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Le langage et la philosophie qui sous-tendent les discours des Nations-Unies » par Marguérite A. Peeters

publié dans regards sur le monde le 7 décembre 2010


15ème Assemblée Plénière et 40ème anniversaire du SCEAM
Accra, Ghana(1)
26 juillet – 2 août 2010

« Le langage et la philosophie qui sous-tendent
les discours des Nations-Unies »

Marguerite A. Peeters (2)

(1): C’est à Accra, capitale du Ghana que le SCEAM, le Symposium des conférences épiscopales d’Afrique et de Madagascar célèbre le double événement de sa 15è Assemblée plénière et du 40è anniversaire de sa fondation. Le thème des travaux est : « Le SCEAM à 40 ans : auto-prise en charge. Perspectives d’avenir pour l’Eglise d’Afrique ».
(2) Marguerite Peeters est journaliste. De 1991 à 1993, elle a vécu en Ukraine. A son retour en Occident, elle a commencé à s’intéresser aux grandes conférences internationales de l’ONU et à la construction d’un consensus mondial sur le développement durable et ses composantes qui avait commencé directement après la guerre froide. En 1995, elle a fondé un service d’information spécialisé dans la mondialisation et les organisations internationales (Interactive Information Services). Elle a produit jusqu’à ce jour plus de 200 rapports détaillés sur ces sujets. Son travail s’est surtout distingué par les interviews d’experts qu’elle a pu réaliser pour tenter de comprendre le sens du nouveau langage employé par les organisations internationales: experts de l’ONU, de la gouvernance mondiale, des ONGs influentes. En 2001 elle a publié une synthèse analytique de ses travaux sur un site Internet américain: Hijacking Democracy – The Power Shift to the Unelected, dont elle a apporté quelques copies ici. En septembre 2003, elle a fondé à Bruxelles l‘Institute for Intercultural Dialogue Dynamics, dont l’objet est l’étude des concepts-clefs, valeurs et mécanismes opérationnels de la mondialisation. Ces dernières années, elle a participé à divers séminaires et conférences sur le thème de la laïcité

Eminence, Cardinal Polycarp Pengo, Président du SCEAM,
Eminences, Excellences,
Chers Pères, frères et soeurs,

C’est un grand honneur pour moi de m’adresser à la 15ème Assemblée Plénière du SCEAM. Je remercie son Eminence, le Cardinal Pengo, de son invitation à partager avec vous quelques uns des fruits des recherches que j’ai effectuées ces quinze dernières années sur les développements culturels, politiques et éthiques en ce qui concerne la gouvernance mondiale.

Permettez-moi de commencer par une note personnelle et de vous dire comme il est rafraîchissant, quelle grâce c’est pour moi, venant de l’Occident laïcisé, d’être témoin de la dignité de vos liturgies, de votre sens du sacré, de votre foi vivante, de votre charité fraternelle, votre confiance filiale en la providence divine, votre simplicité, votre joie… tous étant des fruits si évidents de l’Esprit Saint ! Merci d’ouvrir mon cœur, d’éveiller et de nourrir ma foi.

Quelques jours avant mon départ, une convergence de développements au sujet de la gouvernance mondiale m’a frappée, et j’ai décidé de l’utiliser comme introduction à mon intervention. A un événement récent qui « célébrait » le « Mois des LGBT » (Lesbiennes, Homosexuels, Bisexuels et Transexuels) (1), le 22 juin dernier au Département d’Etat américain, Hillary Clinton s’est vantée du leadership américain dans « la protection et la défense des droits (…) des membres de la communauté LGBT dans le monde ». Elle a affirmé : « De la même manière que j’étais fière de dire ce qui est évident il y a plus de 15 ans à Pékin, à savoir que les droits de l’homme sont des droits de la femme et les droits de la femme sont des droits de l’homme, permettez-moi de dire aujourd’hui, une fois pour toutes, que les droits de l’homme sont des droits des homosexuels et que les droits des homosexuels sont des droits de l’homme ». Elle a exprimé la détermination du Département d’Etat américain à « continuer à faire progresser un programme complet en matière de droits de l’homme qui inclut l’élimination de la violence et de la discrimination basées sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre ». Les Etats-Unis, a-t-elle dit, « dialogue sur les droits de l’homme avec d’autres gouvernements et conduit sa diplomatie publique de manière à protéger les droits des LGBT ». Clinton a clairement annoncé que le Bureau des Affaires Africaines des Etats-Unis avait « pris les devants en demandant à chaque ambassade en Afrique d’informer sur les conditions des communautés LGBT ». Et Clinton demande « à chaque bureau régional de faire de ce sujet une priorité ». Dans ses remarques, Clinton a dit : « J’ai été la première Première Dame à participer à une Pride Parade, et je me suis tellement amusée ! »

A peine quelques jours avant les remarques de Clinton, à l’occasion de la Fête des Pères (le 18 juin), le président Barack Obama a publié une Proclamation (2) qui dit ceci: « Il existe beaucoup de formes de familles, et les enfants peuvent être élevés par un père et une mère, un père célibataire, deux pères, un beau-père, un grand-père ou un tuteur affectueux ».

