Refonte des assemblées territoriales. Réaction.
publié dans flash infos le 26 juillet 2010
Dans « GénérationFA8 », on lit cet article sur la « refonte des assemblées territoriales, de C. Timmerman, à la date du 24 juillet 2010
Refonte des assemblées territoriales
Le projet de refonte des assemblées territoriales a été pratiquement retoqué hier par le Sénat qui l’a vidé de sa substance. Il fallait s’y attendre, et on doit s’en réjouir !
L’idée sarkozyenne était en effet de liquider les conseils généraux et les structures départementales pour ne conserver qu’un échelon territorial régional composé de « délégués territoriaux » élus sur des critères de représentativité privilégiant évidemment les communautés urbaines. Le tout au prétexte – justifiable – de ce que la multiplicité des échelons et de la démultiplication des coûts de fonctionnement associés grevaient les budgets.
Jusqu’à présent, les institutions de la « démocrassie française » reposaient sur deux assemblées :
– L’assemblée nationale, composée des députés issus de circonscriptions électorales politiquement découpées suivant le nombre des habitants (et donc re-découpées) favorisant de toute manière la représentation urbaine qui concentre aujourd’hui la majorité des habitants (et donc des électeurs)
– Le Sénat, issu d’un collège de grands électeurs composé des élus locaux et des conseillers généraux.
L’unité de base est ici géographique: le canton.
Ainsi on peut dire que la représentation sénatoriale traduit une sur-représentation de la ruralité tandis que la représentation députaire traduit une sur-représentation urbaine.
Juxtaposées l’une à l’autre dans les deux assemblées, la représentation urbaine et la représentation rurale s’équilibrent dans une globalité tangible et crédible de la représentation de la Nation.
Accessoirement on se souviendra que les Jacobins, dans leur rage centralisatrice se voulant destructrice des institutions anciennes, se sont bien gardées de toucher aux structures territoriales originelles assumées essentiellement par l’Eglise : ces structures ont simplement été reprises, quasiment telles quelles, et laïcisées.
Ainsi à la paroisse s’est surimposée le village, au clocher la municipalité, au doyenné le canton, à l’évêché le département qui en a repris peu ou prou partout le découpage originel. Il faut donc croire que ce système n’était pas si mauvais. Il dure depuis en gros les Carolingiens: 12 siècles ! Et contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, ce système d’essence cléricale n’était pas rigide !
Les chartistes et autres spécialistes de la Géographie Historique peuvent témoigner des réformes et réajustements successifs où les évêchés ont été érigés, supprimés, remodelés, scindés, etc. au fil des siècles, pour répondre aux besoins des fluctuations de populations. Une administration vivante et adaptée aux besoins : écoles, santé, état civil, etc.
Pour le sarkosionisme, l’exaltation de la ruralité – « berceau de la France souchiennne » – était idéologiquement intolérable, et le meilleur moyen de la casser était évidemment de supprimer son poids sénatorial en liquidant sa représentativité.
D’où l’idée de supprimer les divers échelons de représentation territoriale pour ne conserver que des « délégués territoriaux » élus à l’échelon régional. Ce qui consacrerait la suprématie urbaine et créerait une « France à deux vitesses » où le monde rural ne serait plus qu’un appendice des collectivités urbaines politiquement beaucoup plus formatées et donc idéologiquement encadrables. Le tout était « justifié » par le coût très réel du fonctionnement de ces échelons parfois superfétatoires dont les compétences se chevauchent notamment dans les territoires insulaires érigés en régions mais qui ne comptent qu’un seul département voire deux (comme en Corse ou en Outre Mer)
La réforme est donc à reprendre : le sénat y oblige les stratèges élyséens.
Elle est nécessaire sur certains points, personne n’en disconvient. Mais elle ne doit pas se construire sur la dépersonnalisation des divers entités nationales et le sacrifice du monde rural. Tel est bien le message envoyé à Sarkozy.
Une suggestion : si l’on commençait par réformer le découpage régional en s’inspirant de la réalité des entités provinciales historiques, au lieu de continuer à patauger dans des structures artificielles surnuméraires issues du découpage Pasqua ? On pourrait ainsi supprimer de fausses régions : réunissons les « deux Normandies », rattachons la Loire Atlantique à la Bretagne (voire Nantes séparée de la Bretagne est tout de même un comble!), etc.
En un mot serait-il absurde de revenir à un découpage des entités : celui de nos grandes provinces françaises ?
Cela pourrait déjà faire faire de notables économies territoriales !
C Timmerman