Des gestes liturgiques: de l’adoration et de l’inclination
publié dans regards sur le monde le 23 juillet 2010
Benoît XVI , dans son livre « l’esprit de la liturgie », parue aux éditions « ad solem », parle dans le chapitre 2 du livre 4 de la « gestuelle » liturgique. Il parle de la « participation active » ; du « signe de la croix » ; de « l’agenouillement et de l’inclination » ; puis de la station debout et assise » ; puis il revient sur « l’inclination » dans son § 5 consacré à certains « gestes » liturgiques ; enfin il parle des paroles et du silence liturgique.
Son exposé théologique et liturgique est fort intéressant. J’extraie, pour votre lecture de vacances, ce qu’il écrit sur « l’agenouillement et l’inclanation ». Je crois que l’on peut difficilement faire une meilleure présentation de ces gestes liturgiques.
« On voudrait aujourd’hui nous détourner de l’agenouillement. Ce geste ne serait plus adapté, paraît-il, à notre culture, il ne conviendrait plus au chrétien adulte qui doit faire face à Dieu, debout ; ou encore il ne s’accorderait pas avec le statut de l’homme sauvé, car l’homme libéré par le Christ n’aurait plus à s’agenouiller. Les historiens nous rapportent que les Grecs et Romains considéraient l’agenouillement comme indigne de l’homme libre. Envers les dieux partiaux et querelleurs que nous décrivent les mythes, cette attitude se justifiait sans doute : à l’évidence ces dieux n’était pas « Dieu » même si l’on dépendait de leur pouvoir capricieux et qu’il importait de s’assurer leur faveur. Pour Plutarque et Théophraste l’agenouillement était le fait du superstitieux ; quant à Aristote, il qualifiait les prosternements de pratiques barbares (Rhétorique 1361, a, 36). Dans une certaine mesure, saint Augustin leur donne raison : ces faux dieux n’étaient que les masques des démons enfermant l’homme dans l’amour de l’argent, la servilité intéressée, l’égoïsme et la superstition. Seule l’humilité du Christ, nous dit-il, son amour jusqu’à la Croix, ont pu nous libérer de ces puissances. C’est précisément devant cette humilité que nous nous agenouillons. En effet l’agenouillement des chrétiens n’est pas une forme d’assimilations des mœurs ambiantes, c’est au contraire l’expression de la culture chrétienne qui à son tour transforme la culture existante à partir d’une connaissance et d’une expérience de Dieu nouvelles et plus profondes.
L’agenouillement n’est pas non plus une manifestation culturelle secondaire. Il nous vient de la Bible et de sa conception de Dieu. Dans la Bible, le verbe « proskynein » ( s’incliner jusqu’à terre après avoir ployé les genoux) apparaît 59 fois dans le NT, dont 24 fois dans l’Apocalypse – signe de l’importance que l’Ecriture attribue à ce geste. La Bible distingue entre trois attitudes étroitement apparentées.
D’abord la « protratio », qui consiste à se jeter à terre devant la puissance de Dieu ; ensuite, dans le NT, le geste de tomber aux pieds du Christ, et enfin l’agenouillement proprement dit. Il est vrai que ces trois attitudes ne se distinguent pas toujours clairement l’une de l’autre, ni par leur contexte ni par la langue, et que leurs sens peuvent s’échanger ou se recouper.