Et quelques jours après les commentaires de Clinton, début juillet, l’Union européenne a distribué à ses ambassadeurs et chefs de mission un mémo de 20 pages leur demandant d’informer sur les violations des droits des LGBT, (3) tels que le droit aux manifestations publiques (« gay pride »), à la publication de journaux ou aux programmes d’émissions radio, à se marier, à changer de sexe (dans les documents officiels) et à bénéficier de tous les droits de son nouveau sexe. L’UE a décidé de combattre les causes structurelles des « violations » de ces droits au niveau mondial. Dans la pratique, ceci signifie que l’UE va exercer pression sur les pays en voie de développement pour obtenir des changements, particulièrement en Afrique, non seulement au niveau des politiques et des lois, mais dans les cultures elles-mêmes. Le mémo demande aux missions européennes, entre autres, de recenser les cas individuels d’abus, d’examiner les mesures prises pour lutter contre les violations, de faire des déclarations publiques sur ces questions et de manifester clairement le soutien de l’UE par rapport aux droits des LGBT lors de procédures judiciaires.

Puis le 19 juillet, les Nations-Unies ont accrédité la International Gay and Lesbian Human Rights Commission (Commission internationale pour les droits des homosexuels et des lesbiennes), un puissant groupe de pression basé aux Etats-Unis, lui conférant un statut consultatif au sein de l’ECOSOC – Conseil Economique et Social onusien constitué de 54 nations (4). Barack Obama s’est félicité du résultat du vote de l’ONU: “Aujourd’hui, avec l’inclusion plus complète de la Commission internationale pour les droits des homosexuels et des lesbiennes, l’ONU est plus proche des idéaux sur lesquels elle a été fondée, et des valeurs d’inclusion et d’égalité envers lesquelles les Etats-Unis sont profondément engagés ».

Ces quatre développements récents, qui sont liés entre eux, expriment la décision des plus hautes autorités politiques occidentales de se mettre du côté d’un lobby minoritaire radical, c’est-à-dire contre les majorités des pays en voie de développement : contre leurs traditions, leurs cultures et leur foi. La priorité que la diplomatie occidentale, à travers une alliance atlantique pervertie, est décidée à donner à l’application du fruit le plus récent de la décadence occidentale dans les pays en voie de développement, laisse peu de doute : dans les mois et les années à venir, vos gouvernements et vos cultures vont subir de fortes pressions pour changer et s’aligner sur les normes laïques occidentales, en particulier la norme de la « tolérance proactive » de styles de vie sexuelle pervertis. Le programme LGBT n’est pas une menace marginale, car la culture nous éduque tous. Il s’agit de saisir avec réalisme le pouvoir de transformation sociale des LGBT sur la société en général et les défis pastoraux pressants qu’il représente. Les jeunes en seront les premières victimes et seront de plus en plus déstabilisés.

Un autre évènement récent au niveau de la gouvernance mondiale mérite d’être signalé. Le 2 juillet, l’Assemblée générale de l’ONU a voté à l’unanimité en faveur de la création de l’Entité de l’ONU pour l’égalité de genre et l’autonomisation des femmes – en bref, ONU Femmes. La nouvelle entité est sensée devenir « le moteur et la voix principale pour la défense de l’égalité des genres et de l’autonomisation de la femme dans le monde ». ONU Femmes aura un double rôle. Le premier est de « soutenir » les structures intergouvernementales, telles que la Commission pour le statut de femmes, « dans la formulation de politiques, de standards et de normes mondiaux » (5) . Le deuxième est d’aider les Etats membres à mettre en œuvre ces « standards », en fournissant « un soutien technique et financier aux pays qui en font demande », ainsi qu’en établissant des partenariats effectifs avec la société civile. Actuellement, la favorite pour le poste de directeur d’ONU Femmes, qui sera sous-secrétaire général de l’ONU, est Michelle Bachelet, l’ancienne Présidente du Chili, une fervente féministe et militante pro-avortement. Reste à voir si elle sera nommée, mais le fait même qu’elle soit favorite donne une idée de l’orientation idéologique de la nouvelle entité, pour laquelle on prévoit un énorme budget (on parle d’un budget annuel d’« au moins » 500 millions de dollars). Selon toute probabilité, ONU Femmes va accélérer l’élan de la révolution de l’égalité des genres, une révolution qui, à nouveau, est dirigée par une minorité d’ONGs radicales féministes et par des « experts ».

Ces nouvelles consternantes ne laissent planer aucun doute quant à l’ambivalence fondamentale qui s’est introduite dans la manière dont la gouvernance mondiale (à savoir les organisations internationales et les gouvernements occidentaux, la coopération internationale étant, comme nous le savons bien, dirigée idéologiquement par l’Occident) interprète et redéfinit radicalement la famille, la paternité, l’égalité, la liberté, la dignité humaine, la compassion, la violence, la non-discrimination, l’autonomisation, les droits de l’homme, les droits de la femme, la démocratie, l’éducation civique… Le contenu fondamental des normes politiques, des lois et du langage dépend de la vision anthropologique d’où l’on part. Si celle-ci pose problème et est pervertie, le reste le sera aussi.

