Solennité de sainte Thérèse de l’Enfant Jésus.
publié dans couvent saint-paul le 25 septembre 2010
Prédication pour le 18ème dimanche après la Pentecôte.
Solennité de sainte Thérèse de l’Enfant Jésus.
Sainte Thérèse, Thérèse Martin, naquit à Alençon le 2 janvier 1873, en Normandie, de parents très chrétiens (Louis et Zélie-Marie Martin), aujourd’hui béatifiés, qui regardaient leurs neuf enfants comme des présents du Ciel et les offraient au Seigneur avant leur naissance. Thérèse eût voulu, dès l’âge de quinze ans, rejoindre ses trois sœurs au Carmel, mais il lui fallut attendre une année encore pour pouvoir y entrer, le 9 avril 1888.
Au Carmel, sa vie devint alors une ascension continuelle vers Dieu, mais ce fut au prix des plus douloureux sacrifices toujours acceptés avec joie et amour… car c’est à ce prix que Jésus forme les âmes qu’Il appelle à une haute sainteté.
Sa spiritualité est dominée par sa foi en l’amour miséricordieux de Dieu « Jésus, comme elle l’a écrit, dormait toujours dans Sa petite nacelle ». Elle pouvait dire : « Je n’ai plus aucun désir, si ce n’est d’aimer Jésus à la folie ».
La voie de l’Amour, telle est, en résumé, la voie de la « petite Thérèse de l’Enfant-Jésus », la voie de l’humilité, la voie de la simplicité dans l’amour.
Sa vie au Carmel pendant neuf ans seulement fut une vie cachée, toute d’amour et de sacrifice. Elle quitta la terre le 30 septembre 1897 en ayant comme derniers mots : « Mon Dieu, je vous aime ». Saint Pie X la qualifiera comme étant « la plus grande sainte des temps modernes » et introduira sa cause de béatification en 1914. Le 14 août 1921, Benoît XV proclama un Décret sur « les vertus héroïques » de la petite Thérèse. Brûlant les étapes, elle fut béatifiée le 29 avril 1923 et canonisée le 17 mai 1925 par Pie XI qui dira qu’elle sera « l’étoile de son pontificat ». Le 14 décembre 1927 (année sainte), Pie XI proclama Sainte Thérèse de Lisieux « Patronne Universelle des Missions » (comme Saint François-Xavier). En 1944, Pie XII en fit la « Patronne secondaire de la France » (comme Sainte Jeanne d’Arc) et le 19 octobre 1997, Jean-Paul II proclama Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus « Docteur de l’Eglise ». Comme elle l’a prédit, « elle passe son Ciel à faire du bien sur la terre ! ».
Et quel est donc le bien qu’elle verse sur la terre de France ? Ce ne peut être que de nous rappeler sans cesse son message essentiel : la foi en l’amour miséricordieux de Dieu. Elle nous rappelle, elle rappelle à notre pays qu’il faut revenir à Dieu sincèrement, pratiquement, entièrement. Il faut revenir à Dieu de tout notre esprit, de toute notre âme, de toutes nos forces. C’est la condition de la paix sociale, de la prospérité de notre pays. Oui ! Il faut le reconnaître, c’est la justice – et la justice nous oblige d’être à Dieu -, c’est la justice qui élève les nations, c’est le péché, le refus de l’amour de Dieu qui le rend malheureux. C’est l’Ecriture Sainte qui le dit : « « Justitia elevat gentem, miseros autem facit populos peccatum »(Prov 14/34). Aussi le seul obstacle, le plus grand, à la tranquillité publique, c’est notre opposition à Dieu et à son amour ; c’est notre injuste défiance à l’égard de la vérité qu’est Dieu, c’est notre sympathie persévérante pour le mensonge. C’est l’iniquité qui fait le fond, aujourd’hui, du « politique ». Ainsi l’impiété, c’est ce terrible adversaire de la patrie, cet ennemi mortel de la République ou de la Monarchie.
Sainte Thérèse nous rappelle qu’il est temps de reprendre l’étendard sacré de la vérité : Dieu et son amour.
Oui ! la perdition de notre siècle, nous le voyons de plus en plus, c’est l’incrédulité, l’irréligion, l’indifférence, l’oubli de Dieu, le mépris de sa loi et de son amour, en d’autres termes , c’est le péché. Or seul l’amour de Dieu peut contrer réellement le péché. Tant que le péché, cette « aversio a Deo », restera au fond de la politique actuelle, et puisque le péché est le principe générateur de notre mal national, ce mal subsistera aussi longtemps que la cause restera. On ne peut enlever l’effet que si l’on s’attaque d’abord à la cause.
