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Eric Zemmour, florilège

Eric Zemmour, florilège

publié dans doctrine politique le 3 avril 2010


Eric Zemmour, florilège

Eric Zemmour, né en 1958 à Montreuil en Seine-Saint-Denis, de parents français ; juif berbère ; en berbère, son nom signifie « olivier »

Empêcher d’idéologiser en rond

Libéré des geôles cubaines, Jorge Valls disait : « Dans les pays communistes, il y a des choses qu’on n’a pas le droit de dire ; dans les pays capitalistes, on peut dire des choses, mais on n’a pas le droit de les penser. »

 

Le génie de Zemmour, qui pourrait devenir son drame, est de refuser l’autocensure, de dire ce qu’il pense, et de penser de façon réactive, en fonction d’un réel qu’il refuse d’occulter – en parfaite « adeaquatio rei et intellectus », dirait-on si l’on ne craignait d’être pédant.

 

Circonstance aggravante : il dit la vérité aux professionnels de l’indignation, dans l’univers factice des plateaux télé, qu’il exècre, et où il excelle. Brocardé, plus rarement loué, il se réjouit d’« être au cœur de la fabrication de l’idéologie dominante », pour mieux la contester et être « le porte-voix de ceux qui réagissent comme lui ».

 

Dans l’émission de Guillaume Durand « L’objet du scandale », le 10 mars, accusé par Gérard Miller de passer du réel au fantasme parce qu’il avait évoqué « le califat de Seine-Saint-Denis », Zemmour rétorque : « Vous ne voulez pas voir la réalité, alors vous dites que la réalité est un fantasme. »

 

C’est le cœur de la controverse, et le lieu géométrique des accusations ou des éloges dont Zemmour est l’objet. On ne lui pardonne pas (ou on lui sait gré) de dévoiler le réel et de démasquer ceux qui le masquent.

Quelques exemples.

• L’avortement (sur RTL)

 

A raison de 200 000 avortements par an, dit Zemmour, « ce sont sept millions de personnes qui manquent à la France ». Il fustige l’évolution sinistre de l’IVG : « loi compassionnelle » en 1975, « droit acquis » de nos jours, elle est en passe de devenir « composante obligatoire de l’offre de santé », selon le vœu de Roselyne Bachelot.

 

A force, « ce Toujours plus français prend des allures un peu macabres. On songe, effrayés que nous avons tous été des fœtus. On se dit, rétrospectivement qu’on l’a échappé belle ».

 

• Pie XII (sur RTL)

 

Zemmour a des formules chocs : « Pour diaboliser le christianisme il faut l’hitlériser. » On a donc fait de Pie XII, à partir de l’imposture de la pièce Le Vicaire, le pape de Hitler, « comme si l’Eglise, craignant plus que tout le communisme, avait fait de Hitler son bras armé ». Alors que Pie XII, remarque Zemmour, fut salué par Einstein, Ben Gourion, Golda Meir, comme un juste qui a puissamment aidé les juifs pendant la Seconde Guerre mondiale. Mais, ajoute-t-il, « on peut se payer le pape sans risquer une fatwa. C’est ce qu’on appelle, disait Marx, donner une gifle à sa grand-mère ».

 

• Les races (13 novembre sur la chaîne Arte autour du débat « Tous métis ? » puis sur Canal, « Salut les terriens », émission d’Ardisson).

 

Zemmour déclare qu’il existe des races reconnaissables à « leur couleur de peau ». Il récidive face à Rokhaya Diallo, d’origine sénégalaise : « J’appartiens à la race blanche, vous appartenez à la race noire. »

 

Lapalissades, mais les lapalissades aujourd’hui sont fortement soupçonnées de racisme. Et de conclure : « J’ai le sentiment qu’à la sacralisation des races dans la période nazie a succédé la négation des races, aussi ridicules l’une que l’autre. » Et il rappelle le mot de De Gaulle : « Ce pays est de race blanche, de religion chrétienne, de culture gréco-romaine. »

 

Tollé chez les Inrocks, qui sous le titre La nausée, l’accusent de « propos ouvertement racistes », et d’être « un pur idéologue réactionnaire que des patrons de médias français cautionnent pour des motifs cyniques – son impact sur l’audience – et sinistres – son impact sur le débat d’idées ». Mais comment le faire taire, mieux que par la promesse d’un rappeur : « J’mets un billet sur la tête de celui qui fera taire de con d’Eric Zemmour » ?

