Le 17 octobre 1971, je recevais le sacerdoce
publié dans couvent saint-paul le 18 novembre 2011
24ème dimanche après la Pentecôte
Mon sacerdoce
MBCF, c’est donc le 17 octobre 1971, en Suisse, dans le Valais, dans la petite église de Riddes, desservie à l’époque par M le curé Epinay qui, pour l’occasion, avait enlevé son autel face au peuple, – il ne le remit jamais plus -, que je reçus le sacrement de l’ordre des mains de Mgr Lefebvre.
C’est Dieu qui mène toute chose dans l’existence d’un chacun. Aucun événement n’est fortuit. Il faut y être attentif.
17 octobre. Je devenais prêtre en la fête de sainte Marguerite Marie, religieuse au couvent de la Visitation de Paray Le Monial, la grande voyante du 17ème siècle, la confidente de NSJC, celle qui a eu, mieux que tout autre saint ou sainte, la révélation du Sacré Cœur de Jésus, symbole de l’immense charité qui anima la vie du Seigneur.
Or il se trouve aussi que j’ai répondu à l’appel du Seigneur au Sacerdoce lors d’une retraite de saint Ignace, en juillet 1964, prêchée par le chanoine Roustand dans la maison du Sacré Cœur qui était juste en face de la chapelle de la Visitation où NSJC montra son cœur, ses plaies, son côté transpercé par la lance à sa bien aimé religieuse et qui lui fit entendre sa souffrance devant le mépris dont les hommes entourent sa charité brulante manifestée en sa Passion.
Aussi j’ai toujours pensé qu’il fallait que ma vie sacerdotale, ma vie spirituelle soit dominée par la charité du Christ Jésus, que cette charité divine soit comme le leitmotiv de ma vie intérieure, de ma prédication. Que je la contemple. Que je la prêche. Que je la médite. Que j’en vive. Qu’elle anime mon sacerdoce…
Et cela d’autant plus que celui qui me conférait le sacerdoce, cette évêque bien aimé et inoubliable, ce géant de la foi et de la fermeté dans ce XXème siècle en perdition, à la dérive, Mgr Lefebvre, avait comme devise épiscopale « Credidimus caritate ». « Nous avons cru à la charité » du Christ.
Aussi ai-je toujours été très sensible à la phrase de saint Jean, phrase qui est un résumé merveilleux de notre évangile: « Dieu a tellement aimé le monde qu’il envoya son Fils unique afin que quiconque croit en lui ne périsse pas mais ait la vie éternelle ». Cette phrase résonne dans mon cœur d’une manière particulière. Elle résume, vous dis-je, notre évangile. Elle affirme que la Charité de Dieu est la raison, le principe, je dirais la cause efficiente du mystère de l’Incarnation, et donc de tous les mystères, la Rédemption, la Passion, la sainte Eucharistie, la fondation de l’Eglise, raison du choix des Apôtres. C’est alors que je comprends que l’élan missionnaire de l’Eglise prend son principe dans la charité de Dieu. C’est parce que les missionnaires sont animés de la foi en cette immense charité de Dieu qu’ils vont et sont allés jadis prêcher cette Evangile. Cette phrase johannique me fait comprendre aussi que la cause finale de toutes choses, de la possession de la béatitude future, c’est encore le fruit de la charité de Dieu : « afin que quiconque croit en Lui ne périsse pas mais ait la vie éternelle ». Le Bien, de soi, se diffuse, se communique, se donne tout lui-même. Ainsi de la mère de famille. Ainsi de Dieu. Dieu se communique in fine par le don de la vie éternelle. Car qu’est-ce que la vie éternelle ? Sinon le bien même qu’est Dieu possédé pour toujours, sans crainte d’être perdu par l’âme élevée en gloire. Oui vraiment ! La charité de Dieu est au principe de toutes choses dans l’Eglise, dans son enseignement.
