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27 octobre à Assise : le Saint-Siège explique le sens de la démarche

publié dans flash infos le 4 avril 2011


27 octobre à Assise : le Saint-Siège explique le sens de la démarche

 

Le programme de la rencontre convoquée par Benoît XVI le 27 octobre prochain à Assise a été présenté ce samedi 2 avril. A cette occasion le bureau de presse du Saint-Siège a publié un long communiqué en plusieurs langues, détaillant le sens et l’objectif de cette journée, XXV ans après la rencontre historique voulue par Jean-Paul II. L’image du pèlerinage résume le sens de cet événement qui sera célébré dans la ville de Saint-François, un pèlerinage de la mémoire projeté vers l’avenir. Dialogue et prière, mais pas de syncrétisme.
Écoutez l’éclairage de Romilda Ferrauto

Communiqué du bureau de presse du Saint-Siège

Une journée de réflexion, de dialogue et de prière pour la paix et la justice dans le monde a été convoquée par Benoît XVI, le 27 octobre prochain à Assise. Cette journée aura pour thème : « Pèlerins de la vérité, pèlerins de la paix ». Annoncée par le Pape le 1er janvier après la prière de l’Angélus, elle vise à célébrer le XXV° anniversaire de la rencontre historique voulue par Jean-Paul II. Benoît XVI se rendra donc en pèlerinage dans la ville Saint-François et il invite les frères chrétiens des diverses confessions et les représentants des traditions religieuses dans le monde et, idéalement, tous les hommes de bonne volonté à se joindre à sa démarche.
Chaque être humain, au fond, est un pèlerin en quête de vérité et de bien. Quant aux croyants, ils sont toujours en chemin vers Dieu : c’est de ce fait que naît la possibilité et même le besoin de parler et de dialoguer avec tous, croyants et non-croyants, sans renoncer à sa propre identité ou se prêter à des formes de syncrétisme ; dans la mesure où le pèlerinage de la vérité est vécu de manière authentique, il ouvre au dialogue avec autrui, il n’exclut personne et engage chacun à être artisan de fraternité et de paix. Tels sont les éléments que le Saint Père entend placer au centre de la réflexion. C’est pour cette raison que seront également invitées des personnalités du monde de la culture et de la science, qui sans professer une religion, recherchent la vérité et pensent que nous sommes tous responsables de la justice et de la paix dans le monde.
L’image du pèlerinage résume donc le sens de l’événement qui sera célébré : on fera mémoire des étapes qui ont jalonné le parcours, de la première rencontre d’Assise, à celle de janvier 2002 et, dans le même temps, on regardera vers l’avenir avec l’intention de continuer, avec tous les hommes et les femmes de bonne volonté, à marcher sur le chemin du dialogue et de la fraternité, dans un monde en mutation rapide. Saint François, pauvre et humble, accueillera tout le monde à nouveau dans sa ville, devenue symbole de fraternité et de paix.

Les délégations partiront de Rome, en train, dans la matinée du 27 octobre avec le Saint Père. A leur arrivée à Assise, elles se rendront à la Basilique Sainte-Marie des Anges pour un temps de commémoration des rencontres précédentes et d’approfondissement du thème de la journée. Des représentants des délégations ainsi que le Pape prendront la parole.
Le déjeuner sera frugal, un repas sous le signe de la sobriété, pour exprimer les retrouvailles fraternelles et en même temps, la participation aux souffrances de tant d’hommes et de femmes qui ne connaissent pas la paix. Suivra un temps de silence, pour que chacun puisse réfléchir et prier.
Dans l’après-midi, les personnes présentes à Assise seront invitées à parcourir un chemin jusqu’à la Basilique Saint-François. Les membres des délégations se joindront à la dernière partie du pèlerinage pour symboliser le chemin que chaque être humain doit parcourir dans la recherche assidue de la vérité et la construction efficace de la justice et de la paix. Le pèlerinage se déroulera en silence pour permettre la prière et la méditation personnelle. C’est à l’ombre de la Basilique Saint-François, où se sont achevés les rassemblements précédents, que se tiendra la dernière étape de la journée : le renouvellement solennel de l’engagement commun en faveur de la paix.
Pour préparer cette Journée, Benoît XVI présidera dans la soirée du 26 octobre une veillée de prière en la Basilique Saint-Pierre à laquelle sont invités les fidèles du diocèse de Rome. Les Églises locales et les communautés répandues dans le monde sont encouragées à organiser des moments de prière analogues.
Dans les prochaines semaines, les présidents des Conseils pontificaux pour la promotion de l’Unité des Chrétiens, du Dialogue interreligieux et de la Culture enverront les invitations au nom du Pape. Benoît XVI demande aux catholiques de s’unir spirituellement à la célébration de cet événement important et remercie ceux qui voudront bien être présents dans la cité de Saint-François, pour partager ce pèlerinage idéal.