 

Zemmour s’attire aussi la sympathie de nombreux internautes, et celle de Renaud Camus : « Il représente une des rares voix encore audibles de liberté, de vérité et d’humour, sous l’oppressante chape imposée à notre pays par la tyrannie du dogmatisme antiraciste. »

« L’antiracisme, communisme du XXIe siècle », disait Finkielkraut.

 

• L’immigration (plusieurs émissions, dont celle de Guillaume Durand et les réactions des internautes, le 11 mars).

 

Zemmour dénonce les juges qui ont libéré les clandestins débarqués sur une plage corse. A qui lui demande pourquoi les immigrés sont plus contrôlés que les autres, il rétorque : « Parce que la plupart des trafiquants sont noirs ou maghrébins. C’est un fait. »

 

Dérapage, pouvant conduire à une embardée dangereuse hors des chemins balisés du politiquement correct ? « Ce n’est pas un dérapage, c’est la vérité. Demandez à n’importe quel policier. » Il est vrai que dérapage et vérité sont devenus synonymes. Et comment savoir ? « C’est vrai, la loi interdit les statistiques ethniques. Cela oblige à prendre des biais. Par exemple, la proportion de musulmans dans les prisons françaises se situe entre 70 et 80 %, selon la statistique du ministère de la Justice. »

 

Faut-il se réjouir que, dans le désert démographique de l’Europe, la France bénéficie d’un dynamisme démographique ? Oui, à condition d’ajouter que ce dynamisme bénéficie des « amortisseurs sociaux qui fonctionnent » (crèches, allocations…), qu’un gros tiers des naissances vient de l’immigration maghrébine et africaine, que donc ce dynamisme est « branché sur le moteur à explosion de l’immigration ».

 

Zemmour est-il contre l’immigration ? Plutôt contre « notre impuissance à assimiler les immigrés », contre les communautarismes qui menacent la France. Il évoque l’Angleterre : elle ne cherche ni à assimiler ni à intégrer ; elle joue sur l’immigration pour faire baisser les salaires ; seule compte pour elle l’insertion dans le marché du travail, qui s’accommode du communautarisme. Mais la France a une autre tradition. Héritière de Rome, qui refusait l’« imperium in Imperio », elle ne supporte pas « un Etat dans l’Etat ». Or, dit-il, « nous sommes un pays de guerres civiles. La France n’a jamais accepté les communautarismes. Ça s’est toujours terminé dans le sang ».

 

• Vertus du métissage ?

 

Les vertus du métissage ? « C’est le fantasme des plateaux télé. Ça fait chic. Dans la réalité les gens ne se mélangent pas, ils se séparent. On crie au ghetto alors qu’on l’a fabriqué au nom du droit à la différence. Les ghettos, les gens les veulent. On ne peut demander de vivre ensemble à des gens trop différents. »

 

« La soif identitaire, écrivait-il dans le Figaro Magazine du 9 janvier 2009, a miné l’assimilation à la française. C’est le fruit vénéneux de l’antiracisme des années quatre-vingt qui a exalté les différences pour mieux dénigrer l’identité française assimilée au franchouillard pétainiste et raciste ; et la référence obsessionnelle à la Shoah qui a entraîné une concurrence victimaire. »

 

Au fond, conclut-il, l’immigration, c’est la revanche des nomades sur les sédentaires. Amoureux de la France, et non d’un territoire où camperaient cent peuples divers, il ajoute : « Si l’on n’a pas la France, on aura la tribalisation. »

 

A un internaute qui lui suggère d’aller de l’avant, Zemmour réplique : « Vous avez raison, il faut aller de l’avant, même si on va dans le mur. »

 

Ironie corrosive, combativité qui fait ressembler les plateaux télé à une arène où, seul contre tous, il se bat avec un plaisir évident et contagieux, il a fait aussi une confidence que je crois sincère : « Je ne veux jamais blesser ; ou alors, comme on disait dans mon enfance, il n’y a que la vérité qui blesse. »

 

Zemmour vient de publier son dixième livre, aussi passionnant que discutable, et qui est sa vision de l’histoire de France. On attendait Nostalgie française, il l’a intitulé Mélancolie française. J’y reviendrai.

Danièle Masson

Article extrait du n° 7066
du Samedi 3 avril 2010

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