Par souci de brièveté, je ne citerai que deux textes pour la « protratio ». Dans l’AT, au livre de Josué, le récit de la théophanie qui prend place avant la prise de Jéricho (Jos 5) présente un parallèle intentionnel avec l’épisode du Buisson ardent, dans le livre de l’Exode. Nous lisons que « le chef des armées du Seigneur » apparaît à Josué. Celui-ci, comme Moïse, se prosterne et entend alors ces paroles : « Ote tes sandales de tes pieds, le lieu où tu te tiens est saint » (Jos 5 14). Dans ce personnage mystérieux, Josué a reconnu son Seigneur. En se prosternant, il adore le Christ préfiguré dans cet ange. Origène nous donne une belle interprétation de ce passage : « Y a-t-il un autre chef de l’armée des puissances du Seigneur que NSJC »
Mon deuxième exemple est tiré du NT. Dans la prière de Jésus sur le Mont des oliviers, les Pères ont vu le paradigme de la prière chrétienne. D’après Matthieu (26 39) et Marc (14 35), Jésus se prosterne, tombe face contre terre ; par contre saint Luc, qui se présente dans l’Evangile et les Actes des Apôtres comme le théologien de la prière à genoux, nous rapporte que Jésus priait alors en « fléchissant les genoux »(Lc 22 41). Cette prière, qui ouvre la Passion, est exemplaire tant par l’attitude que par le contenu. Dans son geste, Jésus assume en quelque sorte le statut et l’angoisse de l’homme déchu. Du fond de sa détresse, il se tourne vers Dieu et s’abandonne à la volonté du Père : « que non pas ma volonté mais la tienne soit faite ». Dans cette totale adéquation, il dépose en quelque sorte la volonté humaine dans la volonté divine, ayant accepté de prendre sur lui la souffrance qu’engendre l’opposition des hommes à la volonté de Dieu.
La conformité de la volonté humaine à la volonté divine représente ainsi le noyau de la Rédemption et renverse le mouvement de la chute. Cette dernière a en effet pour fondement la contradiction des volontés, l’opposition de la volonté humaine à la volonté divine – opposition que le tentateur fait miroiter à l’homme comme la condition de son indépendance : seule la volonté propre, autonome, affranchie de toute autre volonté serait la liberté. « Que ce ne soit pas ma volonté, mais la tienne » – telle est au contraire la parole de vérité, car la volonté de Dieu, loin d’être une contre-volonté opposée à la nôtre, est le fondement et la condition de notre liberté. C’est en se maintenant dans la volonté de Dieu que notre volonté devient un vouloir véritable et libre. Au mont des Oliviers, le Christ à l’agonie combat directement pour l’avènement de cette vérité rédemptrice, pour le retour à l’unité de ce qui était divisé, le retour au Père : « Abba » (Mc 14 36). Saint Paul y voit la prière que le saint-Esprit nous met sur les lèvres (Rm 8 15 ; Ga 4 6). Notre prière dans l’Esprit est ainsi la prière même du Seigneur au mont des oliviers.
Dans la liturgie, la « prostratio » se retrouve à deux occasions : le Vendredi Saint et lors des ordinations majeures. Le Vendredi Saint est le jour de la crucifixion du Seigneur. Notre prostration exprime notre bouleversement intérieur, car par nos péchés, nous avons une responsabilité dans la mort du Christ sur la Croix. Nous nous prosternons, l’accompagnons dans son angoisse, dans cette descente au fond de la détresse. En nous prosternant, nous reconnaissons qui nous sommes et où nous sommes : des hommes déchus que seul le Christ peut relever. Nous nous prosternons, comme Jésus, devant le mystère de la présence et de la puissance de Dieu, sachant que la Croix est le véritable buisson ardent, la flamme de l’amour de Dieu, mais qui ne détruit pas.
Lors de l’ordination sacerdotale, la « prostratio » manifeste la conscience de notre incapacité absolue à remplir par nous-mêmes la mission du Christ, à parler avec son « Je ». Pendant que les candidats à l’ordination sont allongés, face contre terre, l’assemblée des fidèles chante la litanie des saints. Je n’oublierai jamais l’intensité de ce moment, le sentiment brûlant de mon insuffisance, de mon incapacité devant la grandeur de la mission qui s’ouvrait devant moi d’autant plus fort lors de la consécration épiscopale. Qu’à ce moment l’Eglise en prière convoquât tous les saints, que la prière de l’Eglise littéralement m’étreignît, fut une consolation extraordinaire. Dans ma propre incapacité, exprimée physiquement dans cette prostration, cette prière, la convocation de tous les saints, des vivants et des morts, fut une force merveilleuse qui seule put me relever, qui seule, par sa présence, rendit possible le chemin qui s’ouvrait devant moi.