Aussi ne suis-je pas étonné que le sacerdoce catholique fut institué lors de l’ultime Cène célébrée par le Seigneur entouré de ses apôtres. En effet Saint Jean nous fait comprendre que le sacerdoce est sorti du cœur de NSJC, de sa charité. En effet ne dit-il pas, ne met-il pas en exergue de tout son récit de la Passion, ces phrases merveilleuses : «Avant la fête de Pâque, Jésus, sachant que son heure était venue de passer de ce monde à son Père, après avoir aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’à la fin » – Jusqu’au bout, totalement, absolument – , Saint Jean nous fait comprendre, oui vraiment, que l’institution du sacerdoce catholique est un effet de sa charité, tout comme l’œuvre de sa Passion, tout comme l’institution de la sainte Eucharistie, tout come le don de sa Sainte Mère : « Jean voici ta Mère », tout comme le lavement des pieds de ses disciples. Tout s’éclaire dans notre sainte religion de la charité de Dieu. Ce doit être la lumière de nos cœurs.
Aussi le prêtre, qui est un « alter Christus », doit-il vivre de cette charité.
Elle a éclaté, oh combien, en la Passion du Christ. Aussi doit-il aimer sa messe, la messe qui perpétue sacramentellement cette Passion . Doit-il aimer la célébrer. C’est ma plus grande joie de contempler ce mystère de la Rédemption et de le célébrer sur l’autel au milieu de vous dans le silence de l’adoration. J’aime entendre, oui entendre, le silence contemplatif de votre charité à l’élévation de la sainte hostie, du saint calice…A ce silence, je conclus que la participation de vos âmes à ce mystère rédempteur est grande et fructueuse. C’est la plus belle joie du prêtre. Alors je comprends, comme le dit l’enseignement conciliaire, reprenant la pensée de Pie XII de son Encyclique « Immortale Dei » – c’est assez rare pour être une fois noté – que « la liturgie est le sommet vers lequel tend toute l’action de l’Église ». Là, dans ce silence, je sens, que vous ne faites, comme le dit encore le Concile, « qu’un seul cœur dans la piété», vivant de la « charité pressante du Christ ». Il faut absolument garder ce silence dans notre liturgie. Il permet le recueillement, l’union à Dieu, la réflexion intérieur, le don de soi pour le salut des âmes, l’union des cœurs. L’union des cœurs, fruit de la charité du Christ partagée ! Oui. C’est le cardinal Ratzinger lui-même, qui le dit dans son petit livre, « L’esprit de la liturgie » : « le silence lui-même peut souder la communauté devant Dieu » (p. 169). Que c’est vrai ! Tous les dimanches, nous en faisons l’expérience. « Il n’est pas vrai, écrivait-il, qu’il faille réciter à haute voix l’intégralité de la Prière eucharistique pour obtenir la participation de tous à cet acte central de la messe »(p. 169) … « C’est pourquoi ce n’est pas un hasard si déjà très tôt, à Jérusalem même, certaines parties du Canon étaient priées en silence et qu’en Occident la récitation silencieuse du Canon, en partie couverte par le chant méditatif, soit devenue la norme » (p 169). De cela, vos prêtres en sont les témoins « Quiconque a fait l’expérience d’une communauté unie dans la prière silencieuse du Canon sait ce que représente un silence véritable » (p. 170)
Le prêtre « sait ce que représente un silence véritable ». Il représente l’union des cœurs. Il représente la charité ardente de la communauté, puisée, là encore, à la source de la Vraie Charité du Christ.
17 octobre, ai-je dit. Il faut que j’ajoute 17 octobre 1971. Le 17 octobre 1971 était aussi le jour de la béatification du bienheureux Kolbe, aujourd’hui élevé sur nos autels. Mais le Père Kolbe, c’est pour moi le hérault de la Vierge Marie. Il propagea, développa en Pologne, plus particulièrement le culte au Cœur Immaculée de Marie, avec la création et la diffusion de sa « Milice mariale». Mais le Père Kolbe est aussi le saint qui se dressa contre les puissances du mal, contre les puissances communistes et du national-socialisme, – il en fut la victime à Auschwitz, le 14 août 1941 – la veille de la fête de l’Assomption – Il se dressa contre les « idéologies du mal », comme le dit Jean Paul II.
