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Entraide et Tradition
« Mes Idées politiques » de Charles Maurras

« Mes Idées politiques » de Charles Maurras

publié dans doctrine politique le 17 août 2009


Présentation par Pierre Pujo

« Les grands textes politiques de Charles Maurras sont souvent les préfaces ou les introductions par lesquelles il ouvre ses ouvrages. Ainsi en est-il de La Démocratie religieuse, de L’Enquête sur la Monarchie (édition de 1924), de Mes idées politiques.
Là, Maurras, qui, quotidiennement dans L’Action Française, analysait les événements pour en faire sortir les grandes vérités, a condensé sa pensée et lui a donné toute sa force.
La longue préface de Mes idées politiques a été écrite en 1937 alors qu’il purgeait à la prison de la Santé une condamnation pour avoir défendu la paix contre des politiciens qui voulaient entraîner la France dans une guerre insensée contre l’Italie. C’est un texte magistral de philosophie politique. Il devrait être enseigné dans tous les lycées de France. Maurras l’a appelé La politique naturelle. Il ne contient pas de vues idéologiques a priori reflétant la conception personnelle que l’auteur se ferait de l’homme en société ; il s’appuie sur l’observation des faits tels que chacun peut les constater. L’analyse rigoureuse de la condition humaine à laquelle procède Maurras touche aux profondeurs de l’être.

Bienfaisante inégalité

Les premières lignes ont la valeur d’un morceau d’anthologie : « Le petit poussin brise sa coquille et se met à courir. Peu de choses lui manque pour crier : “Je suis libre…”. Mais le petit homme ? Au petit homme, il manque tout. Bien avant de courir, il a besoin d’être tiré de sa mère, lavé, couvert, nourri. Avant que d’être instruit des premiers pas, des premiers mots, il doit être gardé des risques mortels. Le peu qu’il a d’instinct est impuissant à lui procurer les soins nécessaires, il faut qu’il les reçoive, tout ordonnés, d’autrui […] Le petit homme presque inerte, qui périrait s’il affrontait la nature brute, est reçu dans l’enceinte d’une autre nature empressée, clémente et humaine : il ne vit que parce qu’il en est le petit citoyen. »
Tel est le bienfait de ce que Maurras appelle « l’inégalité protectrice ». Celui-ci s’inscrit ainsi en faux contre les idées rousseauistes selon lesquelles les hommes naissent « libres et égaux en droit ».
Plus tard, l’homme prend conscience de lui-même et devient adulte. Il voudra changer le monde ou, du moins, y imprimer sa marque. « Il n’est pas promis à la solitude. Il ne la supporterait pas. L’homme adulte, quelque trouble agitation qui l’emporte, et souvent par l’effet de ce trouble, ne cesse de subir un premier mouvement qui est de rechercher son semblable pour se l’adjoindre ou se joindre à lui. ». Là encore c’est l’inégalité des goûts, des capacités, qui incite les hommes à se rapprocher pour réaliser quelque chose ensemble. Cependant, « si la nécessité impose la coopération, le règne de l’antagonisme ne sera jamais supprimé non plus ». C’est là, et là seulement, qu’apparaît le contrat qui va régler les relations entre les hommes. Le contrat aura d’autant plus de portée et de solidité qu’il s’appuiera sur les affinités naturelles.
Autre élément qui contredit le dogme de la Liberté et l’Égalité : la notion d’hérédité. Les générations passées ont accumulé un ensemble de biens matériels et moraux dont l’homme est l’héritier et qu’il doit maintenir et si possible enrichir pour ses successeurs. Elles lui transmettent aussi une expérience et la connaissance des lois inscrites dans la nature des choses. En tenant compte de ces lois, l’homme pourra donner pleine efficacité à son action.
Selon la famille dans laquelle il naît, l’homme va être plus ou moins favorisé dans la vie ou orienté différemment. Il n’y a pas là d’injustice mais un fait de nature. Ce qui n’interdit pas à l’homme de vouloir s’élever dans la hiérarchie sociale et aux dirigeants politiques de remédier aux inégalités choquantes. Le vice de la démocratie est d’entretenir l’envie entre les citoyens. Les politiciens en vivent. Pour être élus, ils promettent « l’impossible » en méprisant les contraintes du réel.
Nous ne donnons là qu’un aperçu de la préface de Mes idées politiques qui est un texte d’une grande richesse de réflexions.

Le souci du réel

Le corps de l’ouvrage contient de fortes pensées qui ont été rassemblées sur les grands thèmes politiques : la Vérité, la Force, l’Ordre, l’Autorité, la Liberté (« La liberté n’est pas au commencement, mais à la fin. Elle n’est pas à la racine, mais aux fleurs et aux fruits de la nature humaine ou pour mieux dire de la vertu humaine. On est plus libre à proportion qu’on est meilleur. »), la Propriété, la Tradition (« La vraie tradition est critique. »), la Civilisation, l’État, la Démocratie, les Questions sociales, etc.

