« Le Chemin Néocatéchuménal »
publié dans flash infos le 20 janvier 2011
Chemin Néocatéchuménal : Benoît XVI revient sur l’obéissance qui est due aux évêques
Le Chemin de Kiko ne passe pas au Japon : par Sandro Magister
Le 19 janvier 2011 – Eucharistie Sacrement de la Miséricorde – Dans le discours qu’il a adressé, il y a deux jours, à des milliers de membres enthousiastes du Chemin Néocatéchuménal réunis dans la salle des audiences, Benoît XVI est revenu trois fois, en seulement vingt lignes, sur l’obéissance qui est due aux évêques.
En effet, les relations avec les évêques sont un point douloureux pour le Chemin, fondé et dirigé depuis plus de quarante ans par les laïcs espagnols Francisco José Gómez Argüello, dit Kiko, et Carmen Hernández, assistés par le prêtre italien Mario Pezzi.
Dans le monde entier, le Chemin compte un grand nombre de partisans parmi les évêques. Le 26 janvier prochain, 250 d’entre eux, parmi lesquels 70 en provenance des États-Unis, se retrouveront en Israël à la Domus Galilææ, la résidence qui a été conçue et construite par Kiko sur les pentes du Mont Thabor, avec une vue magnifique sur le lac [de Tibériade], pour un stage dont Kiko lui-même sera l’animateur principal.
Mais il y a également beaucoup d’évêques qui ont été déçus par le Chemin après l’avoir vu à l’œuvre sur leur propre territoire. C’est le cas, par exemple, des évêques du Japon.
Le 15 décembre 2007, lors de la visite « ad limina » qu’ils ont rendue au pape, leur président – c’était à l’époque l’archevêque de Tokyo, Peter Takeo Okada – indiqua à Benoît XVI que « la puissante activité, semblable à celle d’une secte, que mènent les membres du Chemin provoque des divisions et des luttes aiguës et douloureuses à l’intérieur de l’Église ».
Les évêques japonais exigeaient la fermeture du séminaire ouvert en 1990 par le Chemin dans le diocèse de Takamatsu. Le Chemin faisait de la résistance. En 2008, à deux reprises, des évêques japonais durent se rendre à Rome pour plaider leur cause. Au Vatican le secrétaire d’état, Tarcisio Bertone, étudia la question et donna raison aux évêques. Dans l’année les séminaristes et leur recteur durent déménager et s’installer à Rome.
Mais les membres du Chemin qui étaient présents au Japon n’acceptèrent pas ce changement sans protester. L’évêque de Takamatsu, Francis Osamu Mizobe, leur écrivit alors une lettre dans laquelle il se plaignait du fait qu’ils célébraient des liturgies séparées et il leur demandait d’obéir aux diocèses plutôt qu’à leurs dirigeants.
De Rome, la congrégation pour l’évangélisation des peuples envoya au Japon un inspecteur, Javier Sotil Vaios Espiriceta, favorable au Chemin. Cette inspection fut menée entre le 20 et le 25 mars 2009. Mais elle demeura sans résultat.
C’est si vrai que, en 2010, les évêques japonais décidèrent, à l’unanimité, d’en finir. Au début de l’Avent, ils rendirent publique leur décision de suspendre pour cinq ans la présence du Chemin dans tout leur pays.
Le Chemin fit appel à Rome, aux plus hautes autorités de l’Église. Et en effet, le 13 décembre dernier, une réunion hors du commun a eu lieu au Vatican.
D’un côté de la table, il y avait cinq évêques japonais : celui d’Osaka, qui est président de la conférence des évêques, Leo Jun Ikenaga, jésuite (photo) ; celui de Takamatsu, Mizobe ; celui de Fukuoka, Dominic Ryoji Miyahara ; celui de Niigata, Tarcisius Isao Kikuchi ; et l’évêque émérite d’’ita, Peter Takaaki Hirayama.
De l’autre côté de la table, il y avait le pape en personne, le cardinal Bertone, cinq autres cardinaux et un archevêque. À la curie, le principal protecteur des néocatéchumènes est le substitut de la secrétairerie d’état, Fernando Filoni.
Les autorités vaticanes ont ordonné aux évêques de reprendre le dialogue avec le Chemin, avec l’aide d’un délégué envoyé de Rome et en suivant les instructions données par la secrétairerie d’état et par la congrégation pour l’évangélisation des peuples.
Les dirigeants du Chemin ont accueilli la décision du Vatican comme un succès pour eux. Mais les évêques japonais ont du mal à faire encore preuve de patience. Le 12 janvier, leur président, l’archevêque Ikenaga, a écrit dans l’hebdomadaire catholique japonais « Katorikku Shimbun » qu’ »à la lumière de notre responsabilité pastorale apostolique, nous ne pouvons pas, nous évêques, ignorer les dégâts que causent les néocatéchumènes ».
Et il continuait ainsi :
« Là où passent les membres du Chemin, la confusion, les conflits, les divisions, le chaos s’accroissent. Espérons qu’ils porteront un regard réaliste sur les raisons pour lesquelles les choses n’ont pas bien fonctionné jusqu’à maintenant et que, pour la première fois, ils nous aideront à attaquer les problèmes à la racine, afin que l’on parvienne à trouver une solution ».
