Le Très Saint Rosaire. Anniversaire de mon sacerdoce
publié dans couvent saint-paul le 9 octobre 2010
Prédication pour le 20 dimanche après la Pentecôte.
Le Très Saint Rosaire.
Le 17 octobre 1971:Anniversaire de mon sacerdoce.
Le 17 octobre 1971, voilà 39 ans, je recevais des mains de Mgr Marcel Lefebvre, le sacerdoce catholique, dans la petite église paroissiale de Riddes qui était desservi par un curé bien sympathique et qui avait reçu, les bras ouverts, la fondation du séminaire de Mgr Lefebvre en 1970, à Ecône.
Cette date, vous l’imaginez, est pour moi, un doux souvenir.
Je me suis engagé alors à vivre plus particulièrement dans la pensée de NSJC et de sa Très Sainte Mère.
Le Christ et sa sainte Mère devinrent pour moi le tout de ma vie, de mes pensées, de mes préoccupations, la raison de mon apostolat. « Vivre, pour moi, disait saint Paul, c’est le Christ » : « Vivere mihi, Christus est » et je tiens à ajouter « Vivre pour moi, c’est le Christ et sa très Sainte Mère ».
Voilà, en un mot, le plan divin du salut : le Christ et Marie, sa Mère. Ils le résument.Voilà la raison de l’Eglise. Garder fidèlement pour en vivre, et pour les prêcher, les deux trésors de l’Eglise, les deux colonnes de l’Eglise : le Christ et Notre Dame.
On ne peut en effet séparer le Christ et Marie. Le Christ, nous a été donné par le Père dans un élan de justice et de miséricorde, mais par Marie. Dieu suscita sa coopération. Son « fiat » fut nécessaire pour la réalisation de l’Incarnation et un jour, de la Rédemption. Elle fut à Nazareth. Elle fut à Bethléem. Elle reçut Jésus miraculeusement des mains du Père, comme elle fut au pied de la Croix, le recevant après la crucifixion des mains de Nicodème et de saint Jean, devenant ainsi la « pieta », « la mère des douleurs », après avoir été la mère de la joie de la Nativité. Elle n’a cessé d’être physiquement auprès de Lui, pendant les trente ans de la vie cachée, Elle l’accompagna moralement, spirituellement dans sa vie publique. On la voit même à Cana…puis a u Golgotha. Oui. Le Christ et Marie sont indissociables. Si l’on confesse l’un, il faut nécessairement confesser l’autre.
L’œuvre rédemptrice, qui est le plan divin du salut, est la revanche voulue par Dieu, de la chute originelle.
Ainsi si Adam et Eve furent indissociables dans la faute originelle, le Christ et Marie le sont aussi dans l’œuvre de la rédemption qui est une réparation. Le fruit de l’arbre dans le Paradis terrestre fut l’occasion de la chute. Je dis l’occasion, car la cause en fut l’orgueil. Le fruit de l’arbre dans le jardin du Golgotha fut le Christ, le Nouvel Adam et il fut offert par les deux cœurs unis de Jésus et de Marie – qui ne faisaient qu’un seul cœur – dans une parfaite oblation, dans un acte d’abandon totale à la volonté du Père, dans une parfaite union d’obéissance. Cette obéissance totale de Jésus et de Marie réparait la désobéissance d’Adam et d’Eve. Cette insubordination des deux volontés d’Adam et Eve créa la chute originelle, comme la totale obéissance des deux cœurs de Jésus et de Marie à la volonté du Père créa la réparation en offrant une parfaite satisfaction, une merveilleuse expiation à Dieu, ces deux cœurs se substituant, dans une charité immense, au genre humain pour réparer, à leur avantage, l’insubordination primitive d’Adam et d’Eve.
Ce mystère de l’Incarnation rédemptrice est le chef d’œuvre de Dieu, MBCF, un chef d’œuvre de charité, un chef d’œuvre de miséricorde et de justice, un chef d’œuvre ’humilité. C’est ce mystère qui fait l’Eglise, qui lui donne sa raison d’être, qui la constitue ce qu’elle est, qui est la forme de sa prédication.
C’est la grande richesse du sacerdoce, la grande joie du sacerdoce.
L’Eglise n’est pas d’abord civilisatrice. Elle ne l’est que parce qu’elle prêche d’abord le Christ dans ses mystères. L’œuvre civilisatrice de l’Eglise, réelle et magnifique, certes, n’est cependant qu’un effet, qu’une conséquence. Ainsi du prêtre. Il doit d’abord prêcher le Christ et Notre Dame, son indissociable « compagne » dans l’œuvre rédemptrice. C’est alors et alors seulement qu’il façonne des mœurs nouvelles. Vous, Vos familles en sont la preuve. Le prêtre d’abord et avant tout, doit diriger les cœurs vers la contemplation des chef-d’œuvres de Dieu, le Christ Jésus et Marie. La prédication sacerdotale comme celle de l’Eglise, – c’est tout un – est d’abord une prédication « christologique ». Le Christ. L’Eglise et le prêtre doivent d’abord prêcher le Christ et sa Mère. C’est ce que nous dit saint Paul.