On peut s’y reporter comme dans un dictionnaire grâce à la clarté du sommaire.

Une idée domine toutes les réflexions de Maurras : le souci du réel, la juste délimitation entre ce qui relève de la nature et ce qui ressortit à la volonté. Les déterminismes politiques, chez Maurras, n’anéantissent pas la liberté de l’homme. Ils permettent à celle-ci d’atteindre sa pleine efficacité.

À l’heure où l’État-nation est remis en question par la « construction européenne », il est intéressant de se reporter aux chapitres qui le concernent dans Mes idées politiques.

Sur la patrie : « La France existe autrement que par une trentaine ou une quarantaine de millions de têtes vivantes. Quarante millions d’hommes vivants, soit, mais un milliard d’hommes morts. ». Plus loin : « La France n’est pas une réunion d’individus qui votent mais un corps de familles qui vivent. » Cela pour répondre à Jean de Viguerie qui ose soutenir que Maurras s’était rallié au “patriotisme révolutionnaire”…

Sur la nation : « La nation est le plus vaste des cercles communautaires qui soient, au temporel, solides et complets. Brisez-le, et vous dénudez l’individu. Il perdra toute sa défense, tous ses appuis, tous ses concours. »
Exalter la nation ne signifie pas se replier sur elle en méprisant les autres pays : « Une déesse France entre naturellement en rapport et composition avec les principes de la vie internationale qui peuvent la limiter et l’équilibrer. En un mot, la nation occupe le sommet de la hiérarchie des idées politiques. De ces fortes réalités, c’est la plus forte, voilà tout. » Une réalité bien plus forte que l’Union européenne, pourrions-nous ajouter.

Sur le nationalisme : « Le nationalisme s’applique plutôt qu’à la Terre des Pères aux Pères eux-mêmes, à leur sang et à leurs œuvres, à leur héritage moral et spirituel, plus que matériel. Le nationalisme est la sauvegarde due à tous ces trésors qui peuvent être menacés sans qu’une armée ait passé la frontière, sans que le territoire soit physiquement envahi. »
Tous les nationalismes ne se valent pas : « Il y a autant de nationalismes que de nations », soutient Maurras. « Pas plus que les hommes, les patries ne sont égales, ni les nations. » La prétendue égalité des nations relève de l’égalitarisme démocratique et peut être malfaisante. Le critère, c’est le bien commun international.
Aujourd’hui les souverainistes doivent se mettre à l’école du nationalisme de Charles Maurras pour approfondir les raisons de leur combat.

* La plus récente édition de Mes idées politiques a été publiée en 2002 par L’Àge d’Homme à l’occasion du cinquantenaire de la mort de Charles Maurras. Elle comporte une préface de Pierre Gaxotte, de l’Académie française.
L’Action Française 2000 – 4 novembre 2004
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Toutes les semaines nous mettrons un nouveau chapitre de l’œuvre de Charles Maurras : Mes Idées politiques.

Cette semaine : nous commençons pas publier le premier paragraphe de « l’avant-propos ». Cet « avant-propos » est composé de 6 paragraphes. Nous donnons cette semaine le premier paragraphe intitulé : de « l’inégalité protectrice ». Cette expression est très provocante pour une tête « républicaine » ! Mais est-elle fausse ?

I ère leçon : de l’inégalité protectrice (1)

MES IDEES POLITIQUES

Charles MAURRAS

AVANT-PROPOS

LA POLITIQUE NATURELLE

1-L’inégalité protectrice.

Le petit poussin brise sa coquille et se met à courir.
Peu de choses lui manque pour crier : “ Je suis libre … ” Mais le petit homme ?
Au petit homme, il manque tout. Bien avant de courir, il a besoin d’être tiré de sa mère, lavé, couvert, nourri. Avant que d’être instruit des premiers pas, des premiers mots, il doit être gardé de risques mortels. Le peu qu’il a d’instinct est impuissant à lui procurer les soins nécessaires, il faut qu’il les reçoive, tout ordonnés, d’autrui.
Il est né. Sa volonté n’est pas née, ni son action proprement dite. Il n’a pas dit Je ni Moi , et il en est fort loin, qu’un cercle de rapides actions prévenantes s’est dessiné autour de lui. Le petit homme presque inerte, qui périrait s’il affrontait la nature brute, est reçu dans l’enceinte d’une autre nature empressée, clémente et humaine : il ne vit que parce qu’il en est le petit citoyen.