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Pourquoi s’opposer à la commémoration du27 octobre 1986?

Lire le dossier suivant:

Pourquoi, le 27 octobre 2011, on ne doit pas « faire mémoire de ce geste historique » d’Assise 1986

Le 1er janvier 2011, à l’occasion de la prière de l’Angelus, le pape Benoît XVI a annoncé son intention de renouveler la cérémonie interreligieuse d’Assise du 27 octobre 1986 :

« En octobre prochain, je me rendrai en pèlerinage dans la ville de saint François, en invitant à s’unir à ce chemin les frères chrétiens des différentes confessions, les représentants des traditions religieuses du monde et, idéalement, tous les hommes de bonne volonté, pour faire mémoire de ce geste historique voulu par mon Prédécesseur et renouveler solennellement l’engagement des croyants de chaque religion à vivre sa propre foi religieuse comme un service pour la cause de la paix. »

Il l’avait déjà annoncée dans son message pour la Paix pour l’année 2011 intitulé : « La liberté religieuse, chemin vers la Paix ». Il écrivait : « En 2011 sera fêté le 25e anniversaire de la Journée mondiale de prière pour la paix, convoquée en 1986 à Assise par le vénérable Jean-Paul II. A cette occasion, les responsables des grandes religions du monde ont manifesté combien la religion est un facteur d’union et de paix et non de division et de conflits. Le souvenir de cette expérience est un motif d’espérance en un avenir où tous les croyants se sentent et deviennent effectivement artisans de justice et de paix ».

On sait pourtant que le Pape Benoît XVI, alors encore cardinal, n’avait pas voulu assister à cette « journée de prières interreligieuses pour la paix » en raison du risque de syncrétisme en une telle journée. Aussi a-t-il, depuis qu’il est sur le siège de Pierre, voulu, à deux reprises, donner des précisions sur cette journée, peut-être dans cette perspective d’anniversaire.

Dans un message adressé à l’évêque d’Assise le 2 septembre 2006, il écrivait ceci : « Pour ne pas se méprendre sur le sens de ce que Jean-Paul II a voulu réaliser en 1986 et que l’on appelle habituellement, en reprenant l’une de ses expressions, ‘l’esprit d’Assise’, il est important de ne pas oublier combien on a alors été attentif à ce que la rencontre interreligieuse de prière ne se prête à aucune interprétation syncrétiste, fondée sur une conception relativiste. […] C’est pourquoi, même lorsque l’on se réunit afin de prier pour la paix, il faut que la prière se déroule selon les chemins distincts propres aux diverses religions. Tel fut le choix de 1986 et ce choix ne peut manquer d’être valable aujourd’hui encore. La convergence des différences ne doit pas donner l’impression que l’on cède au relativisme qui nie le sens même de la vérité et la possibilité d’y puiser ».

Mais, simple remarque, n’a-t-il pas prié avec les juifs et rabbins de la synagogue de Rome lors de sa dernière visite ? Autres les mots. Autres les actes.

Et, en visite à Assise le 17 juin 2007, le pape a déclaré, de nouveau, dans son homélie : « Le choix d’organiser cette rencontre à Assise a été dicté précisément par le témoignage de François comme homme de paix, lui que beaucoup de gens regardent avec sympathie même si leurs positions culturelles et religieuses sont différentes. En même temps, la lumière jetée par le ‘Poverello’ sur cette initiative était une garantie d’authenticité chrétienne, parce que sa vie et son message reposent si visiblement sur le choix du Christ qu’ils repoussent a priori toute tentation d’indifférentisme religieux, qui n’aurait rien à voir avec l’authentique dialogue interreligieux. […] Il ne serait ni évangélique ni franciscain de ne pas réussir à associer l’accueil, le dialogue et le respect de tous avec la certitude de la foi que tout chrétien, comme le saint d’Assise, est tenu de pratiquer, en annonçant le Christ comme le chemin, la vérité et la vie de l’homme et comme l’unique sauveur du monde ».

