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L’Eglise au banc de la société politique?

L’Eglise au banc de la société politique?

publié dans regards sur le monde le 31 août 2010


Quand le tribunal du monde condamne l’Église pour hérésie. Il y a des vérités que la culture dominante juge subversives : à propos de la vie, de la famille, de la sexualité. L’archevêque américain Chaput explique pourquoi. Et il appelle les chrétiens à une grande bataille de résistance. « Seule la vérité peut rendre l’homme libre »

C’est ainsi que  Sandro Magister, dans son site « Chiesa » du 25 Août 2010, présente et résume la conférence que Mgr Charles J. Chaput, l’archevêque de Denver aux USA, donna à « Spisske Podhradie » un bourg rural de Slovaquie à l’invitation de  » l’association des chercheurs en droit canonique de Slovaquie » et par « la conférence des évêques de ce pays ».

Sandro Magister présente d’abord cet archevêque et sa doctrine sur les relations de l’Eglise et de l’Etat  puis donne des extraits fort intéressants de sa conférence,  que vous trouverez en deuxième partie, sous le titre : 

Vivre dans la Vérité . Liberté religieuse et Mission catholique dans le Nouvel Ordre Mondial.

ROME, le 25 août 2010 – Spisske Podhradie est un bourg rural de Slovaquie, dominé par les ruines d’un château . C’est ici, au cœur géographique de l’Europe, qu’un archevêque est venu hier des États-Unis pour expliquer que l’Église catholique, aussi bien en ce qui concerne l’Ancien Continent que le Nouveau, a aujourd’hui une grande bataille à livrer. Il l’a définie comme une bataille « de résistance », mais surtout « de vérité ». 

Cet archevêque s’appelle Charles J. Chaput. Son diocèse est celui de Denver. Avec le cardinal Francis George, archevêque de Chicago et président de la conférence des évêques des États-Unis, l’archevêque de New-York Timothy Dolan, l’archevêque de Los Angeles José H. Gómez et quelques autres, il est à l’avant-garde de ces dizaines d’évêques qui représentent la nouvelle tendance de l’épiscopat américain.

Par rapport au passé, le virage représenté par cette nouvelle tendance de l’Église des États-Unis consiste, du point de vue politique, à abandonner la « doctrine Kennedy », c’est-à-dire la doctrine d’une séparation rigoureuse entre l’Église et l’État, séparation qui a pour conséquence – selon ceux qui la critiquent – de renfermer la croyance religieuse dans l’intimité des consciences et de la faire disparaître de la sphère publique.

Ce n’est donc pas un hasard si c’est justement l’archevêque Chaput qui a soumis la « doctrine Kennedy » à une critique sévère dans un discours prononcé le 1er mars de cette année à Houston, la ville même où, cinquante ans plus tôt, Kennedy, alors candidat à la présidence des Etats-Unis, avait exposé sa conception du rôle des catholiques dans la politique américaine.

NB La conférence de Mgr Charles J. Chaput avait pour titre:  » La doctrine du catholique Kennedy? À oublier ». Il la donnait le  2.3.2010

Reprise en plusieurs langues par www.chiesa, la critique de Chaput contre la « doctrine Kennedy » a donné lieu à un échange de points de vue entre l’archevêque de Denver et un chercheur bien connu en sciences politiques, le professeur Luca Diotallevi, consultant auprès de la conférence des évêques d’Italie : un échange qui a, lui aussi, été publié par www.chiesa.

NB : Voici le titre de la conférence du professseur Luca Diotallevi: « Il faut sauver le catholique Kennedy. Une réponse à Mgr Chaput (11.4.2010). Mais l’archevêque a répondu au professeur dans une conférence : « Affaire Kennedy. L’évêque recale le professeur (21.4.2010).

(Vous pourrez  lire ces trois conférences dans LNDC de cette semaine.

Mais, depuis ce moment, l’offensive culturelle, politique et juridique qui vise à mettre l’Église catholique hors jeu a encore progressé, aussi bien en Europe que dans les Amériques, y compris en prenant appui sur le scandale de la pédophilie.