Le geste de se jeter aux pieds du Christ est désigné par le mot « gonypetein ». (quatre occurrence dans les évangiles : Mc 1 40 ; 10 17 ; Mt 17 14 ; 27 29). En Marc (1 40), un lépreux s’approche de Jésus et, tombant à genoux, le supplie : Si tu veux , tu peux me purifier. Il est difficile d’estimer la portée de ce geste. Sans être un acte d’adoration à proprement parler, c’est une supplication exprimée corporellement qui manifeste la confiance en une puissance qui dépasse l’homme. Le terme classique pour désigner l’adoration à genoux, « proskynein », correspond à une réalité différente et peut poser un problème au traducteur. En voici deux exemples : après la multiplication des pains, Jésus reste seul sur la montagne, il prie le Père, alors que sur le lac ses disciples luttent avec les éléments déchaînés. Jésus part à leur secours, les rejoint ; Pierre se précipite à sa rencontre, s’enfonce dans l’eau, puis est sauvé de la noyade par le Seigneur. Jésus monte ensuite dans l’embarcation, le vent tombe et tout se calme. Le texte dit alors : « les disciples dans la barque se prosternèrent devant Jésus, disant : « Vraiment tu es Fils de Dieu » (Mt 14 33).D’après des traductions antérieures, les disciples dans la barque adorèrent Jésus. Que le geste de reconnaître Jésus comme le Fils de Dieu soit un acte d’adoration ressort clairement du contexte. Les traductions sont toutes correctes, chacune soulignant un aspect de l’événement : la plus récente l’expression corporelle, les anciennes l’événement intérieur.
On retrouve cette polysémie dans l’évangile de Jean, à propos de la guérison de l’aveugle-né. Ce récit est composé à la façon d’un drame théologique. Il s’achève par un bref échange verbal entre Jésus et l’homme guéri, qui représente un modèle de conversion, une véritable mise en scène de la signification à la fois existentielle et théologique du baptême. Jésus commence par demander à l’homme s’il croît au Fils de l’homme. L’aveugle l’interroge : « Qu’est-il Seigneur ? ». La réponse de Jésus, « c’est celui qui te parle », entraîne la profession de foi : « Je crois Seigneur ! » et il se prosterna devant Lui (Jn 9 35-38. Des traductions plus anciennes mentionnent : « Et il l’adora ». En effet toute la scène converge vers l’acte de foi qui s’accompagne de l’adoration de Jésus – lorsque se sont ouverts non seulement les yeux du corps mais ceux d u cœur.
L’évangile de Jean utilise le mot « proskynein » onze fois, dont neuf fois lors de la conversation de Jésus avec la Samaritaine (Jn 4 19-24) Or ce dialogue tourne entièrement autour du sujet de l’adoration et il est incontestable que le mot « proskynein », ici comme ailleurs chez Jean a toujours la signification « d’adorer ». Le dialogue se termine lui aussi par la révélation de l’identité divine de Jésus : « C’st moi qui te parle ».
Je me suis attardé aussi longuement sur ces textes parce qu’ils renferment un élément très important pour notre propos. Dans ces deux citations, les significations spirituelle et corporelle du mot « proskynein » ne sont pas dissociables. Le geste du corps est en lui-même porteur d’un sens spirituel, celui de l’adoration, sans laquelle il resterait lettre morte. L’acte spirituel, de par l’unité corps-âme de l’homme, doit nécessairement se traduire par un acte corporel. Si les deux aspects sémantiques ont pu se rejoindre dans la langue, c’est qu’ils vont de pair : là où l’agenouillement n’est qu’apparence, acte automatique, il a perdu son sens ; et là où l’on tente de restreindre l’adoration à l’âme seulement, sans lui donner corps, l’acte d’adoration s’éteint parce que l’homme est ainsi fait que la pure spiritualité ne correspond pas à sa nature. L’adoration est l’un de ces actes fondamentaux qui concernent l’homme tout entier. C’est pourquoi on ne peut renoncer à l’agenouillement en présence du Dieu vivant.