Le délégué du Vatican n’a pas encore été désigné. L’archevêque Ikenaga a demandé aux catholiques japonais qui ont été en contact avec le Chemin de le rencontrer lorsqu’il arrivera et de vider leur sac sans réticences, parce que c’est le seul moyen de « faire arriver la description véritable de la situation jusqu’à un endroit aussi éloigné que Rome ».
Lors de la conférence de presse qu’il a tenue à Rome le 17 janvier, tout de suite après l’audience accordée par le pape, Kiko Argüello a déclaré que le Chemin œuvrait toujours dans l’obéissance aux évêques et qu’il n’agissait donc pas dans les diocèses dont l’évêque ne le permet pas.
Mais le cas du Japon est la preuve que les choses ne se passent pas de manière aussi linéaire. Là où le Chemin a mis le pied, il est difficile qu’il fasse machine arrière, indépendamment de ce qu’en pensent les évêques.
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Lors de cette même audience du 17 janvier, Benoît XVI a également abordé un autre point douloureux à propos du Chemin, celui de ses textes de catéchisme.
Ces textes – treize volumes tirés de l’enseignement oral de Kiko et Carmen, aujourd’hui résumés sous le titre de « Directoire catéchétique du Chemin néocatéchuménal » – ont toujours été secrets. En 1997 celui qui était alors le cardinal Joseph Ratzinger ordonna qu’ils soient remis à la congrégation pour la doctrine de la foi afin d’être soumis à un examen de leur contenu doctrinal.
Cet examen s’est poursuivi jusqu’en 2003. La congrégation, qui avait à l’époque Bertone comme secrétaire, apporta des corrections et introduisit quelque 2 000 renvois aux passages correspondants du catéchisme officiel de l’Église catholique.
Or ce n’est qu’à la fin de 2010 que les treize volumes de cet ouvrage ont obtenu leur approbation officielle, annoncée par Benoît XVI au cours de l’audience d’il y a deux jours.
Pourquoi cette longue période de purgatoire ? D’après ce qu’a dit Kiko au cours de la conférence de presse du 17 janvier, le motif est que, entre temps, il y avait eu deux autres problèmes à résoudre : l’approbation définitive des statuts du Chemin et l’approbation de la manière dont on célèbre la messe et les sacrements dans les communautés néocatéchuménales.
Les statuts ont été approuvés le 11 mai 2008 – un an après l’arrivée à échéance des précédents statuts provisoires – et ils fixent également les règles liturgiques auxquelles le Chemin doit se conformer.
Ces deux étapes ont été franchies au prix de beaucoup d’efforts et en faisant face à de fortes oppositions, en particulier dans le domaine de la liturgie, comme www.chiesa l’avait indiqué en son temps.
Encore à l’heure actuelle, les comportements réels des communautés néocatéchuménales n’obéissent pas toujours et en tout aux règles. Dans la plupart des cas, les messes continuent à être célébrées séparément, groupe par groupe, les portes à moitié fermées, en laissant beaucoup d’espace à la créativité, c’est-à-dire aux formes de rite et d’expression orale considérées comme servant les objectifs du parcours d’initiation de chaque groupe.
En ce qui concerne les catéchismes, le critère semble être le même. « Même maintenant, alors qu’ils ont été approuvés – a déclaré Kiko pendant la conférence de presse du 17 janvier – il y a un parcours d’initiation qui doit être respecté. Il n’est pas bon que l’on puisse voir tout de suite l’ensemble du parcours, avant même de le commencer. Si l’Église nous le demandait, nous le mettrions en vente. Mais nous préférerions éviter cela ».
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Au cours de l’audience du 17 janvier Benoît XVI a envoyé en mission 230 familles néocatéchuménales, qui se sont ajoutées à celles – plus de 600 – qui sont déjà en mission dans différents pays du monde.
En plus de celles-ci, il a aussi envoyé « ad gentes » 13 prêtres, chacun d’entre eux étant accompagné de trois ou quatre familles, qui auront comme tâche l’implantation d’un noyau d’Église dans des endroits où soit le christianisme a disparu soit il n’est jamais arrivé.
Étaient également présents à l’audience les 2 000 séminaristes des 78 séminaires « Redemptoris Mater » que le Chemin possède dans le monde entier et qui ont donné 1 600 prêtres en vingt ans.
D’après les chiffres les plus récents, le Chemin est présent dans plus de 1 320 diocèses de 110 pays sur les 5 continents, avec 20 000 communautés dans quelque 6 000 paroisses.
Sur ces 20 000 communautés, 500 se trouvent à Rome – qui serait « le diocèse du monde dans lequel le Chemin s’est le plus développé » – et 300 à Madrid, son lieu d’origine.
Si l’on attribue à chaque communauté une moyenne de 15 membres, le nombre total de néocatéchumènes adultes dans le monde serait de 300 000.
« Mais, en y ajoutant les enfants et les adolescents, nous dépassons le million », disent-ils. En effet les familles néocatéchuménales sont très prolifiques. Dans celles qui sont envoyées en mission, la moyenne est de 4 enfants par couple.