 Les intentions de Benoît XVI sont certainement claires et honnêtes…mais elles ne peuvent empêcher, de jure, le risque de syncrétisme, de relativisme et d’indifférentisme. Comme le dit très bien Romano Amério, dans son livre « Stat veritas », « Ce ne sont que des mots…on ne peut pas promouvoir le syncrétisme et ensuite avertir qu’il( faut) faire attention à éviter le syncrétisme » (p 139).

Ce n’est pas, non plus, parce que cette réunion se déroule à Assise où le Poverello a imprimé sa marque de son don au Christ que cette réunion, est de soi, assurée d’une juste orthodoxie. On peut y être infidèle.

De plus, le 27 octobre 1986, avec Jean-Paul II, on a, peut-être, voulu être « attentif à ce que la rencontre interreligieuse de prières ne se prête à aucune interprétation syncrétiste » en cherchant à ce que « la prière se déroule selon les chemins distincts propres aux diverses religions ». Ce fut peut-être un désir loyal. Ce désir ne fut et ne put être réalisé de sorte que l’on peut parler, à juste titre, de la journée panchrétienne d’Assise ou de : « l’illusion panchrétienne d’Assise ».

En effet, à Assise, le 27 octobre 1986, les catholiques n’ont pas prié, comme « les représentants des autres religions », de leur côté, comme le laisse entendre Benoît XVI, selon leurs propres rites et dans la pleine « expression de leur propre foi », mais ils se sont réunis en « prière oecuménique » aux « représentants des confessions et des communautés chrétiennes » dans la cathédrale Saint Rufin. C’était clairement affirmé par l’Osservatore Romano du 27/28 octobre 1986. Là, le pape, dépouillé de tout insigne de sa primauté, a mis en branle, toujours en sa qualité d’hôte invitant – ce que sera Benoît XVI , le 27 octobre prochain – une célébration typiquement protestante avec lecture de passages de la Bible, entremêlée de chants et se terminant par la « prière universelle », celle « de toute Eglise ». Vous trouvez ce témoignage dans l’Osservatore Romano cité à la page 3.

La salutation adressée à l’assemblée, lue par « l’hôte invitant », Jean-Paul II, a parlé, sans doute, « des graves questions qui nous séparent encore ». Mais il a dit aussi que « le degré actuel de notre unité dans le Christ n’en est pas moins un signe pour le monde que Jésus-Christ est vraiment le Prince de la Paix ». Mieux encore, il a conclu que la prière pour la paix « doit faire grandir en nous le respect des uns pour les autres comme êtres humains, comme Eglises et communautés ecclésiales » (Ibid, et DC.n° 1929 du 7 décembre 1986)

Nulle autre distinction, qui ne fût justifiée par son rôle de « l’hôte qui invite » n’a été reconnue au Pape par le cérémonial œcuménique. Ce qui scandalisa tellement Mgr Lefebvre qui voyait là une injure au Vicaire de Christ. Et même, la prière finale des « panchrétiens » sur la place de la basilique inférieure de Saint François a été commencée par une femme « pasteur », tandis que le Pape n’était que quatrième « parmi tant de sages ».

Mal à propos, au lendemain de la « rencontre d’Assise », le cardinal Etchegaray déclarait : « Pour moi, la prière de l’Eglise chrétienne dans la cathédrale Saint Rufin a été le moment, le temps fort, de toute la journée…La qualité et l’intensité de cette prière était celle que tous semblaient épanouis comme par une nouvelle effusion commune du Saint Esprit ». Il s’exprimait ainsi « ridiculement, sentimentalement » dans le journal l’ Avvenire du 2 novembre 1986. On se souvient qu’il fut le grand organisateur de la journée d’Assise.