Et c’est contre cette offensive que l’archevêque Chaput appelle les catholiques à la « résistance ». Contre le « relativisme » dominateur qui prêche la tolérance mais génère en réalité l’oppression.

Mais l’appel lancé par Chaput n’est pas uniquement défensif. Il est avant tout une proposition. Et il se rattache au grand dessein du pontificat de Benoît XVI, celui d’une « nouvelle évangélisation » des régions du monde où le christianisme risque de s’éteindre.

L’engagement des catholiques dans la sphère politique doit – d’après Chaput – faire partie de ce projet d’ensemble. Dans lequel Dieu vient avant César.

Cela explique – à son avis – pourquoi les questions de l’avortement et du mariage entre un homme et une femme doivent être tellement centraux, comme ils le sont déjà pour l’Église des États-Unis et comme ils le deviennent de plus en plus en Europe aussi. La raison, c’est que les croyances chrétiennes sur l’avortement et le mariage « disent la vérité en ce qui concerne la signification et la destinée de l’homme ».

Ce sont donc des « vérités subversives », dans un monde qui veut refuser à la vie humaine une nature et un but intrinsèques.

Par conséquent l’Église « doit être punie », parce que, en réaffirmant ces vérités, elle devient « la plus irrésistible et la plus dangereuse hérétique du nouvel ordre du monde ».

La conférence donnée le 24 août 2010 par l’archevêque Chaput à Spisske Podhradie est reproduite ci-dessous, avec la traduction de ses passages essentiels.

Mais si l’on souhaite en lire le texte intégral dans la version originale en anglais, elle est disponible sur cette autre page de www.chiesa :

> Living Within the Truth

L’archevêque Chaput a été invité à Spisske Podhradie par l’association des chercheurs en droit canonique de Slovaquie et par la conférence des évêques de ce pays.

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VIVRE DANS LA VÉRITÉ

LIBERTÉ RELIGIEUSE ET MISSION CATHOLIQUE DANS LE NOUVEL ORDRE MONDIAL

par Charles J. Chaput

Aujourd’hui, à notre époque d’interconnexion mondiale, les défis auxquels les catholiques sont confrontés en Amérique sont à peu près les mêmes qu’en Europe : nous affrontons une vision politique agressivement laïque et un modèle économique consumériste qui aboutissent – en pratique, sinon avec une intention avouée – à une nouvelle forme d’athéisme encouragée par l’État. […]

Aux États-Unis, pays qui est encore chrétien à 80 % et qui garde un niveau élevé de pratique religieuse, des agences gouvernementales cherchent de plus en plus, actuellement, à dire aux prêtres de l’Église comment ils devraient agir et à les contraindre à des pratiques susceptibles de détruire leur identité catholique. Des efforts ont été faits pour décourager ou criminaliser l’expression de certaines croyances catholiques, au motif qu’elles constitueraient des « discours de haine ». Nos tribunaux et nos corps législatifs accomplissent maintenant de manière récurrente des actes qui attaquent le mariage et la vie de famille, et ils cherchent à faire disparaître de notre vie publique le symbolisme chrétien et les signes de l’influence chrétienne.

En Europe, on note des tendances semblables, mais elles sont marquées par un mépris encore plus manifeste pour le christianisme. Des dirigeants de l’Église ont été injuriés dans les médias et même devant les tribunaux simplement parce qu’ils exprimaient l’enseignement catholique. […] Au début de cet été, nous avons été les témoins de formes de brutalité que l’on n’avait plus vues sur ce continent depuis l’époque où étaient en vigueur les méthodes policières nazies et soviétiques : le palais archiépiscopal de Bruxelles a été perquisitionné par des policiers, des évêques ont été arrêtés et interrogés pendant neuf heures sans bénéficier des garanties légales, leurs ordinateurs privés, téléphones portables et documents ont été confisqués. Même les tombes d’hommes d’Église défunts ont été violées à l’occasion de cette perquisition. Pour la plupart des Américains, cette sorte d’humiliation calculée, publique, de chefs religieux serait un scandale et un abus du pouvoir de l’État. Et cela n’est pas dû aux vertus ou aux fautes de tel ou tel des dirigeants religieux impliqués, puisque nous avons tous le devoir d’obéir aux lois justes. Le scandale tient plutôt au fait que les autorités civiles, par leur brutalité, montrent du mépris pour les croyances et les croyants représentés par leurs dirigeants. […]

Le cardinal Henri de Lubac a écrit un jour qu’ »il n’est pas vrai que l’homme ne peut pas organiser le monde sans Dieu. Ce qui est vrai, c’est que sans Dieu [l’homme] ne peut en fin de compte l’organiser que contre l’homme. Un humanisme exclusif est un humanisme inhumain ».