Ecoutez : « Moi aussi, mes Frères, lorsque je suis venu chez vous, ce n’est pas avec une supériorité de langage ou de sagesse que je suis venu vous annoncer le témoignage de Dieu. Car je n’ai pas jugé que je dusse savoir parmi vous autre chose que Jésus-Christ, et Jésus-Christ crucifié». Et l’Apôtre de conclure : « nous, nous avons la pensée du Christ ». Et c’est ce Christ, vous dis-je, qu’il a pour mission de prêcher et qu’il prêcha. Sa prédication fut d’abord et avant tout Christologique. Ainsi de l’Eglise et du prêtre.
Mais si le prêtre veut d’abord s’occuper d’une « cité » à créer », il tombe dans une prédication moralisant insupportable et il a toutes les chances d’échouer…S’il prêche le Christ et ses mystères, il peut enthousiasmer les intelligences, fortifier les cœurs et faire comprendre l’importance du « bien commun » de la cité, cité qui est pour le « mieux être » de l’homme et dont le but est l’obtention du ciel.
L’Eglise n’a pas d’abord en tête « l’homme » et son « culte », le « culte de l’homme », comme certains le disent ou l’ont dit. Si elle l’a, ce ne peut être que comme une conséquence de son « culte de Dieu », « culte de Dieu qui est une garantie d’une juste pensée sur le « culte de l’homme ».
L’Eglise et le prêtre ont d’abord en tête et en cœur, le culte de Dieu. Elle et lui cherchent d’abord le culte de Dieu, la beauté de la liturgie d’où rayonne l’amour du culte de Dieu. Elle aime chanter sa Majesté, sa Puissance, sa gloire. Elle est heureuse, le prêtre aussi, de voir le peuple de Dieu, régénéré par les eaux efficaces du Baptême, chanter l’amour de Dieu, son immense charité, sa sainteté. Elle est heureuse, le prêtre aussi, de voir son peuple confesser, comme le publicain dans le Temple de Jérusalem, sa misère, son humilité. Qui est grand par rapport à Dieu ? Elle sait que l’homme n’est grand qu’à genou. Elle sait que le Maître a donné l’exemple de l’humble service en se faisant le « serviteur de tous ». Alors s’il lui faut avoir le « culte de l’homme », ce n’est, ce ne peut être qu’en référence au culte de Dieu. L’homme n’est rien sans Dieu. L’homme n’est grand qu’en Dieu, que « régénéré par l’œuvre christique » car il a chuté. Et ce lui fut fatal pour sa « dignité ». Il a perdu la vie surnaturelle et les dons préternaturels.
« Le culte de l’homme » ! Faut-il le prêcher ?
Alors l’Eglise et le prêtre, en reconnaîtront la dignité, certes. Ils lui rappelleront qu’il est plus que le monde minéral, plus que le monde végétal, plus que le monde animal, qu’il a une âme spirituelle, qu’il est donc doué d’intelligence et de liberté, qu’il jouit du « libre arbitre » ; qu’en conséquence, il est plus que cette âne, pourtant aimable, dit-on – on a aujourd’hui, paraît-il, le « culte » des ânes – qui broute dans ce champs. Mais l’Eglise et le prêtre lui rappelleront qu’il est cependant une être « créé », « dépendant », « contingent », qu’il n’a d’existence que par Dieu et sa volonté. Ils lui rappelleront, en conséquence, qu’il n’est donc pas à lui-même sa loi, qu’il n’est pas à lui-même le principe de son être, qu’il est dépendant dans son être et dans sa pensée, de la pensée divine. Ils lui diront : « si tu veux vivre dans la justice, tu dois respecter les lois, les commandements de Dieu, les dix Commandements. C’est là ta grandeur ».