Force est d’avouer que, dans la Babel d’Assise, les cardinaux et le pape lui-même ont de fait représenté non l’Eglise catholique mais l’ « Eglise chrétienne » en y englobant les non catholiques. Et quels étaient ceux qui composaient cette « Eglise chrétienne », qui aurait eu sa Pentecôte, à Assise au dire du cardinal Etchégaray ? Des « diverses Eglises et confessions qui ont le Christ pour fondement », nous apprenait l’Osservatore Romano du 27/28octovre 1986. En pratique : de l’Eglise orthodoxe, des « Eglises » réformées et de l’Eglise catholique. Evidemment, cette « Eglise chrétienne » n’était pas l’Eglise catholique, mais une super–église qui dépasse et inclut l’Eglise catholique elle-même, à l’égale des autres soi-disant « Eglises ». Quelle ecclésiologie !

En effet, la prière de l’ « Eglise chrétienne » à Assise n’a pas été celle de l’Eglise catholique dont la foi s’exprime pleinement dans la sainte Messe, « sacrifice véritable et authentique » comme l’enseigne le saint Concile de Trente à l’encontre des auteurs de ces « confessions et communautés chrétiennes » assemblées avec les catholiques à Saint Rufin. Le rite de la Nouvelle Messe a été célébrée le 27 octobre de bon matin, par le pape, Jean-Paul II, à Pérouse avant de se transporter à Assise dont le cérémonial l’a œcuméniquement mêlé à ses « frères séparés » – et cela Benoît XVI malgré son intention ne pourra pas physiquement l’éviter – pour prier « oecuméniquement » avec eux et « sans triomphalisme », dépouillé de la dignité du Vicaire du Christ, oubliant que l’Eglise catholique ne fait qu’un avec le Christ qui doit régner éternellement sur toutes choses, tous biens et tous êtres. Cela lui revient de droit divin. Mais cela ne pourra pas être confessé par le Pape. C’est pourtant sa fonction !

Mais plus encore, à Assise, l’Eglise catholique a été mise non au niveau des fausses religions, qu’elles se disent chrétiennes ou non, mais au dessous d’elles. On a rappelé au cardinal Etchégaray qu’il a été permis à tous de « s’exprimer dans la plénitude de leur propre foi » (DC du 7/21 septembre 1986), mais cela n’a pas été permis aux catholiques ; « que la prière de chacun a été respectée », mais celle des catholiques ne l’a pas été. Et lorsque, mettant en branle le carrousel final sur la place au bas de saint François, il a triomphalement déclaré : « Nous nous sommes réunis en pleine fidélité à nos traditions religieuses, profondément conscients de l’identité de chacun de nos engagements de foi » (l’OR cité p. 4). C’était vrai pour tous sauf pour les catholiques ni dans leur prière ni dans leur Pontife, Lui, pourtant Vicaire du Christ…

Enfin, alors qu’on avait pourvu avec grand soin à ce que les représentants des fausses religions se tinssent, selon leur désir, « ensemble pour prier, mais sans prier ensemble » (Radio Vatican), les représentants officiels de l’unique vraie religion ont prié en s’unissant aux représentants des fausses religions soi-disant chrétiennes. La pratique pan chrétienne d’Assise suffit à démontrer, entre autres choses, que vingt ans de faux œcuménisme ont suffi pour que prît pied parmi les catholiques, à commencer par leur hiérarchie, l’indifférentisme pan chrétien. Tout paraît aujourd’hui légitime.

Pour toutes ces raisons, la « journée d’Assise » ne peut ni être renouvelée ni être commémorée ; elle n’est pas « commémorable » ; elle n’est pas digne de l’Eglise catholique, elle est « misérable ».

B- Les réactions historiques de Mgr Lefebvre et de Mgr De Catro Mayer.

a- Voici la lettre que Monseigneur Marcel Lefebvre adressait, le 27 Août 1986, à 8 cardinaux :

Ecône, le 27 août 1986

Eminence,

Devant les événements qui se passent dans l’Eglise et dont Jean-Paul II est l’auteur, devant ce qu’il se propose d’accomplir à Taizé et à Assise au mois d’octobre, je ne puis m’empêcher de m’adresser à vous, afin de vous supplier, au nom de nombreux prêtres et fidèles, de sauver l’honneur de l’Eglise, humiliée comme Elle ne l’a jamais été au cours de son histoire.