Quel est l’arbre qui a produit des fruits si amers ? Le programme LGBT et celui de l’avortement ne sont que la pointe de l’iceberg d’une culture post judéo-chrétienne produite par un processus de révolution culturelle occidental long et complexe, qui remonte à la révolution française et même plus loin : une révolution qui est passée du déisme du 18ème siècle à la proclamation explicite de la « mort de Dieu » (Nietzsche) au 19ème siècle, et de la mort de Dieu à l’accélération de la mort de l’homme au 20ème siècle, en passant par la mort du père, considéré comme la source de notre répression (Freud), la mort de la mère (féminisme radical, « libération » de la femme à travers la contraception et l’avortement), la mort des époux (révolution sexuelle, multiplicité de « partenaires » sexuels) et même la mort de l’enfant, qui est traité comme un simple citoyen et à qui on ne permet pas d’être un enfant, obligé de réclamer lui-même ses droits, d’avoir ses propres « opinions » et même de prendre part aux décisions politiques (« Parlement des enfants », etc)… Le processus radical mène à présent à ce que certains appellent le « post-humanisme », le « post-genre » (« postgenderism ») ou le « trans-humanisme » –la fin de l’homme culturellement acceptée, vendant son âme au dieu de la science et de la technologie. Il n’est pas étonnant qu’un des principaux théoriciens « queer », Lee Edelman, ait intitulé son livre « No Future » (Pas d’avenir) !

Il n’y a pas de raisons que ce processus antichristique s’arrête. L’histoire nous montre que les bastions de résistance politique, culturelle et même religieuse ont été vaincus un par un ces dernières décennies. Comme Hillary Clinton l’a exprimé dans son discours, « quand on se trouve au centre d’un grand mouvement de changement, il semble être glacial, mais une appréciation juste, de mon point de vue… est que ce qui s’est passé en si peu de temps est extraordinaire… Nous célébrons les progrès réalisés… et nous reconnaissons qu’il reste encore beaucoup de travail à faire, mais que nous avançons dans la bonne direction ».

Les cultures non-occidentales, et en particulier africaines, peuvent-elles encore se considérer comme des bastions de résistance ? Résisteront-elles aux stratégies occidentales, qui s’imposent avec tant de force et sont si puissamment financées ?

L’imposition idéologique se produit de bien des manières, tant culturelles que politiques. Il m’a été demandé de me pencher sur le langage – le nouveau langage mondial qui a été forgé sous les auspices des Nations-Unies dans les années 1990 et qui exprime une nouvelle éthique.

Processus des conférences onusiennes et nouveau langage mondial

Le processus de révolution culturelle occidentale semblait être arrivé à un point de maturité critique au moment où s’achevait la guerre froide. La culture et la politique occidentales n’étaient-elles pas alors déjà passées des normes d’une société traditionnelle à celles de la révolution : de la célébration de la maternité et de la vie à la mentalité contraceptive et abortive, des parents aux « couples et individus » (expression remplaçant les « parents » dans le langage des organisations internationales depuis la conférence de Bucarest sur la population de 1974), de l’époux (unique et stable pour la vie) à la multiplicité des partenaires, de l’institution du mariage à l’amour libre, des droits parentaux (notamment à l’éducation de leurs enfants) à ceux des enfants (notamment à leurs propres opinions), de la complémentarité homme-femme à l’égalité des sexes, de la procréation (collaboration humaine avec le créateur) à la reproduction (concept marxiste), de la notion de père, mère, fils, époux à celle, purement laïque, de « citoyens égaux », de l’engagement dans le mariage à l’expérimentation et au vagabondage sexuel, de l’enfant comme don reçu au droit à l’enfant (fertilisation in vitro), de la famille à la famille sous toutes ses formes (monoparentale, reconstituée, homosexuelle…), de l’amour comme don gratuit à la planification et au contrôle de sa destinée ?

C’est dans ce contexte post-révolutionnaire que, de 1990 à 96, les Nations-Unies ont organisé une série de grandes conférences internationales dans le but de construire un « nouveau consensus mondial » sur les normes, valeurs et priorités de la coopération internationale pour le 21ème siècle. L’ONU entendait donner un cadre éthique à la mondialisation économique en pleine accélération à la fin des années 1980.

Un ensemble de « nouveaux paradigmes », exprimés par un nouveau langage mondial et considérés mondialement normatifs, ont alors été adoptés et intégrés dans le prétendu consensus. Citons pour exemples (6) : bonne gouvernance, développement durable, consensus, qualité de la vie, « pour tous », changement de comportement ou de style de vie, éducation civique, éducation à la paix, campagnes de sensibilisation, éducation par les pairs, égalité des sexes ou des genres, santé de la reproduction, droits sexuels et reproductifs, appropriation, droit de choisir, accès universel aux choix, choix informé, droits des enfants, droits des femmes, habilitation, autonomisation, démocratie participative, « société civile », acteurs non étatiques, partenariats, principe de non-discrimination, réalisation de son potentiel, construction de capacités, égalité des chances, célébration de la diversité culturelle, diversité sexuelle, croissance zéro, « retraite », bien-être pour tous, déconstruction, intégrité corporelle, meilleures pratiques, clarification des valeurs, problèmes mondiaux, inclusion, partenariats publics-privés, approches culturellement sensibles (7) …

Ce qu’on peut appeler le phénomène du nouveau langage mondial est un fait historique. Sa « construction » par l’intelligentsia postmoderne occidentale qui a dirigé le passage de l’Occident de la modernité à la postmodernité remonte aux années 1960 et s’étale sur les trois décennies précédant la chute du mur de Berlin. Ces « experts », occidentaux ou occidentalisés, provenant d’un terreau post-Judéo-chrétien, sécularisé voire laïciste avaient dès le départ une vision internationaliste ou mondialiste et ont forgé dès les années 60 des partenariats opérationnels avec les organismes spécialisés des organisations internationales. Ils se trouvaient aux postes de commande de la gouvernance mondiale en 1990. Ainsi s’explique la facilité avec laquelle leurs paradigmes se sont imposés lors de la construction du nouveau consensus mondial. Les gouvernements occidentaux sortaient de la guerre froide et raisonnaient encore selon l’ancienne mentalité : une vision pour l’ère nouvelle qui s’ouvrait leur faisait défaut. Les idéologues, visionnaires quant à eux, ont saisi leur opportunité, pris les devants et comblé le vide de leadership laissé par les gouvernements (8).