Actuellement l’Occident s’achemine constamment vers ce nouvel « humanisme inhumain ». Et si l’Église doit réagir avec toute sa foi, nous avons besoin de mettre en pratique les leçons que vos Églises ont apprises sous les régimes totalitaires. Un catholicisme de résistance doit être fondé sur la confiance en ces paroles du Christ : « La vérité vous rendra libres » (Jean 8, 32).

Vivre dans la vérité, cela signifie vivre en accord avec Jésus-Christ et avec la Parole de Dieu dans la Sainte Écriture. Cela signifie proclamer la vérité de l’Évangile chrétien, non seulement par nos paroles mais par notre exemple. Cela signifie vivre, chaque jour et à chaque moment, de l’inébranlable conviction que Dieu est vivant et que son amour est la force motrice de l’histoire humaine et le moteur de toute vie humaine authentique. Cela signifie croire que les vérités contenues dans le Credo méritent que l’on souffre et que l’on meure pour elles.

Vivre dans la vérité, cela signifie aussi dire la vérité et appeler les choses par leur nom. Et cela signifie révéler les mensonges en fonction desquels certains hommes essaient d’en forcer d’autres à vivre.

*

Deux des plus gros mensonges dans le monde actuel sont, en premier lieu, que le christianisme a été d’une importance relativement mineure dans le développement de l’Occident et, en second lieu, que les valeurs et les institutions occidentales peuvent perdurer sans être enracinées dans les principes moraux chrétiens. […]

On minimise parfois le passé chrétien de l’Occident avec les meilleures intentions du monde, parce que l’on désire favoriser une coexistence pacifique au sein d’une société pluraliste. Mais on le fait plus souvent pour marginaliser les chrétiens et pour neutraliser le témoignage public de l’Église.

L’Église doit révéler et combattre ce mensonge. Être Européen ou Américain c’est être l’héritier d’une profonde synthèse chrétienne de l’art et de la philosophie grecs, du droit romain et de la vérité biblique. Cette synthèse a donné naissance à l’humanisme chrétien qui soutient toute la société occidentale.

Sur ce point, nous pouvons citer le chercheur et pasteur luthérien allemand Dietrich Bonhoeffer. Voici ce qu’il écrivait, quelques mois avant d’être arrêté par la Gestapo en 1943 : « L’unité de l’Occident n’est pas une idée mais une réalité historique, dont l’unique base est le Christ ».

Nos sociétés, en Occident, sont chrétiennes de naissance et leur survie dépend de la pérennité des valeurs chrétiennes. Nos principes fondamentaux et nos institutions politiques sont fondés, dans une large mesure, sur la morale de l’Évangile et sur la conception chrétienne de l’homme et du gouvernement. Nous parlons ici non seulement de la théologie chrétienne ou des idées religieuses, mais des bases de nos sociétés : le gouvernement représentatif et la séparation des pouvoirs ; la liberté de religion et de conscience ; et ce qui est le plus important, la dignité de l’être humain.

Cette vérité à propos de l’unité essentielle de l’Occident a un corollaire, que Bonhoeffer a également remarqué : supprimer le Christ, c’est supprimer la seule base fiable de nos valeurs, de nos institutions et de notre mode de vie.

Cela signifie que nous ne pouvons pas faire abstraction de notre histoire en raison d’une préoccupation superficielle de ne pas offenser nos voisins non-chrétiens. En dépit de tout ce que peuvent dire les « nouveaux athées », il n’y a aucun risque que le christianisme soit imposé par la force à quelqu’un où que ce soit en Occident. Les seuls « états confessionnels », dans le monde d’aujourd’hui, sont ceux qui sont dirigés par des dictatures islamistes ou athées : des régimes qui ont rejeté la croyance de l’Occident chrétien dans les droits individuels et dans l’équilibre des pouvoirs.