Les discours et les actes de Jean-Paul II au Togo, au Maroc, dans les Indes, à la synagogue de Rome, soulèvent nos cœurs d’une sainte indignation. Que pensent de cela les Saints et les Saintes de l’Ancien et du Nouveau Testament ! Que ferait la Sainte Inquisition, si elle existait encore ?

C’est le premier article du Credo et le premier commandement du Décalogue qui sont bafoués publiquement par celui qui est assis sur le Siège de Pierre. Le scandale est incalculable dans les âmes des catholiques. L’Eglise en est ébranlée dans ses fondements.

Si la foi dans l’Eglise, unique arche de salut, disparaît, c’est l’Eglise elle-même qui disparaît. Toute sa force, toute son activité surnaturelle a cet article de notre foi pour base.

Jean-Paul II va-t-il continuer à ruiner la foi catholique, publiquement, en particulier à Assise, avec le cortège des religions prévu dans les rues de la cité de saint François, et avec la répartition des religions dans les chapelles et la Basilique pour y exercer leur culte en faveur de la paix telle qu’elle est conçue à l’O.N.U. C’est ce qui est annoncé par le Cardinal Etchegaray, chargé de cet abominable Congrès des Religions.

Est-il concevable qu’aucune voix autorisée ne s’élève dans l’Eglise pour condamner ces péchés publics ? Où sont les Macchabées ?

Eminence, pour l’honneur du seul vrai Dieu, de Notre-Seigneur Jésus-Christ, protestez publiquement, venez au secours des Evêques, des prêtres et des fidèles demeurés catholiques.

Eminence, si je me suis permis d’intervenir auprès de Vous, c’est parce que je ne puis douter de vos sentiments à cet égard.

Cet appel, je l’adresse aussi aux Cardinaux dont vous trouverez les noms ci-dessous, afin qu’éventuellement vous agissiez de concert avec eux.

Que l’Esprit Saint vous vienne en aide, Eminence, et veuillez agréer l’expression de mes sentiments fraternellement dévoués in Christo et Maria.

Marcel LEFEBVRE, Archevêque-Evêque émérite de Tulle

Liste des huit cardinaux destinataires

S. Ém. le cardinal Giuseppe Siri, archevêque de Gênes
S. Ém. le cardinal Paul Zoungrana, archevêque de Ouagadougou
S. Ém. le cardinal Silvio Oddi, ancien préfet de la Congrégation pour le clergé, Rome
S. Ém. le cardinal Marcelo González Martín, archevêque de Tolède
S. Ém. le cardinal Hyacinthe Thiandoum, archevêque de Dakar
S. Ém. le cardinal Alfons Stickler, bibliothécaire de la Bibliothèque vaticane, Rome
S. Ém. le cardinal Édouard Gagnon, président du Conseil pontifical pour la famille, Rome
S. Ém. le cardinal Pietro Palazzini, préfet de la Congrégation pour les Causes des saints.

b- Déclaration de Mgr Lefebvre et de Mgr Antonio de Castro Mayer faisant suite à la visite de Jean-Paul II à la Synagogue et au congrès des religions à Assise