Oui ! Ce qu’il faut à notre monde moderne, à ce grand paralytique qui ne peut plus marcher, c’est de mériter d’entendre la parole de Jésus : « Mon fils, aie confiance, tes péchés te sont remis ». Il lui sera facile ensuite de se lever de son grabat et de se mettre en mouvement ; la guérison du péché sera celle de tous les autres maux du corps social (Mt 9/2).
On entend souvent dire que la France souffre du dépérissement des caractères, de l’amollissement des âmes. Ce n’est pas faux. Mais c’est une simple conséquence. Il y a d’abord le dépérissement de vrai dans l’âme. Ce ne fut pas le cas de Sainte Thérèse. En effet d’où provient ce symptôme si grave de l’affaiblissement des caractères ? Ne serait-il pas vrai qu’il est la conséquence naturelle et inévitable de l’affaiblissement des doctrines, de l’affaiblissement de la vérité, et pour dire le mot propre, de l’affaiblissement de la foi ? La foi était la force d’âme de sainte Thérèse et la raison du soutien de son martyr, la lumière de son âme.
En effet le courage n’a sa raison d’être qu’autant qu’il est au service d’une conviction. La volonté est une puissance aveugle lorsqu’elle n’est pas éclairée par l’intelligence. On ne marche pas d’un pied ferme quand on marche dans les ténèbres ou seulement dans un demi jour. Or si l’homme d’aujourd’hui souvent avance à tâtons, ne serait-ce pas que la loi de Dieu, son Amour, n’est plus le flambeau qui guide ses pas, ni la lumière qui éclaire ses sentiers.
Nos anciens, en toutes choses, cherchaient leur direction dans l’enseignement de l’Evangile et de l’Eglise. Nos pères marchaient dans le plein jour. Ils savaient ce qu’ils voulaient, ce qu’ils repoussaient, ce qu’ils aimaient, ce qu’ils haïssaient et, à cause de cela, ils étaient énergiques dans l’action. Beaucoup aujourd’hui, même parmi ceux qui portent le nom de chrétiens, marchent dans la nuit car ils n’ont plus rien de défini, rien d’arrêté dans l’esprit. Et ils ne rendent plus compte du but où ils se rendent. Par suite, ils sont faibles et hésitants. « Comment se pourrait-il que la chaleur de la résolution fut dans la volonté, et la vigueur de l’exécution dans le bras, quand il n’y a dans l’entendement, au lieu de la claire lumière du vrai, que le nuage ou le brouillard du peut-être ». (Cardinal Pie)
Ainsi la rose que saint Thérèse jette du haut du ciel sur les paroissiens de Rolleboise, c’est certainement le goût de la vérité qui est Dieu et son amour, servi et aimé. Elle nous aide à garder la profession et la pratique totale de notre foi religieuse. Elle nous aide à en prendre les moyens.
Ce service divin, total, intégral, nous le devons à Dieu. Il est le principe de toute chose.
Nous le devons à notre âme qui sera jugée selon ses œuvres et qui deviendrait plus inexcusable si elle abusait des lumières et des grâces que Dieu, dans l’enceinte familiale, lui dispense.
Nous le devons à notre pays. N’oublions pas qu’un citoyen est le commencement d’une cité, ainsi de la famille. Si, de fait, chacun voulait remplir son devoir et s’attachait à l’amour de Dieu dans la simple sphère du foyer domestique, nous aurions bientôt le spectacle d’une société mieux réglée et plus florissante.
Restons des hommes de conviction. Soyons des êtres fermes éclairés par l’amour formidable de Dieu et de son Christ. Et disons avec saint Jean : « Nos ergo diligamus Deum, quoniam Deus prior dilexit nos » (I Jn 4 19) ; C’est cet amour divin qui est notre lumière, notre joie, notre force. C’est cet amour divin qui fut la lumière de sainte Thérèse.
Si ND est restée « ferme » au pied de la Croix, « stabat mater dolorosa », c’est parce qu’elle savait, de foi sûr et éclairée, que la rédemption devait se faire par la crucifixion, par le sacrifice. Telle était la volonté de Dieu. Le prophète Siméon lui avait annoncé, au Temple, qu’un glaive de douleurs lui transpercerait le cœur, alors qu’elle contemplerait son Fils agonisant. Cette heure attendue était enfin arrivée, elle ne broncha pas malgré sa profonde douleur. Parce que son regard de Jésus crucifié était un regard imprégné de foi profonde, elle resta ferme. Qu’il en soit ainsi de nous. Amen.