Je voudrais souligner que la défense des idéaux occidentaux est la seule protection dont nous et nos voisins disposions pour éviter de tomber dans de nouvelles formes de répression, que ce soit du fait d’extrémistes musulmans ou de technocrates laïcistes.

Mais l’indifférence envers notre passé chrétien contribue à l’indifférence envers la défense de nos valeurs et de nos institutions à l’heure actuelle. Ce qui me conduit au second gros mensonge avec lequel nous vivons aujourd’hui : celui selon lequel il n’existe pas de vérité immuable.

Le relativisme est aujourd’hui la religion civile et la philosophie publique de l’Occident. Là encore, les arguments en faveur de ce point de vue peuvent sembler convaincants. Étant donné le pluralisme du monde moderne, il peut paraître raisonnable que la société veuille affirmer qu’aucun individu, aucun groupe, n’a le monopole de la vérité ; que ce qu’une personne considère comme bon et désirable peut ne pas l’être pour quelqu’un d’autre ; et que toutes les cultures et toutes les religions doivent être respectées comme étant d’une valeur égale.

Dans la pratique, toutefois, nous constatons que, s’il n’y a pas une croyance en des principes moraux et des vérités transcendantes qui soient permanents, nos institutions et notre langage politiques deviennent des instruments au service d’une nouvelle barbarie. Au nom de la tolérance nous en arrivons à tolérer la plus cruelle des intolérances ; le respect des autres cultures en arrive à nous imposer le mépris pour la nôtre ; l’enseignement du « vivre et laisser vivre » justifie que les forts vivent au détriment des faibles.

*

Ce diagnostic nous aide à comprendre l’une des injustices fondamentales de l’Occident aujourd’hui : le crime de l’avortement.

Je sais que le droit à l’avortement est inscrit dans les lois actuelles de la quasi-totalité des pays occidentaux. Dans certains cas, ce droit reflète la volonté de la majorité et il est mis en œuvre par des moyens légaux et démocratiques. Et je suis conscient que beaucoup de gens, y compris au sein de l’Église, s’étonnent que nous, catholiques américains, continuions à placer le caractère sacré de la vie prénatale tellement au centre de notre témoignage public.

Permettez-moi de vous dire pourquoi je crois que l’avortement est le problème fondamental de notre temps.

Tout d’abord, parce que l’avortement pose aussi la question de la vie dans la vérité. Le droit à la vie est la base de tout autre droit de l’homme. Si ce droit n’est pas inviolable, aucun autre droit ne peut être garanti.

Ou, pour parler plus brutalement : un homicide est un homicide, si petite que soit la victime.

Et voici une autre vérité que beaucoup de gens au sein de l’Église n’ont pas encore pleinement assimilée : la défense du nouveau-né et de la vie prénatale est un élément central de l’identité catholique depuis l’âge apostolique. […]

On peut en trouver la preuve dans les plus anciens documents de l’histoire de l’Église. De nos jours – alors que le caractère sacré de la vie est menacé non seulement par l’avortement, par l’infanticide et par l’euthanasie, mais aussi par la recherche sur les embryons et par la tentation eugéniste d’éliminer les faibles, les handicapés et les vieillards infirmes – cet aspect de l’identité catholique devient encore plus essentiel pour notre nature de disciples.

Ce que je veux dire quand je parle de l’avortement, c’est ceci : son acceptation si largement répandue dans les pays occidentaux nous montre que, si nos institutions démocratiques ne sont pas fondées sur Dieu ou sur une vérité très haute, elles peuvent très facilement devenir des armes contre notre propre dignité d’hommes.

Les valeurs auxquelles nous tenons le plus ne peuvent pas être défendues uniquement par la raison ou simplement pour elles-mêmes. Elles n’ont pas d’auto-affirmation ni de justification « interne ».