Voyons maintenant l’agenouillement tel que nous le pratiquons dans la liturgie, sur un ou deux genoux. Dans la Bible hébraïque, le verbe « barak » s’agenouiller, est apparenté au substantif « berek (genou). Pour les Hébreux, le genoux symbolisaient la force. Fléchir les genoux, c’était donc plier sa force devant le Dieu vivant, reconnaître que toute force vient de lui. C’est un geste d’adoration que l’on retrouve dans des passages importants de l’Ancien Testament. Lors de la consécration du Temple, par exemple, Salomon « s’agenouille en présence de toute l’assemblée d’Israël (2 Ch 6 13). Au retour de l’exil, dans la détresse d’Israël qui n’a pas encore de Temple, Esdras reprend ce geste à l’heure de l’offrande du soir : « Je tombai à genoux, étendis mes mains vers le Seigneur mon Dieu et priai (Esd 9 5). Le grand psaume de la Passion « Mon Dieu, Mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné) se termine par la promesse : « tous les heureux de la terre ont mangé : les voici prosternés ! Devant sa force s’agenouillent tous les moribonds (Ps 22 (21) 30)
Les Actes des Apôtres nous décrivent également saint Pierre (9 40), saint Paul (20 36) et toute l’assemblée chrétienne (21 5) priant à genoux. Le martyre de saint Etienne revêt une importance particulière pour notre propos, puisque le premier martyr est présenté dans une parfaite ressemblance avec le Christ, allant jusqu’à rependre, à genoux, la prière du Christ crucifié, Seigneur, ne leur compte pas ce péché (Act 7 60). Luc, qui contrairement à Matthieu et à Marc, nous montre le Seigneur priant à genoux sur le mont des Oliviers, indique, en présentant le premier martyr dans la même position, que son agenouillement est une entrée dans la prière de Jésus. Dans cette perspective, l’agenouillement est un geste non seulement chrétien mais véritablement christologique.
Toutefois, le passage qui pour moi donne son fondement théologique à l’agenouillement reste le grand hymne au Christ de l’épître aux Philippiens 2 6 11, où nous entendons la voix de l’apôtre, unie à la prière de l’Eglise apostolique. Une fois encore apparaît l’unité intérieure de l’Ancien et du Nouveau Testament, en même temps que la dimension cosmique de la foi chrétienne. L’hymne nous présente le Christ comme le reflet inversé du premier Adam : tandis que celui-ci cherche à saisir de sa propre autorité la condition divine, le Christ ne s’attache pas comme à une proie à la divinité qui est la sienne, mais s’humilie jusqu’à la mort sur la Croix. Et par cette humiliation, qui est un acte d’amour, il reçoit le Nom qui est au dessus de tout nom (…) pour que tout, au nom de Jésus, s’agenouille, au plus haut des cieux, sur la terre et dans les enfers. Cet hymne reprend ces paroles d’Isaïe 45 23 : J’en jure sur moi-même, ce qui sort de ma boche est la vérité, une parole irrévocable : c’est devant moi que tout genou fléchira. Ce « moi », c’est le Christ crucifié qui porte le « nom au dessus de tout nom » – le nomen indicible dont les racines plongent dans l’essence de Dieu. La crucifixion accomplit la promesse paradoxale de l’Ancienne Alliance : tous fléchissent le genou devant l’humilité, qui est en même temps le Dieu au dessus de tous dieux. De par la dimension à la fois historique et cosmique, la croix est devenu le signe universel de la présence de Dieu. Si la liturgie chrétienne peut englober tout le cosmos, c’est que celui devant qui elle nous fait plier le genou est à la fois le Seigneur crucifié et le Seigneur élevé au plus haut des cieux. Le simple geste de tomber aux pieds du Seigneur nous fait ainsi entrer dans le mouvement de vie du cosmos dont l’axe est la croix.