Rome nous a fait demander si nous avions l’intention de proclamer notre rupture avec le Vatican à l’occasion du Congrès d’Assise.
La question nous semblerait plutôt devoir être la suivante : Croyez-vous et avez-vous l’intention de proclamer que le Congrès d’Assise consomme la rupture des Autorités romaines avec l’Eglise Catholique ?
Car c’est bien cela qui préoccupe ceux qui demeurent encore catholiques.
Il est bien évident en effet que depuis le Concile Vatican II, le Pape et les Episcopats s’éloignent toujours plus nettement de leurs prédécesseurs.
Tout ce qui a été mis en œuvre pour défendre la foi par l’Eglise dans les siècles passés, et tout ce qui a été accompli pour la diffuser par les missionnaires, jusqu’au martyre inclusivement, est désormais considéré comme une faute dont l’Eglise devrait s’accuser et se faire pardonner.
L’attitude des onze Papes qui depuis 1789 jusqu’en 1958 ont, dans des documents officiels, condamné la Révolution libérale, est considérée comme « un manque d’intelligence du souffle chrétien qui a inspiré la Révolution ».
D’où le revirement complet de Rome depuis le Concile Vatican II, qui nous a fait redire les paroles de Notre-Seigneur à ceux qui venaient l’arrêter : Haec est hora vestra et potestas tenebrarum (c’est ici votre heure et la puissance des ténèbres) (Luc XXII 52-53).
Adoptant la religion libérale du protestantisme et de la Révolution, les principes naturalistes de J-J. Rousseau, les libertés athées de la Constitution des Droits de l’Homme, le principe de la dignité humaine n’ayant plus de rapport avec la vérité et la dignité morale, les Autorités romaines tournent le dos à leurs prédécesseurs et rompent avec l’Eglise Catholique, et elles se mettent au service des destructeurs de la Chrétienté et du Règne universel de Notre-Seigneur Jésus-Christ.
Les actes actuels de Jean-Paul II et des Episcopats nationaux illustrent d’année en année ce changement radical de conception de la foi, de l’Eglise, du sacerdoce, du monde, du salut par la grâce.
Le comble de cette rupture avec le magistère antérieur de l’Eglise s’est accompli à Assise, après la visite à la Synagogue. Le péché public contre l’unicité de Dieu, contre le Verbe Incarné et Son Eglise fait frémir d’horreur : Jean-Paul II encourageant les fausses religions à prier leurs faux dieux : scandale sans mesure et sans précédent.
Nous pourrions reprendre ici notre Déclaration du 21 novembre 1974, qui demeure plus actuelle que jamais.
Pour nous, demeurant indéfectiblement attachés à l’Eglise Catholique et Romaine de toujours, nous sommes obligés de constater que cette Religion moderniste et libérale de la Rome moderne et conciliaire s’éloigne toujours davantage de nous, qui professons la foi catholique des onze Papes qui ont condamné cette fausse religion.
La rupture ne vient donc pas de nous, mais de Paul VI et Jean-Paul Il, qui rompent avec leurs prédécesseurs.
Ce reniement de tout le passé de l’Eglise par ces deux Papes et les Evêques qui les imitent est une impiété inconcevable et une humiliation insoutenable pour ceux qui demeurent catholiques dans la fidélité à vingt siècles de profession de la même foi.
Nous considérons donc comme nul tout ce qui a été inspiré par cet esprit de reniement : toutes les Réformes post-conciliaires, et tous les actes de Rome qui sont accomplis dans cette impiété.
Nous comptons avec la grâce de Dieu et le suffrage de la Vierge fidèle, de tous les martyrs, de tous les Papes jusqu’au Concile, de tous les Saints et Saintes fondateurs et fondatrices des Ordres contemplatifs et missionnaires, pour nous venir en aide dans le renouveau de l’Eglise par la fidélité intégrale à la Tradition.
Buenos Aires, le 2 décembre 1986.
S. Exc. Mgr LEFEBVREArch.-Evêque émérite de Tulle
S. Exc. Mgr Antonio de CASTRO MAYER, Evêque émérite de Campos en parfait accord avec la présente Déclaration