Si chacune des expressions du nouveau langage a sa propre origine, son propre développement historique et ses propres implications idéologiques, une logique relie tous ces concepts entre eux : à la fois leur provenance et leur finalité idéologiques sont communes. Historiquement, ces paradigmes se sont intégrés les uns dans les autres au cours du processus des conférences des années 1990s. S’est alors construit un système linguistique et éthique – celui de la postmodernité, phénomène complexe, encore très insuffisamment étudié, notamment au sein de l’Eglise.

De ce système sont purement et simplement absents un bon nombre de mots et concepts propres à la civilisation judéo-chrétienne, tels que : vérité, charité, don, gratuité, espérance, foi, époux, famille, virginité, complémentarité (homme-femme), célébration de la maternité, service, conscience, cœur, bien et mal, péché, ennemi, nature, loi de nature, souffrance, sacrifice (la croix étant le grand ennemi du processus antichristique !), loi, sagesse, éternité, réalité, personne, joie, plénitude, gloire, beauté, autorité, création, mystère… Les mots absents du nouveau langage mondial en disent long sur ce que la nouvelle éthique veut écarter et déconstruire.

La gouvernance mondiale est désormais en phase d’application. Elle opère aujourd’hui, et au moins jusqu’en 2015, « date limite » pour l’application des objectifs des conférences (en particulier celle du Caire sur la population et la « santé reproductive ») et des « Objectifs pour le Développement du Millénaire », à l’intérieur du « cadre éthique normatif » établi au cours du processus des conférences des années 1990.

Horizontalité du phénomène

L’imposition horizontale du nouveau langage s’est faite à la vitesse de l’éclair – en quelques années seulement, grosso modo entre la fin du processus des conférences et l’an 2000.
Désormais, ce langage n’est plus celui d’une minorité d’experts : il est déjà celui de nos enfants et adolescents, de leurs manuels scolaires, des enseignants à tous les niveaux de l’éducation, partout dans le monde. On le rencontre dans les dispensaires des villages congolais, indiens ou péruviens les plus reculés, sur les panneaux publicitaires des métropoles, dans les rapports annuels ou codes de conduite des entreprises multinationales et PME, dans les media, les films, les politiques des ONGs, sur les étiquettes des produits que nous achetons au supermarché.
Il n’est plus seulement celui de la « gauche » occidentale d’où il tire son origine : il appartient déjà, depuis la fin des années 1990, aux plateformes politiques de tous les partis, non seulement en Occident mais aussi dans le reste du monde.

Il n’est plus propre à l’ONU : les autorités locales, tous les gouvernements et leurs ministères, les organisations régionales non-occidentales telles que l’Union Africaine et le NEPAD se le sont « approprié ». Il n’est plus réservé au domaine politique : il a déjà pénétré les cultures.

Il n’est plus une exclusivité de la laïcité : il est déjà présent dans les sermons des imams ou des pasteurs et l’enseignement des rabbins, qu’il contribue à laïciser de l’intérieur. Nous le savons : il n’est plus externe à l’Eglise. Or il est indéniable que le nouveau langage vient d’ailleurs : ni d’Afrique, ni de l’Eglise, ni de la révélation divine.
La diffusion planétaire du nouveau langage a donc été un succès foudroyant : horizontalement, la révolution culturelle est déjà accomplie.

Verticalité du phénomène

L’imposition verticale du nouveau langage est un phénomène plus complexe. Il implique en effet que les institutions et individus qui utilisent déjà le nouveau langage s’approprient de plus en plus consciemment l’éthique qu’il est censé exprimer et qu’ils s’engagent à l’appliquer. Ce n’est que lorsque cette appropriation est enclenchée que les cultures se transforment durablement (si pas irréversiblement) de l’intérieur. En Occident, la nouvelle éthique imbibe déjà le tissu des sociétés, car elle recueille l’adhésion idéologique de la majorité de ceux qui exercent leur influence dans la société et en politique.

Le processus d’appropriation ne va pas de soi. Le contenu de la nouvelle éthique est en effet ambivalent. Lorsqu’il laisse apparaître son radicalisme, il est de nature à susciter des résistances, voire des oppositions, notamment de la part des cultures et religions. Telle est la chance actuelle de l’Afrique, qui a adopté certes le nouveau langage, mais a encore la possibilité, du moins au niveau du peuple, d’une prise de conscience de ses enjeux idéologique et donc d’une résistance.

Ambivalent, le nouveau langage mondial est néanmoins séduisant. Il l’est car il prend en otage les aspirations actuelles universelles de l’humanité, notamment en faveur de la promotion de la femme et l’amélioration de ses conditions de vie (« égalité des genres », « droits de la femme », « autonomisation »…), l’auto-détermination des peuples (9)(« appropriation »), un plus grand respect de l’environnement que sous la modernité (« développement durable »), une conversion morale face au virus du sida (« changement de comportement »), un traitement d’égal à égal nord-sud (« partenariats »), un plus grand respect des cultures non-occidentales (« sensibilité culturelle »), une plus grande participation politique (« démocratie participative »)… La nouvelle éthique semble donc répondre à ces aspirations. Or une ligne de démarcation, subtile mais vitale, la sépare, aussi bien des cultures et traditions africaines que de la doctrine sociale de l’Eglise. On pourrait dire que les changements socioculturels mondiaux qui auraient dû et pu se produire après la chute du mur de Berlin – la civilisation de l’amour – sont les otages de la gouvernance mondiale actuelle.