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Encore une remarque pour conclure : l’expression qu’utilise Luc pour décrire l’agenouillement des chrétiens (thei’s ta gonata) est inconnue en grec ancien. Il s’agit d’une expression spécifiquement chrétienne. Voilà qui nous ramène au début de nos réflexions. Il se peut bien que l’agenouillement soit étranger à la culture moderne – pour la bonne raison que cette culture s’est éloignée de la foi. Elle ne connaît plus Celui devant lequel l’agenouillement est le seul geste adéquat, le seul geste nécessaire. La foi apprend aussi à nous agenouiller. C’est pourquoi une liturgie qui ne connaîtrait plus l’agenouillement serait intrinsèquement malade. Il faut réapprendre à nous agenouiller, réintroduire l’agenouillement partout où il a disparu, afin que, par notre prière, nous restions en communion avec les apôtres et les martyrs, en communion avec le cosmos tout entier, en union avec Jésus-Christ ? (p 146-153)
Un peu plus loin, Benoît XVI revient sur l’inclination. Il écrit :
« Nous avons déjà parlé de l’agenouillement. J’aimerais maintenant évoquer l’inclination. L’une des prières du Canon romain (première prière eucharistique) commence par les mots : « Supplices (inclinés devant toi) nous te supplions ». Ici à nouveau, corps et attitude spirituelle coïncident dans le geste du publicain de l’Evangile, conscient de son indignité devant Dieu. La prière qui accompagne ce geste demande instamment que notre sacrifice soit accepté, qu’il monte devant la face de Dieu, que celui-ci nous accorde sa bienveillance, afin que notre sacrifice nous revienne en bénédiction. Des abîmes de notre insuffisance, nous appelons Dieu pour qu’il nous relève et nous rende dignes de son regard, et donc capables de le regarder. Le supplices, dans sa profonde inclinaison, est en quelque sorte l’expression corporelle de ce que la Bible nomme humilité (cfP h 2 8) : « il s’est abaissé »). Les Grecs assimilaient l’humilité à la servilité. Pour le christianisme, de par le renversement des valeurs qu’a entraîné l’incarnation, l’humilité est constitutive de l’homme, et donc de la vie chrétienne. Chez saint Augustin, la christologie au cœur de son apologie du christianisme repose entièrement sur le concept d’humilitas. A partir de l’idée d’hybris, élaborée par la philosophie gréco-romaine, Augustin montre que l’orgueil par lequel l’homme s’auto-glorifie est le péché par excellence, celui-là même auquel a succombé Adam. De cette arrogance, de ce mensonge ontologique, seule l’humilité de Dieu, qui se fait serviteur et s’incline jusqu’à nous, peut nous sauver. Qui veut s’approcher de Dieu doit apprendre à élever son regard – se rendre digne du regard de Dieu. Mais il doit en même temps apprendre à s’incliner, car Dieu lui-même s’est incliné. Nous trouvons le Christ dans le lavement des pieds, dans l’agenouillement du Fils de Dieu devant nous. C’est pourquoi le geste qui accompagne le supplices est si important ; il exprime visiblement, corporellement, l’essence de notre foi et l’attitude spirituelle qu’elle requiert. Il est surprenant que plusieurs traductions moderne du Missale romanum aient tout simplement omis la mention du geste accompagnant le supplices, peut être en raison du fait que cette expression corporelle – qui a effectivement disparu de notre culture – parait désormais sans importance ; ou parce qu’une telle attitude ne correspond plus à l’homme moderne. Les hommes sont ontologiquement égaux entre eux. C’est pourquoi on ne s’incline pas devant un homme, même pour gagner une faveur (NB : sauf pour montrer respect et déférence pour tenir compte de la situation sociale et de la dignité de la personne). Mais devant Dieu ? Sommes nous ses égaux, s’incliner devant lui ne correspond-il plus à notre être ? Si l’homme moderne l’a désappris, il est impératif de retrouver ce geste, et de l’enseigner à notre prochain. (p. 161-162)