Son existence a commencé par cet afflux de services extérieurs gratuits. Son compte s’ouvre par des libéralités dont il a le profit sans avoir pu les mériter, ni même y aider par une prière, il n’en a rien pu demander ni désirer, ses besoins ne lui sont pas révélés encore. Des années passeront avant que la mémoire et la raison acquises viennent lui proposer aucun débit compensateur. Cependant, à la première minute du premier jour, quand toute vie personnelle est fort étrangère à son corps, qui ressemble à celui d’une petite bête, il attire et concentre les fatigues d’un groupe dont il dépend autant que de sa mère lorsqu’il était enfermé dans son sein.

Cette activité sociale a donc pour premier caractère de ne comporter aucun degré de réciprocité. Elle est de sens unique, elle provient d’un même terme. Quand au terme que l’enfant figure, il es muet, infans, et dénué de liberté comme de pouvoir ; le groupe auquel il participe est parfaitement pur de toute égalité : aucun pacte possible, rien qui ressemble à un contrat. Ces accords moraux veulent que l’on soit deux. Le moral de l’un n’existe pas encore.

On ne saurait prendre acte en termes trop formels, ni assez admirer ce spectacle d’autorité pure, ce paysage de hiérarchie absolument net.

Ainsi, et non pas autrement, se configure au premier trait le rudiment de la société des hommes.

La nature de ce début est si lumineusement définie qu’il en résulte tout de suite cette grave conséquence, irrésistible, que personne ne s’est trompé autant que la philosophie des “ immortels principes ”, quand elle décrit les commencements de la société humaine comme le fruit de conventions entre des gaillards tout, formés, pleins de vie consciente et libre, agissant sur le pied d’une espèce d’égalité, quasi pairs sinon pairs, et quasi contractants, pour conclure tel ou tel abandon d’une partie de leurs “ droits ” dans le dessein exprès de garantir le respect des autres.
Les faits mettent en pièce et en poudre ces
rêveries. La Liberté en est imaginaire, l’Egalité postiche. Les choses ne se passent pas ainsi, elles n’amorcent même rien qui y ressemble et, se présentant de toute autre manière, le type régulier de tout ce qui se développera par la suite est essentiellement contraire à ce type-là. Tout joue et va jouer, agit et agira, décide et décidera, procède et procédera par des actions d’autorité et d’inégalité, contredisant, à angle droit, la falote hypothèse libérale et démocratique.

Supposons qu’il n’en soit pas ainsi et que l’hypothèse égalitaire ait la moindre apparence. Imaginons, par impossible, le petit homme d’une heure ou d’un jour, accueilli, comme le voudrait la Doctrine, par le chœur de ses pairs, formé d’enfants d’une heure ou d’un jour. Que feront-ils autours de lui ? Il faut, il faut absolument, si l’on veut qu’il survive, que ce pygmée sans force soit environné de géants, dont la force soit employée pour lui, sans contrôle de lui, selon leur goût, selon leur cœur, en tout arbitraire, à la seule fin de l’empêcher de périr : Inégalité sans mesure et Nécessité sans réserve, ce sont les deux lois tutélaires dont il doit subir le génie, la puissance, pour son salut. Ce n’est que moyennant cet Ordre (différencié comme tous les ordres) que le petit homme pourra réaliser ce type idéal du Progrès : la croissance de son corps et de son esprit .

Il grandira par la vertu de ces inégalités nécessaires.

Le mode d’arrivée du petit homme, les êtres qui l’attendent et l’accueil qu’ils lui font, situent l’avènement de la vie sociale fort en deçà de l’éclosion du moindre acte de volonté. Les racines du phénomène touchent des profondeurs de Physique mystérieuse.

Seulement, et ce nouveau point importe plus peut-être que le premier, cette Physique archique et hiérarchique n’a rien de farouche. Bien au rebours ! Bénigne et douce, charitable et généreuse, elle n’atteste aucun esprit d’antagonisme entre ceux qu’elle met en rapport : s’il n’y a pas eu l’ombre d’un traité de paix, c’est d’abord qu’il n’y a pas eu trace de guerre, de lutte pour la vie, entre l’arrivant et les recevants : c’est une entraide pour la vie qu’offre la Nature au petit hôte nu, affamé, éploré, qui n’a même pas en bouche une obole qui lui paye sa bienvenue. La Nature ne s’occupe que de le secourir. Il est en larmes, elle le caresse et le berce, et elle s’efforce de le faire sourire.

Dans un monde où les multitudes dolentes élèvent à longs cris des revendications minima, que ceux qui les entendent ne manquent pas de qualifier de calamiteux maxima , – en ce monde où tout est supposé devoir surgir de la contradiction d’intérêts aveugles et la bataille d’égoïsmes irréductibles, – voici quelque chose de tout autre et qu’on ne peut considérer comme hasard d’une rencontre ni accident d’une aventure ; voici la constance, la règle et la loi générale du premier jouir : cette pluie de bienfaits sur le nouveau-né.