C- Extraits de la Lettre encyclique Mortalium Animos du 6 janvier 1928 de Pie XI

….Convaincus qu’il est très rare de rencontrer des hommes dépourvus de tout sens religieux, on les voit nourrir l’espoir qu’il serait possible d’amener sans difficulté les peuples, malgré leurs divergences, religieuses, à une entente fraternelle sur la profession de certaines doctrines considérées comme un fondement commun de vie spirituelle. C’est pourquoi, ils se mettent à tenir des congrès, des réunions, des conférences, fréquentés par un nombre appréciable d’auditeurs, et, à leurs discussions, ils invitent tous les hommes indistinctement, les infidèles de tout genre comme les fidèles du Christ, et même ceux qui, par malheur, se sont séparés du Christ ou qui, avec âpreté et obstination, nient la divinité de sa nature et de sa mission.
De telles entreprises ne peuvent, en aucune manière, être approuvées par les catholiques, puisqu’elles s’appuient sur la théorie erronée que les religions sont toutes plus ou moins bonnes et louables, en ce sens que toutes également, bien que de manières différentes, manifestent et signifient le sentiment naturel et inné qui nous porte vers Dieu et nous pousse à reconnaître avec respect sa puissance. En vérité, les partisans de cette théorie s’égarent en pleine erreur, mais de plus, en pervertissant la notion de la vraie religion ils la répudient, et ils versent par étapes dans le naturalisme et l’athéisme. La conclusion est claire: se solidariser des partisans et des propagateurs de pareilles doctrines, c’est s’éloigner complètement de la religion divinement révélée.
Il est vrai, quand il s’agit de favoriser l’unité entre tous les chrétiens, certains esprits sont trop facilement séduits par une apparence de bien. N’est-il pas juste, répète-t-on, n’est-ce pas même un devoir pour tous ceux qui invoquent le nom du Christ, de s’abstenir d’accusations réciproques et de s’unir enfin un jour par les liens de la charité des uns envers les autres ? Qui donc oserait affirmer qu’il aime le Christ s’il ne cherche de toutes ses forces à réaliser le voeu du Christ lui-même demandant à son Père que ses disciples soient « un » (Joan. XVII, 21) ? …..
Tels sont, parmi d’autres du même genre, les arguments que répandent et développent ceux qu’on appelle panchrétiens. Et il s’en faut que ces panchrétiens soient peu nombreux et disséminés; ils se sont, au contraire, multipliés en organisations complètes et ils ont fondé des associations largement répandues, que dirigent, le plus souvent, des non catholiques, quelles que soient leurs divergences en matières de foi…..
Avertis par la conscience de notre charge apostolique de ne pas laisser circonvenir par des erreurs pernicieuses le troupeau du Seigneur, nous faisons appel, vénérables frères, à votre zèle pour prendre garde à un tel malheur. ….
Il en résulte qu’il ne peut y avoir de vraie religion en dehors de celle qui s’appuie sur la parole de Dieu révélée: cette révélation, commencée à l’origine et continuée sous la Loi Ancienne, le Christ Jésus lui-même l’a parachevée sous la Loi Nouvelle. Mais, si Dieu a parlé – et l’histoire porte témoignage qu’il a de fait parlé -, il n’est personne qui ne voie que le devoir de l’homme, c’est de croire sans réserve à Dieu qui parle et d’obéir totalement à Dieu qui commande.
Pour que nous remplissions convenablement ce double devoir en vue de la gloire de Dieu et de notre salut, le Fils unique de Dieu a établi sur terre son Eglise. ….
Or, en vérité, son Eglise, le Christ Notre Seigneur l’a établie en société parfaite, extérieure par nature et perceptible aux sens, avec la mission de continuer dans l’avenir l’oeuvre de salut du genre humain, sous la conduite d’un seul chef (Matth. XVI, 18; Luc. XXII, 32; Joan. XXI, 15-17), par l’enseignement de vive voix (Marc. XVI, 15) et par l’administration des sacrements, sources de la grâce céleste (Joan. III, 5; VI, 48-59; XX, 22; cf. Matth. XVIII, 18; etc.); c’est pourquoi, dans les paraboles, il l’a déclarée semblable à un royaume (Matth. XIII), à une maison (cf. Matth. XVI, 18), à un bercail (Joan. X, 16) et à un troupeau (Joan. XXI, 15-17). Sans aucun doute, cette Eglise, si admirablement établie, ne pouvait finir ni s’éteindre à la mort de son Fondateur et des Apôtres qui furent les premiers chargés de la propager, car elle avait reçu l’ordre de conduire, sans distinction de temps et de lieux, tous les hommes au salut éternel:  » Allez donc et enseignez toutes les nations  » (Matth. XXVIII, 19). Dans l’accomplissement ininterrompu de cette mission, l’Eglise pourra-t-elle manquer de force et d’efficacité, quand le Christ lui-même lui prête son assistance continuelle:  » Voici que je suis avec vous, tous les jours, jusqu’à la consommation des siècles  » (Matth. XXVIII, 20) ?