Animé d’une dynamique puissante, le nouveau langage a tendance à entraîner ceux qui l’utilisent dans la logique de son éthique, ce qui les mène imperceptiblement à un abandon progressif de leurs valeurs propres. L’utilisation passive du nouveau langage, par suivisme culturel ou sous la pression d’une contrainte politique ou culturelle paraissant inexorable, engage déjà. Elle fait entrer dans un cadre dont les objectifs sont définis par d’autres que soi. Une fois entrés dans le cadre, nous sommes entraînés là où nous ne voudrions pas aller.
Le processus de transformation culturelle prend du temps. Verticalement, la révolution culturelle mondiale est encore en cours.

Enjeux du nouveau langage : quelques exemples

Le nouveau langage exprime une éthique postmoderne succédant, comme le mot l’indique, à celle qui a durant plusieurs siècles gouverné la modernité occidentale. Nous vivons dans un monde de coexistence de l’ancien et du nouveau, de la modernité et de la postmodernité. Cette dernière déstabilise et déconstruit (deux verbes-clefs de son vocabulaire) aussi bien la modernité que la tradition Judéo-Chrétienne. Mais la plus grande majorité, aussi bien en Occident qu’en Afrique, ne discerne pas les enjeux de la coexistence actuelle de gouvernement et gouvernance, démocratisation nationale et gouvernance mondiale, représentation et participation, éducation et sensibilisation, « valeurs universelles » et éthique mondiale, par exemple. Le malaise engendré par cette coexistence est déjà perceptible en Afrique, qui s’interroge avec raison sur le contenu réel de l’aide au développement, de la démocratie, de la « bonne gouvernance » et des droits de l’homme.

Un laborieux travail de discernement reste à faire pour chacun des nouveaux paradigmes individuels. Chacun d’entre eux (et ils sont nombreux !) comporte en effet des enjeux spécifiques : de graves dangers (souvent non perçus), et aussi peut-être des opportunités inattendues pour la nouvelle évangélisation.

Le danger principal de la nouvelle éthique, commun à tous les paradigmes, est d’enfermer les chrétiens dans une perspective purement immanente, fermée à la transcendance et donc radicale. Nous ne pouvons permettre à la nouvelle éthique de prendre la place de la nouvelle évangélisation.

Donnons quelques exemples.

1.- On parle beaucoup de « sensibilisation » aujourd’hui. Quelles différences entre « sensibilisation » et « éducation » ? L’opinion est aujourd’hui « éduquée » par des « campagnes de sensibilisation », menées entre autres par les média, par exemple dans le domaine environnemental ou en matière de prévention du sida. Elle tend ainsi à absorber l’opinion des « experts » de la gouvernance mondiale et à s’aligner passivement sur la position de ceux qui « savent » et auraient les compétences « techniques » pour déterminer le cours que doivent suivre les politiques. L’éducation véritable encourage chaque personne à faire usage de sa liberté, de sa raison et de sa conscience pour rechercher ce qui est vrai et bon et s’engager selon les critères de l’amour et de la vérité. Les campagnes de sensibilisation actuelles font l’impasse de ce discernement personnel : elles obligent aussi bien les individus que les masses à s’identifier au Diktat des experts. Elles musellent ainsi la raison et la conscience individuelles – une forme subtile de dictature. La prévalence du concept de sensibilisation dans la culture mondiale actuelle nous lance un défi anthropologique majeur : une formulation adaptée à notre temps de l’enseignement de l’Eglise sur la conscience et le discernement. Le concept de sensibilisation deviendra utilisable à partir du moment où il prouvera son respect et sa promotion de la liberté de la conscience.

2.- La « non-discrimination » est un principe absolu de la nouvelle éthique : absolu car devant s’appliquer en théorie à tous – mais en pratique, surtout et prioritairement aux minorités telles que les LGBT. Le Christ nous a commandé d’aimer chaque personne, y compris nos ennemis – non de « ne pas discriminer ». Pourquoi utiliser un concept réductionniste et calculateur qui ne peut satisfaire le cœur humain, d’autant plus qu’il est aujourd’hui utilisé à des fins antichristiques, alors que le commandement de l’amour répond aux attentes de toute personne humaine ? Pourquoi abandonner le langage de la révélation ?

3.- Le développement durable est non seulement un concept politique mais une nouvelle éthique se positionnant au-dessus des religions qui, par leur insistance sur l’au-delà, influenceraient trop d’hommes et de femmes à ne pas se préoccuper de l’ici-bas et de la dégradation de notre « Terre-Mère ». Au lieu d’être ouvert à la transcendance, il se replie dans l’immanence qu’il absolutise. En s’emballant pour l’éthique du développement durable, ne risque-t-on pas d’oublier que nous ne sommes pas faits pour « durer » sur cette terre (une perspective pessimiste de simple « survie ») mais pour la vie éternelle ? Notons que le concept de développement durable pose bien d’autres problèmes, entre autres son intégration prioritaire de l’équité des genres et de la santé reproductive.