Il n’existe pas de raison intrinsèquement logique ou utilitaire en vertu de laquelle la société devrait respecter les droits de l’homme. Il y a encore moins de raison de reconnaître les droits de ceux dont la vie impose une charge à autrui, comme les enfants dans le sein de leur mère, les malades en phase terminale, ou les handicapés physiques ou mentaux.

Si les droits de l’homme ne viennent pas de Dieu, alors ils dépendent de conventions arbitraires entre les êtres humains. L’État existe pour défendre les droits de l’homme et pour favoriser l’épanouissement de l’homme. L’État ne peut jamais être la source de ces droits. Quand l’État s’arroge ce pouvoir, même une démocratie peut devenir totalitaire.

Qu’est-ce c’est que l’avortement légalisé, sinon une forme de violence intime qui se drape dans la démocratie ? La force de la loi est donnée à la volonté de puissance du fort pour tuer le faible.

*

C’est dans cette direction que nous Occidentaux sommes en train d’avancer. […] Dans les années 60, Richard Weaver, un philosophe américain spécialiste des questions sociales, écrivait : « Je suis absolument convaincu que le relativisme finira par aboutir à un régime de force ».

Il avait raison. Il y a une sorte de « logique interne » qui conduit le relativisme à la répression. C’est ce qui explique le paradoxe des sociétés occidentales qui peuvent prêcher la tolérance et le respect des diversités tout en sapant de manière agressive et en pénalisant la vie catholique. Le dogme de la tolérance ne peut tolérer la conviction qu’a l’Église que certaines idées et comportements ne doivent pas être tolérés parce qu’ils nous déshumanisent. Le dogme selon lequel toutes les vérités sont relatives ne peut pas accepter l’idée que certaines vérités puissent ne pas l’être.

Les croyances catholiques qui irritent le plus profondément les orthodoxies de l’Occident sont celles qui concernent l’avortement, la sexualité, et le mariage d’un homme et d’une femme. Ce n’est pas un hasard. Ces croyances chrétiennes expriment la vérité à propos de la fertilité, de la signification et de la destinée de l’homme.

Ces vérités sont subversives dans un monde qui voudrait nous faire croire que Dieu n’est pas nécessaire et que la vie humaine n’a pas de nature ou de but intrinsèques. L’Église doit donc être punie parce que, en dépit de tous les péchés et de toutes les faiblesses des gens qui la composent, elle est encore l’épouse de Jésus-Christ ; elle est encore une source de beauté, de sens et d’espoir qui refuse de mourir ; elle est encore la plus irrésistible et la plus dangereuse hérétique du nouvel ordre du monde. […]

Nous ne pouvons et nous ne devons pas abandonner le dur travail que constitue un dialogue honnête. Loin de là. L’Église a toujours besoin de chercher des amitiés, des points d’accord et des façons d’argumenter de manière positive et raisonnable sur la place publique. Mais il serait stupide d’attendre de la gratitude, ou même du respect, de la part de nos actuelles classes dirigeantes dans les domaines de la politique et de la culture. L’imprudence naïve n’est pas une vertu évangélique.

À toutes les époques, l’Église est tentée d’essayer de s’entendre avec César. Et il est très vrai que l’Écriture nous dit de respecter ceux qui nous gouvernent et de prier pour eux. Nous devons avoir un grand amour pour le pays que nous appelons notre patrie. Mais nous ne pouvons jamais rendre à César ce qui est à Dieu. En premier lieu, nous devons obéir à Dieu ; les obligations vis-à-vis du pouvoir politique viennent toujours en deuxième position. […]

Nous vivons à une époque où l’Église est appelée à être une communauté croyante de résistance. Nous devons appeler les choses par leur nom. Nous devons combattre les maux que nous voyons. Et, point très important, nous ne devons pas nous bercer de l’illusion selon laquelle, en nous associant aux voix du laïcisme et de la déchristianisation, nous pourrions d’une façon quelconque adoucir ou changer les choses. Seule la vérité peut rendre les hommes libres. Nous devons être des apôtres de Jésus-Christ et de la Vérité qu’il incarne.

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Traduction française par Charles de Pechpeyrou.

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25.8.2010

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