Il est, par conséquent, impossible, non seulement que l’Eglise ne subsiste aujourd’hui et toujours, mais aussi qu’elle ne subsiste pas absolument la même qu’aux temps apostoliques; – à moins que nous ne voulions dire – à Dieu ne plaise ! – ou bien que le Christ Notre Seigneur a failli à son dessein ou bien qu’il s’est trompé quand il affirma que les portes de l’enfer ne prévaudraient jamais contre elle (Matth. XVI, 18)…….
Dans ces conditions, il va de soi que le Siège Apostolique ne peut, d’aucune manière, participer à leurs congrès et que, d’aucune manière, les catholiques ne peuvent apporter leurs suffrages à de telles entreprises ou y collaborer; s’ils le faisaient, ils accorderaient une autorité à une fausse religion chrétienne, entièrement étrangère à l’unique Eglise du Christ.
Pouvons-nous souffrir – ce serait le comble de l’iniquité – que soit mise en accommodements la vérité, et la vérité divinement révélée? Car, en la circonstance, il s’agit de respecter la vérité révélée. Puisque c’est pour instruire de la foi évangélique tous les peuples que le Christ Jésus envoya ses Apôtres dans le monde entier et que, pour les garder de toute erreur, il voulut qu’ils fussent auparavant instruits de toute vérité par l’Esprit-Saint (Joan. XVI, 13), est-il vrai que, dans l’Eglise que Dieu lui-même assiste comme chef et gardien, cette doctrine des Apôtres a complètement disparu ou a été jamais falsifiée? Si notre Rédempteur a déclaré explicitement que son Evangile est destiné non seulement aux temps apostoliques, mais aussi aux âges futurs, l’objet de la foi a-t-il pu, avec le temps, devenir si obscur et si incertain qu’il faille aujourd’hui tolérer même les opinions contradictoires?
Si cela était vrai, il faudrait également dire que tant la descente du Saint-Esprit sur les Apôtres que la présence perpétuelle de ce même Esprit dans l’Eglise et la prédication elle-même de Jésus-Christ ont perdu, depuis plusieurs siècles, toute leur efficacité et tout leur utilité: affirmation évidemment blasphématoire.
De plus, quand le Fils unique de Dieu a commandé à ses envoyés d’enseigner toutes les nations, il a en même temps imposé à tous les hommes le devoir d’ajouter foi à ce qui leur serait annoncé par les  » témoins préordonnés par Dieu  » (Act. X, 41), et il a sanctionné cet ordre par ces mots :  » Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé ; mais celui qui ne croira pas sera condamné  » (Marc. XVI, 16). Or, l’un et l’autre de ces deux commandements, qui ne peuvent pas ne pas être observés, celui d’enseigner et celui de croire pour obtenir la vie éternelle, ces deux commandements ne peuvent même pas se comprendre si l’Eglise n’expose pas intégralement et visiblement la doctrine évangélique et si, dans cet exposé, elle n’est à l’abri de tout danger d’erreur. Aussi, ils s’égarent également, ceux qui pensent que le dépôt de la vérité existe quelque part sur terre, mais que sa recherche exige de si durs labeurs, des études et des discussions si prolongées que, pour le découvrir et entrer en sa possession, à peine la vie de l’homme y suffirait; comme si le Dieu très bon avait parlé par les prophètes et par son Fils unique à cette fin que seulement un petit nombre d’hommes enfin mûris par l’âge pût apprendre les vérités révélées par eux, et nullement pour donner une doctrine de foi et de morale qui dirigerait l’homme pendant tout le cours de sa vie mortelle.
Il est vrai, ces panchrétiens qui cherchent à fédérer les églises, semblent poursuivre le très noble dessein de promouvoir la charité entre tous les chrétiens; mais comment la charité pourrait-elle tourner au détriment de la foi? Personne sans doute n’ignore que saint Jean lui-même, l’Apôtre de la charité, que l’on a vu dans son Evangile, dévoiler les secrets du Coeur Sacré de Jésus et qui ne cessait d’inculquer dans l’esprit de ses fidèles le précepte nouveau:  » Aimez-vous les uns les autres « , interdisait de façon absolue tout rapport avec ceux qui ne professaient pas la doctrine du Christ, entière et pure:  » Si quelqu’un vient à vous et n’apporte pas cette doctrine, ne le recevez pas dans votre maison et ne le saluez même pas  » (Joan. II, 10). C’est pourquoi, puisque la charité a pour fondement une foi intègre et sincère, c’est l’unité de foi qui doit être le lien principal unissant les disciples du Christ.
Donné à Rome, près Saint-Pierre, le 6 janvier, en la fête de l’Epiphanie de Notre-Seigneur Jésus-Christ, l’an 1928, le sixième de Notre Pontificat.
Pie XI, Pape

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