4.- Le concept de « qualité de vie » pour tous n’est-il pas séduisant ? Mais n’est-ce pas à la plénitude de la vie qui est dans le Christ que nous sommes destinés ? Déterminer que tel niveau de vie a de la « qualité » et que tel autre n’en a pas revient à se faire l’arbitre des conditions selon lesquelles la vie vaut la peine d’être vécue – d’où l’avortement des enfants malades ou handicapés, l’euthanasie des personnes en fin de vie, le mépris des personnes âgées et faibles, et le rejet de la signification rédemptrice de la souffrance et de la croix du Christ. Les femmes africaines ne commencent-elles pas à se laisser séduire par les arguments des ingénieurs sociaux en faveur de la contraception pour jouir d’une plus grande « qualité de vie » ? Ne sont-elles pas déjà soutenues en ce sens par certains intellectuels africains occidentalisés ?

5.- La « santé de la reproduction » (10) comporte, entre autres, l’accès universel à la gamme complète des contraceptifs, l’accès à l’avortement dit « sans risque », la stérilisation pour autant qu’elle soit volontaire, la fécondation in vitro, la « liberté sexuelle » à l’occidentale (démultiplication des partenaires, absence d’engagement). Soulignons que par « universel » l’ONU et ses partenaires entendent « pour tous », quelque soit le statut marital, l’âge, l’état de santé physique ou mentale ou l’« orientation sexuelle » et, lorsqu’il s’agit de jeunes adolescents, « sans la connaissance et le consentement des parents ». De nombreux jeunes africains ne sont-ils pas déjà tombés dans les filets du Planning Familial International pour adopter les styles de vie sexuels décadents des jeunes occidentaux ? N’en sont-ils pas déjà profondément déstabilisés dans leur foi ?

6.- Le « gender », genre ou « égalité des sexes » est inclusif de la « santé reproductive ». Priorité transversale effective de la coopération internationale, le « gender » s’est agressivement imposé en Afrique. Or cette norme mondiale part du principe que la vocation maternelle, nuptiale et éducative de la femme, la complémentarité anthropologique entre l’homme et la femme, l’hétérosexualité et même le corps sexué féminin et masculin sont autant de constructions sociales, de stéréotypes à déconstruire par la culture, l’éducation et les lois pour « libérer » la femme de toute forme de « discrimination », la rendre en tout « égale » à l’homme, promouvoir son « habilitation » et son « autonomisation » et permettre à tout individu de jouir de son « droit » de choisir sa fonction sociale et son « orientation sexuelle ». Le concept s’enracine dans une conception erronée, marxiste, de l’égalité. Il a une double origine, homosexuelle et féministe. S’il est aujourd’hui utilisé en Afrique principalement dans le domaine des femmes, il est intrinsèquement ouvert à l’interprétation homosexuelle qui ne tardera pas à y être imposée, comme nous le voyions au début de cet exposé. Un continuum idéologique relie ces deux interprétations. Or il ne saurait y avoir de promotion de la femme si sa vocation primordiale, si éloquemment mise en lumière par le pape Jean-Paul II dans « Mulieris Dignitatem », est niée, marginalisée ou déconstruite. N’y-a-t-il pas urgence de mettre fin au puissant mouvement socioculturel du « gender » en train de transformer les femmes africaines, si douées en sens de la maternité et de la vie, en citoyennes laïques revendicatrices de droits et d’apporter des solutions authentiquement inspirées de l’Evangile à leurs situations douloureuses concrètes ? De nombreuses femmes africaines ne s’emballent-elles pour le puissant mouvement des « droits de la femme » sans savoir qu’il est contaminé et risque de les entraîner imperceptiblement vers le mépris de la famille, de la maternité et de la vie ?

7.- La valeur suprême de la nouvelle éthique postmoderne est le « droit de choisir » de tout individu – « droit » de faire ce qu’il veut, « en dehors » du dessein de Dieu : droit de choisir son identité culturelle, son interprétation du langage, son orientation sexuelle, ses croyances, ses opinions, son curriculum scolaire, sa fonction sociale, d’avoir des enfants ou non, etc. La nouvelle culture place l’individu-citoyen et sa fonction sociale « au-dessus » du père, de la mère, de l’époux, du fils, de la famille. L’éducation civique est dorénavant indissociable d’une telle interprétation des droits de l’homme. Nous sommes loin du modèle politique africain, familial, recherchant la vérité et le bien de la communauté, respectueux de la participation de tous, comme le montre le processus de la palabre. Quel retour aux traditions africaines sera possible une fois la jeunesse acquise aux valeurs de la révolution occidentale ?

Comme je le suggérais au synode en octobre dernier, un énorme travail reste à faire pour formuler la réponse que la doctrine sociale et l’Evangile ont à donner à ces nouveaux défis, postmodernes. Un immense chantier s’ouvre à nous, offrant des opportunités sans précédents aux cultures non-occidentales. La culture de la palabre, par exemple, ne contient-elle pas des enseignements très précieux pour déterminer les conditions selon lesquelles un consensus est authentique ?