Cette date me fit comprendre que je devais cultiver en mon cœur de prêtre la dévotion à Notre Dame. Qu’elle était plus particulièrement ma mère : « Jean voici ta mère » Aussi, tout comme saint Jean, « Il la prit chez lui », « in sua », je comprenais que je devais la prendre chez moi, avec moi, vivre dans son intimité, dans sa contemplation. Par cette phrase et ce don de NSJC, n’est-elle pas constituée la « mère du prêtre » tout autant que « la mère de l’Eglise ». Aussi ai-je toujours rêvé avoir une dévotion mariale, grande et fervente, celle d’un enfant à l’égard de sa mère, comme celle du Père Kolbe qui écrivit une belle prière de consécration à l’Immaculée Conception: « Immaculée-Conception, Reine du ciel et de la terre, Refuge des pécheurs et Mère très aimante, à qui Dieu voulut confier tout l’ordre de la Miséricorde, me voici à tes pieds, moi N… pauvre pécheur. Je t’en supplie, accepte mon être tout entier comme ton bien et ta propriété; agis en moi selon ta volonté, en mon âme et mon corps, en ma vie et ma mort et mon éternité.
Dispose avant tout de moi comme tu le désires, pour que se réalise enfin ce qui est dit de toi : « La Femme écrasera la tête du serpent » et aussi « Toi seule vaincras les hérésies dans le monde entier ». Qu’en tes mains toutes pures, si riches de miséricorde, je devienne un instrument de ton amour, capable de ranimer et d’épanouir pleinement tant d’âmes tièdes ou égarées. Ainsi s’étendra sans fin le Règne du Cœur divin de Jésus. Vraiment, ta seule présence attire les grâces qui convertissent et sanctifient les âmes, puisque la Grâce jaillit du Cœur divin de Jésus sur nous tous, en passant par tes mains maternelles ».
Enfin saint Kolbe reste pour moi un modèle, le modèle du prêtre qui sans peur et sans reproche sait se lever contre les puissances du mal, contre le monde moderne et son apostasie, contre les puissances occultes, contre la FM expressément nommée dans son enseignement. C’est d’elle que naitra l’antéchrist qui se dressera et se dresse peut-être déjà contre l’Eglise cherchant à la détruire,
-en refusant toutes certitudes, tout absolu. Mais l’Eglise est fondée sur les certitudes, sur l’absolu qu’est Dieu…
-en développant les seules valeurs du naturalisme, de l’humanisme refusant tout dogmatisme…voulant « casser les rigidités pour instaurer un espace de liberté, hors des tabous et des index de l’époque »…La FM nie le surnaturel, le révélé …Mais l’Eglise est fondée sur l’ordre surnaturel. Elle est dogmatique ou elle n’est rien….
-en affirmant, comme seuls valeurs républicaines, les principes de 1789, c’est-à-dire, les droits de l’homme sans Dieu, et parmi les droits de l’homme sans Dieu, faut-il aussi compter le droit à l’avortement et aux unions libres…Mais l’Eglise se dressera de toutes ses forces contre de telles prétentions…Fut-ce jusqu’au martyr…
-en développant le mystère d’iniquité, le culte du diable en son sein et en ses membres et par cela, en cherchant l’anéantissement à tout jamais du catholicisme. C’est son but caché mais réelle. Qui ne comprend que la FM, c’est l’antithèse de l’Eglise, qui est mystère de charité…
-en répandant le doute systématiquement. La liberté de douter est au cœur de la FM…L’Eglise, elle, se lève, en disant le Vrai…
-en répandant enfin la corruption. « Faites des cœurs vicieux et vous n’aurez plus de catholiques ».
Voilà ce contre quoi le Père Kolbe s’est dressé en sa vie sacerdotale. Voilà un bel exemple. C’est cela que j’ai aussi appris auprès de Mgr Lefebvre. Voilà ce que je veux prêcher et transmettre auprès de jeunes « lévites » qui viennent recevoir le sacerdoce dans l’IBP.