Au mépris de tout équilibre juridique, on le fait manger sans qu’il ait travaillé ! On le force, oui, ont le force à accepter sans qu’il ait donné ! Si les mères répondent qu’il faut bien faire vivre ce qu’on a fait naître, leur sentiment n’est point à classer entre les durs axiomes du Juste, il procède du souple décret d’une Grâce. Ou, si l’on tient absolument à parler justice, celle-ci se confond certainement avec l’Amour. C’est ainsi ! Nulle vie humaine ne conduit son opération primordiale courante sans qu’on lui voit revêtir ces parures de la tendresse. Contrairement aux grandes plaintes du poète romantique, la lettre sociale, qui paraît sur l’épaule nue, n’est pas écrite avec le fer. On n’y voit que la marque des baisers et du lait : sa Fatalité se dévoile, il faut y reconnaître le visage d’une Faveur.
… Mais le petit homme grandit : il continue dans la même voie royale du même bénéfice indû, littéralement indu ; il ne cesse de recevoir. Outre qu’on lui a inculqué une langue, parfois riche et savante, avec le grave héritage spirituel qu’elle apporte, une nouvelle moisson qu’il n’a point semée est récoltée de jour en jour : l’instruction, l’initiation et l’apprentissage.

La pure réceptivité de l’état naissant diminue selon que s’atténue la disproportion des forces entre son entourage et lui ; l’effort, devenu possible, lui est demandé ; la parole qu’on lui adresse, plus grave, peut se teinter de sévérité. Aux premières douceurs qui l’ont couvé, succède un mâle amour qui excite au labeur, le prescrit et le récompense. La contrainte est parfois employée contre lui, car le petit homme, plus docile, en un sens, l’est moins dans un autre : il se voit capable de se défendre, pour résister même à son vrai bien. Il doit peiner, et la peine peut lui coûter. Mais ce qu’il met du sien est largement couvert et compensé par la somme et par la valeur de gains nouveaux, – dont le compte approximatif ne peut être dressé ici qu’à moitié.

En effet, nous devons laisser de côté ce que le petit homme acquiert de plus précieux : l’éducation du caractère et le modelage du cœur. Ce chapitre, vaste et complexe, est infesté de sots, de fripons, d’effrontés, qui y gardent une certaine marge de chicane pour soutenir la basse thèse de l’enfant-roi et de l’enfant-dieu, de qui la sublime originalité serait violée par les parents, détournée par les maîtres, appauvrie ou enlaidie par l’éducation, alors qu’il est patent que ce dressage nécessaire limite l’égoïsme, adoucit une dureté et une cruauté animale, freine des passions folles et fait ainsi monter du “ petit sauvage ” le plus aimable, le plus frais et le plus charmant des êtres qui soient : l’adolescent, fille ou garçon, quand il est élevé est civilisé. La vérité se rit des sophismes les plus retors. Mais, parce que notre exposé de faits doit démontrer plutôt que décrire, il vaut mieux en négliger une belle part et couper aux longueurs d’un débat onéreux. Tenons-nous à l’indiscutable, au sans réplique : il nous suffit de la haute évidence des largesses unilatérales que le prédécesseur fait au successeur sur le plan de l’esprit. Là, l’enfant n’est pas suspect de pouvoir acheter d’une ligne ou compenser d’un point les immenses avoirs dont il a communication, tels qu’ils ont été capitalisés par son ascendance, et lourds de beaucoup plus de siècles qu’il n’a d’années. Son cercle nourricier étant ainsi devenu énergie et lumière est immensément élargi, et rien n’y apparaît qui puisse ressembler encore à aucun régime d’égalité contractuelle. Si l’on veut, un échange a lieu. Mais c’est celui de l’ignorance contre la Science, celui e l’inexpérience des sens, de la gaucherie des membres, de l’inculture des organes, contre l’enseignement des Arts et Métiers : véritable et pur don fait à l’enfant du prolétaire comme à l’enfant du propriétaire, don commun “ au boursier ” et à l’héritier, car le plus pauvre en a sa part ; en un sens, elle est infinie, ne comportant point de retour.

…Ainsi nourri, accru, enrichi et orné, le petit homme a bien raison, alors, de prendre conscience de ce qu’il vaut et, s’il “ se voit le bout du nez ”, d’estimer à leur prix les nouveautés brillantes dont il aspire à prendre l’initiative à son jour. Mais, jusqu’à la preuve faite, jusqu’à l’œuvre mise sur pied, il ne peut guère qu’accéder à l’heureux contenu des cornes d’abondance inclinées devant lui. Comme il s’est donné la peine de naître, tout au plus s’il doit se donner la peine de cueillir, pour se l’ingérer, le fruit d’or de la palme que le dieu inconnu fait parfois tomber à ses pieds.

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