Lien révolution culturelle – dessalement de la foi

L’histoire de l’Occident depuis la révolution culturelle de mai 68 a prouvé le lien direct, de cause à effet, entre révolution culturelle et sécularisation ou perte graduelle de la foi. Beaucoup de chrétiens occidentaux, mésinterprétant l’invitation du Concile au dialogue, se sont laissé séduire par les valeurs de la révolution et gouverner par la logique d’une éthique purement laïque. En voulant servir deux maîtres, ils se sont compromis et leur foi s’est dessalée.
La mondialisation de la révolution culturelle mondiale, le nouveau langage, la nouvelle éthique placent les chrétiens vivant dans les pays en voie de développement, qui en subissent les effets de plein fouet, devant le même danger mortel. Le dessalement de la foi fraîche, forte et vivante des jeunes églises guette les chrétiens africains.
L’Eglise n’a certes pas le pouvoir de changer le cours de la gouvernance mondiale et de se défendre contre ses acteurs – le Département d’Etat américain, l’Union Européenne, l’ONU et ses agences spécialisées, les ONGs… Elle a en revanche le pouvoir de se prémunir contre les influences néfastes d’universités, experts, commissions, organisations caritatives occidentales ou occidentalisées qui, bien que portant le nom de « catholiques », se sont compromis avec l’éthique de la gouvernance mondiale, fréquemment jusqu’à en être devenus infidèles au magistère de l’Eglise et à la révélation. Ces divers organismes, suiveuses d’une éthique qui se met « au-dessus de tout », usurpent un pouvoir appartenant aux seuls évêques. Ils pensent évangéliser et promouvoir des changements « prophétiques » en prêchant les paradigmes de la gouvernance mondiale. Ils enseignent l’autonomie de la morale par rapport à la révélation divine. Les valeurs de l’ONU prennent ainsi subrepticement la place de l’Evangile. « Un temps viendra, dit Saint Paul à Timothée, ou l’on ne supportera plus l’enseignement solide. » Jean-Paul II s’interroge : « L’apôtre n’avait-il pas la parfaitement décrit par avance la situation contemporaine ? » (11)
Le Christ nous invite à emprunter, non la voie large et spacieuse de la gouvernance mondiale, mais le « chemin étroit » de l’Evangile. Seule l’Eglise peut transmettre le salut de Jésus Christ par les sacrements et sanctifier les fidèles. Seule l’Eglise propose une espérance qui ne déçoit pas.

Considération pratiques

Il existe encore une ignorance abyssale en ce qui concerne la nouvelle éthique mondiale, ses origines idéologiques, la profondeur et la portée de ses implications anthropologiques, l’interconnexion de ses paradigmes, ses mécanismes opérationnels, l’histoire de la révolution culturelle occidentale, l’état actuel de l’Occident, le contenu et la nature de la postmodernité. Néanmoins, les défis d’une nouvelle éthique ont un intérêt pastoral direct et doivent être pris au sérieux. Ils concernent la culture même dans laquelle nous vivons, la culture que l’Eglise est appelée à évangéliser, la culture de l’Occident post-chrétien qui est en cours de mondialisation. L’ignorance a généré beaucoup de confusion. Au sein de l’Eglise certains sont déjà « missionnaires » de la nouvelle éthique. Mais cette nouvelle éthique éloigne de l’Evangile.

Une cause possible du fossé qui s’est creusé entre la culture et la foi, dont nous nous plaignons si souvent en Occident, est que les chrétiens n’ont pas pris au sérieux la révolution sociale et culturelle qui s’est produite depuis les années 1960. Ils se sont donc laissés marginaliser. Mais l’évangélisation ne peut pas se produire dans le vide !

Une immense tache éducative nous attend. Que pouvons-nous faire concrètement ? N’est-il pas urgent qu’un discernement chrétien de ces questions soit intégré dans la formation des séminaristes, des jeunes, des étudiants universitaires ? De donner aux chrétiens qui occupent des postes de responsabilité, aux laïcs, parents et formateurs des instruments de discernement ? Comment la presse catholique peut-elle aider ? Nous n’avons bien sûr pas les moyens de répondre à tous les besoins, mais il est peut-être à notre portée de faire quelques expériences concrètes qui marchent et portent du fruit à long terme.
Je me permets de vous demander respectueusement conseil et des suggestions pratiques. J’ai commencé mon travail dans le sillage de la conférence du Caire sur la population de 1994. Après des années de recherches au sein de l’ONU, durant lesquelles j’ai interviewé les « experts » qui ont produit les normes mondiales et tirent les ficelles de la gouvernance mondiale normative, mon travail prend maintenant une orientation didactique. Pour essayer de répondre à la demande d’information et de formation que nous recevons, nous finalisons actuellement des instruments de bases en vue d’une série de « séminaires de formation » thématiques : sur le genre, le nouveau langage mondial, la révolution culturelle occidentale, la révolution culturelle mondiale, la postmodernité… Ces séminaires (en ligne et présentiels, sur demande, dans la mesure de nos possibilités) se composent d’une séquence de modules d’une ou deux pages qui traitent d’un sujet à la fois. Nous espérons qu’ils puissent servir à la formation de formateurs.
Les modules peuvent certainement être améliorés, ils ne sont pas parfaits, mais ils constituent un point de départ. Nos souhaitons qu’ils mènent à un dialogue amical et ouvert, sur le modèle de la palabre, pour avancer ensemble dans notre discernement des nouveaux enjeux. Notre espérance est qu’une plus grande conscience des défis idéologiques auxquels nous faisons face suscitent un désir d’évangélisation !
Ces derniers mois, nous avons organisé deux séminaires:

Sur les enjeux idéologiques et politiques des Objectifs du Millénaire pour le Développement ;

(http://www.dialoguedynamics.com/content/learning-forum/seminars/the-millennium-development-goals/ )

Sur les liens entre contraception et avortement (matériau provenant de Mons. Jacques Suaudeau, directeur scientifique de l’Académie Pontificale pour la Vie)

(http://www.dialoguedynamics.com/content/learning-forum/seminars/the-contraception-abortion-nexus/ )