« Mais si tu refuses Dieu et sa Loi, tu as tout lieu de craindre le despotisme des Etats. L’expérience de l’histoire te le dit. Lorsque la loi humaine n’est plus mesurée par la loi de Dieu, elle n’est mesurée par rien sinon par le subjectivisme, l’idéalisme, et le caprice des hommes et des « groupes de pression mus par les seuls intérêts financiers ». Elle est ouverte à n’importe quoi, à tout despotisme, à tout esclavagisme. Y a-t-il eu plus despotique que le régime d’Hitler, un régime athée et démoniaque ? Plus tyrannique que le régime de Staline, qui chercha à ruiner en sa totalité l’œuvre divine ? Modifier l’œuvre de Dieu en en changeant jusqu’aux lois fondamentales…Et sous un mode plus libéral, y a-t-il plus despotique que notre République laïque qui se permet, par sa loi sur l’Avortement, d’amonceler crimes sur crimes qui crient vengeance au Ciel ? Sans le Christ et sa Loi, qui est venu tout régénérer, il est beau le « culte de l’homme » !.. Nous en avons vu une manifestation particulièrement édifiante lors de la Révolution française. « O Liberté ! Que de crimes a-t-on commis en ton nom ». La liberté totale à l’égard de Dieu, comme l’a voulu la Révolution française et toutes celles qui s’en inspirent, c’est peut-être la mère et la nourrice de toutes les libertés modernes…C’est peut-être la plus belle des conquêtes, mais elle nous rend, pour être mesurer par rein, également soumis à n’importe quoi.
Alors on se trompe certainement…Oui ! La revendication parfaite, la parfaite immanence, l’indépendance absolue de l’intelligence par rapport à Dieu est le principe de la dissolution de notre culture et du mal dont l’Occident apostat veut mourir, disait Jacques Maritain, dans son beau livre : « Les Trois Réformateurs »..
Et parce qu’il en est ainsi de la liberté moderne, qui n’est pas liberté mais bien la licence, l’Eglise sait, ainsi que le prêtre, qu’elle doit se dresser contre ce monde moderne, toujours plus hostile à Dieu. Ou plutôt que ce monde moderne se dresse contre elle. Elle voit cette opposition toujours actuelle…Elle voit le « hurlement » des « Médias » qui cherche à déstabiliser, sans y parvenir, le Pontife suprême, à le déconsidérer aux yeux de ses fidèles. Sans y parvenir cependant. Mais cela ne surprend pas l’Eglise. L’opposition du monde à son Christ bien aimé n’est pas de ce jour. Il est de toujours. Il remonte loin, loin dans le temps. Il sera même éternel…. Il remonte, je vous le disais dimanche dernier, au combat de saint Michel et de ses anges prenant le parti de Dieu et de son Christ et de la femme au douze étoile contre Lucifer et ses anges qui voulaient dévorer et l’enfant et la mère. Souvenez-vous du beau texte de l’Apocalypse de Saint Jean : « Puis il parut dans le ciel un grand signe : une femme revêtue du soleil, la lune sous ses pieds, et une couronne de douze étoiles sur sa tête. Elle était enceinte, et elle criait, dans le travail et les douleurs de l’enfantement. Un autre signe parut encore dans le ciel : tout à coup on vit un grand dragon rouge ayant sept têtes et dix cornes, et sur ses têtes, sept diadèmes; de sa queue, il entraînait le tiers des étoiles du ciel, et il les jeta sur la terre. Puis le dragon se dressa devant la femme qui allait enfanter afin de dévorer son enfant, dès qu’elle l’aurait mis au monde.
Or, elle donna le jour à un enfant mâle, qui doit gouverner toutes les nations avec un sceptre de fer; et son enfant fût enlevé auprès de Dieu et auprès de son trône, et la femme s’enfuit au désert, où Dieu lui avait préparé une retraite, afin qu’elle y fût nourrie pendant mille deux cent soixante jours.
Et il y eut un combat dans le ciel, Michel et ses anges combattaient contre le dragon; et le dragon et ses anges combattaient; mais ils ne purent vaincre, et leur place même ne se trouva plus dans le ciel. Et il fût précipité, le grand dragon, le serpent ancien, celui qui est appelé le diable et Satan, le séducteur de toute la terre, il fût précipité sur la terre, et ses anges furent précipités avec lui.
Et j’entendis dans le ciel une voix forte qui disait : » Maintenant le salut, la puissance et l’empire sont à notre Dieu, et l’autorité à son Christ ; car il a été précipité, l’accusateur de nos frères, celui qui les accuse jour et nuit devant notre Dieu.
Eux aussi l’ont vaincu par le sang de l’Agneau et par la parole à laquelle ils ont rendu témoignage, et ils ont méprisé leur vie jusqu’à mourir. C’est pourquoi, réjouissez-vous, cieux, et vous qui y demeurez ! Malheur à la terre et à la mer! car le diable est descendu vers vous, avec une grande fureur, sachant qu’il ne lui reste que peu de temps. » Quand le dragon se vit précipité sur la terre, il poursuivit la femme qui avait mis au monde l’enfant mâle ».
« Maintenant le salut, la puissance et l’empire sont à notre Dieu, et l’autorité à son Christ » ! Voila, MBCF, la raison de l’Eglise. La raison du Sacerdoce. Me soumettre à l’autorité du Christ et de son œuvre car en Lui est le salut, la puissance et l’empire à jamais. Et je sais que je ne serai pas confondu.