du fruit ». Mais « celui qui se confie en l’homme, ne verra pas arriver le bonheur ; mais il habitera au désert dans la sécheresse, dans une terre de sel et inhabitable »!
Et c’est ainsi que nous pouvions lire ensuite la magnifique parabole du mauvais riche et du pauvre Lazare. Le mauvais riche ne se reposait que sur ses richesses et sa gloire, oubliant Lazare, effondré par la lèpre. Lui aurait bien voulu se rassasier « des miettes qui tombaient de la table du riche, mais personne ne lui en donnait ». Il n’avait d’espérance que dans le Seigneur. L’un et l’autre vint à mourir et Lazare fut reçu dans « le sein d’Abraham ». Là, « il est comme un arbre planté au bord des eaux ». Par contre le mauvais riche alla en son lieu, l’enfer. Et là, « il habite au désert dans la sécheresse, dans une terre de sel et inhabitable » où il souffre les tourments de l’enfer : « Je suis tourmenté dans cette flamme, dit-il » Aussi criait-il de ce lointain pays de souffrances à Abraham : « Père Abraham, ayez pitié de moi et envoyez Lazare, afin qu’il trempe l’extrémité de son doigt dans l’eau pour rafraichir ma langue, car je suis tourmenté dans cette flamme ». Voilà pour les peines des sens de l’enfer…Et les peines du dam, ne sont pas oublié, non plus, dans cette description de l’enfer. Elles sont là exprimées dans ces paroles : « Je te prie donc, père, de l’envoyer à la maison de mon père, — car j’ai cinq frères, — pour leur attester (ces choses) de peur qu’ils ne viennent, eux aussi, dans ce lieu de tourment. « . La peine du dam, c’est la peine du tourment d’avoir perdu Dieu pour toujours et de ne jamais le revoir… Abraham lui dit : « Ils ont Moïse et les prophètes : qu’ils les écoutent ! » Il dit : « Non, père Abraham; mais si quelqu’un de chez les morts va vers eux, ils se repentiront. » Il lui dit : « S’ils n’écoutent pas Moïse et les prophètes, même si quelqu’un ressuscitait d’entre les morts, ils ne seraient pas persuadés ». La pensée de l’enfer, la crainte, est aussi un principe de sainteté.
Les lectures de l’Epître et de l’Evangile du vendredi nous introduisent dans le récit de la passion de NSJC, qui vient ; nous introduisent dans le cœur de ceux qui l’ont tramée. L’Epître nous rappelle le récit de Jacob qui envoie son fils Josèphe vers ses frères à la garde des troupeaux de Jacob. Et Joseph d’exprimer son obéissance lui disant « Je suis tout prêt, lui dit Joseph », « Praesto sum ». Un autre dira plus tard : « je viens o Dieu faire votre volonté ». C’est Jésus.
Et l’Evangile nous introduit dans le mystère de la Passion. C’est le récit de l’histoire du propriétaire de la vigne qui envoie ses serviteurs, les uns après les autres auprès des vignerons pour cueillir légitimement le fruit de la vigne. Ils les tuèrent tous, les uns après les autres. Enfin, il envoya son fils, « filium meum » : « ils auront du respect pour mon fils ». Mais les vignerons voyant le Fils dirent entre eux : Voici l’héritier ; venez, tuons le et nous aurons son héritage. Et s’étant saisis de lui – ce qu’ils firent au jardin des Oliviers – ils le jetèrent hors de la vigne et le tuèrent ». « Lorsque les princes des prêtres et les pharisiens eurent entendu ces paraboles, ils comprirent que Jésus parlait d’eux. Ils cherchèrent à se saisir de lui, Mais par crainte des foules qui le regardaient comme un prophète, ils ne firent rein…Ce jour-là. L’Eglise nous enjoint à méditer souvent la Passion de notre Seigneur afin que le « glaive de l’amour » enflamme notre âme et transperce notre cœur. La méditation de la Passion est bien utile pour s’exciter à la sainteté.
Enfin l’évangile du samedi nous raconte le beau récit de l’enfant prodigue. De ce récit, je tire deux principes de sainteté : la nécessaire de la contrition devant nos misères et la certitude de la bonté du Père. C’est le Père qui le premier voit le fils et court à sa rencontre. Je confesse cette miséricorde et veux en vivre.