En automne, « Deo volente », nous lancerons notre prochain séminaire, sur le genre : l’histoire du concept, sa définition, les défis anthropologiques qu’il présente, son caractère mondialement normatif…
Puisse l’auto-prise en charge, le thème de cette assemblée plénière, être comprise non seulement selon des critères financiers et économiques: le temps n’est-il pas venu (depuis longtemps, d’ailleurs) de déclarer notre indépendance par rapport aux idéologies et aux modes de vie décadents de l’Occident, aux normes mondiales et aux cadres éthiques forgés par des idéologues occidentaux et puissamment imposés à l’Afrique ! C’est l’esprit de liberté dans le Christ qui nous accorde une telle indépendance. Nous sommes véritablement dans un combat, un combat entre la vie et la mort. Le diable est homicide. Avec vous, je prie Dieu de vous concéder l’amour, la sagesse et le courage de mener le bon combat.
Merci.

Il nous reste encore quelques copies de la brochure « La nouvelle éthique mondiale ». Il est trop coûteux pour nous de les envoyer individuellement, mais nous pourrions considérer envoyer des cartons à certains points de distribution stratégiques, par exemple aux conférences épiscopales. Malheureusement nous n’avons actuellement plus de copies du livre « La mondialisation de la révolution culturelle occidentale ».

Notre recherche et nos productions depuis 1994 sont disponibles dans la partie privée de notre site. Si vous avez égaré vos codes d’accès, nous serions heureux de vous les renvoyer.

Contact :
mpeeters@dialoguedynamics.com
www.dialoguedynamics.com
Tel : +32 2 763 3617
Gsm : +32 472 83 29 15

(1) Voir http://www.state.gov/secretary/rm/2010/06/143517.htm
(2) http://www.whitehouse.gov/the-press-office/presidential-proclamation-fathers-day

(3) http://bruxelles2.over-blog.com/article-un-guide-pour-lutter-contre-l-homophobie-distribue-aux-ambassadeurs-de-l-ue-53666445.html
(4) La candidature de l’organisation a été approuvée par 23 votes pour, essentiellement de nations occidentales, contre 13 abstentions et 13 votes contre, surtout des pays en voie de développement.

(5) http://www.un.org/apps/newsFr/storyF.asp?NewsID=22339

(6) Il existe en réalité des centaines d’expressions appartenant au « nouveau langage ». Voir notre site www.dialoguedynamics.com

(7) Nous remarquons que le Saint-Père, dans son encyclique sociale « Caritas in Veritate », n’utilise pas le nouveau langage onusien. Il parle par exemple de « développement humain intégral » au lieu de parler de « développement durable ».

(8) La vision d’une minorité d’experts occidentaux, postmodernes et laïques est devenue l’objet d’un prétendu « consensus mondial ». Si la démocratie est le gouvernement pour le peuple par le peuple, le nouveau consensus n’est pas le produit d’un processus démocratique, mais plutôt de ce qu’on appelait en France au siècle des Lumières le « despotisme éclairé » : le gouvernement par ceux qui sont « éclairés » par la « lumière » d’une raison laïque. Une telle forme de gouvernement comporte de multiples dangers. Il tend à la gnose, déresponsabilise la majorité des citoyens qu’il transforme en automates téléguidés par ceux qui ont la « connaissance ».

(9) La gouvernance mondiale par les « experts » met en péril l’auto-détermination africaine à l’heure où, paradoxalement, on n’a jamais autant parlé de démocratisation de l’Afrique. La « démocratisation » de l’Afrique ne revient-elle pas souvent en pratique à un alignement des gouvernements africains, du NEPAD, de l’Union Africaine sur les « normes », le langage, l’éthique des experts de la gouvernance mondiale en matière de santé de la reproduction, d’éducation civique, de développement durable, de droits de la femme, de bonne gouvernance et ainsi de suite – alignement obligatoire sous menace, souvent explicite, de ne plus recevoir d’aide au développement ? Cette gouvernance mondiale, bien que se disant « participative » et « consensuelle », ne fait-elle pas l’économie d’une participation et consultation réelles et sincères des cultures africaines, de leur sens du sacré et d’une recherche de ce qui est bon pour les africains ? Amnesty International, Equality Now, le Planning Familial International et autres groupes de pression occidentaux puissamment financés ne sont-ils pas à l’origine du Protocole de Maputo, déjà ratifié par 27 états africains ? Ne change-t-on pas le nom de nombreux Ministères africains de la « Famille » pour en faire des Ministères du « Genre » ? Ne force-t-on pas un gouvernement africain après l’autre à adopter des lois de santé reproductive incluant l’avortement et un accès universel à la contraception, comme c’est actuellement le cas au Kenya ? La théorie du gender n’imprègne-t-elle pas déjà toutes les politiques éducatives africaines ? Le lobby homosexuel n’exerce-t-il pas pression sur les décideurs africains ? Ne contraint-on pas les gouvernements africains, sous prétexte de « bonne gouvernance », à devenir « partenaires » d’ONGs occidentales véhiculant une conception idéologique du développement ?

(10) C’est à la conférence onusienne du Caire sur la population qu’a été mondialement adopté le paradigme de la santé de la reproduction. Cette conférence était contemporaine du premier synode africain. Le deuxième synode est contemporain de l’application déjà effective de cette conférence en Afrique.

(11) Jean-Paul II. Entrez dans l’espérance. Plon-Mame. 1994.

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